Marseille, capitale de la culture :
un succès populaire à pérenniser
A mi-parcours, "Marseille Provence 2013",
capitale européenne de la culture, est un succès populaire,
mais un succès aux perspectives post-2013 encore floues
et au budget déjà écorné, autant de questions qui seront
au coeur d'une réunion présidée jeudi 18 juillet 2013
par Aurélie Filippetti.
Six mois après le weekend d’ouverture qui, les 12 et 13 janvier, avait donné le ton en réunissant plus de 600 000 personnes sur tout le territoire, lançant quelque 900 évènements sur l’année, l’engouement populaire est bel et bien là. Si le printemps a parfois semblé un peu creux en termes de programmation, le lancement du “deuxième épisode” a répondu aux attentes. Au 30 juin, on comptabilisait plus de 3,5 millions de visites : “C’est énorme”, se réjouit Jean-François Chougnet, le directeur général de MP2013.
C’est avec le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem), un somptueux cube de dentelle noire inauguré début juin par François Hollande, dont les Marseillais sont déjà fiers et au pied duquel les jeunes se baignent, que MP2013 a réalisé son coup d’éclat. L’organisation attend beaucoup aussi de l’exposition phare, “Le Grand Atelier du Midi”, ouverte depuis le 13 juin à Aix et Marseille, qui évoque l’influence de la lumière de Provence sur les impressionnistes.
Cette courbe ascendante s’est ressentie en termes économiques. Ainsi, dans l’hôtellerie, après un démarrage assez encourageant, puis des mois de février et mars décevants, Pâques a marqué le début d’une très nette amélioration, avec 86 % des gérants d’hôtels jugeant leur remplissage “exceptionnel”, selon M. Chougnet. “Pour nous, même si nous ne ferons un premier bilan officiel qu’à la fin de l’été, c’est déjà très très positif”, souligne Laurent Carratu, président de Terres de Commerces (5 000 adhérents dans les Bouches-du-Rhône), qui souhaite “pérenniser au maximum” cette dynamique au-delà de 2013.
“Il n’y a plus de discussion possible à présent, le potentiel est là”, affirme-t-il, relevant notamment le côté “aspirateur” du Vieux-Port rénové et rendu aux piétons, auquel s’ajoute l’ouverture du métro jusqu’à 1 h du matin, dont le maintien est un enjeu si Marseille compte tenir son rang de métropole européenne.
Des commerçants heureux - Pour M. Chougnet, un premier bilan qualitatif permet de constater l’existence d’une “prime à l’atypique, à l’événement que l’on ne reverra plus”, tel les “Champs harmoniques” dans le quartier marin des Goudes, où le vent activa un millier d’instruments (30 000 visiteurs), ou la “TransHumance”, qui vit plus de 4 000 moutons, chevaux, vaches envahir le Vieux-Port (300 000 spectateurs).
Comme si le public “était plutôt en attente de l’expérience plutôt que de la consommation culturelle”.
Comme si le public “était plutôt en attente de l’expérience plutôt que de la consommation culturelle”.
Mais tous ces évènements ont un coût et le budget initial de 91 millions d’euros affiche déjà un déficit de 3 %. “Cela ne m’inquiète pas outre mesure, la plupart des collectivités ayant déjà donné leur accord écrit pour mettre la main à la poche”, estime M. Chougnet.
Déficit de 3 % pour le budget initial de 91 millions - Parties prenantes à l’aventure, les collectivités devraient se retrouver jeudi à la préfecture autour du ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, une réunion “pour sonder leurs envies après 2013″ et examiner les suites de cette année en termes d’organisation, explique Jean-François Chougnet.
Pierre Sauvageot, directeur du centre national des Arts de la rue, créateur des “Champs harmoniques”, souligne que MP2013 “a été un formidable laboratoire du ‘travailler ensemble’ à l’échelle métropolitaine, autant dans ses succès que dans ses échecs”, mais craint qu’il ne “s’agisse que d’un feu d’artifice car rien n’a été construit pour la suite”.
Une crainte que balaie Anne Guiot, directrice de la société Karwan, productrice du “Vieux-Port entre flammes et flots”, une mise en lumières du port qui avait réuni les 4 et 5 mai 420 000 personnes, et pour qui l’important est ailleurs.
Marseille, “jusqu’alors vue comme incivique, violente, connue pour ses affaires politiques”, où les seules propositions culturelles se limitaient “au foot et à ‘Plus belle la vie’”,” s’est réveillée à l’ardeur poétique”, estime-t-elle. Pour elle, “désormais, on n’a plus seulement des habitants à Marseille, on a un public”.
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