ÉLECTIONS EUROPÉENNES : LA CFDT S’ENGAGE POUR L'EUROPE !
Depuis plusieurs mois, toutes les organisations de la CFDT se mobilisent pour débattre de l’Europe. L’enjeu : faire prendre conscience de l’importance du scrutin et convaincre les salariés de se rendre aux urnes.
Rappelons-le une nouvelle fois. Les élections européennes se dérouleront en France le 26 mai, et il serait bon de faire mentir les sondages qui annoncent une très faible participation. Quoi qu’il arrive, la CFDT pourra dire qu’«
elle a fait le job », selon les mots de Laurent Berger. Dans toute la France, des unions régionales, des unions départementales et des unions territoriales ont organisé ou programmé des débats de haut niveau sur les enjeux européens.
En Bourgogne-Franche-Comté, la CFDT a dédié une journée entière à cette question centrale pour toute organisation syndicale : l’Europe sera-t-elle sociale ? Économistes, juristes, syndicalistes et députés européens ont ainsi pu débattre des opportunités de renforcer le pilier social de l’Union européenne et des dérives d’une construction européenne trop axée sur la seule performance économique. Les régions Pays de la Loire et Bretagne ont choisi de travailler main dans la main pour organiser des « cafés Europe » dans l’ensemble de leurs territoires et ainsi faire œuvre de pédagogie sur un sujet souvent difficile à appréhender.
Peser sur les décisions prises à Bruxelles
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Les syndicalistes européens en ordre de marche
Du 21 au 24 mai, Vienne (Autriche) accueille le 14 e congrès de la Confédération européenne des syndicats (CES). À cette occasion, Laurent Berger est candidat à la présidence de cette organisation qui défend la voix des travailleurs auprès des institutions européennes, négocie avec le patronat. Pour Laurent Berger, l’action de la CES est le prolongement de celle menée par les militants à l’échelle nationale ; « l’Europe est consubstantielle de la CFDT ». Si l’Europe fait partie de l’identité de la CFDT, il reste lucide sur la situation actuelle. « On peut être européen et critique. »
Bâtir le modèle social de demain
Depuis plus de dix ans, salariés et citoyens subissent les conséquences de la crise économique et les inégalités sont persistantes. À Vienne, les 600 délégués présents définiront les priorités du syndicalisme européen pour refonder une Europe plus protectrice et plus démocratique. La relance de ce projet passe par une Europe plus sociale et plus juste. C’est toute l’ambition du « Programme d’action 2019-2023 » de la CES. Ce plan prévoit la reconstruction du modèle social européen avec la déclinaison du socle européen des droits sociaux, la mise en place d’un salaire minimum dans chaque pays et d’une assurance-chômage européenne, etc. Cette convergence des droits doit permettre de combattre la précarité et la pauvreté. « C’est en progressant sur le social que l’Europe reconquerra le cœur des citoyens […]. Pour eux, l’Europe s’est éloignée. Mais sortir de l’Europe, comme le souhaitent certains, conduirait chaque pays à se recroqueviller sur lui-même sans être en capacité de peser sur son avenir. » Laurent Berger prévient, la CES « pèsera sur les acteurs, que ce soit la Commission, le Conseil ou le Parlement avec des objectifs très concrets ».
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Les fédérations ne sont pas en reste.
La CFDT-Métallurgie (FGMM) s’est intéressée à la meilleure manière de peser sur les décisions prises au sein de l’Union. «
Vous devez demander des comptes à vos députés, y a plaidé Claude Rolin, député belge et ancien syndicaliste.
C’est souvent au niveau national que l’on peut peser sur les décisions prises à Bruxelles. » Même tonalité à
la Fédération nationale Construction et Bois (FNCB) avec l’un des exécutifs de sa fédération européenne venu éclairer les militants sur le travail si spécifique de lobbying mené dans les couloirs de Bruxelles pour défendre l’intérêt des salariés du secteur.
Dans chacun de ces rassemblements, la conviction européenne des militants CFDT est frappante. Si la critique est parfois virulente, personne ne remet en cause l’intérêt du projet européen ni ne tombe dans la facilité d’un discours prônant le retour des frontières comme solution à tous les maux de la mondialisation. « On sent un vrai attachement de la CFDT à l’Europe, analyse Yvan Ricordeau, secrétaire national chargé des questions européennes. Les militants veulent débattre du dumping social, critiquent la politique de concurrence libre et non faussée ou s’interrogent sur la place de la zone euro, mais restent profondément convaincus de la pertinence du projet européen. »
Refuser le mortifère repli sur soi
Dans cette dernière ligne droite, la difficulté consiste à toucher davantage de salariés, aller au-delà du cercle des militants et s’adresser aux salariés peu familiers des questions européennes et les convaincre de voter pour un candidat qui ne prône pas un repli sur soi mortifère. « La CFDT est fidèle à sa ligne d’indépendance. C’est aux citoyens de décider quel candidat répond à leurs préoccupations, rappelle Laurent Berger. Nous affirmons toutefois qu’il ne faut pas apporter sa voix aux candidats qui prônent une sortie de l’Europe ou qui se positionnent pour un retour en arrière. Et de manière très claire, nous affirmons qu’il faut rejeter l’extrême droite. »
À l’heure où les partis populistes ont le vent en poupe, rappeler l’importance de ce vote, traditionnellement peu mobilisateur en France, est une nécessité. « Le résultat des élections aura une incidence sur les politiques sociales qui pourront être menées dans l’Union, renchérit Yvan Ricordeau. L’une des premières missions du Parlement sera d’élire le président de la Commission européenne et de valider la candidature des commissaires. C’est un vrai pouvoir qui peut avoir des conséquences concrètes pour les salariés durant les cinq ans à venir. »
Bien décidées à obtenir des avancées sociales en Europe, les organisations syndicales, unies au sein de la Confédération européennes des syndicats, ont besoin de s’appuyer sur un Parlement constructif. « Il faut voter. Et voter pour l’Europe ! », insiste Laurent Berger.