vendredi 23 janvier 2015

Les conditions de travail dans la fonction publique par rapport au privé:les agents publics, notamment hospitaliers, se révèlent beaucoup plus exposés à certains risques professionnels que les salariés du privé, d'après une étude de la Dares publiée en décembre.

Zoom sur les conditions de travail dans la fonction publique par rapport au privé

Publié le • Par • dans : A la une emploi, A la Une RH, Actu Emploi, France, Toute l'actu RH
© Fotolia
Les conditions de travail s'avèrent hétérogènes entre grands secteurs du privé et entre versants de la fonction publique, mais les agents publics, notamment hospitaliers, se révèlent beaucoup plus exposés à certains risques professionnels que les salariés du privé, d'après une étude de la Dares publiée en décembre.
L’analyse comparée sur « les conditions de travail des salariés dans le secteur privé et la fonction publique » publiée en décembre 2014(1) révèle des écarts notables d’exposition aux risques professionnels. « Ces différences sont principalement liées aux organisations, aux métiers et aux contraintes spécifiques à chacun des secteurs », notent les deux chercheurs qui ont réalisé cette étude, Thomas Coutrot pour la Dares et Emma Davie pour la DGAFP.
Changements organisationnels fréquents - Les agents publics sont, avec les salariés de l’industrie, les plus nombreux à déclarer que leur environnement de travail a été modifié après un changement organisationnel au cours de l’année écoulée. Outre le changement de poste ou de fonction, le changement d’organisation du travail concerne ainsi un quart des agents publics et des salariés de l’industrie. Ces changements sont jugés positifs par 37 % de ceux qui les vivent et négativement par 28 % d’entre eux : 20 % des salariés qualifient ces changements d’« imprévisibles et mal préparés ».
changements organisationnels
Contraintes horaires plus importantes dans le public - Les astreintes concernent 16 % des fonctionnaires, pour seulement 8 % des salariés du privé. 70 % des agents hospitaliers travaillent en outre le samedi, même occasionnellement et 64 % le dimanche, alors que les horaires atypiques ne concernent que 48 % de l’ensemble des salariés et fonctionnaires pour le samedi et 28 % pour le dimanche.
A noter : 71 % des agents publics estiment disposer de suffisamment de temps pour faire leur travail. Facette positive de la pression sur les effectifs, la plupart des salariés et des fonctionnaires affirment pouvoir compter sur leurs collègues pour effectuer correctement leur travail.
A retenir également : si les fonctionnaires se disent moins soutenus par leur hiérarchie (61 %) que les salariés du privé (67 %), 85 % d’entre eux estiment pouvoir être aidés par leurs collègues en cas de travail délicat ou compliqué (78 % dans le privé).
Devoir faire parfois trop vite une opération qui demanderait davantage de soin - Riche en enseignements, l’étude Conditions de travail apporte également des précisions les « conflits éthiques » appelés aussi « travail empêché ». Dans ce domaine qui est source de risques psychiques, l’ensemble des secteurs se retrouvent à égalité. Si 10 % environ de salariés de chaque secteur font toujours ou souvent des choses qu’ils désapprouvent,  23,7 % des territoriaux (26,9 % des salariés du privé) déclarent devoir « faire parfois trop vite une opération qui leur demanderait davantage de soin ».
conflits valeur
Manque de reconnaissance dans la fonction publique - Alors que 29 % des salariés dans leur ensemble manquent de respect et d’estime au travail, la même proportion ne se sent pas traitée à équité par son supérieur hiérarchique. Les agents de la FPE (33,2 %) et encore plus ceux de la FPH (35,9 %) sont exposés au manque de reconnaissance, tandis que les territoriaux ne sont que 26,7 % à s’en plaindre.
Evaluées elles aussi, les agressions verbales de la part de collègues ou de supérieurs au cours des douze derniers mois ont été relativement peu fréquentes d’un secteur à l’autre (13 % en moyenne) mais là encore les agents hospitaliers (19,2 %) et les territoriaux (14,9 %) les subissent davantage.
relations sociales
Peu d’objectifs chiffrés mais des entretiens d’évaluation répandus - Les fonctionnaires ne sont dans leur ensemble que 20 % à se voir fixer des objectifs chiffrés, pour 31 % des salariés en moyenne. Les entretiens annuels d’évaluation, récemment généralisés dans la FPT, concernent désormais 70 % des agents de la fonction publique alors que seuls 48 % des salariés du privé en bénéficient. Cette pratique devenue fréquente rend les fonctionnaires critiques : 30 % d’entre eux estiment que les personnes qui évaluent leur travail ne le connaissent pas bien.
Des tensions avec le public, mais moins pour les territoriaux qu’à l’hôpital - Dans cette enquête de la Dares, 80 % des agents publics déclarent travailler en contact direct avec le public et se trouver plus souvent en situation de tension. La territoriale paraît cependant plus épargnée que les autres versants. Ainsi, alors que 18 % des salariés ont vécu une agression verbale de la part du public durant l’année qui a précédé l’enquête, ils sont 21,6 % dans la FPT mais 29 % dans la FPE et 38 % dans la FPH.
Corolaire de ces tensions, le « travail émotionnel » qui consiste à cacher ses émotions ou à faire semblant d’être de bonne humeur est caractéristique de 31 % des salariés, en particulier dans le commerce, les transports et les fonctions publiques de l’Etat (37,8 %) et hospitalière (40,5 %).
Autre enseignement, deux tiers des agents publics, sont en contact avec des personnes en détresse, et 72 % doivent calmer des gens, là encore davantage à l’hôpital (85 %) que dans les collectivités (61,4 %) mais beaucoup plus que dans le secteur privé (48 %).
exigence emotionnelle


Aucun commentaire: