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mardi 30 septembre 2008
Le TA de Marseille a annulé en juin dernier les élections aux CTP de la Région PACA au motif de la non représentativité de la FSU et de l'UNSA
De : RABAUD Patrice Envoyé : vendredi 26 septembre 2008 11:42À : Syndicat CGC-CFE; Syndicat CFTC; Syndicat CFDT; Syndicat CGT Conseil Régional PACACc : Liste de diffusion aux agents des services; Liste de diffusion aux agents des lycées
Objet : dialogue social
Je vous prie de bien vouloir trouver ci-dessous un message de Monsieur Robert ALFONSI, vice président délégué au personnel et à l’administration générale :
« Mesdames et messieurs les secrétaires généraux,
Suite à votre message du 24 octobre dernier diffusé à tous les agents régionaux des services rejetant l’invitation à la réunion d’information à laquelle je vous avais convié, un certain nombre de précisions s’imposent.
Comme vous le rappelez les élections professionnelles d’octobre 2006 ont été annulées au motif de la non représentativité de deux organisations syndicales, la FSU et l’UNSA, qui disposaient de représentants dans les organismes paritaires académiques et qui ont obtenu à elles deux 40,4% des voix aux élections au CTP commun d’octobre 2006. Le Président a, d’ailleurs, décidé de faire appel de cette décision, contradictoire avec la réalité régionale d’une part et avec les évolutions législatives en cours au niveau national en termes de représentativité d’autre part.Les organisations syndicales avaient été réunies en juin dernier pour prendre acte ensemble de cette situation ; aucune ne s’était alors opposée à ce que le dialogue social se poursuive dans la période nous séparant des prochaines élections paritaires du 6 novembre.Il est bien entendu qu’il ne s’agissait en aucun cas, avec ce groupe de travail de remplacer un CTP d’une quelconque manière ou de recueillir un avis officiel, mais de poursuivre le dialogue social, c'est-à-dire d’informer et de recueillir l’opinion des différentes organisations syndicales, pour l’entendre et la prendre en compte, sur différents points d’actualité :]-->l’analyse synthétique du bilan social, dont il paraissait intéressant de discuter avec les représentants du personnel, sur la base d’un document d’analyse ne revêtant aucun caractère obligatoire, le document règlementaire ayant été remis dans les délais requis au printemps. L’engagement avait toutefois été pris de remettre ce document d’analyse à la rentrée pour en discuter et l’administration a pour habitude de tenir ses engagements ;-->la réorganisation de la direction de la culture et du patrimoine au sein de laquelle la concertation dure depuis huit mois maintenant doit pouvoir se concrétiser rapidement ;- des ajustements du tableau des effectifs : créations, transformations et suppressions de postes ;-->des informations sur la mise en place de nouveaux dispositifs destinés à renforcer la sécurité au sein des bâtiments régionaux.Je prends acte, tout en la regrettant, votre décision de ne pas participer à la réunion d’information prévue sur ces dossiers importants et décide, en conséquence, en accord avec Monsieur le Directeur Général des Services, d’annuler notre rencontre du 1er octobre.
Robert ALFONSI,Vice président délégué au personnel et à l’administration générale »
Réponse des organisations syndicales concernées :
Monsieur le Vice-Président,
Les organisations signataires se félicitent qu’un avis majoritaire de la représentation du personnel soit enfin entendu par l’Administration régionale. C’est un premier pas vers le dialogue social.Quant aux groupes de travail informels que vous nous avez proposés avant l’été dans le but de palier l’absence de CTP, nous les avons effectivement refusés.A lecture de votre message, nous persistons à dire qu’ils sont impropres à examiner les rapports et projets de délibérations (pour la session du 23 octobre) relatifs aux créations/suppressions de postes dans les services, ou encore le bilan social, que vous nous avez transmis dans le cadre de ce que vous nommez aujourd’hui une simple « réunion d’information».C’est une question de bon fonctionnement et de respect des agents régionaux ainsi qu’une garantie pour eux.En effet nous rappelons que la consultation préalable du CTP est obligatoire, avant que l’organe délibérant de la collectivité ne prenne les décisions correspondantes et a fortiori avant leur date d’effet, sous peine de les entâcher d’illégalité (recours devant le Tribunal Administratif par toute personne estimant avoir un intérêt direct à agir).Les syndicats signataires CGT - CFE/CGC – CFDT - CFTC
Objet : dialogue social
Je vous prie de bien vouloir trouver ci-dessous un message de Monsieur Robert ALFONSI, vice président délégué au personnel et à l’administration générale :
« Mesdames et messieurs les secrétaires généraux,
Suite à votre message du 24 octobre dernier diffusé à tous les agents régionaux des services rejetant l’invitation à la réunion d’information à laquelle je vous avais convié, un certain nombre de précisions s’imposent.
Comme vous le rappelez les élections professionnelles d’octobre 2006 ont été annulées au motif de la non représentativité de deux organisations syndicales, la FSU et l’UNSA, qui disposaient de représentants dans les organismes paritaires académiques et qui ont obtenu à elles deux 40,4% des voix aux élections au CTP commun d’octobre 2006. Le Président a, d’ailleurs, décidé de faire appel de cette décision, contradictoire avec la réalité régionale d’une part et avec les évolutions législatives en cours au niveau national en termes de représentativité d’autre part.Les organisations syndicales avaient été réunies en juin dernier pour prendre acte ensemble de cette situation ; aucune ne s’était alors opposée à ce que le dialogue social se poursuive dans la période nous séparant des prochaines élections paritaires du 6 novembre.Il est bien entendu qu’il ne s’agissait en aucun cas, avec ce groupe de travail de remplacer un CTP d’une quelconque manière ou de recueillir un avis officiel, mais de poursuivre le dialogue social, c'est-à-dire d’informer et de recueillir l’opinion des différentes organisations syndicales, pour l’entendre et la prendre en compte, sur différents points d’actualité :]-->l’analyse synthétique du bilan social, dont il paraissait intéressant de discuter avec les représentants du personnel, sur la base d’un document d’analyse ne revêtant aucun caractère obligatoire, le document règlementaire ayant été remis dans les délais requis au printemps. L’engagement avait toutefois été pris de remettre ce document d’analyse à la rentrée pour en discuter et l’administration a pour habitude de tenir ses engagements ;-->la réorganisation de la direction de la culture et du patrimoine au sein de laquelle la concertation dure depuis huit mois maintenant doit pouvoir se concrétiser rapidement ;- des ajustements du tableau des effectifs : créations, transformations et suppressions de postes ;-->des informations sur la mise en place de nouveaux dispositifs destinés à renforcer la sécurité au sein des bâtiments régionaux.Je prends acte, tout en la regrettant, votre décision de ne pas participer à la réunion d’information prévue sur ces dossiers importants et décide, en conséquence, en accord avec Monsieur le Directeur Général des Services, d’annuler notre rencontre du 1er octobre.
Robert ALFONSI,Vice président délégué au personnel et à l’administration générale »
Réponse des organisations syndicales concernées :
Monsieur le Vice-Président,
Les organisations signataires se félicitent qu’un avis majoritaire de la représentation du personnel soit enfin entendu par l’Administration régionale. C’est un premier pas vers le dialogue social.Quant aux groupes de travail informels que vous nous avez proposés avant l’été dans le but de palier l’absence de CTP, nous les avons effectivement refusés.A lecture de votre message, nous persistons à dire qu’ils sont impropres à examiner les rapports et projets de délibérations (pour la session du 23 octobre) relatifs aux créations/suppressions de postes dans les services, ou encore le bilan social, que vous nous avez transmis dans le cadre de ce que vous nommez aujourd’hui une simple « réunion d’information».C’est une question de bon fonctionnement et de respect des agents régionaux ainsi qu’une garantie pour eux.En effet nous rappelons que la consultation préalable du CTP est obligatoire, avant que l’organe délibérant de la collectivité ne prenne les décisions correspondantes et a fortiori avant leur date d’effet, sous peine de les entâcher d’illégalité (recours devant le Tribunal Administratif par toute personne estimant avoir un intérêt direct à agir).Les syndicats signataires CGT - CFE/CGC – CFDT - CFTC
lundi 29 septembre 2008
Un Certificat d'économies d'énergie (aussi appelé certificat blanc) est une mesure politique nationale qui permet d'encourager les économies d'énergie
Un Certificat d'économies d'énergie (aussi appelé certificat blanc) est une mesure politique nationale qui permet d'encourager les économies d'énergie. L'Angleterre, l'Italie et la France ont mis en œuvre ces mesures[1],[2].
Sommaire[masquer]
1 Principe
2 Le système anglais
3 Le système belge
4 Le système italien
5 Le système français
5.1 Les acteurs
5.2 Le marché
6 Notes
7 Voir aussi
8 Liens externes
//
Principe [modifier]
Le principe est d'obliger certains acteurs (les obligés) à réaliser des économies d'énergie, et encourager les autres acteurs (les non-obligés) par l'obtention d'un certificat. Les obligés peuvent soit réaliser eux-mêmes les mesures d'économie d'énergie, soit acheter des certificats aux non-obligés, soit payer une surtaxe à l'état[3].
La pénalité est fixée à 0,02 €/kWh cumac[4] maximum et les certificats sont donc négociables sur le marché des certificats entre 0 et 0,02 €/kWh cumac
L'objectif trisannuel pour la première période (du 1er juillet 2006 au 1er juillet 2009) est de 54 TWh cumac.
Le système anglais [modifier]
Le Royaume-Uni a été le premier pays à mettre en place, dès 2002, un dispositif de Certificats d'économies d'énergie. Après de bons résultats sur la première période (2002-2005), l'obligation imposée aux fournisseurs d'énergie a été doublée pour atteindre 130 TWh cumac.
Le système belge [modifier]
Le système mis en place en Belgique consiste en l'achat de certificats verts par les obligés aux entreprises productrices d'énergie verte à qui ils sont octroyés automatiquement en fonction de la quantité d'émissions de CO2 évitées lors de leur production d'énergie.
Le système italien [modifier]
Les certificats blancs, appelés aussi titres d'efficacité énergétique (TEE), certifient des épargnes d'énergies à travers des technologies et systèmes efficients. Ils sont émis par le Gestore del Mercato Elettrico (GME) sur la base des certifications des épargnes obtenues et effectuées par l'Autorité Italienne pour l'énergie électrique et le gaz (A.E.E.G) . Un certificat équivaut à une épargne d'une tonne de pétrole équivalent (tep). La promotion de l'épargne énergétique à travers les certificats blancs est prévue par le "Decreto Ministeriale" du 20 juillet 2004[5] ; l'Autorité (AEEG) a défini les règles techniques et économiques pour acter le mécanisme et répartir chaque année les objectif nationaux entre les distributeurs d'énergie électrique et de gaz selon des critères définis par le Décret. Les objectif augmentent chaque année selon un plan prédéfini et peuvent être respectés à travers la réalisation d'action auprès des consommateurs finaux (par exemple installation d'électroménagers ou chaudières à haut rendement, actions d'isolation thermique des bâtiments, augmentation de l'efficacité énergétique des industries, ampoules à haut rendement…). Ces consommateurs vont en tirer bénéfice directement en termes de réduction de leur facture.
Les TEE sont remboursées aux distributeurs avec une somme de 100 € par certificat. Les certificats, qui sont de trois types, sont commercialisés par le GSE. Le premier type concerne les économies d'électricité, le second de gaz et le troisième d'autres types d'énergie primaire (par exemple mazout pour chauffage)[6]. Ils sont équivalents mais les prix peuvent être susceptibles de variations entre différents types (le troisième est moins demandé par le marché). Il a été calculé que chaque TEE (cout 100 € pour la collectivité) rend entre 6 et 12 fois à la collectivité[7] (selon autres estimations entre 8 et 14 fois) son cout. La valeur des TEE sur le marché est inférieure à la valeur de remboursement : les distributeurs gagnent donc de l'argent par ce mécanisme : cela compense les diminutions du chiffre d'affaire. Tout consommateur contribue au système par une cotisation sur le cout de l'énergie.
Il y a 23 types de projets standards pour obtenir des TEE[8] : il s'agit de 90 % des projets[9]. D'autres types de projets peuvent être effectués en démontrant les épargnes d'énergie.
Le système français [modifier]
En France, dans le contexte de l'application du Protocole de Kyoto, le système des Certificats d'économie d'énergie (CEE ou Certificats Blancs) s'est mis en place avec la Loi d'orientation sur l'énergie du 13 Juillet 2005 (Loi n°2005-781) qui fixe les orientations énergétiques de la France (articles 14, 15, 16, et 17). Ces CEE doivent permettre d'uniformiser, réglementer et valider les économies d'énergies. Au 29 février 2008, selon l'ADEME, 220 certificats ont été délivrés à 58 bénéficiaires, pour un volume de 14 TWh cumac (dont 4,5 les 2 derniers mois), soit 26% de l’objectif final. Ces économies ont concerné à 95,4% le secteur résidentiel, via surtout les économies de chauffage (74,8%) et l’isolation (19,8%).
Les CEE permettent de valider les économies d'énergies dues à des actions « additionnelles » vis-à-vis d'une part de la réglementation déjà en vigueur et d'autre part de l'activité habituelle. L'unité des CEE est le kWh d'énergie finale cumulée et actualisée sur la durée de vie du produit (kWh d'énergie finale cumac).
La Grande Bretagne et l'Italie développent le même type d'actions, avec des résultats encourageants.
Les acteurs [modifier]
Les articles 14 et 15 stipulent que les Certificats Blancs concernent « Les personnes morales qui vendent de l’électricité, du gaz, de la chaleur ou du froid aux consommateurs finaux et dont les ventes annuelles excèdent un seuil ainsi que les personnes physiques et morales qui vendent du fioul domestique aux consommateurs finaux quel que soit leur volume de vente sont soumises à des obligations d’économies d’énergie. » mais aussi « toute autre personne morale dont l’action, additionnelle par rapport à son activité habituelle, permet la réalisation d’économies d’énergie d’un volume supérieur à un seuil fixé... »
Les producteurs/distributeurs d'énergie, tels que EDF ou GDF, sont contraints d'appliquer cette réglementation : ce sont les « obligés ». Afin de bénéficier de ces CEE, les « obligés » doivent mettre en place des actions qui génèrent une diminution de la consommation énergétique de leur clientèle. L'administration vient, ce jeudi 11 mars 2010, de confirmer un volume d'obligation total nouveau pour l'ensemble des obligés de 345 TWcumac pour la seconde période à intervenir au titre du Grenelle II, dont 90 TwCumac au titre des nouveaux obligés ; distributeurs de produits pétroliers éligibles à la TIPP.
Des entreprises intermédiaires offrent des prestations permettant aux entreprises obligées de remplir leur obligation d'une part, et d'aider les entreprises éligibles à valoriser leurs opérations de rénovation énergétique d'autre part. Le rôle des intermédiaires allant croissant avec la perte d'influence du duo pôle de Électricité de France et de Gaz de France SUEZ sur le marché d'échange des CEE.
Tous les autres acteurs sont pour le moment « éligibles » aux certificats d'économie d'énergie. Toute personne morale peut donc émettre une demande de CEE suite à une action d'économie d'énergie ou à la substitution d'une source d'énergie non renouvelable par une source d'énergie renouvelable produisant de la chaleur, à condition de démontrer que l'action n'entre pas dans le champ de son activité principale et qu'elle n'induit pas pour le demandeur de recettes directes . Le nouveau texte entérine la fin probable d'éligibilité des entreprises privées au dispositif et donc une réduction drastique du nombre de non obligés et sans doute de nouvelles difficultés futures à générer un volume de CEE de nature à satisfaire aux besoins des obligés, actuels et futurs, d'où une tension probable du marché et l'obligation pour les obligés d'accentuer de manière notable leurs efforts en matière de promotion des actions de réduction des dépenses d'énergie sous peine de devoir honorer des montants de pénalité significatifs.
Le marché [modifier]
Les certificats d'économies d'énergie permettront de valider les économies d'énergies dues à des actions additionnelles vis-à-vis d'une part de la réglementation déjà en vigueur et d'autre part de l'activité habituelle. L'unité des certificats blancs est le kWh d'énergie finale cumac (cumulé et actualisé sur la durée de vie du produit). Afin de limiter le nombre de demandes à traiter, chaque dossier devra dépasser la valeur seuil de 1 million de kWh d'énergie finale cumac, c’est-à-dire 1 GWh d'énergie finale cumac. Pour atteindre ce minimum des regroupements de personnes morales sont envisageables.
Il existe deux types d'actions : les Opérations Standards dont il est possible de connaître la valeur en CEE à partir de fiches de calcul disponibles sur le site du Ministère de l'Industrie, et les Opérations Spécifiques qui nécessitent des démarches plus complexes.
Les opérations Spécifiques sont aussi appelées opérations hors standards. Certes plus complexes car souvent en relation avec les procédés industriels, elles présentent un potentiel d'économies d'énergie très important. Des sociétés spécialisées dans l'efficacité énergétique peuvent par un audit de faisabilité identifier les gisements d'économies d'énergie dans ces "opérations hors standards".
Comme ce qui a été mis en place pour les « certificats noirs » (voir Bourse du carbone) les CEE sont des biens meubles négociables. Il s'agit donc d'un système d'offre et de demande pour lequel l'état n'interviendra pas et qui devra s'auto-réguler. Le teneur du registre national des CEE publiera régulièrement le prix moyen de vente afin de rendre compte de l'état du marché.
Des analyses prenant en compte les expériences menées en Grande-Bretagne prédisaient un prix moyen des certificats de 0,01 € par kWh d'énergie finale cumac. Le prix moyen constaté en première période a été en fait de 0,003 € / kWh cumac .... [réf. nécessaire]
La durée de validité d'un CEE comprendra la période à laquelle il a été enregistré et s'étendra sur les deux périodes triennales suivantes. Les personnes qui n'auront pas pu obtenir les certificats d'économie d'énergie nécessaires pour respecter la loi à la fin d'une période devront verser au Trésor Public une pénalité de 0,02 € par kWh d'énergie finale cumac non certifié. Le suivi du fonctionnement et des transactions de CEE se fera officiellement tous les 3 ans sous forme d'un rapport émis par l'État. L'objectif sur la première période, du 1er juillet 2006 au 30 juin 2009, étant d'économiser 54 TWh d'énergie finale cumac. Il a été annoncé dans le Plan Climat, en novembre 2006 que ce volume serait ensuite au moins doublé.
