Dans son numéro du 25 septembre, l’Express publie le dossier « Pourquoi les syndicats sont nuls ». Les erreurs manifestes qu’il contient ne peuvent rester sans réponse. Pas moins de huit affirmations concernant la CFDT sont erronées, malveillantes, voire mensongères. Mise au point.
1/ « Côté salariés comme côté employeurs, l’efficacité n’est plus au rendez-vous, le dialogue est stérile »
Pour la seule année 2013, les partenaires sociaux, sous l’impulsion de la CFDT, ont conclu l’accord du 11 janvier sur la Sécurisation de l’emploi qui crée des droits nouveaux pour les salariés, notamment les plus précaires, mais également l’accord du 19 juin sur la qualité de vie au travail et l’égalité professionnelle. Le dialogue et l’efficacité était également au rendez-vous de la concertation sur les retraites, cet été, au cours de laquelle la CFDT a obtenu des mesures de justice corrigeant certaines inégalités du système actuel. Enfin, les négociations et les accords signés dans les entreprises par la CFDT améliorent concrètement la vie des salariés. Les exemples ne manquent pas, que ce soit par exemple chez BN en faveur des salariés handicapés, ou encore dans le cinéma pour anticiper la mutation des métiers.
2/ « Les syndicats français n’attirent pas » d’où « la faiblesse de leurs effectifs »
Le nombre d’adhérents à la CFDT progresse sans discontinuer depuis six ans pour atteindre le chiffre de plus de 860 000 adhérents, dont 47 % de femmes, travaillant à 65 % dans le privé. C’est insuffisant, mais ce n’est pas négligeable.
3/ « Les délégués ne sont pas à la hauteur de leur tâche. Peu formés, éloignés de la vie professionnelle depuis trop longtemps »
Les élus d’entreprise ou d’administration (les délégués du personnel, élus des comités d’entreprise ou des CHSCT…), élus par leurs collègues pour les représenter et les défendre ne sont pas des professionnels, mais suivent des formations internes à la CFDT. L’immense majorité d’entre eux exercent toujours leur métier. Ils assurent leur action sur du temps alloué dans le cadre de leur mandat, mais également bénévolement en dehors de leurs heures de travail. Le taux de participation aux élections professionnelles est de 63% dans les entreprises qui élisent des délégués du personnel et/ou des CE, avec un score de 26 % pour la CFDT. Cela montre que les salariés font confiance à leurs délégués CFDT et reconnaissent la qualité de leur action et des résultats qu’ils obtiennent.
4/ « Une absence de culture du compromis, vite assimilé à de la compromission »
Le rôle des représentants des salariés d’entreprises est d’apporter des résultats aux salariés par la négociation collective. Par essence, celle-ci est la recherche d’un compromis. La recherche du compromis est l’un des moteurs du syndicalisme CFDT, comme ce fut le cas avec l’accord Sécurisation de l’emploi. Dans les entreprises, le compromis est pratiqué par l’ensemble des organisations syndicales comme les prouvent les chiffres de la Dares sur le Bilan de la négociation collective : En 2012 ; la CFDT a signé 94 % des accords d’entreprises.
2012
|
2011
|
2010
|
2009
|
2008
|
2007
|
2006
| |
CGT
|
85%
|
85%
|
84%
|
84%
|
82%
|
83%
|
83%
|
CFDT
|
94%
|
93%
|
93%
|
93%
|
91%
|
92%
|
92%
|
FO
|
90 %
|
90%
|
88%
|
88%
|
87%
|
87%
|
87%
|
CFTC
|
90%
|
88%
|
88%
|
88%
|
88%
|
89%
|
90%
|
CFE-CGC
|
92 %
|
91%
|
91%
|
91%
|
90%
|
91%
|
92%
|
% d'accords signés par les organisations syndicales quand elles sont présentes dans les entreprises
5/ « Que feraient-elles (les centrales syndicales) si certains de leurs militants figuraient sur des listes FN ? »
La CFDT ferait comme en 2011 lorsqu’un militant lorrain s’est présenté aux élections régionales sous l’étiquette du Front national, elle l’exclurait au nom de ses valeurs et en respect de ses statuts. Depuis l’apparition du FN dans le paysage politique français, la CFDT a toujours assuré qu’il ne s’agissait pas d’un parti comme les autres et dénonçait avec vigueur son programme néfaste à l’ensemble des travailleurs. La CFDT a à cœur de répondre à toutes les préoccupations des salariés, notamment celles qui nourrissent les discours populistes.
6/ « Laurent Berger est isolé » ; « Le pôle réformiste est maigrelet »
Les résultats de la représentativité démontrent le contraire. Ensemble, CFDT, CFTC et CFE-CGC qui ont signé l’accord du 11 janvier 2013 sur la Sécurisation de l’emploi, représentent plus de 51 % des salariés. On peut ajouter l’Unsa, qui porte également un syndicalisme réformiste. La CFDT est donc loin d’être isolée !
7/ « La CFDT est trop proche du gouvernement de gauche »
La CFDT ne donne plus de consigne de vote depuis 1986, exception faite de 2002 pour faire barrage au Front national. Pour autant, la CFDT accepte de discuter et de négocier avec les gouvernements comme avec le patronat. À chaque fois, elle se prononce en fonction des avancées obtenues pour les salariés, quelle que soit la couleur politique du pouvoir en place, qu’ils soient de droite comme lors de la réforme des retraites de 2003 ou de l’accord sur la modernisation du marché du travail et la position commune sur la représentativité en 2008, ou de gauche comme aujourd’hui.
8/ « Les syndicats tirent largement leur financement des fonds de la formation professionnelle »
La CFDT tient à la plus grande transparence financière : elle fut la première, deux ans avant que la loi l’impose, à faire certifier ses comptes. Ils sont depuis chaque année certifiés sans réserve et publiés. Ces comptes confirment la solidité financière de la CFDT, ainsi que son autonomie avec plus de 75 % de ressources internes contre 24 % de ressources externes. Les fonds issus de la formation professionnelle représentent 4 % des ressources totales de la confédération.