samedi 26 août 2017

D’ouest en est, du nord au sud, les militants CFDT sont une nouvelle fois allés à la rencontre des travailleurs saisonniers pour les informer sur leurs droits.



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CAMPAGNE SAISONNIERS 2017 : UN ÉTÉ AU PLUS PRÈS DES SALARIÉS

Publié le 24/08/2017 à 08H50
D’ouest en est, du nord au sud, les militants CFDT sont une nouvelle fois allés à la rencontre des travailleurs saisonniers pour les informer sur leurs droits.
Au bout du quai des Indes, deux oriflammes orange émergent de la vague de Gwenn ha Du (le noir et blanc breton) et des drapeaux écossais qui submerge le port de Lorient. Depuis plus de quinze ans, la CFDT plante sa tente au cœur du Festival interceltique, en plein mois d’août. Quinze ans que Patrick Nestour, militant à l’Union territoriale des retraités du Morbihan, tee-shirt aux couleurs de la campagne saisonniers jeté sur les épaules, distille des informations aux salariés occasionnels d’un rassemblement qui accueille plus de 700 000 festivaliers en dix jours. « Le but, c’est de se montrer, de les aguicher un peu et qu’ils viennent nous voir ensuite. » L’amorce, ce sont les guides pratiques sur les droits des travailleurs distribués de la main à la main ou laissés sur les stands ou au comptoir des bars et restaurants en cas de forte affluence.
Abus d’heures de travail
« La plupart ne nous connaissent pas, constate l’ancien cheminot. Mais quand ils ont un problème, ils savent où nous trouver. » C’est le cas de Benjamin, 20 ans. Ce vendredi 11 août, c’est jour de repos dans un emploi du temps surchargé alors il en profite pour se détendre au son de la bombarde. Embauché dans un centre de loisirs municipal, il ne compte pas ses heures. À huit reprises, il a dû se présenter à son poste à 7 heures, « pour préparer la journée et accueillir les premiers enfants », et rendre son tablier à 23 heures, « après la réunion de bilan ».
Des exemples d’abus sur les heures de travail, les militants CFDT qui suivent les campagnes saisonniers en ont plein leur besace. De Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) à Saint-Florent (Haute-Corse), les témoignages abondent. Comme en Aquitaine. « Les employeurs ont obligation de tenir le planning à jour, rappelle Michel Larralde, secrétaire général de la CFDT du Pays basque. Mais, parfois, ils le remplissent à blanc, surtout dans la restauration, et les salariés sont mis devant le fait accompli. »
Une stratégie affinée
« Le problème du respect des horaires et du décompte des heures supplémentaires est un sujet récurrent », confirme Marcel Aucoin, secrétaire de l’Union territoriale interprofessionnelle de Calais, qui s’appuie sur les retours d’enquêtes distribuées lors des actions CFDT. Entre les campings, les villages vacances et les centres communaux, 300 questionnaires ont été remplis cette année. Record battu. « C’est plus que les 130 de l’an passé, se félicite Marcel. Nous ne les avons pas encore tous dépouillés mais j’ai été surpris par la proportion de travailleurs saisonniers de plus de 30 ans. Ils sont soit en recherche d’emploi soit retraités et cherchent à compléter leurs ressources pendant la période estivale. » Si la moisson a été si fructueuse, c’est parce que la stratégie de la CFDT pour aller au contact des salariés a changé. « Nous avons mis l’accent sur les parcs d’attractions », explique Marcel Aucoin. Exemple au Dennlys Parc (Pas-de-Calais). « Les animateurs arrivent en bus avec les enfants. À raison de 45 bus par jour, ça fait du monde ! » Même méthode dans les Pays de la Loire. « Nous nous sommes installés sur le parking d’où partent les salariés d’un parc nautique vendéen pour rejoindre leur boulot, explique la secrétaire régionale Anne-Flore Marot. Ils étaient surpris que l’on s’intéresse à eux. » Surpris, les militants CFDT le sont parfois tout autant. Pour sa première participation à une action saisonniers, Thierry Hennebicq ne s’attendait pas à un tel accueil. « Je suis intervenu à Biscarrosse, détaille ce militant Interco.Je n’ai pas ressenti de rejet. Au contraire. Les salariés sont contents qu’on vienne vers eux. Mais de là à faire la démarche de se syndiquer, c’est autre chose. »
Renouveler la mobilisation des militants
« Malheureusement, on constate que ce sont souvent les mêmes militants qui participent aux actions, regrette la secrétaire nationale Inès Minin, sur le terrain à trois reprises cet été. Nous avons besoin de partager les enjeux de cette campagne nationale, de renouveler la manière de mobiliser les adhérents. » Pour lui donner une seconde jeunesse à l’heure de souffler ses vingt bougies, l’an prochain ?
   