Notes [modifier]
↑ Les Certificats d’Économie d’Énergie (ENPC) [archive]
↑ ADEME - les Certificats d'économie d'énergie - Les dispositifs anglais et italien [archive]
↑ (fr) [pdf] Réseau Action Climat France [archive]
↑ le «kWh cumac» est l’unité d'économie comptabilisée en kWh d’énergie finale, cumulés sur la durée de vie de la mesure, et actualisés / L’actualisation, fixée à 4%, est à la fois financière (car le CEE a une valeur économique) et technique (amélioration de la référence dans le temps, donc dépréciation progressive du gain). L’abréviation cumac provient de la contraction de « cumulé » et « actualisés » car le kWh est ramené à la durée de vie du produit et actualisé au marché.
Sommaire[masquer]
1 Principe
2 Le système anglais
3 Le système belge
4 Le système italien
5 Le système français
5.1 Les acteurs
5.2 Le marché
6 Notes
7 Voir aussi
8 Liens externes
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Principe [modifier]
Le principe est d'obliger certains acteurs (les obligés) à réaliser des économies d'énergie, et encourager les autres acteurs (les non-obligés) par l'obtention d'un certificat. Les obligés peuvent soit réaliser eux-mêmes les mesures d'économie d'énergie, soit acheter des certificats aux non-obligés, soit payer une surtaxe à l'état[3].
La pénalité est fixée à 0,02 €/kWh cumac[4] maximum et les certificats sont donc négociables sur le marché des certificats entre 0 et 0,02 €/kWh cumac
L'objectif trisannuel pour la première période (du 1er juillet 2006 au 1er juillet 2009) est de 54 TWh cumac.
Le système anglais [modifier]
Le Royaume-Uni a été le premier pays à mettre en place, dès 2002, un dispositif de Certificats d'économies d'énergie. Après de bons résultats sur la première période (2002-2005), l'obligation imposée aux fournisseurs d'énergie a été doublée pour atteindre 130 TWh cumac.
Le système belge [modifier]
Le système mis en place en Belgique consiste en l'achat de certificats verts par les obligés aux entreprises productrices d'énergie verte à qui ils sont octroyés automatiquement en fonction de la quantité d'émissions de CO2 évitées lors de leur production d'énergie.
Le système italien [modifier]
Les certificats blancs, appelés aussi titres d'efficacité énergétique (TEE), certifient des épargnes d'énergies à travers des technologies et systèmes efficients. Ils sont émis par le Gestore del Mercato Elettrico (GME) sur la base des certifications des épargnes obtenues et effectuées par l'Autorité Italienne pour l'énergie électrique et le gaz (A.E.E.G) . Un certificat équivaut à une épargne d'une tonne de pétrole équivalent (tep). La promotion de l'épargne énergétique à travers les certificats blancs est prévue par le "Decreto Ministeriale" du 20 juillet 2004[5] ; l'Autorité (AEEG) a défini les règles techniques et économiques pour acter le mécanisme et répartir chaque année les objectif nationaux entre les distributeurs d'énergie électrique et de gaz selon des critères définis par le Décret. Les objectif augmentent chaque année selon un plan prédéfini et peuvent être respectés à travers la réalisation d'action auprès des consommateurs finaux (par exemple installation d'électroménagers ou chaudières à haut rendement, actions d'isolation thermique des bâtiments, augmentation de l'efficacité énergétique des industries, ampoules à haut rendement…). Ces consommateurs vont en tirer bénéfice directement en termes de réduction de leur facture.
Les TEE sont remboursées aux distributeurs avec une somme de 100 € par certificat. Les certificats, qui sont de trois types, sont commercialisés par le GSE. Le premier type concerne les économies d'électricité, le second de gaz et le troisième d'autres types d'énergie primaire (par exemple mazout pour chauffage)[6]. Ils sont équivalents mais les prix peuvent être susceptibles de variations entre différents types (le troisième est moins demandé par le marché). Il a été calculé que chaque TEE (cout 100 € pour la collectivité) rend entre 6 et 12 fois à la collectivité[7] (selon autres estimations entre 8 et 14 fois) son cout. La valeur des TEE sur le marché est inférieure à la valeur de remboursement : les distributeurs gagnent donc de l'argent par ce mécanisme : cela compense les diminutions du chiffre d'affaire. Tout consommateur contribue au système par une cotisation sur le cout de l'énergie.
Il y a 23 types de projets standards pour obtenir des TEE[8] : il s'agit de 90 % des projets[9]. D'autres types de projets peuvent être effectués en démontrant les épargnes d'énergie.
Le système français [modifier]
En France, dans le contexte de l'application du Protocole de Kyoto, le système des Certificats d'économie d'énergie (CEE ou Certificats Blancs) s'est mis en place avec la Loi d'orientation sur l'énergie du 13 Juillet 2005 (Loi n°2005-781) qui fixe les orientations énergétiques de la France (articles 14, 15, 16, et 17). Ces CEE doivent permettre d'uniformiser, réglementer et valider les économies d'énergies. Au 29 février 2008, selon l'ADEME, 220 certificats ont été délivrés à 58 bénéficiaires, pour un volume de 14 TWh cumac (dont 4,5 les 2 derniers mois), soit 26% de l’objectif final. Ces économies ont concerné à 95,4% le secteur résidentiel, via surtout les économies de chauffage (74,8%) et l’isolation (19,8%).
Les CEE permettent de valider les économies d'énergies dues à des actions « additionnelles » vis-à-vis d'une part de la réglementation déjà en vigueur et d'autre part de l'activité habituelle. L'unité des CEE est le kWh d'énergie finale cumulée et actualisée sur la durée de vie du produit (kWh d'énergie finale cumac).
La Grande Bretagne et l'Italie développent le même type d'actions, avec des résultats encourageants.
Les acteurs [modifier]
Les articles 14 et 15 stipulent que les Certificats Blancs concernent « Les personnes morales qui vendent de l’électricité, du gaz, de la chaleur ou du froid aux consommateurs finaux et dont les ventes annuelles excèdent un seuil ainsi que les personnes physiques et morales qui vendent du fioul domestique aux consommateurs finaux quel que soit leur volume de vente sont soumises à des obligations d’économies d’énergie. » mais aussi « toute autre personne morale dont l’action, additionnelle par rapport à son activité habituelle, permet la réalisation d’économies d’énergie d’un volume supérieur à un seuil fixé... »
Les producteurs/distributeurs d'énergie, tels que EDF ou GDF, sont contraints d'appliquer cette réglementation : ce sont les « obligés ». Afin de bénéficier de ces CEE, les « obligés » doivent mettre en place des actions qui génèrent une diminution de la consommation énergétique de leur clientèle. L'administration vient, ce jeudi 11 mars 2010, de confirmer un volume d'obligation total nouveau pour l'ensemble des obligés de 345 TWcumac pour la seconde période à intervenir au titre du Grenelle II, dont 90 TwCumac au titre des nouveaux obligés ; distributeurs de produits pétroliers éligibles à la TIPP.
Des entreprises intermédiaires offrent des prestations permettant aux entreprises obligées de remplir leur obligation d'une part, et d'aider les entreprises éligibles à valoriser leurs opérations de rénovation énergétique d'autre part. Le rôle des intermédiaires allant croissant avec la perte d'influence du duo pôle de Électricité de France et de Gaz de France SUEZ sur le marché d'échange des CEE.
Tous les autres acteurs sont pour le moment « éligibles » aux certificats d'économie d'énergie. Toute personne morale peut donc émettre une demande de CEE suite à une action d'économie d'énergie ou à la substitution d'une source d'énergie non renouvelable par une source d'énergie renouvelable produisant de la chaleur, à condition de démontrer que l'action n'entre pas dans le champ de son activité principale et qu'elle n'induit pas pour le demandeur de recettes directes . Le nouveau texte entérine la fin probable d'éligibilité des entreprises privées au dispositif et donc une réduction drastique du nombre de non obligés et sans doute de nouvelles difficultés futures à générer un volume de CEE de nature à satisfaire aux besoins des obligés, actuels et futurs, d'où une tension probable du marché et l'obligation pour les obligés d'accentuer de manière notable leurs efforts en matière de promotion des actions de réduction des dépenses d'énergie sous peine de devoir honorer des montants de pénalité significatifs.
Le marché [modifier]
Les certificats d'économies d'énergie permettront de valider les économies d'énergies dues à des actions additionnelles vis-à-vis d'une part de la réglementation déjà en vigueur et d'autre part de l'activité habituelle. L'unité des certificats blancs est le kWh d'énergie finale cumac (cumulé et actualisé sur la durée de vie du produit). Afin de limiter le nombre de demandes à traiter, chaque dossier devra dépasser la valeur seuil de 1 million de kWh d'énergie finale cumac, c’est-à-dire 1 GWh d'énergie finale cumac. Pour atteindre ce minimum des regroupements de personnes morales sont envisageables.
Il existe deux types d'actions : les Opérations Standards dont il est possible de connaître la valeur en CEE à partir de fiches de calcul disponibles sur le site du Ministère de l'Industrie, et les Opérations Spécifiques qui nécessitent des démarches plus complexes.
Les opérations Spécifiques sont aussi appelées opérations hors standards. Certes plus complexes car souvent en relation avec les procédés industriels, elles présentent un potentiel d'économies d'énergie très important. Des sociétés spécialisées dans l'efficacité énergétique peuvent par un audit de faisabilité identifier les gisements d'économies d'énergie dans ces "opérations hors standards".
Comme ce qui a été mis en place pour les « certificats noirs » (voir Bourse du carbone) les CEE sont des biens meubles négociables. Il s'agit donc d'un système d'offre et de demande pour lequel l'état n'interviendra pas et qui devra s'auto-réguler. Le teneur du registre national des CEE publiera régulièrement le prix moyen de vente afin de rendre compte de l'état du marché.
Des analyses prenant en compte les expériences menées en Grande-Bretagne prédisaient un prix moyen des certificats de 0,01 € par kWh d'énergie finale cumac. Le prix moyen constaté en première période a été en fait de 0,003 € / kWh cumac .... [réf. nécessaire]
La durée de validité d'un CEE comprendra la période à laquelle il a été enregistré et s'étendra sur les deux périodes triennales suivantes. Les personnes qui n'auront pas pu obtenir les certificats d'économie d'énergie nécessaires pour respecter la loi à la fin d'une période devront verser au Trésor Public une pénalité de 0,02 € par kWh d'énergie finale cumac non certifié. Le suivi du fonctionnement et des transactions de CEE se fera officiellement tous les 3 ans sous forme d'un rapport émis par l'État. L'objectif sur la première période, du 1er juillet 2006 au 30 juin 2009, étant d'économiser 54 TWh d'énergie finale cumac. Il a été annoncé dans le Plan Climat, en novembre 2006 que ce volume serait ensuite au moins doublé.
Notes [modifier]
↑ Les Certificats d’Économie d’Énergie (ENPC) [archive]
↑ ADEME - les Certificats d'économie d'énergie - Les dispositifs anglais et italien [archive]
↑ (fr) [pdf] Réseau Action Climat France [archive]
↑ le «kWh cumac» est l’unité d'économie comptabilisée en kWh d’énergie finale, cumulés sur la durée de vie de la mesure, et actualisés / L’actualisation, fixée à 4%, est à la fois financière (car le CEE a une valeur économique) et technique (amélioration de la référence dans le temps, donc dépréciation progressive du gain). L’abréviation cumac provient de la contraction de « cumulé » et « actualisés » car le kWh est ramené à la durée de vie du produit et actualisé au marché.
Mobilisation internationale du 7 octobre 2008
Le 7 octobre, tous mobilisés pour le travail décent
Le mouvement syndical international appelle à une journée de mobilisation le 7 octobre, relayée à Paris et dans toute la France par la CFDT.
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Première mobilisation mondiale pour le travail décent à l’appel de la CSI (Confédération syndicale internationale), la journée du 7 octobre devrait donner un sérieux coup de projecteur sur le mouvement syndical international et la solidarité sur les cinq continents. Dans de nombreux pays, les syndicats vont prendre des initiatives et à Paris, particulièrement, alors que la France préside l’Union européenne. L’ensemble des organisations membres de la CSI ainsi que la CES (Confédération européenne des syndicats) appellent ainsi à un grand rassemblement sur l’esplanade des Droits de l’homme du Trocadéro. CES, CFDT, CGT, FO, CFTC et Unsa pilotent cet événement unitaire qui prendra la forme d’un meeting-concert où interviendront les responsables syndicaux français mais aussi John Monks, secrétaire général de la CES et surtout – et c’est tout un symbole pour cette première du syndicalisme international – Guy Ryder le secrétaire général de la CSI.
Cette Journée mondiale pour le travail décent (JMTD) résulte en fait de la mise en œuvre la décision du congrès fondateur de la CSI d’organiser une journée d’action mondiale. Il s’agit donc d’un défi pour le syndicalisme qui, par cette mobilisation, « met à l’épreuve la capacité et l’engagement du mouvement syndical en ce qui concerne des questions internationales », indique Guy Rider. Mais d’ores et déjà, les initiatives se multiplient parmi les 311 organisations nationales adhérentes de la CSI dans 155 pays.
"Donner au 7 octobre une visibilité à l'échelle planétaire"
Retrouvez l'interview d'Anousheh Karvar publiée dans le numéro 3185 de Syndicalisme Hebdo
Le travail décent, une priorité syndicale
Pourquoi le travail décent ? D’abord parce qu’il représente l’axe de travail principal de l’OIT (Organisation internationale du travail) depuis 1999. Ce concept englobe les besoins fondamentaux, pour chaque femme et chaque homme, de travailler dans des conditions de liberté, d’équité, de sécurité et de dignité. Il regroupe divers éléments indissociables comme le fait d’exercer un travail productif et convenablement rémunéré, de disposer d’une protection sociale, de bénéficier des droits fondamentaux tels que les a définis l’OIT dans sa Déclaration de 1998 : liberté d’association, reconnaissance du droit de négociation collective, abolition du travail forcé et du travail des enfants, élimination de toute discrimination en matière d’emploi.
Évidente pour les pays en développement, la promotion du travail décent parle aussi aux militants dans le contexte franco-français. En cette rentrée, les raisons de mener des actions unitaires ne manquent pas : baisse du pouvoir d’achat, temps partiels subis, remise en cause de règles collectives fondamentales comme le temps de travail… C’est pourquoi les expressions nationales seront relayées durant cette journée au cours de manifestations et d’initiatives diverses sur tout le territoire tout en faisant écho à l’appel international.
Le thème du travail décent s’avère aujourd’hui porteur et fédérateur. De plus, cette notion est inscrite dans les objectifs politiques de plusieurs institutions internationales en matière d’emploi et de développement : en 2005 lors du sommet mondial de l’Onu pour la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement, en mai 2006 dans une communication de la Commission européenne et en juillet 2006 lors des débats du Conseil économique et social de l’Onu. Outil de lutte contre la pauvreté, le concept de travail décent permet de reconnaître à l’OIT son rôle pivot au sein des organisations internationales en offrant l’opportunité d’une approche commune et globale pour tous les acteurs. Mais également et surtout pour le mouvement syndical international en donnant un point d’appui commun à ses revendications et à son action.
La Journée du 7 octobre est donc essentielle à la visibilité de cet axe syndical. C’est pourquoi une forte mobilisation des équipes est nécessaire à la réussite de cette journée, tout particulièrement à Paris, où le meeting du Trocadéro sera un moment phare pour la solidarité internationale. Mais aussi partout en France où la CFDT doit montrer sa capacité à se rassembler. Partout dans le monde, exigeons un travail décent !
Philippe Réau
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Des initiatives communes dans toute la France
En dépit de la concurrence entre organisations et de leurs divergences à l’approche des élections prud’homale, six organisations ont décidé de relayer la Journée du 7 octobre sur tout le territoire. CFDT, CGT, CGC, Unsa, FSU et Solidaires lancent donc un appel à des initiatives communes marquant ainsi leur volonté et leur capacité à se rassembler. FO et la CFTC ne se sont pas associées à cette démarche et limitent leur participation au rassemblement parisien du Trocadéro.
Pour sa part, la CFDT n’a pas souhaité appeler à la grève. Elle veut privilégier l’organisation d’initiatives départementales à des heures permettant au maximum de salariés d’y participer. Les cortèges et les initiatives dynamiques à la couleur orange sont donc très attendus.
Coup de projecteur sur la solidarité internationale à Paris
Le rassemblement parisien, à partir de 17 heures, sera le moment clé de la journée où seront aussi présentes des délégations étrangères. Il sera précédé d’une courte manifestation (à l’appel des six organisations CFDT, CGT, CGC, Unsa, FSU et solidaire) qui se rendra en cortège au Trocadéro, lieu du rassemblement. Les modalités de cette manifestation sont encore à préciser. Le rassemblement se déroulera en deux temps : un meeting au cours duquel interviendront Guy Ryder pour la CSI, John Monks pour la CES, ainsi que les secrétaires généraux ou présidents de la CFDT, de la CGT, de la CFTC, de FO et de l’Unsa. La seconde partie prendra la forme d’un concert avec Cali, Manu Dibango, Idir et des groupes de jazz et de musique pop européens.
Tout sur le 7 octobre dans le monde
Au Sri Lanka, à Chypre, à Bilbao en Espagne, en Serbie, en Algérie, en Ouganda… Les syndicats se mobilisent pour le travail décent le 7 octobre. Retrouvez toutes les initiatives sur le site www.wddw.org et téléchargez la brochure sur le travail décent. À signaler également la présentation de vidéos relatives au travail décent sur www.youtube.com/ITUCCSI.
La pétition pour le travail décent
La CES et la CSI ont lancé, en association avec d’autres organisations de la société civile (Global Progressive Forum, Social Alert et Solidar), une pétition pour le travail décent à signer sur le site www.decentwork.org.
Le mouvement syndical international appelle à une journée de mobilisation le 7 octobre, relayée à Paris et dans toute la France par la CFDT.
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Première mobilisation mondiale pour le travail décent à l’appel de la CSI (Confédération syndicale internationale), la journée du 7 octobre devrait donner un sérieux coup de projecteur sur le mouvement syndical international et la solidarité sur les cinq continents. Dans de nombreux pays, les syndicats vont prendre des initiatives et à Paris, particulièrement, alors que la France préside l’Union européenne. L’ensemble des organisations membres de la CSI ainsi que la CES (Confédération européenne des syndicats) appellent ainsi à un grand rassemblement sur l’esplanade des Droits de l’homme du Trocadéro. CES, CFDT, CGT, FO, CFTC et Unsa pilotent cet événement unitaire qui prendra la forme d’un meeting-concert où interviendront les responsables syndicaux français mais aussi John Monks, secrétaire général de la CES et surtout – et c’est tout un symbole pour cette première du syndicalisme international – Guy Ryder le secrétaire général de la CSI.
Cette Journée mondiale pour le travail décent (JMTD) résulte en fait de la mise en œuvre la décision du congrès fondateur de la CSI d’organiser une journée d’action mondiale. Il s’agit donc d’un défi pour le syndicalisme qui, par cette mobilisation, « met à l’épreuve la capacité et l’engagement du mouvement syndical en ce qui concerne des questions internationales », indique Guy Rider. Mais d’ores et déjà, les initiatives se multiplient parmi les 311 organisations nationales adhérentes de la CSI dans 155 pays.
"Donner au 7 octobre une visibilité à l'échelle planétaire"
Retrouvez l'interview d'Anousheh Karvar publiée dans le numéro 3185 de Syndicalisme Hebdo
Le travail décent, une priorité syndicale
Pourquoi le travail décent ? D’abord parce qu’il représente l’axe de travail principal de l’OIT (Organisation internationale du travail) depuis 1999. Ce concept englobe les besoins fondamentaux, pour chaque femme et chaque homme, de travailler dans des conditions de liberté, d’équité, de sécurité et de dignité. Il regroupe divers éléments indissociables comme le fait d’exercer un travail productif et convenablement rémunéré, de disposer d’une protection sociale, de bénéficier des droits fondamentaux tels que les a définis l’OIT dans sa Déclaration de 1998 : liberté d’association, reconnaissance du droit de négociation collective, abolition du travail forcé et du travail des enfants, élimination de toute discrimination en matière d’emploi.
Évidente pour les pays en développement, la promotion du travail décent parle aussi aux militants dans le contexte franco-français. En cette rentrée, les raisons de mener des actions unitaires ne manquent pas : baisse du pouvoir d’achat, temps partiels subis, remise en cause de règles collectives fondamentales comme le temps de travail… C’est pourquoi les expressions nationales seront relayées durant cette journée au cours de manifestations et d’initiatives diverses sur tout le territoire tout en faisant écho à l’appel international.
Le thème du travail décent s’avère aujourd’hui porteur et fédérateur. De plus, cette notion est inscrite dans les objectifs politiques de plusieurs institutions internationales en matière d’emploi et de développement : en 2005 lors du sommet mondial de l’Onu pour la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement, en mai 2006 dans une communication de la Commission européenne et en juillet 2006 lors des débats du Conseil économique et social de l’Onu. Outil de lutte contre la pauvreté, le concept de travail décent permet de reconnaître à l’OIT son rôle pivot au sein des organisations internationales en offrant l’opportunité d’une approche commune et globale pour tous les acteurs. Mais également et surtout pour le mouvement syndical international en donnant un point d’appui commun à ses revendications et à son action.
La Journée du 7 octobre est donc essentielle à la visibilité de cet axe syndical. C’est pourquoi une forte mobilisation des équipes est nécessaire à la réussite de cette journée, tout particulièrement à Paris, où le meeting du Trocadéro sera un moment phare pour la solidarité internationale. Mais aussi partout en France où la CFDT doit montrer sa capacité à se rassembler. Partout dans le monde, exigeons un travail décent !
Philippe Réau
st1\:*{behavior:url(#ieooui) }
Des initiatives communes dans toute la France
En dépit de la concurrence entre organisations et de leurs divergences à l’approche des élections prud’homale, six organisations ont décidé de relayer la Journée du 7 octobre sur tout le territoire. CFDT, CGT, CGC, Unsa, FSU et Solidaires lancent donc un appel à des initiatives communes marquant ainsi leur volonté et leur capacité à se rassembler. FO et la CFTC ne se sont pas associées à cette démarche et limitent leur participation au rassemblement parisien du Trocadéro.
Pour sa part, la CFDT n’a pas souhaité appeler à la grève. Elle veut privilégier l’organisation d’initiatives départementales à des heures permettant au maximum de salariés d’y participer. Les cortèges et les initiatives dynamiques à la couleur orange sont donc très attendus.
Coup de projecteur sur la solidarité internationale à Paris
Le rassemblement parisien, à partir de 17 heures, sera le moment clé de la journée où seront aussi présentes des délégations étrangères. Il sera précédé d’une courte manifestation (à l’appel des six organisations CFDT, CGT, CGC, Unsa, FSU et solidaire) qui se rendra en cortège au Trocadéro, lieu du rassemblement. Les modalités de cette manifestation sont encore à préciser. Le rassemblement se déroulera en deux temps : un meeting au cours duquel interviendront Guy Ryder pour la CSI, John Monks pour la CES, ainsi que les secrétaires généraux ou présidents de la CFDT, de la CGT, de la CFTC, de FO et de l’Unsa. La seconde partie prendra la forme d’un concert avec Cali, Manu Dibango, Idir et des groupes de jazz et de musique pop européens.
Tout sur le 7 octobre dans le monde
Au Sri Lanka, à Chypre, à Bilbao en Espagne, en Serbie, en Algérie, en Ouganda… Les syndicats se mobilisent pour le travail décent le 7 octobre. Retrouvez toutes les initiatives sur le site www.wddw.org et téléchargez la brochure sur le travail décent. À signaler également la présentation de vidéos relatives au travail décent sur www.youtube.com/ITUCCSI.
La pétition pour le travail décent
La CES et la CSI ont lancé, en association avec d’autres organisations de la société civile (Global Progressive Forum, Social Alert et Solidar), une pétition pour le travail décent à signer sur le site www.decentwork.org.
dimanche 28 septembre 2008
Programmes pour les CHS et l'amélioration des conditions de travail
: organisation du travail, maladie professionnelle, stress, souffrance au travail, amiante, violence, isolement, handicap, locaux inadaptés, ergonomie, produits dangereux, seniors, dépression, accident de service, alcool
Hygiène, sécurité et conditions de travail
Une priorité CFDT
Pour la CFDT, la santé au travail, c’est un état de bien être physique, mental et social. Ce n’est pas seulement l’absence de maladie ou d’infirmité. C’est pourquoi l’organisation du travail doit préserver l’intégrité des personnes mais aussi participer à leur épanouissement. Elle doit également faciliter l’intégration des personnes handicapées.
Le Comité d’Hygiène et de Sécurité est l’instance de concertation et de proposition chargée de traiter les questions de santé et de conditions de travail de l’ensemble des personnels au sein de la collectivité. Les élus du personnel en sont les principaux acteurs.
Pour ces élections, tous les personnels titulaires et non-titulaires de tous les cadres d’emplois et de toutes les catégories votent ensemble pour désigner leurs représentants au sein du CHS.
La CFDT regroupe dans un même syndicat départemental toutes nos professions. Ses candidats sont aussi vos collègues, ils partagent vos conditions de travail, ils savent donc de quoi ils parlent et au nom de qui ils le font.
La CFDT est soucieuse de la formation de ses représentants et développe son propre réseau d’expertise. Pour toutes ces raisons nous affirmons que les élus CFDT constitueront les porte-paroles les plus pertinents pour défendre les intérêts de l’ensemble du personnel, hors de tout corporatisme.
Une évolution des CHS voulue par la CFDT !
La CFDT revendique depuis de nombreuses années la transformation des CHS de la fonction publique en CHS-CT, c'est-à-dire en instances centrées sur les Conditions de Travail des personnels, comme dans le privé.
Cette revendication est en passe d’aboutir. Le protocole d’accord sur la rénovation du dialogue social dans les fonctions publiques signé par la CFDT le 23 mai 2008 est à l’origine de la mise en place dés l’automne, d’un groupe de travail avec la Direction Générale de la Fonction Publique sur cet objectif.
Pour la CFDT, la prévention des risques passe par l’adaptation du travail à l’homme.
Lorsque
- la charge de travail s’accroît ;
- les relations avec la hiérarchie ou avec les collègues se dégradent ;
- l’accueil du public devient de plus en plus difficile ;
- la reconnaissance de notre travail, de notre métier, de nos compétences est dépréciée ;
- l’organisation du travail, la répartition des tâches, les effectifs… sont mal gérés ;
- notre temps de travail, l’aménagement de nos horaires, les rythmes journaliers sont imposés ;
- nos outils de travail sont inadaptés ;
- notre formation insuffisante,
- notre lieu de travail, l’aménagement de notre poste, la température, le bruit, l’éclairage ou l’insalubrité sont relégués au second plan ;
Tout cela agit au quotidien sur notre vie au travail, notre vie privée et sur notre santé.
C’est en prenant en compte dans le CHS, ces questions essentielles que l’on préviendra :
- Stress, anxiété, arrêts maladie, accidents du travail, maladies cardio-vasculaires, maladies professionnelles (cancers, troubles musculo-squelettiques…), dépressions…
Le travail change, les conditions de travail en sont affectées et les risques professionnels évoluent
Aux risques physiques (incendie, risques électriques, vétusté des locaux, amiante…) s’ajoutent les risques psychosociaux.
Dans un contexte de contraintes budgétaires croissantes, il est d’autant plus important de ne pas laisser isolés les personnels et l’encadrement pour gérer ces aspects essentiels de notre vie au travail. Le CHS et les représentants des personnels qui y siègent constituent la meilleure garantie de les voir pris en compte et traités.
Les élus CFDT seront vos interlocuteurs privilégiés et s’engagent à :
Vous rencontrer et être à votre écoute
Saisir le CHS chaque fois que nécessaire
Exposer au CHS les problèmes de santé au travail de tout le personnel
Apporter des propositions, les défendre et s’assurer de leur mise en œuvre
Rendre compte des réunions du CHS en vous informant des solutions envisagées
Participer à l’élaboration du document unique et aux démarches de prévention mise en place sous la responsabilité de l’employeur en lien avec l’ACMO*
* Agent Chargé de la Mise en Œuvre des conditions d’hygiène et de sécurité obligatoirement nommé par la collectivité
Pour que vive le CHS, le 6 novembre 2008, votez et faites voter CFDT !!
Hygiène, sécurité et conditions de travail
Une priorité CFDT
Pour la CFDT, la santé au travail, c’est un état de bien être physique, mental et social. Ce n’est pas seulement l’absence de maladie ou d’infirmité. C’est pourquoi l’organisation du travail doit préserver l’intégrité des personnes mais aussi participer à leur épanouissement. Elle doit également faciliter l’intégration des personnes handicapées.
Le Comité d’Hygiène et de Sécurité est l’instance de concertation et de proposition chargée de traiter les questions de santé et de conditions de travail de l’ensemble des personnels au sein de la collectivité. Les élus du personnel en sont les principaux acteurs.
Pour ces élections, tous les personnels titulaires et non-titulaires de tous les cadres d’emplois et de toutes les catégories votent ensemble pour désigner leurs représentants au sein du CHS.
La CFDT regroupe dans un même syndicat départemental toutes nos professions. Ses candidats sont aussi vos collègues, ils partagent vos conditions de travail, ils savent donc de quoi ils parlent et au nom de qui ils le font.
La CFDT est soucieuse de la formation de ses représentants et développe son propre réseau d’expertise. Pour toutes ces raisons nous affirmons que les élus CFDT constitueront les porte-paroles les plus pertinents pour défendre les intérêts de l’ensemble du personnel, hors de tout corporatisme.
Une évolution des CHS voulue par la CFDT !
La CFDT revendique depuis de nombreuses années la transformation des CHS de la fonction publique en CHS-CT, c'est-à-dire en instances centrées sur les Conditions de Travail des personnels, comme dans le privé.
Cette revendication est en passe d’aboutir. Le protocole d’accord sur la rénovation du dialogue social dans les fonctions publiques signé par la CFDT le 23 mai 2008 est à l’origine de la mise en place dés l’automne, d’un groupe de travail avec la Direction Générale de la Fonction Publique sur cet objectif.
Pour la CFDT, la prévention des risques passe par l’adaptation du travail à l’homme.
Lorsque
- la charge de travail s’accroît ;
- les relations avec la hiérarchie ou avec les collègues se dégradent ;
- l’accueil du public devient de plus en plus difficile ;
- la reconnaissance de notre travail, de notre métier, de nos compétences est dépréciée ;
- l’organisation du travail, la répartition des tâches, les effectifs… sont mal gérés ;
- notre temps de travail, l’aménagement de nos horaires, les rythmes journaliers sont imposés ;
- nos outils de travail sont inadaptés ;
- notre formation insuffisante,
- notre lieu de travail, l’aménagement de notre poste, la température, le bruit, l’éclairage ou l’insalubrité sont relégués au second plan ;
Tout cela agit au quotidien sur notre vie au travail, notre vie privée et sur notre santé.
C’est en prenant en compte dans le CHS, ces questions essentielles que l’on préviendra :
- Stress, anxiété, arrêts maladie, accidents du travail, maladies cardio-vasculaires, maladies professionnelles (cancers, troubles musculo-squelettiques…), dépressions…
Le travail change, les conditions de travail en sont affectées et les risques professionnels évoluent
Aux risques physiques (incendie, risques électriques, vétusté des locaux, amiante…) s’ajoutent les risques psychosociaux.
Dans un contexte de contraintes budgétaires croissantes, il est d’autant plus important de ne pas laisser isolés les personnels et l’encadrement pour gérer ces aspects essentiels de notre vie au travail. Le CHS et les représentants des personnels qui y siègent constituent la meilleure garantie de les voir pris en compte et traités.
Les élus CFDT seront vos interlocuteurs privilégiés et s’engagent à :
Vous rencontrer et être à votre écoute
Saisir le CHS chaque fois que nécessaire
Exposer au CHS les problèmes de santé au travail de tout le personnel
Apporter des propositions, les défendre et s’assurer de leur mise en œuvre
Rendre compte des réunions du CHS en vous informant des solutions envisagées
Participer à l’élaboration du document unique et aux démarches de prévention mise en place sous la responsabilité de l’employeur en lien avec l’ACMO*
* Agent Chargé de la Mise en Œuvre des conditions d’hygiène et de sécurité obligatoirement nommé par la collectivité
Pour que vive le CHS, le 6 novembre 2008, votez et faites voter CFDT !!
Programmes pour les CAP C
Carrière, titularisation, discipline, évaluation, notation, avancement, promotion, mobilités, reclassement, concours, handicap
Élections CAP Catégorie C - 6 novembre 2008 -
Garantir, améliorer, faire respecter vos droits
Avec la CFDT, l’équité et l’efficacité pour vous défendre
Tout au long de votre carrière, la Commission Administrative Paritaire est l'instance où sont débattues et traitées les questions concernant votre situation individuelle (déroulement de carrière et promotion interne, formation, temps partiel, accès au dossier individuel et recours disciplinaire, ...).
La CAP est aussi le lieu où l’on suit les carrières de l'ensemble des agents. Il faut donc que vous puissiez compter sur des représentants qui s'expriment pour que la justice entre les agents, les grades, les catégories soit défendue. C’est l’engagement que nous prenons.
Ces représentants CFDT qui vous défendent
Les agents de catégorie C sont les forces vives de la fonction publique territoriale. Ils en constituent 80% des effectifs.
Au contact de tous les publics, exerçant tous les métiers, il est loin le temps où ils n’étaient confinés qu’aux seules tâches d’exécution.
Ils sont aussi très exposés, souvent laissés pour compte du régime indemnitaire ou de l’action sociale et ont couramment le sentiment que leurs compétences et leur investissement professionnels sont mal reconnus.
Personne n'est à l'abri de l'arbitraire ou d'une atteinte portée à sa carrière ou à sa situation individuelle.
Pour toutes ces raisons, le rôle de ceux qui vous représentent en CAP est essentiel. Les candidats CFDT sont vos collègues, ils connaissent vos métiers et partagent vos conditions de travail.
Vos représentants CFDT seront à votre écoute. Ils connaissent les statuts et vous garantissent une défense efficace en s'appuyant sur la force d'une organisation syndicale forte de plus de 800 000 adhérents pour vous aider.
Le plus CFDT
Organisés au sein d’un syndicat qui agit localement et en réseau d’échange et de mutualisation de compétences à tous les niveaux, départemental, régional et national, les élus CFDT sont formés, informés pour vous représenter et vous défendre.
Ils sont en capacité d’agir dans votre intérêt.
En retour, leur expérience nourrit les revendications nationales de la CFDT.
La CFDT, une organisation exigeante qui obtient des résultats
La CFDT a fait la preuve de son aptitude à revendiquer et à négocier pour l'amélioration de votre statut et à obtenir des résultats:
. Une refonte totale de la catégorie C (accords Jacob)
. La suppression des quotas
. La suppression des promotions internes de l’échelle 3 à l’échelle 4 remplacée par un avancement de grade
. Le reclassement de tous les agents de catégorie C recrutés par voie de concours en échelle 3 vers l’échelle 4
- L’accès à l’échelle 6 pour tous
. La réforme de la formation professionnelle créant une formation d’intégration et de professionnalisation pour tous les agents de catégorie C
. Le transfert des aides médico-technique dans la filière technique
La CFDT, ce sont des revendications
. Justice et équité dans l'application du régime indemnitaire et mise en place d’un niveau plancher pour que tous bénéficient d’un régime indemnitaire.
. Revalorisation des carrières et amélioration des promotions internes (notamment pour les adjoints administratifs ayant réussi leur examen professionnel de Rédacteur)
. Accès à la formation professionnelle et personnelle pour chacun dans le cadre d'un plan de formation.
.Reconnaissance de l'expérience professionnelle.
Vos représentants CFDT seront vigilants et continueront à revendiquer des améliorations sur tous ces points au cours de leur mandat.
Ils seront soutenus par l'ensemble de la CFDT dans les lieux de négociation.
La CFDT ne peut agir qu'avec vous
En votant CFDT, vous soutiendrez une organisation qui, pour un service public de qualité, défend votre outil de travail, votre carrière, votre salaire, votre vie personnelle et qui place les salariés au cœur de cette défense.
Vous soutiendrez une organisation présente dans tous les secteurs professionnels de la fonction publique et du privé.
Les candidats CFDT sont des collègues de travail, ils sont proches de vous, partagent et connaissent
vos préoccupations.
Alors, le 6 novembre 2008 c'est en votant pour la liste CFDT que vous soutiendrez notre action pour votre défense et vos revendications
ATTENTION
Le vote se fait par liste entière sans rayer de nom, ni en ajouter
Élections CAP Catégorie C - 6 novembre 2008 -
Garantir, améliorer, faire respecter vos droits
Avec la CFDT, l’équité et l’efficacité pour vous défendre
Tout au long de votre carrière, la Commission Administrative Paritaire est l'instance où sont débattues et traitées les questions concernant votre situation individuelle (déroulement de carrière et promotion interne, formation, temps partiel, accès au dossier individuel et recours disciplinaire, ...).
La CAP est aussi le lieu où l’on suit les carrières de l'ensemble des agents. Il faut donc que vous puissiez compter sur des représentants qui s'expriment pour que la justice entre les agents, les grades, les catégories soit défendue. C’est l’engagement que nous prenons.
Ces représentants CFDT qui vous défendent
Les agents de catégorie C sont les forces vives de la fonction publique territoriale. Ils en constituent 80% des effectifs.
Au contact de tous les publics, exerçant tous les métiers, il est loin le temps où ils n’étaient confinés qu’aux seules tâches d’exécution.
Ils sont aussi très exposés, souvent laissés pour compte du régime indemnitaire ou de l’action sociale et ont couramment le sentiment que leurs compétences et leur investissement professionnels sont mal reconnus.
Personne n'est à l'abri de l'arbitraire ou d'une atteinte portée à sa carrière ou à sa situation individuelle.
Pour toutes ces raisons, le rôle de ceux qui vous représentent en CAP est essentiel. Les candidats CFDT sont vos collègues, ils connaissent vos métiers et partagent vos conditions de travail.
Vos représentants CFDT seront à votre écoute. Ils connaissent les statuts et vous garantissent une défense efficace en s'appuyant sur la force d'une organisation syndicale forte de plus de 800 000 adhérents pour vous aider.
Le plus CFDT
Organisés au sein d’un syndicat qui agit localement et en réseau d’échange et de mutualisation de compétences à tous les niveaux, départemental, régional et national, les élus CFDT sont formés, informés pour vous représenter et vous défendre.
Ils sont en capacité d’agir dans votre intérêt.
En retour, leur expérience nourrit les revendications nationales de la CFDT.
La CFDT, une organisation exigeante qui obtient des résultats
La CFDT a fait la preuve de son aptitude à revendiquer et à négocier pour l'amélioration de votre statut et à obtenir des résultats:
. Une refonte totale de la catégorie C (accords Jacob)
. La suppression des quotas
. La suppression des promotions internes de l’échelle 3 à l’échelle 4 remplacée par un avancement de grade
. Le reclassement de tous les agents de catégorie C recrutés par voie de concours en échelle 3 vers l’échelle 4
- L’accès à l’échelle 6 pour tous
. La réforme de la formation professionnelle créant une formation d’intégration et de professionnalisation pour tous les agents de catégorie C
. Le transfert des aides médico-technique dans la filière technique
La CFDT, ce sont des revendications
. Justice et équité dans l'application du régime indemnitaire et mise en place d’un niveau plancher pour que tous bénéficient d’un régime indemnitaire.
. Revalorisation des carrières et amélioration des promotions internes (notamment pour les adjoints administratifs ayant réussi leur examen professionnel de Rédacteur)
. Accès à la formation professionnelle et personnelle pour chacun dans le cadre d'un plan de formation.
.Reconnaissance de l'expérience professionnelle.
Vos représentants CFDT seront vigilants et continueront à revendiquer des améliorations sur tous ces points au cours de leur mandat.
Ils seront soutenus par l'ensemble de la CFDT dans les lieux de négociation.
La CFDT ne peut agir qu'avec vous
En votant CFDT, vous soutiendrez une organisation qui, pour un service public de qualité, défend votre outil de travail, votre carrière, votre salaire, votre vie personnelle et qui place les salariés au cœur de cette défense.
Vous soutiendrez une organisation présente dans tous les secteurs professionnels de la fonction publique et du privé.
Les candidats CFDT sont des collègues de travail, ils sont proches de vous, partagent et connaissent
vos préoccupations.
Alors, le 6 novembre 2008 c'est en votant pour la liste CFDT que vous soutiendrez notre action pour votre défense et vos revendications
ATTENTION
Le vote se fait par liste entière sans rayer de nom, ni en ajouter
Programmes pour les CAP B
Carrière, titularisation, discipline, évaluation, notation, avancement, promotion, mobilités, reclassement, concours, handicap
Élections CAP Catégorie B - 6 novembre 2008
Garantir, améliorer, faire respecter vos droits
Avec la CFDT, l’équité et l’efficacité pour vous défendre
Tout au long de votre carrière, la Commission Administrative Paritaire est l'instance où sont débattues et traitées les questions concernant votre situation individuelle(déroulement de carrière et promotion interne, formation, temps partiel, accès au dossier individuel et recours disciplinaire, ...).
.
C’est dire combien ceux qui vous représentent doivent être compétents et connaître les questions qui se rapportent à votre statut.
La CAP est aussi le lieu où l’on suit les carrières de l'ensemble des agents quels que soient leur fonction, leur grade. Il faut donc que vous puissiez compter sur des élus qui s'expriment pour que la justice entre les agents, les grades, les catégories soit défendue.
Avec les élus CFDT, pas de passe-droit. L’égalité de traitement du service public doit également s’appliquer à ceux qui la mettent en œuvre.
Les candidats CFDT seront ces élus qui, à la fois, savent répondre aux questions individuelles et défendre la justice sociale.
Voter CFDT, pour faire respecter vos droits
Vous avez des droits, ils doivent être respectés. Les représentants de la CFDT connaissent ces droits et s'engagent à les faire appliquer.
Personne n'est à l'abri de l'arbitraire ou d'une atteinte portée à sa carrière ou à sa situation individuelle.
Les représentants CFDT sont à votre écoute et s'appuient sur la force d'une grande organisation syndicale pour intervenir et vous aider.
La CFDT c'est la garantie d'une défense efficace. Nous connaissons les statuts car nous les négocions au niveau national.
Le plus CFDT
Organisés au sein d’un syndicat qui agit localement et en réseau d’échange et de mutualisation de compétences à tous les niveaux, départemental, régional et national, les élus CFDT sont formés, informés pour vous représenter et vous défendre.
Ils sont en capacité d’agir dans votre intérêt.
En retour, leur expérience nourrit les revendications nationales de la CFDT.
La construction mutuelle de cette expertise constitue une réelle plus-value de la CFDT.
CFDT, une organisation qui obtient des résultats pour la catégorie B
La CFDT a fait la preuve de son aptitude à revendiquer et négocier l'amélioration du statut des agents. Suite aux accords Jacob et à ceux du 21 février 2008, nous avons obtenu que les grilles de catégorie B soient entièrement revues. Ce chantier s’ouvre dés cet automne sur les propositions de la CFDT. Ainsi, les Rédacteurs par exemple, devraient pouvoir accéder à l’actuel Classement Indiciaire Intermédiaire (CII) qui leur était interdit jusqu’ici et qui sera lui-même revalorisé.
La CFDT, c’est aussi, la disparition des quotas et la mise en place des Ratios Promus/Promouvables permettant une nette amélioration des possibilités d’avancement de grade
La CFDT, c’est encore l’amélioration et l’uniformisation des quotas de promotion interne et la réforme de la formation professionnelle avec l’introduction d’un nouveau droit à la formation individuelle (DIF), la disparition de la FIA au bénéfice de la formation d’intégration et de professionnalisation prenant mieux en compte les parcours des individus.
La CFDT, une organisation qui revendique pour la catégorie B
Les métiers et les fonctions d’encadrement de la catégorie B évoluent. Les niveaux de responsabilités demandées, de compétences requises et la réglementation croissent régulièrement. Pour autant, la répartition des primes est souvent injuste, la reconnaissance professionnelle ne suit pas, des fonctions et missions nouvelles ne sont pas prises en considération.
La CFDT veut changer cela en revendiquant:
. L’amélioration des carrières et des promotions internes
. Des carrières identiques à grade comparable (administratifs, techniques, sportifs, culturels, ...),
. Une reconnaissance professionnelle qui doit donner accès à une carrière améliorée pour les filières administrative, sociale, culturelle. ...
. Une meilleure répartition des primes pour plus de justice et la mise en place d’un minimum obligatoire pour que tous bénéficient d’un régime indemnitaire.
. La résorption de la précarité notamment dans l'enseignement artistique.
La CFDT agit avec vous
En votant CFDT, vous soutiendrez une organisation qui défend votre carrière, votre salaire, vos conditions de travail, qui répond à vos attentes. Vous renforcerez une organisation forte de 800 000 adhérents.
Les candidats CFDT sont vos collègues de travail, ils sont proches de vous, partagent et connaissent vos préoccupations, celles de la catégorie B.
Le 6 novembre 2008, vous allez élire vos représentants à la CAP de catégorie B. En votant pour la liste CFDT, vous soutiendrez notre action pour votre défense et vos revendications.
ATTENTION
Le vote se fait par liste entière sans rayer de nom, ni en ajouter.
Élections CAP Catégorie B - 6 novembre 2008
Garantir, améliorer, faire respecter vos droits
Avec la CFDT, l’équité et l’efficacité pour vous défendre
Tout au long de votre carrière, la Commission Administrative Paritaire est l'instance où sont débattues et traitées les questions concernant votre situation individuelle(déroulement de carrière et promotion interne, formation, temps partiel, accès au dossier individuel et recours disciplinaire, ...).
.
C’est dire combien ceux qui vous représentent doivent être compétents et connaître les questions qui se rapportent à votre statut.
La CAP est aussi le lieu où l’on suit les carrières de l'ensemble des agents quels que soient leur fonction, leur grade. Il faut donc que vous puissiez compter sur des élus qui s'expriment pour que la justice entre les agents, les grades, les catégories soit défendue.
Avec les élus CFDT, pas de passe-droit. L’égalité de traitement du service public doit également s’appliquer à ceux qui la mettent en œuvre.
Les candidats CFDT seront ces élus qui, à la fois, savent répondre aux questions individuelles et défendre la justice sociale.
Voter CFDT, pour faire respecter vos droits
Vous avez des droits, ils doivent être respectés. Les représentants de la CFDT connaissent ces droits et s'engagent à les faire appliquer.
Personne n'est à l'abri de l'arbitraire ou d'une atteinte portée à sa carrière ou à sa situation individuelle.
Les représentants CFDT sont à votre écoute et s'appuient sur la force d'une grande organisation syndicale pour intervenir et vous aider.
La CFDT c'est la garantie d'une défense efficace. Nous connaissons les statuts car nous les négocions au niveau national.
Le plus CFDT
Organisés au sein d’un syndicat qui agit localement et en réseau d’échange et de mutualisation de compétences à tous les niveaux, départemental, régional et national, les élus CFDT sont formés, informés pour vous représenter et vous défendre.
Ils sont en capacité d’agir dans votre intérêt.
En retour, leur expérience nourrit les revendications nationales de la CFDT.
La construction mutuelle de cette expertise constitue une réelle plus-value de la CFDT.
CFDT, une organisation qui obtient des résultats pour la catégorie B
La CFDT a fait la preuve de son aptitude à revendiquer et négocier l'amélioration du statut des agents. Suite aux accords Jacob et à ceux du 21 février 2008, nous avons obtenu que les grilles de catégorie B soient entièrement revues. Ce chantier s’ouvre dés cet automne sur les propositions de la CFDT. Ainsi, les Rédacteurs par exemple, devraient pouvoir accéder à l’actuel Classement Indiciaire Intermédiaire (CII) qui leur était interdit jusqu’ici et qui sera lui-même revalorisé.
La CFDT, c’est aussi, la disparition des quotas et la mise en place des Ratios Promus/Promouvables permettant une nette amélioration des possibilités d’avancement de grade
La CFDT, c’est encore l’amélioration et l’uniformisation des quotas de promotion interne et la réforme de la formation professionnelle avec l’introduction d’un nouveau droit à la formation individuelle (DIF), la disparition de la FIA au bénéfice de la formation d’intégration et de professionnalisation prenant mieux en compte les parcours des individus.
La CFDT, une organisation qui revendique pour la catégorie B
Les métiers et les fonctions d’encadrement de la catégorie B évoluent. Les niveaux de responsabilités demandées, de compétences requises et la réglementation croissent régulièrement. Pour autant, la répartition des primes est souvent injuste, la reconnaissance professionnelle ne suit pas, des fonctions et missions nouvelles ne sont pas prises en considération.
La CFDT veut changer cela en revendiquant:
. L’amélioration des carrières et des promotions internes
. Des carrières identiques à grade comparable (administratifs, techniques, sportifs, culturels, ...),
. Une reconnaissance professionnelle qui doit donner accès à une carrière améliorée pour les filières administrative, sociale, culturelle. ...
. Une meilleure répartition des primes pour plus de justice et la mise en place d’un minimum obligatoire pour que tous bénéficient d’un régime indemnitaire.
. La résorption de la précarité notamment dans l'enseignement artistique.
La CFDT agit avec vous
En votant CFDT, vous soutiendrez une organisation qui défend votre carrière, votre salaire, vos conditions de travail, qui répond à vos attentes. Vous renforcerez une organisation forte de 800 000 adhérents.
Les candidats CFDT sont vos collègues de travail, ils sont proches de vous, partagent et connaissent vos préoccupations, celles de la catégorie B.
Le 6 novembre 2008, vous allez élire vos représentants à la CAP de catégorie B. En votant pour la liste CFDT, vous soutiendrez notre action pour votre défense et vos revendications.
ATTENTION
Le vote se fait par liste entière sans rayer de nom, ni en ajouter.
Programmes pour les CAP A
Élections CAP Catégorie A - 6 novembre 2008
Carrière, titularisation, discipline, évaluation, notation, avancement, promotion, mobilités, reclassement, concours
Avec la CFDT, première organisation syndicale des cadres
Un regard professionnel sur votre carrière et sur la responsabilité sociale des collectivités
La Commission Administrative Paritaire est le lieu où se débattent et sont traitées toutes les questions concernant votre carrière (titularisation, promotion, avancement, temps partiel, position statutaire, discipline, ...). Cette instance est un lieu essentiel pour votre carrière dans la fonction publique territoriale. Il importe que ceux qui vous représentent soient compétents et au fait des questions qui se rapportent à vos fonctions et votre statut.
En responsabilité d’encadrement, souvent placés à l’interface entre le politique et les agents, vous devez pouvoir compter sur des élus qui partagent vos préoccupations et vos contraintes et qui n’hésitent pas à s'exprimer en toute indépendance pour vous représenter et vous défendre.
Celles et ceux qui se présentent à vos suffrages sur la liste de la CFDT sont vos collègues. Ils ont le souci de ne pas se représenter eux-mêmes. Ils partagent vos difficultés, vos aspirations et ont conscience de la responsabilité sociale de la collectivité à votre égard comme à l’égard de l’ensemble des agents sur lesquels vous êtes amenés à exercer une autorité.
Pour toutes ces raisons nous affirmons que les élus cadres CFDT constitueront les représentants les plus pertinents pour vous représenter et vous défendre avec le souci d’une véritable justice sociale au sein d’un service public de proximité dont ils partagent avec vous les valeurs.
La plus-value CFDT
Organisés au sein d’un syndicat dont la compétence s’étend à tout le département et qui développe des synergies à l’échelon régional et national, les élus de la CFDT bénéficient de la mutualisation de l’expérience et des compétences de leurs collègues, bien au-delà des seules problématiques catégorielles.
Les échanges entre cadres du public et du privé au sein de l’association des cadres CFDT renforcent encore notre pertinence.
La construction mutuelle de cette expertise constitue une réelle plus-value de la CFDT.
La CFDT, une organisation exigeante qui obtient des résultats
La CFDT a fait la preuve de son aptitude à revendiquer et négocier pour l'amélioration du statut des cadres.
Ces dernières années elle a revendiqué sans relâche pour l’amélioration et la refonte complète des grilles de catégorie A. C’est ce que nous avons demandé et obtenu dans le cadre de l’accord du 21 février 2008. C’est dans ce but que nous aurons à travailler dés l’automne 2008 afin de traduire dans les faits les engagements du gouvernement.
La CFDT demande sans relâche la revalorisation des Conseillers Socio-éducatifs en les alignant sur le A type (Grille d’attaché).
La CFDT c’est aussi la suppression des quotas d’avancement de grade et la mise en place des ratios promus/promouvables permettant désormais une vraie négociation autour des carrières au sein des collectivités et la mise en œuvre d’une véritable gestion prévisionnelle des effectifs, des emplois et des compétences (GPEEC).
La CFDT c’est l’harmonisation des quotas de promotion interne et leur amélioration.
La CFDT c’est l’amélioration des droits individuels (congés, formation, temps partiel, .. .).
La CFDT, une organisation qui revendique pour les cadres
Aujourd'hui, les cadres sont confrontés à la mise en cause de leurs responsabilités. La reconnaissance professionnelle est insuffisante, des fonctions nouvelles ne sont pas reconnues. La répartition des primes est souvent injuste.
La CFDT veut changer cela en revendiquant :
. Une défense lors d'une mise en cause de leur responsabilité, en tant que cadre, en matière pénale,
. L’amélioration des carrières et des promotions internes
. Des carrières identiques à grade comparable (administratifs. sportifs, culturels, technique ...),
. Une reconnaissance professionnelle qui doit donner accès à une carrière améliorée pour les filières administrative, sociale, culturelle. ...
. Un statut pour les directeurs d'établissements sociaux, culturels. ..:
. Une meilleure répartition des primes pour plus de justice,
. La résorption de la précarité notamment dans l'enseignement artistique.
La CFDT agit avec vous
En votant CFDT, vous soutiendrez une organisation qui défend votre carrière, votre salaire, qui répond à vos attentes, qui soutient le développement du service public.
Vous renforcerez une organisation forte de plus de 800 000 adhérents, première organisation syndicale de cadres dans la fonction publique.
Le 6 novembre 2008 vous allez élire vos représentants à la CAP. En votant pour la liste CFDT, vous soutiendrez notre action pour votre défense, vos revendications, et le service public.
ATTENTION
Le vote se fait par liste entière sans rayer de nom, ni en ajouter.
Carrière, titularisation, discipline, évaluation, notation, avancement, promotion, mobilités, reclassement, concours
Avec la CFDT, première organisation syndicale des cadres
Un regard professionnel sur votre carrière et sur la responsabilité sociale des collectivités
La Commission Administrative Paritaire est le lieu où se débattent et sont traitées toutes les questions concernant votre carrière (titularisation, promotion, avancement, temps partiel, position statutaire, discipline, ...). Cette instance est un lieu essentiel pour votre carrière dans la fonction publique territoriale. Il importe que ceux qui vous représentent soient compétents et au fait des questions qui se rapportent à vos fonctions et votre statut.
En responsabilité d’encadrement, souvent placés à l’interface entre le politique et les agents, vous devez pouvoir compter sur des élus qui partagent vos préoccupations et vos contraintes et qui n’hésitent pas à s'exprimer en toute indépendance pour vous représenter et vous défendre.
