Par
D. Gerbeau
Publié le 25/09/2012
Dans une décision du 14 octobre 2011, le Conseil d’État a confirmé que la
réglementation française applicable au contrat d’engagement éducatif (CEE)
n’était pas conforme au droit de l’Union européenne (
directive n° 2003/88 CE du 4 novembre 2003)
en tant qu’elle ne prévoyait ni repos quotidien, ni repos compensateur.
La réglementation nationale du CEE, issue de la loi de 2006 relative au
volontariat associatif et à l’engagement éducatif, excluait en effet les
titulaires de ce contrat d’un repos quotidien sans prévoir de repos
compensateur.
Les ministres chargés de la jeunesse et du travail ont installé en septembre
2011 un groupe de travail réunissant des représentants des différentes parties
prenantes (organismes du secteur et administrations concernées) présidé par
André Nutte, inspecteur général des affaires sociales honoraire.
Rendu en mars 2012, le rapport
a estimé nécessaire de sécuriser juridiquement le CEE en organisant un régime
dérogatoire au repos quotidien dans les limites fixées par le droit européen.
Il a souhaité également étudier la question de la création d’un volontariat de
l’animation.
Dans cette perspective, des dispositions permettant la réduction ou la
suppression du repos quotidien des titulaires de CEE ont été introduites dans
la loi relative à la simplification du droit et à l’allègement des charges
administratives publiées le 22 mars 2012 en modifiant l’article L. 432-4 et en
créant les articles L. 432-5 et L. 432-6 dans le code de l’action sociale et
des familles. Conforme à la directive européenne, ce dispositif permet aux
animateurs d’assurer la surveillance permanente des mineurs qui leur sont
confiés et de bénéficier de repos compensateurs équivalents aux repos
quotidiens qu’ils auraient dû prendre.
Le rapport a considéré que la
réflexion sur un statut de volontaire de l’animation, souhaité par des
mouvements de jeunesse et d’éducation populaire, et celle sur la mise en œuvre
de solutions techniques visant à sécuriser le CEE ne devaient pas être
exclusives l’une de l’autre, le volontariat ne pouvant avoir vocation à se
substituer totalement au CEE.
Ce volontariat permettrait une
meilleure prise en compte de l’engagement durable des jeunes s’inscrivant dans
les valeurs portées notamment par les mouvements d’éducation populaire et de
jeunesse. Cette question nécessite d’être étudiée de manière approfondie. Comme
l’a souligné le président du groupe de travail dans son rapport, l’institution
et la pérennité d’un tel statut ne seront en effet assurées que si celui-ci est
totalement conforme au droit européen.
Il ne devrait en particulier permettre aucune confusion entre un volontaire et
un travailleur auquel s’appliqueraient les dispositions de la directive
européenne de 2003. Par souci de transparence, au mois de juillet, la ministre
chargée de la jeunesse a souhaité rendre public ce rapport qui est désormais
accessible en ligne. Par ailleurs, un bilan sera effectué sur l’application du
nouveau dispositif en y associant tous les acteurs concernés : mouvements de
jeunesse, associations, jeunes, employeurs, syndicats de salariés, élus locaux
et parlementaires. C’est à l’issue de ce travail collectif qu’il sera possible
d’envisager les évolutions nécessaires.