Logement : la CFDT à la manœuvre sur la Côte d’Opale
« Pour accepter un contrat saisonnier, il faut un logement. Sans logement, pas de contrat. » L’équation formulée par Alain Reymbault, de l’Union régionale CFDT du Nord-Pas-de-Calais, est simple. Permettre aux travailleurs saisonniers de répondre aux offres d’emploi proposées l’été dans les Hauts-de-France, et notamment sur la Côte d’Opale, suppose de développer des solutions d’hébergement. « Aujourd’hui, soit les salariés sont logés par les employeurs, souvent de façon très spartiate, soit ils vivent sous des tentes dans les campings de la région ou chez des parents ou amis, constate Alain Reymbault. Et on ne connaît pas précisément le nombre d’entre eux qui refusent un boulot faute de logement. » D’où l’idée de la CFDT de s’appuyer sur les structures existantes comme les foyers de jeunes travailleurs, les centres Afpa (Association pour la formation professionnelle des adultes) ou les résidences étudiantes, sous-utilisées pendant les vacances. « Nous avons recensé des hébergements possibles à Calais, Boulogne, Berck et Dunkerque, énumère Alain. Le tout représente près de 500 places, et beaucoup sont libres en juillet et août. Toutes les structures que nous avons rencontrées ces derniers mois se sont montrées intéressées à l’idée d’accueillir des travailleurs saisonniers. » Reste à organiser cette offre afin de répondre aux besoins. « Les partenaires sociaux ont pour cela un outil à leur disposition, Action Logement », souligne le militant CFDT qui a rencontré son responsable régional courant juillet. Pour Joël Le Ny, le directeur d’Action Logement Hauts-de-France, « avec 50 000 emplois sur la région qui dépendent directement du tourisme, le sujet ne peut être ignoré. Nous allons rapidement lancer une étude pour bien cerner les besoins des saisonniers ». L’idéal étant que la CFDT puisse diffuser une information sur les possibilités d’hébergement au moment des embauches, c’est-à-dire en mars prochain.
   

Militants CFDT :au rassemblement festif et revendicatif « Le progrès en tête ! », le 3 octobre prochain, à Paris

[LE PROGRÈS EN TÊTE !] “MONTRER LE NOUVEAU VISAGE DU SYNDICALISME”

Publié le 03/07/2017 à 14H36
La CFDT invite 10 000 militantes et militants au rassemblement festif et revendicatif « Le progrès en tête ! », le 3 octobre prochain, à Paris. La secrétaire nationale Marylise Léon nous en dit plus.
Quel est l’objectif du rassemblement militant du 3 octobre ?
Marylise Léon HD2Le 31 mars, la CFDT est devenue la première organisation syndicale du secteur privé, à l’issue du deuxième cycle de mesure de la représentativité. Le rassemblement du 3 octobre va être l’occasion de remercier nos élus et mandatés d’entreprise et d’administration – les 10 000 attendus ce jour-là, mais aussi tous les autres. Car c’est à eux que nous devons cette première place : à leur travail de tous les jours pour écouter les salariés, les défendre, améliorer leur quotidien par la négociation, valoriser les résultats obtenus. Le nouveau visage du syndicalisme, que cette deuxième mesure d’audience a révélé, c’est le leur ! Ce grand rassemblement festif sera l’occasion de nous dire que nous sommes fiers d’être CFDT ! Mais il sera aussi tourné vers l’avenir, car nous avons encore du pain sur la planche.
   
  
Le grand rassemblement CFDT, mode d’emploi
Militantes et militants de tous les champs professionnels et de toutes les régions sont conviés au grand rassemblement qui se tiendra le mardi 3 octobre, de 10 h 30 à 17 heures, au Paris Event Center, porte de la Villette à Paris. Pour s’inscrire, il suffit d’indiquer son nom et son numéro personnel d’adhérent sur la plateforme dédiée (https://3octobre2017.cfdt.fr), ouverte depuis le 12 juin. Le transport est organisé par les différentes unions régionales interprofessionnelles.
   

Tu penses à l’actualité ? Parce que ce rassemblement va se tenir dans un contexte très particulier, avec de multiples réformes en cours ou à venir.
C’est vrai que les ordonnances en cours de concertation doivent être publiées le 21 septembre, juste avant le rassemblement. Il est aujourd’hui trop tôt pour savoir ce que le gouvernement retiendra de la concertation ; le rassemblement sera l’occasion de partager avec nos militants les avancées que nous espérons obtenir, mais aussi nos désaccords et nos exigences pour la suite – l’avenir de l’assurance-chômage sera alors en débat, avant la réforme des retraites. Ce sera un moment fort de visibilité pour dire nos revendications, d’où le slogan « Le progrès en tête ! ». Mais au-delà des dossiers mis à l’ordre du jour par le gouvernement, et sur lesquels nous voulons peser, nous avons nos propres priorités.
Quelles sont ces priorités ?
Les élections professionnelles qui se tiendront en décembre 2018 dans la fonction publique doivent permettre de conquérir la première place tous secteurs confondus, privé et public. Les fonctionnaires et agents vivent de profondes transformations ; il leur faut un syndicalisme capable de construire les réponses adaptées. Cela suppose bien sûr des employeurs publics qui assument leurs responsabilités. Mais aussi des organisations syndicales au contact des agents qui proposent des solutions et s’engagent pour les porter. C’est ce que nous avons fait avec le protocole Parcours professionnels, carrières et rémunérations (PPCR), qui améliore très concrètement la vie des agents dans les trois versants de la fonction publique. Le rassemblement du 3 octobre sera l’occasion de mettre le turbo dans la campagne des élections dans la fonction publique. Tout comme sur notre développement.
C’est-à-dire?
Notre représentativité progresse. Cela doit se traduire dans notre nombre d’adhérents. Il faut remettre le développement au cœur de nos priorités. Le rassemblement du 3 octobre sera l’occasion de le faire. Le challenge développement qui vient d’être lancé est un bon levier. Au-delà, chacun d’entre nous peut proposer à ses collègues et amis de rejoindre la CFDT et participer au syndicalisme du XXIe siècle que méritent les travailleurs. C’est aussi cela, avoir « Le progrès en tête » ! 
Propos recueillis par aseigne@cfdt.fr