Celles et ceux qui se présentent à vos suffrages sur la liste de la CFDT sont vos collègues. Ils ont le souci de ne pas se représenter eux-mêmes. Ils partagent vos difficultés, vos aspirations et ont conscience de la responsabilité sociale de la collectivité à votre égard comme à l’égard de l’ensemble des agents sur lesquels vous êtes amenés à exercer une autorité.
Pour toutes ces raisons nous affirmons que les élus cadres CFDT constitueront les représentants les plus pertinents pour vous représenter et vous défendre avec le souci d’une véritable justice sociale au sein d’un service public de proximité dont ils partagent avec vous les valeurs.
La plus-value CFDT
Organisés au sein d’un syndicat dont la compétence s’étend à tout le département et qui développe des synergies à l’échelon régional et national, les élus de la CFDT bénéficient de la mutualisation de l’expérience et des compétences de leurs collègues, bien au-delà des seules problématiques catégorielles.
Les échanges entre cadres du public et du privé au sein de l’association des cadres CFDT renforcent encore notre pertinence.
La construction mutuelle de cette expertise constitue une réelle plus-value de la CFDT.
La CFDT, une organisation exigeante qui obtient des résultats
La CFDT a fait la preuve de son aptitude à revendiquer et négocier pour l'amélioration du statut des cadres.
Ces dernières années elle a revendiqué sans relâche pour l’amélioration et la refonte complète des grilles de catégorie A. C’est ce que nous avons demandé et obtenu dans le cadre de l’accord du 21 février 2008. C’est dans ce but que nous aurons à travailler dés l’automne 2008 afin de traduire dans les faits les engagements du gouvernement.
La CFDT demande sans relâche la revalorisation des Conseillers Socio-éducatifs en les alignant sur le A type (Grille d’attaché).
La CFDT c’est aussi la suppression des quotas d’avancement de grade et la mise en place des ratios promus/promouvables permettant désormais une vraie négociation autour des carrières au sein des collectivités et la mise en œuvre d’une véritable gestion prévisionnelle des effectifs, des emplois et des compétences (GPEEC).
La CFDT c’est l’harmonisation des quotas de promotion interne et leur amélioration.
La CFDT c’est l’amélioration des droits individuels (congés, formation, temps partiel, .. .).
La CFDT, une organisation qui revendique pour les cadres
Aujourd'hui, les cadres sont confrontés à la mise en cause de leurs responsabilités. La reconnaissance professionnelle est insuffisante, des fonctions nouvelles ne sont pas reconnues. La répartition des primes est souvent injuste.
La CFDT veut changer cela en revendiquant :
. Une défense lors d'une mise en cause de leur responsabilité, en tant que cadre, en matière pénale,
. L’amélioration des carrières et des promotions internes
. Des carrières identiques à grade comparable (administratifs. sportifs, culturels, technique ...),
. Une reconnaissance professionnelle qui doit donner accès à une carrière améliorée pour les filières administrative, sociale, culturelle. ...
. Un statut pour les directeurs d'établissements sociaux, culturels. ..:
. Une meilleure répartition des primes pour plus de justice,
. La résorption de la précarité notamment dans l'enseignement artistique.
La CFDT agit avec vous
En votant CFDT, vous soutiendrez une organisation qui défend votre carrière, votre salaire, qui répond à vos attentes, qui soutient le développement du service public.
Vous renforcerez une organisation forte de plus de 800 000 adhérents, première organisation syndicale de cadres dans la fonction publique.
Le 6 novembre 2008 vous allez élire vos représentants à la CAP. En votant pour la liste CFDT, vous soutiendrez notre action pour votre défense, vos revendications, et le service public.
ATTENTION
Le vote se fait par liste entière sans rayer de nom, ni en ajouter.
¨Programmes CTP
Elections au Comité Technique Paritaire du 6 novembre 2008
Dialogue social, effectifs, formations, ratios d’avancement, gestion des emplois et des compétences, organisation des services, temps de travail, régime indemnitaire, action sociale, protection sociale complémentaire
Comité technique Paritaire
Avec la CFDT, faites du Comité Technique Paritaire
Une véritable instance locale de dialogue social.
Le Comité Technique Paritaire constitue le principal lieu d’échange entre les représentants du personnel et les élus locaux. Siégeant en nombre égal, ils y disposent des mêmes droits pour y aborder tout ce qui est d’ordre collectif et relatif à l’organisation du travail.
Horaires, organisation des services, suppressions de postes, formation, ratios d’avancement, politique indemnitaire, bilan social, action sociale, doivent y être débattus.
Les candidats qui se présentent sur la liste de la CFDT sont vos collègues. Ils vivent et partagent avec vous les mêmes réalités, les mêmes contraintes et aspirent comme vous à l’amélioration de nos conditions de travail et au service rendu à la population.
Parce que le CTP nous concerne tous, agents de toutes les catégories, titulaires et contractuels de tous nos métiers, nous ne voulons pas ne représenter que nous-mêmes.
Notre engagement est bien de participer avec vous à l’élaboration d’avancées profitables à tous et, lorsque c’est nécessaire, porter haut auprès des élus vos difficultés et vos revendications.
C’est conscients de l’importance de cette instance et de la mission que vous nous confierez que nous sollicitons vos suffrages pour vous représenter.
Le « plus » de la CFDT
C’est parce nous devons être efficaces pour la défense de nos droits que la CFDT se soucie de la formation des représentants du personnel. Nos syndicats sont départementaux et nos élus bénéficient ainsi de la mutualisation et du savoir-faire de tous nos représentants dans les collectivités du département. La construction de ce réseau qui nourrit aussi nos revendications nationales et jusqu’au Conseil Supérieur de la Fonction Publique Territoriale est un « plus » de la CFDT.
Avec la CFDT, s’organiser pour être plus fort.
La CFDT, avec plus de 800 000 adhérents est la première organisation syndicale française. Aujourd’hui deuxième organisation représentative dans la fonction publique territoriale, elle est un interlocuteur incontournable du dialogue social, au niveau national comme auprès de nos employeurs locaux.
Elle a fait la démonstration de sa capacité à revendiquer et à négocier. Son indépendance et sa détermination comme les actions de ses représentants ont permis des avancées sociales importantes.
C’est que la CFDT n’est pas une organisation comme les autres, elle est particulièrement attachée à l’obtention de résultats obtenus dans le cadre d’un dialogue intelligent et exigeant avec ses interlocuteurs patronaux du public comme du privé.
« Un peu souvent c’est mieux que beaucoup jamais qui se résume à rien toujours »
Telle pourrait être notre devise. Ainsi, à l’incantation et à la dénonciation, nous privilégions les avancées concrètes et positives au profit des salariés et des agents du public tout en les inscrivant dans l’intérêt général.
Les avancées obtenues ces dernières années l’ont été dans ce contexte (RTT, réforme de la formation, DIF, accords Jacob…) sont autant de résultats pour lesquels nous nous sommes battus et qui valident notre démarche.
C’est forts de cette identité que les collègues présents sur notre liste se présentent à vos suffrages.
Une CFDT forte nationalement pour obtenir des avancées localement
C’est tout l’intérêt d’une organisation syndicale de l’importance de la CFDT que de pouvoir allier action syndicale nationale et revendications locales.
Il en a été ainsi en 2006 et 2007 à l’occasion des accords Jacob signés avec le ministre de la fonction publique. Il s’est traduit par des négociations locales, pour obtenir notamment le passage des agents de catégorie C (ATSEM, Adjoints techniques, Auxiliaires de soin, Auxiliaires de puériculture) de l’échelle 3 à l’échelle 4 le plus rapidement possible et ouvert l’accès de tous à l’échelle 6.
C’est le cas encore, pour les ratios d’avancement de grade, obtenus nationalement mais négociés localement et débattus en CTP qui ont permis des déblocages de carrière pour beaucoup d’agents toutes catégories confondues.
Et encore, pour la formation professionnelle (projet voté par la CFDT au CSFPT) qui va permettre à tous les agents de catégorie C de bénéficier d’actions de formation obligatoire dans le cadre du plan de formation débattu en… CTP
En votant pour les représentants CFDT au CTP, vous contribuerez aussi à renforcer nationalement la CFDT et lui donnerez le pouvoir d’obtenir de nouvelles avancées dont vous bénéficierez localement.
Les élus CFDT seront vos interlocuteurs privilégiés et s’engagent à :
Vous rencontrer et être à votre écoute
Vous alerter lorsqu’un dossier qui vous concerne est soumis à l’avis du CTP
Saisir le CTP chaque fois que la situation dans votre service l’exige
Exposer au CTP vos attentes et vos problèmes
Vous rendre compte des réunions du CTP et des mesures envisagées.
Pour que vive le Comité Technique Paritaire, le 6 novembre 2008, votez et faites voter CFDT !!
Dialogue social, effectifs, formations, ratios d’avancement, gestion des emplois et des compétences, organisation des services, temps de travail, régime indemnitaire, action sociale, protection sociale complémentaire
Comité technique Paritaire
Avec la CFDT, faites du Comité Technique Paritaire
Une véritable instance locale de dialogue social.
Le Comité Technique Paritaire constitue le principal lieu d’échange entre les représentants du personnel et les élus locaux. Siégeant en nombre égal, ils y disposent des mêmes droits pour y aborder tout ce qui est d’ordre collectif et relatif à l’organisation du travail.
Horaires, organisation des services, suppressions de postes, formation, ratios d’avancement, politique indemnitaire, bilan social, action sociale, doivent y être débattus.
Les candidats qui se présentent sur la liste de la CFDT sont vos collègues. Ils vivent et partagent avec vous les mêmes réalités, les mêmes contraintes et aspirent comme vous à l’amélioration de nos conditions de travail et au service rendu à la population.
Parce que le CTP nous concerne tous, agents de toutes les catégories, titulaires et contractuels de tous nos métiers, nous ne voulons pas ne représenter que nous-mêmes.
Notre engagement est bien de participer avec vous à l’élaboration d’avancées profitables à tous et, lorsque c’est nécessaire, porter haut auprès des élus vos difficultés et vos revendications.
C’est conscients de l’importance de cette instance et de la mission que vous nous confierez que nous sollicitons vos suffrages pour vous représenter.
Le « plus » de la CFDT
C’est parce nous devons être efficaces pour la défense de nos droits que la CFDT se soucie de la formation des représentants du personnel. Nos syndicats sont départementaux et nos élus bénéficient ainsi de la mutualisation et du savoir-faire de tous nos représentants dans les collectivités du département. La construction de ce réseau qui nourrit aussi nos revendications nationales et jusqu’au Conseil Supérieur de la Fonction Publique Territoriale est un « plus » de la CFDT.
Avec la CFDT, s’organiser pour être plus fort.
La CFDT, avec plus de 800 000 adhérents est la première organisation syndicale française. Aujourd’hui deuxième organisation représentative dans la fonction publique territoriale, elle est un interlocuteur incontournable du dialogue social, au niveau national comme auprès de nos employeurs locaux.
Elle a fait la démonstration de sa capacité à revendiquer et à négocier. Son indépendance et sa détermination comme les actions de ses représentants ont permis des avancées sociales importantes.
C’est que la CFDT n’est pas une organisation comme les autres, elle est particulièrement attachée à l’obtention de résultats obtenus dans le cadre d’un dialogue intelligent et exigeant avec ses interlocuteurs patronaux du public comme du privé.
« Un peu souvent c’est mieux que beaucoup jamais qui se résume à rien toujours »
Telle pourrait être notre devise. Ainsi, à l’incantation et à la dénonciation, nous privilégions les avancées concrètes et positives au profit des salariés et des agents du public tout en les inscrivant dans l’intérêt général.
Les avancées obtenues ces dernières années l’ont été dans ce contexte (RTT, réforme de la formation, DIF, accords Jacob…) sont autant de résultats pour lesquels nous nous sommes battus et qui valident notre démarche.
C’est forts de cette identité que les collègues présents sur notre liste se présentent à vos suffrages.
Une CFDT forte nationalement pour obtenir des avancées localement
C’est tout l’intérêt d’une organisation syndicale de l’importance de la CFDT que de pouvoir allier action syndicale nationale et revendications locales.
Il en a été ainsi en 2006 et 2007 à l’occasion des accords Jacob signés avec le ministre de la fonction publique. Il s’est traduit par des négociations locales, pour obtenir notamment le passage des agents de catégorie C (ATSEM, Adjoints techniques, Auxiliaires de soin, Auxiliaires de puériculture) de l’échelle 3 à l’échelle 4 le plus rapidement possible et ouvert l’accès de tous à l’échelle 6.
C’est le cas encore, pour les ratios d’avancement de grade, obtenus nationalement mais négociés localement et débattus en CTP qui ont permis des déblocages de carrière pour beaucoup d’agents toutes catégories confondues.
Et encore, pour la formation professionnelle (projet voté par la CFDT au CSFPT) qui va permettre à tous les agents de catégorie C de bénéficier d’actions de formation obligatoire dans le cadre du plan de formation débattu en… CTP
En votant pour les représentants CFDT au CTP, vous contribuerez aussi à renforcer nationalement la CFDT et lui donnerez le pouvoir d’obtenir de nouvelles avancées dont vous bénéficierez localement.
Les élus CFDT seront vos interlocuteurs privilégiés et s’engagent à :
Vous rencontrer et être à votre écoute
Vous alerter lorsqu’un dossier qui vous concerne est soumis à l’avis du CTP
Saisir le CTP chaque fois que la situation dans votre service l’exige
Exposer au CTP vos attentes et vos problèmes
Vous rendre compte des réunions du CTP et des mesures envisagées.
Pour que vive le Comité Technique Paritaire, le 6 novembre 2008, votez et faites voter CFDT !!
TRACT VOIRIE:Le paysage contemporain de la ville de MarseilleAux origines de l’avant-dernière destruction (1960-2005)
Le paysage contemporain de la ville de Marseille
Aux origines de l’avant-dernière destruction (1960-2005)
Alèssi Dell’Umbria
p. 27-47
Résumé Notes de la rédaction Texte Notes Citation Auteur
Résumé
Français
Les spécialistes n’ont cessé de se répandre sur le « malaise des banlieues », mais certaines évidences ont continué de leur échapper : à commencer par le fait que l’urbanisme rendait impossible l’appropriation de l’espace par ses habitants. À Marseille, l’achèvement des grands programmes de construction HLM coïncida avec la crise industrialo-portuaire et la montée consécutive du chômage au sein de la population ouvrière, en particulier des jeunes. Ceux-ci eurent tout le temps de réaliser l’extrême hostilité du nouvel environnement.
Notes de la rédaction
En lisant l’histoire de Marseille selon Alèssi Dell’Umbria 1, il est difficile de ne pas remarquer combien le passé de cette ville est marquée par les destructions successives dont elle a fait l’objet. Ce n’est pas la moindre des vertus de l’auteur que de donner à ces destructions un sens politique, celui d’une lutte sociale pour l’inscription dans les murs et les rues de manières de vivre.
Si la plus impressionnante et la plus connue de ces destructions est indéniablement celle de la rive nord du Vieux-Port, dynamitée en 1943 par la Wehrmacht, il faut rappeler que le tracé de cette opération avait été anticipé par les plans de l’architecte de la ville Jacques Greber dès 1932. Mais la plus touchante est celle de la ville ancienne, c’est-à-dire, le plus souvent, des quartiers ouvriers, dont Alèssi Dell’Umbria rend toute la nostalgie dans la poésie perdue des noms de rue : « La totalité de l’ancienne Blanquerie avait disparu, soient les rues des Auffiers, de Bausset, Bon-Juan et Belsunce ; la place Charles-de-Cazaulx et les rues Cuiraterie, Croix-de-Malte, de l’Étrieu, des Faïsses-Rouges, Fontaine-Larmeny, Gambony, des Gerbes, des Graffins, du Grand-Puits ; la place des Hommes et les rues de la Lune-d’Or, des Marquises, des Quatre-Pâtissiers, Pavé-d’Amour, Petit-Maucoïnat ; la traverse du Petit-Saint-Gilles et les rues Pierre-Qui-Rage, du Pin, du Pont, des Pucelles, de la Pyramide, Reine-Elizabeth, Requis-Novis, de Sion ; la place et l’église Saint-Martin, les rues Saint-Gilles, des Templiers, des Quatre-Tours, Triperie, Vieille-Monnaie et Vierge-de-la-Garde, etc. 2 »
La lecture du texte qui suit (mais surtout du livre dont il est extrait), par le retour qu’il propose sur ce passé récent, peut nous aider comprendre le sens politique de la destruction actuellement à l’œuvre à Marseille, dont l’emblème est le programme Euroméditerranée, que la rue de République dévitalisée 3 – en novlangue « rénovée » – fait pénétrer jusqu’au cœur du centre-ville.
Texte intégral
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4 De Gaston Defferre, maire de Marseille de 1953 à 1986. [ndlr]
1Paradoxalement, Marseille n’a cessé de s’agrandir tandis que la désindustrialisation continuait et que le chômage grimpait. Les chiffres du recensement de 1954 donnaient 661 000 habitants, ceux de 1968, 890 000, pour culminer à 961 000 en 1975 – un document de la mairie prévoyait alors deux millions d’habitants pour l’an 2000 ! Et les grands travaux publics, impliquant un investissement majeur des finances municipales, avaient fait de la Ville une entreprise à part entière. À la gestion passive des municipalités d’antan, le defferrisme 4 avait substitué l’esprit d’entreprise, à leur laxisme financier le culte de l’excédent budgétaire. De fait, dès 1957, les dettes de la Ville étaient résorbées grâce à une gestion rigoureuse du personnel communal, de la passation des marchés et des services concédés. L’équilibre financier atteint, le PUD (Plan d’urbanisme directeur) avait été établi. Le système defferriste reposait sur une combinaison simple : à la bourgeoisie libérale étaient laissées les questions d’urbanisme, tandis que les socialistes conservaient la mainmise sur la gestion des services municipaux. De 1953 à 1976, le poste d’adjoint à l’urbanisme fut constamment occupé par un élu de la droite libérale, Alexandre Chazeaux, Théo Lombard et enfin Jean-Claude Gaudin.
