Le discours était plutôt convenu et les applaudissements nourris,
mercredi 28 janvier, au siège parisien du Centre national de la fonction
publique territoriale (CNFPT). François Deluga a annoncé sa réélection «
à l’unanimité » en tant que président du conseil d’administration de
l’établissement public. A l’unanimité des suffrages exprimés, soit 24
voix sur 34, les six administrateurs CGT n’ayant pas pris part au vote,
ni 4 élus de droite.
Elus en novembre au conseil d’administration en tant que
représentants des communes, quatre administrateurs titulaires [Jérôme
Baloge, maire (PR) de Niort, Catherine Di Folco, maire (UMP/DVD) de
Messimy (Rhône), Alain Dumeil, maire (UMP) de Beaumont (Puy-de-Dôme) et
Jean-Marc Vasse, maire (DVD) de Fauville-en-Caux (Seine-Maritime], se
sont abstenus : il s’agit de ceux qui figuraient sur
la liste
conduite par Jérôme Baloge contre la liste d’union proposée par
l’Association des maires de France (AMF) alors emmenée par François
Deluga. Le maire de Niort avait finalement renoncé à se présenter au
scrutin du 28 janvier.
Car cette élection fut l’objet d’intenses tractations, les élections
municipales de mars 2014 ayant vu la défaite de la majorité socialiste,
et donc la fragilisation de François Deluga dans la course à un nouveau
mandat.
Jérôme Baloge, lui, ne digère toujours pas, ni l’accord politique
entre François Deluga et l’AMF (alors encore présidée par Jacques
Pélissard), ni la référence à une « élection à l’unanimité » avancée par
le président du CNFPT ce 28 janvier.
« Parler d’unanimité est inexact. C’est un peu cavalier car ce n’est
pas la réalité du vote. Nous avons participé au vote mais nous nous
sommes abstenus. Il y a bien eu élection de François Deluga, c’est
clair, mais pas à l’unanimité », estime Jérôme Baloge.
Pour plus de transparence - «
L’AMF n’a pas joué son rôle. On espère une plus grande transparence
autour de la désignation des élus », demande Jérôme Baloge qui,
décidément mauvais perdant, invoque les futurs scrutins départementaux
et régionaux pour mettre en avant une thèse projetant la fragilisation
de François Deluga dans les prochains mois.
Après ce « pacte », comme le désigne François Deluga, rapidement bouclé
avant l’élection de François Baroin à la tête de l’AMF, la présidence du
CNFPT pourrait effectivement, d’un strict point de vue arithmétique,
devenir minoritaire à l’issue des élections départementales et
régionales. D’ores et déjà, sur les douze voix des représentants des
communes, cinq seulement sont issues de la gauche. Mais quel sera le
poids de ces éventuelles évolutions face au pacte conclu avec l’AMF ?
De son côté, Christophe Couderc, nouveau vice-président (CGT) du CA
du CNFPT – pour le collège des maires, Muriel Sauvegrain, adjointe au
maire d’Orléans, succède à Marc Baïetto –, revendique la non
participation de sa formation à l’élection du président : « Nous
considérons que nous n’avons pas à nous mêler de l’élection du collège
« employeurs » car les organisations syndicales ne peuvent pas prendre
part aux votes sur les décisions financières. Pour autant, la
vice-présidence nous revient », assure celui qui est aussi secrétaire
national de la Fédération des services publics CGT, et n’a pas recueilli
l’unanimité des suffrages.
Alors que les administrateurs FO avaient clairement annoncé qu’ils
voteraient pour le candidat CGT à la vice-présidence, la CFDT a préféré
la candidate de l’Unsa, Christine Josset-Villanova.
Lors de la cérémonie des voeux, le président, premier de l’histoire
du CNFPT à assurer un second mandat, a commencé par insister sur les
valeurs de rassemblement et d’union, évoquant les attentats du début
d’année. « Le CNFPT est investi d’une mission essentielle, la formation
des agents, et à ce titre il participe à la concrétisation du pacte
républicain. »
Pour l’élu, « consolider ce qui a été mis en place, étayer les voies
tracées récemment, stabiliser l’existant, travailler sur la qualité du
service rendu est une nécessité ».
Numérique et réforme territoriale -
Deux axes principaux guideront l’action de l’établissement public pour
les six années à venir : le numérique et la réforme territoriale.
L’établissement est entré dans l’ère du numérique, a insisté le
président, citant notamment la dématérialisation du catalogue,
l’inscription en ligne, le nouveau système d’information et de gestion
financière, entré en service au 1er janvier, et le service Mobistage.
« Le CNFPT doit sans a priori d’aucune sorte poser toutes les questions
relatives à l’utilisation du numérique, avec pragmatisme, avec lucidité
et détermination, parce que les collectivités et leurs agents sont
concernés au premier chef par ces sujets », a-t-il ajouté.
« Le CNFPT a plus que jamais l’ambition de venir en soutien aux
collectivités et à leurs agents », a notamment souligné le président
quant à la réforme territoriale.
Feuille de route 2015-2020 -
Enfin, il a indiqué « qu’une phase de concertation et de débat avec tous
les agents » serait lancée, « pour permettre à chacun » de participer à
l’élaboration d’une feuille de route 2015-2020. Elle aura notamment
pour finalité « de pérenniser les acquis, d’améliorer la qualité des
actions de l’établissement, de faire en sorte que les stagiaires
accèdent aux formations de manière plus facile, plus agréable, plus
profitable ».
Les sujets qui seront évoqués lors de ce débat porteront notamment sur
la relation aux agents et aux collectivités, sur la qualité de l’offre
de service de l’établissement, et sur la vision de l’action publique
portée par le CNFPT.