LES (TROP) NOMBREUSES INCONNUES DES FUTURES ORDONNANCES

Publié le 24/08/2017 à 14H39
Les partenaires sociaux étaient reçus pour un dernier round de concertation au ministère du Travail. Le flou perdure sur  plusieurs points déterminants des futures ordonnances, qui doivent être dévoilées le 31 août. 
Le 31 août, le Premier ministre Edouard Philippe et la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, dévoileront le contenu des ordonnances sur le code du travail. Soit moins d’un mois après que le Parlement a définitivement adopté, le 2 août, le projet de loi d’habilitation à prendre par ordonnances les mesures pour le renforcement du dialogue social. Mais a priori avant que le Conseil constitutionnel, saisi le 9 août, ne se soit prononcé sur ce texte qui cadre les marges de manœuvre du gouvernement.
De nombreux points restent à trancher
Le gouvernement a tenu à préserver son calendrier initial et à assurer lui-même la communication sur les ordonnances qui doivent être envoyées cette semaine-là au Conseil d’État. Elles seront ensuite soumises à différentes instances consultatives (Commission nationale de la négociation collective, Conseil supérieur de l’égalité professionnelle, Conseil supérieur de la prud’homie, Conseil d’orientation des conditions de travail et Conseil national de l’emploi et de la formation professionnelle) début septembre. L’adoption en Conseil des ministres est prévue le 20 septembre ; l’entrée en vigueur au lendemain de la publication au Journal officiel, dans la foulée.
En attendant, un dernier round de concertation avec les partenaires sociaux représentatifs se déroulait du 22 au 25 août avec le directeur de cabinet de la ministre du Travail, Antoine Foucher. Objectif affiché : présenter les grands arbitrages décidés au cours de l’été et prendre la température sur ceux qui restent en suspens. La CFDT était reçue ce 23 août. Elle en est ressortie avec une vue très superficielle et parcellaire de ce que le gouvernement prépare qui l’incite à la vigilance. « Nous n’avons pas eu tous les textes et il reste de gros détails techniques et de nombreux points à trancher », a déclaré la secrétaire générale adjointe de la CFDT, Véronique Descacq, à la presse à l’issue de la réunion.
Un gros point d’inquiétude sur la protection sociale
En ce qui concerne le premier volet des ordonnances, sur l’articulation de la négociation d’entreprise et de branche, la CFDT s’est dite rassurée par le fait que les modalités d’utilisation des CDD, dont les cas de recours seront déterminés par la loi, et des CDI de chantiers soit négociés au niveau de la branche : c’était l’une des revendications de la CFDT que la gestion et la qualité de l’emploi soit un thème nouvellement confié aux branches professionnelles. Véronique Descacq a en revanche évoqué « un gros point d’inquiétude » en matière de protection sociale : « Le gouvernement est tenté de renvoyer à l’entreprise la négociation sur les jours de carence et les dispositions sur le congé maternité. Nous sommes très inquiets sur la démutualisation du financement de la protection sociale », a réagi la secrétaire générale adjointe.
Le flou perdure également sur le troisième volet des ordonnances, relatif à « la sécurisation des relations de travail ». Alors qu’il paraît désormais acté que le gouvernement ne reviendra pas sur la promesse d’Emmanuel Macron de plafonner les dommages et intérêts aux prud’hommes en cas de licenciement abusif, « le montant sur le plancher et le plafond n’est toujours pas arbitré », a constaté Véronique Descacq. Le gouvernement ne démord pas davantage de son projet de ramener le périmètre d’appréciation du licenciement économique au niveau national. Mais il s’était engagé à prendre des mesures pour éviter qu’une entreprise puisse créer des difficultés économiques. La CFDT a proposé que le rôle des instances représentatives du personnel (IRP) soit renforcé pour veiller à l’absence de manœuvres frauduleuses – mais elle reste pour l’heure sans réponse sur ce point. Quant à la hausse des indemnités de licenciement légales que la CFDT avait réclamées et obtenues, les perspectives gouvernementales – une hausse de 25 % – sont bien trop en-deçà du doublement escompté !
En attente de garanties sur le renforcement du dialogue social
Mais le plus grand flou porte sur le deuxième volet, qui devait renforcer le dialogue économique et social et ses acteurs. La CFDT n’a pour l’heure pas obtenu de garantie qu’il n’y aurait pas de négociation sans organisation syndicale et le gouvernement paraît très tenté d’étendre le pouvoir de décision unilatérale de l’employeur dans les petites entreprises. Le cabinet n’a pas davantage assuré que le recours au référendum d’entreprise par l’employeur ne serait possible qu’en cas d’accord minoritaire à au moins 30%. De même, il semble toujours camper sur une instance unique pour toutes les entreprises, à laquelle il ne serait pas possible de déroger, y compris par accord. « À nos yeux, il faut laisser le choix aux négociateurs d'entreprise, a indiqué Véronique Descacq dans une interview à L’ObsSi la fusion est obligatoire, il convient au minimum de laisser la possibilité de maintenir une commission en charge des questions d'hygiène et de sécurité, ainsi que les délégués du personnel qui assument un rôle de représentation de proximité très utile, notamment dans les entreprises qui ont plusieurs sites. »
À la croisée des chemins
Inutile de préciser que ces points seront déterminants dans l’appréciation que la CFDT portera sur les ordonnances au global. Reçu à la fin juillet à Matignon, Laurent Berger avait indiqué que le gouvernement était « à la croisée des chemins »: « Soit [c’]est une réforme de simplification pure et simple, un peu bête et méchante [...], soit c'est une réforme qui a vocation à renforcer le dialogue social et à renforcer le syndicalisme dans l'entreprise ». Si « le choix était fait d’une simplification pure et simple sans renforcement du dialogue social, nous nous opposerions à cette réforme », avait prévenu le secrétaire général de la CFDT. Les annonces du 31 août prochain seront donc déterminantes. 
photo © Hamilton/Réa