2La bourgeoisie marseillaise soutint activement les projets d’urbanisation du terroir, d’abord parce que celle-ci valorisait ces domaines fonciers dans la constitution desquels elle avait toujours placé une partie de ses capitaux : si en d’autres temps ces terrains avaient assuré un revenu grâce au vin, ils l’assureraient désormais grâce au béton. La plupart des bastides furent vendues, et l’on y bâtit des ensembles résidentiels ou des HLM. On fit de même avec des terrains détenus par des sociétés industrielles. Ainsi les Tuileries de Marseille et de la Méditerranée ne se constituèrent pas seulement, en 1968, afin de poursuivre l’activité industrielle mais aussi pour valoriser les friches foncières dont elles disposaient. À cet effet, elles se divisèrent en deux sociétés distinctes, vouées l’une à la fabrication de tuiles et briques et l’autre à la spéculation immobilière. Cette dernière réalisa de belles affaires à l’occasion de certains lotissements dans les quartiers nord et profita, à l’est, de la ZAC (Zone d’aménagement concerté) de la Valentine, réalisée sur des terrains lui appartenant.
3Le déchaînement de la spéculation finit par rendre les terrains inabordables pour l’industrie, contrainte de s’exiler hors du territoire communal : en 1978, le mètre carré de terrain équipé se vendait 250 francs à Marseille, contre 130 francs autour de la mer de Berre et 120 francs à Fos. Nombre de sociétés installées à Marseille cédèrent à la tentation de déménager les usines pour réaliser de belles plus-values en revendant les terrains : ainsi l’usine Fournier-Ferrier, sise rue Félix-Pyat dans le quartier de Saint-Mauront jusqu’en 1955, et sur l’emplacement de laquelle on édifia le Parc Bellevue, un ensemble de huit immeubles de cinq à quinze étages destinés à recevoir des Pieds-Noirs de Tunisie. En 1965, le vieil établissement des Forges et chantiers de la Méditerranée, sis au chemin de Toulon dans le quartier de Menpenti, non loin de la place Castellane, secteur d’habitation bourgeois, fut transféré au Canet, et l’on édifia à son emplacement un vaste complexe de tours d’habitation pour une clientèle de classe moyenne aisée.
5 Danielle Bleitrach, Ivan Lojkine, Édouard Oary, Roger Delacroix et Claude Mahieu, Classe ouvrière e (...)
4Pendant une vingtaine d’années, le secteur du BTP (bâtiment et travaux publics) allait constituer l’élément moteur du capitalisme local, tandis que s’accélérait la décadence des industries traditionnelles. Le BTP présentait un double avantage : celui de nécessiter un investissement bien plus faible en capital que le secteur industriel ; et celui de pouvoir employer une main-d’œuvre non qualifiée grâce aux techniques nouvelles liées à l’usage du béton – ce qui répondait parfaitement aux vieilles habitudes d’une bourgeoisie négociante. Dès le début des années 1960, tandis qu’une famille de savonniers ouvrait une agence immobilière dans le centre-ville, apparaissaient plusieurs sociétés d’investissement ayant pour but de regrouper les capitaux des vieilles familles industrielles et de les orienter vers des opérations immobilières. Mais dès 1962 les grandes sociétés nationales pénétraient le marché de la construction à Marseille, assurant bientôt la moitié des investissements 5. Les deux plus grosses entreprises de construction marseillaises furent absorbées, La Savoisienne par le groupe Empain-Schneider et Honnorat par Bouygues. Les entreprises locales qui participèrent aux grands travaux d’équipement de la région (canal de Provence, travaux portuaires et aéroportuaires, autoroutes, complexe de Fos) connurent le même sort.
5Ces vingt années d’urbanisation firent de la municipalité la première institution économique de Marseille, avant même le Port. L’équipe Defferre gagna une telle crédibilité qu’en 1970 la Ville put contracter un emprunt de dix milliards de francs auprès de banques allemandes sans même avoir besoin de la garantie de l’État. Au milieu des années 1970, il fallut quand même trouver un second souffle pour alimenter la machine : à cette époque en effet, les projets définis par le PUD de 1959 étaient réalisés, et l’office HLM de la Ville arrêta quasiment de construire en 1975. Mais les projets ne manquaient pas : en 1977, 47 % du budget municipal fut consacré à l’urbanisme et à diverses initiatives de la Ville en matière de « reconversion industrielle ». Autant dire que les décisions du conseil municipal concernant l’attribution de ces fonds pesaient lourd dans le destin des entreprises de BTP opérant sur Marseille… En outre, la Caisse d’épargne des Bouches-du-Rhône, principal mandataire financier de la Ville avec la Caisse des dépôts, se trouva longtemps dirigée par un élu defferriste, Jean-Victor Cordonnier. À cela s’ajoutait que Marseille se trouvait être la ville la plus subventionnée de France, dans la mesure où ses investissements correspondaient aux orientations définies par l’État en matière de politique urbaine, et aussi celle où la Caisse des dépôts et consignations intervenait le plus.
6Le système defferriste trouva son expression juridique adéquate dans la société d’économie mixte. Une entreprise d’acconage créée en 1953 par Émile Loo, la Socoma, anticipait des pratiques d’avenir : elle permit de financer la SFIO (Section française de l’internationale ouvrière) puis le parti socialiste (PS) tout en faisant contrepoids au syndicat des dockers, fournissant régulièrement des jaunes en cas de conflit sur les quais. En 1966, l’État autorisait les municipalités à recourir à ce type de société. Le Syndicat mixte d’équipement de Marseille (SMEM), qui eut en charge l’équipement et la vente des terrains à bâtir et des lotissements industriels, servit de société mère : il associait la Chambre de commerce et la Ville, celle-ci détenant 55 % du capital, la Caisse des dépôts et la Caisse d’épargne intervenant comme partenaires financiers. Pour chaque opération d’aménagement, cet organisme créait une société d’économie mixte, présidée par Defferre ou d’autres élus ou affiliés du parti socialiste.
6 Nom d’un ancien quartier, détruit à partir 1912, qui correspondait à « l’ancienne Blanquerie, délim (...)
7Ainsi, dès 1971 les élus et les techniciens proches du PS, en liaison étroite avec le maire, contrôlaient par sociétés d’économie mixte interposées les grandes opérations d’aménagement. L’une des premières réalisations de la SMEM fut l’aménagement du Marché d’intérêt national (MIN), géré par la Somimar et dont Defferre assura la présidence. Puis la SIMEB aménagea enfin l’espace « derrière-la-Bourse 6 » ; la SAVIF construisit un milliers de logements et un port de plaisance sur les îles du Frioul, rachetées à l’État en 1971 ; la SEMPPR s’occupa de la construction d’un port de plaisance à la Pointe-Rouge, l’OCOTRAM de la construction du métro et la MPA des parkings ; etc. À cela s’ajoutaient les régies d’exploitation, comme la Régie des transports de la ville de Marseille (RTVM). Puis, en février 1982, Defferre, alors ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, fit adopter une loi selon laquelle « les municipalités sont autorisées à venir en aide à une industrie située sur leur territoire mais sans y investir de fonds publics, uniquement en qualité de propriétaire foncier ». La Ville intervint ainsi au travers d’organismes comme la Société métallurgique de Saint-Marcel (ex-Coder) ou, plus tard, aux côtés de l’industriel Maurice Genoyer pour la reprise des établissements Griffet.
7 Siméon Flaissières fut maire Marseille de 1892 à 1902 puis de 1919 à 1931 ; sa municipalité « inaug (...)
8L’économie mixte faisait de la municipalité un partenaire à part entière de la bourgeoisie marseillaise. Avant guerre, cette dernière n’avait avec la municipalité qu’une relation d’ordre fiscal. Le defferrisme changea la donne dans la mesure où les uns comme les autres se retrouvaient solidaires pour faire « main basse sur la ville » : à elle seule, la passation des marchés à l’occasion de grands chantiers d’urbanisme créait des liens étroits entre les milieux d’affaires marseillais et l’appareil socialiste local. Ce dernier tira longtemps une partie de son assise financière de ce type de contacts, dont la responsabilité incombait spécialement à Émile Loo, trésorier départemental du PS, adjoint au maire puis député. Ce système devait recevoir un éclairage inattendu en 1982, avec le scandale des fausses factures impliquant des élus defferristes comme Jean Masse et Antoine Andrieux, des truands reconvertis dans le BTP comme Dominique Venturi et des responsables des services techniques de la Ville. Du « collectivisme municipal » du temps de Flaissières, les socialistes avaient fini par basculer dans la cogestion ouverte du capitalisme local 7.
9Le pacte de coexistence harmonieuse entre la Ville et le négoce s’étendit à une partie de la population laborieuse par le moyen d’un quadrillage clientéliste serré. Celui-ci était d’autant plus efficace que l’urbanisation entreprise dans le cadre du PUD avait renforcé le pouvoir des élus socialistes en augmentant le nombre des emplois dépendants de la municipalité : RATVM (Régie autonome des transports de la Ville de Marseille), compagnies de taxis, organismes sociaux, offices HLM (celui de la Ville étant géré dans les années 1980 par le banquier Pierre Rastoin, élu defferriste). La mairie distribuait des aides sociales, attribuait des emplois municipaux, octroyait des logements sociaux et disposait d’un réseau associatif solidement intégré à la vie des quartiers. Héritage du temps de Flaissières, les Amis de l’instruction laïque et les Comités d’intérêt de quartier (CIQ) garantissaient cet apolitisme laïc et jacobin constituant la base idéologique du defferrisme.
10Loin de constituer un contre-pouvoir des quartiers face à la municipalité, ces Comités d’intérêt de quartier n’étaient que la courroie de transmission de celle-ci dans la vie locale. Pendant que les CIQ dévidaient leur écheveau de petites doléances auprès d’un élu local compatissant, nul ne remettait en cause les grandes opérations d’urbanisme qui devaient aboutir à la désintégration de la ville. À cela s’ajoutaient un bon millier d’associations sportives, de bienfaisance, « communautaires », assistés financièrement par la municipalité : groupes folkloriques provençaux, amicales de Corses, d’Italiens, d’Arméniens, de Pieds-Noirs, de Juifs, etc. Quand l’une d’elles organisait une kermesse, l’élu du secteur ne manquait jamais de s’y faire voir prenant l’apéritif et donnant l’accolade à ses affiliés : instant privilégié pour demander un service, plus tard remboursé par des votes. Ces notables defferristes, Jean Masse, Émile Loo, Irma Rapuzzi, Bastien Leccia et autres maîtrisaient parfaitement l’art de cultiver une familiarité bon enfant avec les électeurs. Pendant ce temps, les Marseillais se faisaient déposséder de leur ville.
8 Emmanuel Loi, Defferre et Marseille, Barrault, 1992, p. 33.
11Un milieu associatif asservi allait de pair avec une presse muselée. À la Libération, Defferre et ses hommes s’emparèrent manu militari des presses du Provençal, situation légalisée ensuite. Le futur maire de Marseille, alors nommé secrétaire d’État à l’Information, se singularisa par sa vision restrictive de la liberté de la presse : il fit délivrer douze autorisations de paraître sur les cent quatre-vingt-six demandes 8. À partir de 1958, Le Provençal fut dirigé par un triumvirat Defferre-Leenhardt-Cordesse, reflétant la nature des alliances qui gouvernaient la Ville. Par la suite, il réussit à ce que la même société de presse finance Le Provençal et Le Méridional, journal de la droite extrême dont les rodomontades quotidiennes se trouvaient ainsi contrôlées financièrement. À l’exception du quotidien du PCF, La Marseillaise, le groupe de presse defferriste se trouvait en situation de monopole. Defferre assistait aux conférences de rédaction du Provençal, décidant de ce qui pouvait y paraître et surveillant des journalistes aux ordres. Comme au sein du personnel communal, la carte du syndicat Force ouvrière s’imposait comme le sésame indispensable qui ouvrait les portes d’un emploi aux presses du Provençal et du Méridional.
9 Danielle Bleitrach et al., Classe ouvrière et social-démocratie…, op. cit., p. 217.
12L’hégémonie politique de la petite et moyenne bourgeoisie qui caractérisa le defferrisme se traduisit par un discours axé sur le mono-développement du secteur tertiaire et par la volonté de constituer une image de la ville qui lui soit adaptée. Il n’est pas fortuit que le defferrisme ait été contemporain d’un changement dans la composition sociale de la population marseillaise : il y a activement contribué. En 1954, un salarié sur quatre était employé de l’État ou d’un service public ; en 1975, cette proportion approchait les un sur trois. À ce moment-là, Marseille captait 75 % du tertiaire public des Bouches-du-Rhône, qui mobilisait la moitié des cadres supérieurs et moyens ainsi que des employés recensés. Comme le remarque Danielle Bleitrach, « cette orientation peut s’avérer fructueuse pour le personnel politique qui contrôle des réseaux de clientèle de plus en plus étendus au sein d’administrations telles que les caisses de sécurité sociale, les organismes de HLM, les hôpitaux, etc. 9 » Entre-temps, 50 000 emplois étaient créés dans les services de l’État, le paramunicipal, la Sécurité sociale, les télécommunications, les banques, les assurances et autres services privés.
10 Issu de la pensée des aménageurs de la Ve République – qui voulait répondre au « défi américain » d (...)
13Dans ce contexte, la classe moyenne aisée, proche de la municipalité, résidant dans les quartiers sud, se prit à rêver d’une ville consacrée au tertiaire. Mais la progression de l’emploi public s’arrêta au milieu des années 1970, stagnant par la suite, tandis que le tertiaire lié au secteur privé, dont on avait espéré un essor rapide en relation avec Fos 10, se limitait aux services en expansion partout ailleurs. Après avoir encouragé la fuite des industries, la municipalité se trouva contrainte d’opérer une marche arrière. Un arrêté vint interdire les spéculations comme celle qui avait livré les terrains des Forges de Menpenti aux sociétés immobilières ; des terrains industriels rendus vacants par la faillite de grosses entreprises locales (Coder, Griffet) furent rachetés par des sociétés d’économie mixte chargées de trouver des repreneurs. Elle furent finalement transformées en « village artisanal » accueillant des entreprises de taille modeste. Il était un peu tard pour réagir à une désindustrialisation que vingt ans de politique urbaine avaient encouragée : en 1995, la commune de Marseille ne disposait plus que d’un millier d’hectares de zones d’activités, contre sept ou huit fois plus dans les communes environnantes.
11 Pierre-Paul Zalio, Grandes familles de Marseille au XXe siècle, enquête sur l’identité économique d (...)
14Aux débuts du chantier de Fos, le livre blanc de l’aire métropolitaine présenté par l’OREAM (Organisation d’études d’aménagement des aires métropolitaines) avait planifié le zonage de la région : le tertiaire supérieur à Marseille et le développement industriel autour de la mer de Berre avec urbanisation de son littoral. Comme le note Pierre-Paul Zalio, « le principal effet pervers de ce schéma fut d’initier et d’encourager, au-delà de Fos, le développement de zones économiques secondaires, autour de Vitrolles et d’Aix-en-Provence, et donc d’accentuer la désindustrialisation du terroir marseillais 11 ». De façon emblématique, la Société phocéenne de métallurgie quittait en 1973 son usine du Canet pour s’installer sur la zone industrielle de Vitrolles. Le site avait été prévu pour attirer des sociétés établies à Marseille, alléchées par le bas prix des terrains et les exonérations fiscales offertes par la commune de Vitrolles : au milieu des années 1970, près de trois cents PME y employaient environ 10 000 personnes. La plupart devaient disparaître dans les années suivantes ou passer sous le contrôle de groupes étrangers, grands bénéficiaires de l’aménagement de la ZI (zone industrielle). Bien plus que d’un transfert d’activité de la ville à la banlieue, il s’agit d’un transfert de pouvoir, le déplacement géographique soulignant le déplacement du rôle dirigeant en matière industrielle : celui-ci passait des sociétés locales autofinancées aux sociétés délocalisées à forte concentration capitaliste.
15Durant deux décennies, tout le devenir de ce qui était encore une ville portuaire se trouva suspendu à l’hypothèse que les activités de gestion, d’administration et de recherche et développement, induites par le complexe de Fos, viendraient s’y installer. En 1973, le président de la Chambre de commerce commentait le projet de centre directionnel alors en gestation en déclarant : « Marseille doit attirer en son centre les services nés à Fos. » L’année d’après commençait l’inexorable désillusion au bout de laquelle il s’avéra que pas une seule des sociétés ayant implanté un établissement sur la zone de Fos n’avait établi de bureaux à Marseille. Des sociétés opérant à l’échelle mondiale n’avaient aucune raison d’installer des bureaux dans une ville devenue périphérique ; la gestion des usines de Fos se fait à partir de métropoles, à Paris, Londres ou New York, pas au bord de la Méditerranée. Bien au contraire, de 1976 à 1979, trente-cinq sièges sociaux de grandes entreprises établies à Marseille furent transférés à l’extérieur, et seulement cinq vinrent s’y installer.
16Le déclin industriel et portuaire de Marseille eut des effets d’autant plus dévastateurs qu’il coïncida avec l’éclatement de la ville. Toutes les communes périphériques virent leur population croître dans d’énormes proportions pendant les années du chantier de Fos ; entre 1968 et 1975, Vitrolles augmenta de 165,5 %, Septèmes de 85 %, Cabriès de 58 %, au détriment de la commune de Marseille, dont la population n’augmenta que de 2,2 %. Puis celle-ci, qui n’avait cessé de croître jusqu’à frôler le million d’habitants, commença de décliner : 961 000 recensés en 1975, 870 000 en 1982 et 800 000 en 1990. Déjà entre 1975 et 1982, 144 000 personnes avaient quitté Marseille tandis que 53 000 y étaient arrivées : ce roulement révélait qu’une partie croissante de la population n’était plus attachée à la ville, les Marseillais de souche étant de plus en plus tentés par la fuite tandis que les nouveaux arrivaient dans une ville en pleine déréliction. Un nombre important de Marseillais avaient semble-t-il cessé d’aimer leur ville.
17Le modèle de développement exprimé à la fois dans le gigantisme industriel de Fos et dans l’urbanisme fonctionnaliste entra en crise à son apogée, mais il avait réussi à accomplir une rupture irréversible dans l’espace, désormais organisé à une échelle insaisissable par ceux qui y vivaient. Le rêve d’une planification parfaite pouvait-il engendrer autre chose que des réalisations monstrueuses ? Après plusieurs mois de contre-enquête dans la région de Fos, le Théâtre de la Carriera mit en scène la Tarasque, le monstre de la mythologie provençale, dans une pastorale créée en 1972 à Martigues. La Tarasque était revenue sous les traits du complexe de Fos, machine implacable terrorisant les habitants désarmés. Mais qui irait les en délivrer cette fois ?
12 Bernard Paillard, La Damnation de Fos, Seuil, 1981, p. 115.
18Si les communes provençales avaient réussi à empêcher que l’on édifie des villes nouvelles comme on en implanta autour de Paris, elles ne purent s’opposer à la désintégration de la société locale. Tout ce qui constituait le tissu social, urbain et culturel des communes de la mer de Berre avait fini par se déchirer. Marquant une discontinuité radicale, les grands ensembles HLM et les zones pavillonnaires s’étaient constitués comme autant d’entités closes où l’on vivait à l’écart des noyaux urbains ou villageois préexistant. À la rudesse de la vie traditionnelle s’était substitué le confort domestique d’une existence solitaire, loin des autres et de son environnement. « C’est donc aussi la fin d’une civilisation dans ses rapports avec le passé, la culture, la langue, les coutumes et traditions, la terre et la mer, le ciel, le soleil ou le mistral, le marécage et la plaine ainsi que dans les rapports interpersonnels et économiques qui la régissaient », conclura Bernard Paillard 12. Le chanteur Jan-Mari Carlotti, originaire de Fos, exprimera le même sentiment d’une perte irréparable :
13 « Là on ne les appelle pas gens, les gens, mais “prolétaires”. / Là on ne l’appelle pas temps, le t (...)
Aqui non li dien gens ai gens mai « proletaris » ;Aqui non li dien temps au temps mai « oraris » ;Aqui non li dien vents ai vents mai « tubeias » ;E ai paurei se li dien « arabes »,Ai fruchas « bénéfices »,A l’amor se li dis « plaser »,A la mar se li dis « bordilha ».Aqui quora li vau, auvi degunQue ièu coneigue, qu’una mamèta vielhaDei sens de gipsa, de l’alen de pòussaQue si carga de ièu, e mi fai lo sant-sòm.La coneissi, aquela cambia jamai son nom. 13
19Autoroutes et supermarchés avaient dessiné le nouvel espace dans lequel il faudrait s’habituer à vivre. Le rapport des hommes à l’environnement était désormais médiatisé par l’automobile, rendue obligatoire comme moyen de transport en semaine et comme moyen d’évasion dominicale. À la relative étroitesse des relations villageoises s’était substituée une liberté abstraite de circuler entre différents espaces également anonymes : ainsi l’inauguration du tronçon autoroutier reliant Marseille à Fos fut-elle suivie par celle du premier hypermarché de la région, installé à Port-de-Bouc. « En l’espace de deux ans, Fos a mis la région à l’heure de la France », notera Bernard Paillard au terme de sa contre-enquête. Dans la région marseillaise, l’uniformisation des modes de vie, identiquement réduits à cet enfermement domestique qui devenait le lot commun de tous les Français, date précisément de cette époque. L’extinction des usages qu’on avait conservés dans les villages perchés de Fos ou Vitrolles comme dans les quartiers populaires de Marseille était consommée dans cette vaste agglomération de zones, ZI, ZAC et ZUP (zone à urbaniser en priorité), entre l’Ouest sauvage du delta rhodanien et le site de l’antique Massalia.
14 Danielle Bleitrach et Alain Chenu, L’Usine et la vie. Luttes régionales à Marseille et Fos, Maspero (...)
20L’éclatement de la ville et du village en tant que lieux de vie et d’activité alla de pair avec la perte des traditions ouvrières. À cet égard, l’exemple de Vitrolles illustre ce que l’urbanisme pouvait produire de pire. Sur tout le territoire de cette commune, comme sur celui de Marignane qui lui est contigu, un habitat atomisé se répandit en quelques années autour de la zone industrielle, combinant les ensembles HLM ou résidentiels avec les zones pavillonnaires. L’enquête menée par Danielle Bleitrach et Alain Chenu à la fin des années 1970 auprès des ouvriers transférés de Marseille à la ZI de Vitrolles sera édifiante. Les témoignages recueillis convergent sur un point : pour ces ouvriers, la rupture entre milieu urbain et milieu industriel signifiait une aggravation de leur exploitation. Sur la ZI comme sur la zone résidentielle, leur jugement était viscéralement négatif. Venant d’une ville où la diversité du tissu urbain unifiait les différents aspects de la condition ouvrière, ces Marseillais percevaient dans le modèle vitrollais, fondé sur le zonage, un système d’isolement et de séparation sociale. De fait, l’enquête révélera que la plupart d’entre eux ne purent se plier à ces nouvelles conditions de vie – qui impliquaient entre autre des déplacements plus longs, une certaine déqualification professionnelle, des contraintes de rendement individuel et l’obligation de prendre ses repas sur place. Situation qui ne posa pas ce type de problème à la plupart des autres travailleurs vitrollais, arrivés isolément dans un milieu où tout avait été conçu pour les maintenir isolés. Au contraire des Marseillais, ces délocalisés venus d’autres régions ou d’autres pays ignoraient les relations de voisinages communautaires qui avaient caractérisé tant de quartiers ouvriers de la cité phocéenne. Ce territoire suburbain n’offrait aucun des lieux de rencontre qui définissaient la ville mais des centres commerciaux et des rocades autoroutières… Aucun lien concret ne rattachait plus ces nouveaux prolétaires à leur environnement, aucune pratique commune qui puisse fonder une tradition urbaine. L’enquête conclura en remarquant qu’à ce stade isolement et dépolitisation semblaient se conjuguer naturellement 14. La vérité de Marseille éclatée se trouve là.
21La ville résultait d’une patiente accumulation, dans laquelle des formes et des fonctions multiples avaient réussi à se combiner. À plus forte raison les villes maritimes, caractérisées par l’attraction centripète du Port : pendant près de mille ans, des personnes aux origines et aux activités diverses s’étaient mélangées au cœur de ces villes qui ne connaissaient guère la ségrégation résidentielle, et cette mixité engendra une culture urbaine encore plus affirmée que dans les villes continentales. Inversement, depuis la Seconde Guerre mondiale, l’extension sans précédent du territoire urbanisé s’opère de manière centrifuge, la périphérie de la ville s’urbanisant par une juxtaposition de zones monofonctionnelles et imperméables l’une à l’autre, liées extérieurement par des rocades autoroutières. La rigidité d’un tel découpage contraste avec la faculté d’adaptation propre au tissu de la ville ancienne, où des rues avaient pu changer d’attribution d’une époque à l’autre au prix de simples arrangements : le tissu de la ville préindustrielle révélait ainsi sa capacité d’accepter l’histoire et la lente sédimentation qu’elle opère, là où l’urbanisme par sa politique de la table rase n’arriva qu’à produire un espace stérile, véritable chaos urbain.
15 Philippe Panerai, Jean-Charles Depaule, Marcelle Demorgon, « L’espace de la ville : tracés et hiéra (...)
22Les deux éléments solidaires qui organisaient l’espace de la ville, la rue et l’îlot de maisons ont été remplacés par la rocade et la zone. Dans le tissu néo-urbain qui s’étale autour des villes depuis cinquante ans, c’est la voie d’accès qui organise l’espace urbain, ensuite découpé en zones. Les plans de circulation et les classifications hiérarchiques de la voirie mis en place au début des années 1960, inspirés par les thèses fonctionnalistes, étaient précisément conçus pour générer un certain type d’urbanisation, celui des grands ensembles puis des lotissements pavillonnaires, des zones industrielles puis des centres commerciaux. La fragmentation de l’espace, érigée en système, nie le fait urbain dans ce qu’il a d’essentiel : la capacité d’un même lieu à accueillir des activités multiples et des gens différents. Sans doute, une forme de zonage a toujours existé dans l’histoire de la ville : certaines activités, polluantes ou dangereuses, se trouvaient rejetées au-delà des remparts, d’autres se concentraient dans certaines rues dont les noms rappellent l’occupation passée. Mais un réseau de tracés continus affirmait l’unité de la ville au-delà de la différence de ses parties 15. La rupture avec l’histoire, joyeusement revendiquée par l’urbanisme moderne, s’incarne dans l’espace par la rupture avec la continuité urbaine.
16 Lewis Mumford, « La “folie de Marseille” », in Le Piéton de New York [The New-Yorker, 1957], Le Lin (...)
23La construction en îlots avait tracé le cadre de la vie urbaine par les relations qu’elle permettait d’établir entre intérieur et extérieur ; les façades se trouvaient ainsi à la charnière de la demeure et du passage, constituant l’environnement de la ville. Cette relation entre le bâti et la voirie se trouva également désarticulée par le zonage. À la rocade autoroutière fit alors écho le bâtiment isolé, entouré de vide, sur le modèle des « unités d’habitation » dont la « Cité radieuse » du boulevard Michelet se voulait l’exemple-manifeste : il suffisait d’agencer plusieurs de ces volumes pour obtenir un grand ensemble. Le prétexte de l’hygiène (planter le bâtiment isolé au milieu d’un espace vert) dissimulait le refus de la ville et des formes de sociabilité qui lui sont propres. Comme le signale Lewis Mumford dans son analyse critique de la Cité radieuse, « l’espace ainsi dégagé par Le Corbusier n’est un espace libre que pour le regard ; il n’est pas l’espace fonctionnel dont les êtres humains ont besoin pour vivre 16 ».
24La forme même du grand ensemble, isolé selon la conception fonctionnaliste de la « zone résidentielle », ne laisse aucune place au passage : il génère des ghettos. Ainsi a-t-on créé ces « ghettos ouvriers à la manière de l’ancien ghetto des Juifs » que dénonçait voici un siècle Jules Guesde à propos des projets de cités ouvrières de certains patrons français. Ce que Marseille avait précisément réussi à éviter malgré cent ans d’immigration massive. De plus, une partie de la population ouvrière étant composée d’immigrés, il arrive alors que le ghetto ouvrier et le ghetto immigré ne fassent plus qu’un.
17 André Donzel, Politique urbaine et société locale, thèse de sociologie, 1982, p. 156.
25La déportation de la population ouvrière fut le résultat le plus évident de tout le réaménagement urbain d’après guerre : « Ici loin du monde », dira de façon éloquente le graffiti géant qui s’affichait à la fin des années 1970 sur un ensemble HLM des quartiers nord. Analysant les effets de la gestion defferriste, André Donzel conclut : « Si l’on aborde la politique municipale marseillaise non plus dans ses déterminations gestionnaires mais dans l’angle de ses réalisations concrètes, il est bien difficile de conclure à un “assainissement” ou à une “harmonisation” des conditions de vie urbaine. C’est au contraire l’exacerbation des contrastes sociaux, fonctionnels, spatiaux, qui en constitue la trame. Et l’émergence de nouveaux rapports de gestion sur le terrain communal a moins contrarié qu’amplifié une logique profondément inégalitaire dans l’organisation et la production de l’espace urbain marseillais. 17 » Érigée en système par les divers plans d’urbanisme qui s’étaient succédé à Marseille depuis les années 1930, la ségrégation urbaine se réalisa donc en combinant planification bureaucratique et spéculation immobilière. La gestion du logement social aggrava la ségrégation : ainsi les immeubles HLM construits dans le quartier des Catalans ou face à la plage du Prado ont-ils toujours été réservés à la clientèle ethniquement et socialement homogène des cadres et employés de la Ville ou apparentés.
26L’opposition entre quartiers nord et sud prit sa forme actuelle dans ces années 1970. Au sud de Marseille, la Vieille-Chapelle, la Pointe-Rouge ou le Mont-Redon constituaient de véritables quartiers populaires, où fonctionnaient savonneries, huileries, fabriques de soude et tuileries ; sans oublier des secteurs agricoles comme Bonneveine et Mazargues. La création de zones résidentielles bouleversa la physionomie de ces quartiers et la hausse du prix des terrains y rendit impossible l’activité industrielle, artisanale ou agricole ; et jusqu’à l’habitat des petites gens. De cette façon, les quartiers sud sont devenus presque exclusivement le lieu d’élection des Marseillais aisés – si l’on excepte l’incroyable enclave de la Cayolle, ghetto de pauvreté en plein secteur résidentiel. À la charnière du sud et de l’est, des quartiers comme Menpenti puis le Rouet ont commencé à se transformer en secteurs purement résidentiels, où les classes moyennes aisées remplacent les ouvriers au fur et à mesure que les anciens bâtiments industriels sont remplacés par des immeubles.
27Pendant ces vingt années d’aménagement urbain, de 1955 à 1975, les 9e et 10e arrondissements, à cheval sur l’est et le sud, perdirent la majeure partie de leur population ouvrière. À l’exception du quartier de Belsunce, dans le 1er arrondissement, les ouvriers allèrent se concentrer dans les 13e, 14 e, 15 e et 16 e arrondissements, au nord et à l’est, où furent construits 90 % des HLM, comme l’avait voulu le Plan de 1959. En 1977, la première ligne de métro était inaugurée, explicitement conçue en fonction du centre directionnel vers lequel devraient converger cadres et employés de bureau. De fait, elle dessert de façon privilégiée le sud et le nord-est de la ville, laissant à la population du nord le seul recours à l’automobile. Quand, bien plus tard, une seconde ligne fut mise en service sur l’axe nord-sud, ce fut pour s’arrêter à Arenc, au tout début des quartiers nord. La politique defferriste en matière de transports en commun privilégia la main-d’œuvre tertiaire, employés et cadres logés dans le sud et le centre de Marseille, au détriment des ouvriers rejetés vers le nord. À cet égard, on doit constater que les différentes rocades et autoroutes réalisées alors l’ont été quasiment toutes dans les quartiers ouvriers : un tiers de la ville, au nord et au nord-est, concentre la quasi-totalité de la voirie rapide réalisée au titre du PUD, le sud étant épargné.
18 Ibid., p. 403.
28Rétrospectivement, le Plan de 1959 apparaît comme l’axe central d’une stratégie visant à combattre l’hégémonie ouvrière dans Marseille après sa vitalité des années 1944-1947. Ce qu’illustra le démantèlement concomitant du réseau des tramways ; il est significatif que ce fût précisément la question des transports en commun qui provoqua la révolte des ouvriers marseillais en 1947. Analysant le processus de repli des ouvriers sur le domicile privé dans les années 1960, Donzel conclut que « le développement de la sphère domestique pourrait bien être la contrepartie d’une carence en matière de consommations collectives dont, entre autres, la possibilité d’accéder à un système public de transports en commun pour les déplacements de travail 18 » – et de loisirs, faudrait-il ajouter. Aux banlieues-tramways des années 1930 succédèrent les banlieues-automobiles, réunissant tous les inconvénients de la densité sans les avantages de l’urbanité. […]
29Au cours des années 1970, les ensembles HLM des quartiers est et surtout nord commencèrent à poser aux autorités de sérieux problèmes. Une partie des premiers résidents avait commencé à déménager, généralement pour aller s’installer dans des ensembles conçus sur le même modèle, mais réservés à une clientèle un peu plus aisée. Beaucoup de familles pieds-noirs abandonnaient ainsi les HLM initialement édifiées à leur intention tandis que le nombre des immigrés, principalement nord-africains, ne cessait d’y augmenter. Si la première vague d’occupants de ces cités avait connu l’euphorie du confort moderne accessible à prix modique, ceux qui avaient eu la disgrâce d’y naître allaient se révolter à l’idée de devoir y passer leur vie : ce fut sous l’aspect sauvage de la délinquance juvénile que s’exprima la remise en cause de l’urbanisme fonctionnaliste. Mais cette petite délinquance explosa parfois en révolte ouverte. En décembre 1976, un supermarché sur la rue Félix-Pyat, à côté du Parc Bellevue, devait fermer ses portes à cause des pillages répétés commis par les bandes du quartier. En octobre 1980, un jeune Marseillais d’origine algérienne, habitant la cité HLM des Flamants, près de Sainte-Marthe, était abattu par un CRS à la suite d’un contrôle. Deux jours après, en plein centre-ville, les jeunes des quartiers nord affrontaient violemment la police et saccageaient les magasins des rues de Rome et Saint-Ferréol.
19 Raymond Loew, « Les dockers de Marseille », Économie et humanisme, février 1944, n° 11.
30Defferre et ses alliés de la bourgeoisie libérale avaient repris le programme lancé par Eugène Rostand à la fin du xixe siècle, suivant la même croyance que le logement à bon marché résoudrait la question sociale. Au début des années 1950, à la suite des occupations de bastides, les mouvements chrétiens ouvriers avaient lancé des initiatives comme celle des Castors : des lotissements autoconstruits dans les quartiers nord ; mais seule une élite ouvrière avait les moyens de s’engager dans ce type de projets. De son côté, l’État providentiel issu de la Libération autorisait des réalisations ambitieuses et rapides, permettant de loger d’un seul coup des milliers de personnes. Ces grands ensembles où un bonheur sans fin semblait attendre les heureux élus de la modernité allaient toutefois devenir obsolètes en une génération : le temps que des enfants y naissent, grandissent… et se révoltent. Certains immeubles seraient détruits à l’explosif à la fin des années 1980 : à Frais-Vallon, Saint-Just, Font-Vert, la Savine et au Plan d’Aou. Édifiés au nom de l’hygiène, ces grands ensembles étaient devenus en quelques années des endroits où l’on mourait jeune, d’overdose, du sida, de suicide ou même, parfois, abattu par un voisin irascible. Ainsi s’est réalisée la prédiction de Raymond Loew à la fin de son enquête de 1944 : « Construire près du port de grandes HBM pour loger la majeure partie des dockers, c’est remplacer le taudis actuel étalé en surface par du taudis concentré en hauteur : le remède est pire que le mal. 19 »
31Les spécialistes n’ont cessé depuis de se répandre sur le « malaise des banlieues », mais certaines évidences ont continué de leur échapper : à commencer par le fait que l’urbanisme rendait impossible l’appropriation de l’espace par ses habitants. À la manière tayloriste de l’« organisation scientifique du travail », qui supprimait les temps morts dans l’usine, l’urbanisme prévoyait une utilisation performante de l’espace sans pitié pour ceux qui ne trouvaient pas de place dans la machine infernale du salariat. Les cités-dortoirs avaient été conçues pour des habitants ayant une occupation professionnelle et une voiture. Il se trouve qu’à Marseille l’achèvement des grands programmes de construction HLM coïncida avec la crise industrialo-portuaire et la montée consécutive du chômage au sein de la population ouvrière, en particulier des jeunes. Ceux-ci eurent tout le temps de réaliser l’extrême hostilité du nouvel environnement. Les travailleurs, entraînés par la force d’inertie du quotidien, pouvaient supporter plus ou moins bien cette relégation urbaine – et, à la limite, ne même pas s’en rendre compte –, mais les jeunes chômeurs-à-vie, non.
32Élus et urbanistes expliquèrent la révolte des jeunes relégués par le fait que l’on avait négligé « le social ». Ils alléguaient l’excuse de l’urgence : pour répondre à la question du logement, il avait fallu faire l’économie d’équipements sociaux dont la construction avait été repoussée à un futur hypothétique. Tout avait été en fait prévu par les réglementations d’urbanisme, qui définissaient soigneusement la surface des espaces verts, la nature et le nombre des équipements scolaires, commerciaux, socio-culturels, administratifs, sanitaires, sportifs, etc., nécessaires aux diverses tailles de grands ensembles. Quand le PUD s’acheva, la municipalité Defferre put se vanter d’avoir réalisé quatre-vingt-neuf gymnases, cinquante-neuf stades et vingt piscines en quinze ans. Il suffirait de réaliser davantage d’équipements sportifs et de centres sociaux pour donner un peu d’âme aux grands ensembles.
33Ramener le « malaise des banlieues » à un simple manque d’équipements sociaux permettait de ne pas mettre en cause l’inhumanité de l’urbanisme. La gauche, qui mettait en avant ce discours, partageait avec la bourgeoisie libérale une vision utilitariste de la ville, réduite à de simples fonctions dont on pourrait quantifier la satisfaction. La conception dirigiste et jacobine qui caractérisait les partis de gauche se retrouvait à sa place dans cet urbanisme planifié qu’ils voulaient simplement corriger d’un peu de « social ». L’usage systématique de ce terme montre à quel point l’espace urbain ainsi constitué était fondamentalement antisocial. Alors que la ville est avant tout un mode de communication ou, si l’on préfère, un rapport social.
20 « L’originalité de Marseille ne réside pas dans l’existence des bidonvilles, affirmaient en 1991 le (...)
34De la même manière, la municipalité defferriste se faisait une gloire d’avoir résorbé la plupart des bidonvilles couvrant le territoire de Marseille. Lorsque fut publié le PUD, ces enclos abritaient environ 10 000 personnes 20. Leur existence semblait justifier la politique des grands ensembles, dont plusieurs furent d’ailleurs édifiés sur leur emplacement : au Racati, à Font-Vert, la Busserine, Fonscolombe, au Cap Janet, etc. À une occupation spontanée de l’espace, fondée sur la misère des moyens, venait s’opposer de façon spectaculaire la planification techniquement équipée. L’objectif était de loger les gens, non de permettre la naissance d’un environnement urbain à leur mesure. On voulait ignorer comment certains quartiers populaires de Marseille étaient nés, au départ simples agglomérats de cabanons devenant habitations permanentes d’où peu à peu émergeait une trame urbaine. Les bicoques s’agrandissaient avec les moyens du bord et devenaient des maisons, desservies par des voies rudimentaires, tracées et entretenues par les habitants eux-mêmes. L’équipement urbain (tout-à-l’égout, eau, électricité, voirie goudronnée) suivit, avec beaucoup de retard, l’urbanisation organique du quartier. Les zones cabanonnières ne se distinguaient guère, de prime abord, des enclos et bidonvilles. Ces derniers reposaient sur un système d’entraide et de solidarité à partir duquel une vie locale était possible. En de nombreux pays méditerranéens, en Grèce, en Tunisie, en Espagne, les bidonvilles ont évolué, et parfois très vite, vers des constructions en dur : un quartier prenait alors corps. Ce qui supposait un certain laxisme des autorités, qui souvent n’avaient pas les moyens de faire autrement. En tout cas, cela montre que la différence entre zone cabanonnières et bidonvilles était avant tout d’ordre juridique.
21 Les enquêtes menées à l’époque ont fait ressortir l’hostilité des habitants de bidonvilles à l’habi (...)
35En France, les autorités n’ont jamais toléré que l’appropriation des terrains occupés puisse devenir durable, même s’il s’agissait de terrains vagues. La rigidité des conceptions juridiques françaises faisait de ces enclos des zones de non-droit. On laissait les gens s’y installer faute de mieux, mais on les empêchait d’améliorer leurs conditions d’habitat en les maintenant en état de précarité par la menace latente de l’expulsion. D’où cette perpétuation du taudis, qui renforçait encore le caractère d’opprobre attaché aux enclos et autres bidonvilles multipliés dans l’entre-deux-guerres. L’urbanisation d’après guerre vit là un défi à relever : un office particulier, la Logirem, fut chargé à Marseille de faire édifier et de gérer des HLM pour les habitants de bidonvilles. Plutôt que de favoriser une évolution positive de l’habitat en équipant les enclos, l’administration préféra en disperser les habitants. Ce faisant, toute une histoire commune faite de misères et de solidarités se trouva effacée du jour au lendemain. Le grand ensemble les propulsa dans un univers préfabriqué, conçu par des gens qui n’y vivraient jamais. Déjà déracinés par l’émigration, les habitants des bidonvilles ne pouvaient se reconnaître dans un tel univers 21.
36L’urbanisation fonctionnaliste se fondait sur une forte concentration de capitaux, privés, publics ou mixtes, appuyés de moyens techniques sophistiqués. L’investissement lourd exigé par le grand ensemble ne pouvait évidemment être géré que par des spécialistes, les futurs habitants étant de toutes façons jugés incompétents. La rapidité d’exécution à laquelle atteignaient les grosses entreprises du BTP et l’importance des moyens mis en œuvre dans ces grands chantiers semblaient renvoyer à un passé révolu les techniques auxquelles avaient recours les artisans maçons. Mais aux investissements lourds de la construction succédèrent des frais d’entretien prohibitifs (ascenseurs, aération, chauffage, nettoyage des parties communes, etc.) qui eurent tôt fait d’excéder les capacités de gestion des offices HLM, de sorte que ces immeubles se dégradèrent rapidement, accélérant la fuite des moins démunis.
22 Telle Sicilienne de Tunis, qui avait toujours vécu en bonne intelligence avec les Arabes « là-bas » (...)
37Dans les années 1980, l’échec se révéla au rythme des troubles agitant les banlieues dans la France entière. Des centaines de grands ensembles se trouvaient à la dérive, la revalorisation de ce capital immobilier dégradé et dégradant s’avérant une fuite sans fin : ainsi l’ensemble HLM des Flamants, achevé en 1972, qui a fait l’objet de rénovations lourdes en 1979, 1987 et 1999, devait subir d’importants travaux en 2005. Le comble est que les grands ensembles sous-utilisent l’espace tout en donnant à leurs habitants une sensation d’entassement ! Les mêmes personnes qui avaient pu cohabiter ailleurs ne pouvaient plus se supporter ici : les problèmes que l’on classe sous la rubrique du racisme se ramènent souvent à une question de voisinage, devenu impossible dans un tel cadre 22.
38La vie sociale la plus élémentaire se révélait impossible dans ces grands ensembles. En particulier parce que les habitants se voyaient privés de toute possibilité d’y travailler : les petits métiers, dont beaucoup subsistaient dans les bidonvilles, n’avaient pas place au pied de tours conçues pour remplir une fonction unique. Nombre de ces locataires sociaux devinrent des assistés à vie, soumis à la surveillance tracassière des offices d’HLM. Ayant renoncé à s’approprier l’espace extérieur, les habitants accédaient à un intérieur plus confortable, équipé en salle de bains, vide-ordures et chauffage central, où ils pouvaient vivre en vase clos indépendamment de tout voisinage. De fait, dans les années 1960 où se généralisa ce type d’habitat, aller vivre dans un ensemble résidentiel, HLM ou bien privé, revenait à entrer de plain-pied dans la société du spectacle : ces grands ensemble avaient été conçus expressément pour des automobilistes et des clients de supermarchés.
39La politique du logement, encourageant la construction des grands ensembles, et plus tard l’accès au pavillon individuel, modifia les conditions de vie des foules urbanisées dans la mesure où ces logements établis selon les normes fonctionnalistes entraînaient la création d’une cellule domestique, jusque-là propre aux classes bourgeoises, conçue comme un lieu privilégié de la consommation solitaire. De son côté, l’automobile rendait possible la séparation du lieu d’habitat et du lieu de travail et faisait de l’espace lui-même quelque chose de consommable. Ainsi la façon de vivre de la plèbe marseillaise allait radicalement changer pendant ces décennies que les économistes ont baptisé les « Trente Glorieuses ».
Extrait des chapitres XVII & XIX de Histoire universelle de Marseille (2007)
Notes
1 Alèssi Dell’Umbria, Histoire universelle de Marseille. De l’an mil à l’an deux mille, Agone, 2006 – désormais indiqué HUM.
2 HUM, p. 269 – également p. 287, 302, 743.
3 Signalons que cette artère a perdu l’essentiel de ses commerces de bouche, pour offrir une succession de grandes marques de vêtement, chaussures, etc. ; et la bagatelle de onze banques. (Voir, dans le DVD joint à ce numéro, le film de Patrick Taliercio, Les Indésirables.) [ndlr]
4 De Gaston Defferre, maire de Marseille de 1953 à 1986. [ndlr]
5 Danielle Bleitrach, Ivan Lojkine, Édouard Oary, Roger Delacroix et Claude Mahieu, Classe ouvrière et social-démocratie : Lille et Marseille, Éditions sociales, 1981, p. 137.
6 Nom d’un ancien quartier, détruit à partir 1912, qui correspondait à « l’ancienne Blanquerie, délimitée au sud par la Canebière, à l’est par le Cours [Belzunce], au nord par la rue Colbert et à l’ouest par la rue de la République. Contrairement à la rive nord du Vieux-Port, héritage de l’antique Massalia, la Blanquerie était un legs de l’époque médiévale. Isolée du port par le percement de la rue Impériale, puis des Carmes et de la porte d’Aix par la rue Colbert, elle constituait un ensemble opaque qu’il fallait traverser en cheminant dans un dédale de rues au tracé déconcertant » [ndlr ; lire HUM, p. 467-582].
7 Siméon Flaissières fut maire Marseille de 1892 à 1902 puis de 1919 à 1931 ; sa municipalité « inaugura des pratiques qui allaient devenir une constante de la vie locale : une “structure clientéliste patrimoniale” reposant sur l’émergence de notables de la petite et moyenne bourgeoisie qui influençaient, en s’appuyant sur leur notoriété, le vote des milieux ouvriers ». [ndlr ; lire HUM, p. 413-420]
8 Emmanuel Loi, Defferre et Marseille, Barrault, 1992, p. 33.
9 Danielle Bleitrach et al., Classe ouvrière et social-démocratie…, op. cit., p. 217.
10 Issu de la pensée des aménageurs de la Ve République – qui voulait répondre au « défi américain » dans le cadre d’une Europe naissante –, est né dans les années 1960 un complexe industrialo-portuaire en combinaison avec des usines pétrochimiques et sidérurgiques. Le « territoire vierge » choisi, à quelques dizaines de kilomètres de Marseille, fut le golfe de Fos, un village qui s’adossait à des marais, voué aux salins, à la pêche et à l’élevage des taureaux.
11 Pierre-Paul Zalio, Grandes familles de Marseille au XXe siècle, enquête sur l’identité économique d’un territoire portuaire, Belin, 1999, p. 263.
12 Bernard Paillard, La Damnation de Fos, Seuil, 1981, p. 115.
13 « Là on ne les appelle pas gens, les gens, mais “prolétaires”. / Là on ne l’appelle pas temps, le temps, mais “horaire”. / Là on ne l’appelle pas vent, le vent, mais “fumée”. / Et les pauvres on les appelle “Arabes”, / Les fruits “bénéfices”, / L’amour s’appelle “plaisir” / La mer s’appelle “poubelle”. / Là quand j’y vais, je n’entends personne / Que moi je connaisse, sinon une vieille grand-mère / Aux seins de plâtre, à l’haleine de poussière / Qui s’occupe de moi, et me chante la berceuse. / Je la connais, celle-là ne change jamais de nom. » (Cette mamèta vielha, c’est la Mort…) Jan-Mari Carlotti, extrait de « Autura », Mont-Jòia, Salabrun, 1980 – traduction de l’auteur.
14 Danielle Bleitrach et Alain Chenu, L’Usine et la vie. Luttes régionales à Marseille et Fos, Maspero, 1979, p. 176.
15 Philippe Panerai, Jean-Charles Depaule, Marcelle Demorgon, « L’espace de la ville : tracés et hiérarchies », in L’Analyse urbaine, Parenthèses, 1999.
16 Lewis Mumford, « La “folie de Marseille” », in Le Piéton de New York [The New-Yorker, 1957], Le Linteau, 2001, p. 167.
17 André Donzel, Politique urbaine et société locale, thèse de sociologie, 1982, p. 156.
18 Ibid., p. 403.
19 Raymond Loew, « Les dockers de Marseille », Économie et humanisme, février 1944, n° 11.
20 « L’originalité de Marseille ne réside pas dans l’existence des bidonvilles, affirmaient en 1991 les auteurs de Migrance. Elle est dans la précocité et dans la durée de cet habitat sordide, et surtout dans le fait qu’aucun quartier n’ignore, au début des années 1950, ces immeubles ou ces “zones” abandonnées à la misère. » (Abdelmalek Sayad, Jean-Jacques Jordi et Émile Temime, Migrance, tome IV, Édisud, 1991, p. 128.)
21 Les enquêtes menées à l’époque ont fait ressortir l’hostilité des habitants de bidonvilles à l’habitat concentrationnaire des grands ensembles – à tout prendre, la cité de transit (comme Bassens, la Paternelle ou la Cayolle) leur semblait plus agréable… (Lire Jean Naturski, Les Formes d’habitat précaire dans l’agglomération marseillaise, thèse de géographie, Aix-en-Provence, 1968).
22 Telle Sicilienne de Tunis, qui avait toujours vécu en bonne intelligence avec les Arabes « là-bas », peut déclarer après quelques années passées au Parc Bellevue, rue Félix-Pyat : « C’est en France que je suis devenue raciste. » On pourrait multiplier ce type de témoignage à l’infini…
Pour citer cet article
Référence électronique
Alèssi Dell’Umbria, « Le paysage contemporain de la ville de Marseille », revue Agone, 38-39 2008, [En ligne], mis en ligne le 03 mai 2010. URL : http://revueagone.revues.org/197. Consulté le 07 mai 2010.
Auteur
Alèssi Dell’Umbria
Droits d'auteur
© Editions Agone
Marseille : une métropole en mutation
AuteurSimon Ronai du même auteur
Résumé
Marseille fut une ville en déclin jusqu’àces dernières années. Il est vrai que la municipalité et la communauté urbaine ne maîtrisent plus qu’une part réduite de leur devenir mais leurs profondes difficultés tiennent aussi à la combinaison de phénomènes que pourtant la plupart des autres grandes villes françaises et de nombreux ports ont su affronter et parfois surmonter. Ainsi, l’indispensable transformation économique et territoriale du port fut ralentie par une situation conflictuelle entretenue par la CGT ; la chute des emplois industriels n’a pas été suffisamment compensée par la création d’emplois tertiaires de haut niveau ; la rénovation urbaine, inachevée, reste conflictuelle. Les rivalités anciennes, y compris au sein d’une même famille politique, ont fortement aggravé la situation. Seule l’intervention de l’État a permis de relancer Marseille et d’amorcer l’inévitable mutation économique et sociale qui efface peu à peu les anciens clivages politiques et entraîne la mise en place d’un nouveau dispositif de gestion territoriale politique et économique.
Up to recently, Marseilles used to be a declining city. It is true that both the city and the metropolitan government have very little control of their own fate but many French other cities and harbors had been confronted to same type of challenges and for some, had managed to overcome difficulties. But in Marseilles, the confrontational style of the dockers union, CGT, slowed down the necessary economic and territorial transformation of the port : job creation in the service industry were not sufficient to make up for the loss of industrial jobs : unfinished urban renovation remains conflictual. The situation is made worse by old rivalries and internal divisions within parties. The necessary economic and social mutations and the new economic boost benefiting the city have only been made possible thanks to the direct intervention of the state, which lowered tensions and lead to a new territorial and economic management of the city.
Aux origines de l’avant-dernière destruction (1960-2005)
Alèssi Dell’Umbria
p. 27-47
Résumé Notes de la rédaction Texte Notes Citation Auteur
Résumé
Français
Les spécialistes n’ont cessé de se répandre sur le « malaise des banlieues », mais certaines évidences ont continué de leur échapper : à commencer par le fait que l’urbanisme rendait impossible l’appropriation de l’espace par ses habitants. À Marseille, l’achèvement des grands programmes de construction HLM coïncida avec la crise industrialo-portuaire et la montée consécutive du chômage au sein de la population ouvrière, en particulier des jeunes. Ceux-ci eurent tout le temps de réaliser l’extrême hostilité du nouvel environnement.
Notes de la rédaction
En lisant l’histoire de Marseille selon Alèssi Dell’Umbria 1, il est difficile de ne pas remarquer combien le passé de cette ville est marquée par les destructions successives dont elle a fait l’objet. Ce n’est pas la moindre des vertus de l’auteur que de donner à ces destructions un sens politique, celui d’une lutte sociale pour l’inscription dans les murs et les rues de manières de vivre.
Si la plus impressionnante et la plus connue de ces destructions est indéniablement celle de la rive nord du Vieux-Port, dynamitée en 1943 par la Wehrmacht, il faut rappeler que le tracé de cette opération avait été anticipé par les plans de l’architecte de la ville Jacques Greber dès 1932. Mais la plus touchante est celle de la ville ancienne, c’est-à-dire, le plus souvent, des quartiers ouvriers, dont Alèssi Dell’Umbria rend toute la nostalgie dans la poésie perdue des noms de rue : « La totalité de l’ancienne Blanquerie avait disparu, soient les rues des Auffiers, de Bausset, Bon-Juan et Belsunce ; la place Charles-de-Cazaulx et les rues Cuiraterie, Croix-de-Malte, de l’Étrieu, des Faïsses-Rouges, Fontaine-Larmeny, Gambony, des Gerbes, des Graffins, du Grand-Puits ; la place des Hommes et les rues de la Lune-d’Or, des Marquises, des Quatre-Pâtissiers, Pavé-d’Amour, Petit-Maucoïnat ; la traverse du Petit-Saint-Gilles et les rues Pierre-Qui-Rage, du Pin, du Pont, des Pucelles, de la Pyramide, Reine-Elizabeth, Requis-Novis, de Sion ; la place et l’église Saint-Martin, les rues Saint-Gilles, des Templiers, des Quatre-Tours, Triperie, Vieille-Monnaie et Vierge-de-la-Garde, etc. 2 »
La lecture du texte qui suit (mais surtout du livre dont il est extrait), par le retour qu’il propose sur ce passé récent, peut nous aider comprendre le sens politique de la destruction actuellement à l’œuvre à Marseille, dont l’emblème est le programme Euroméditerranée, que la rue de République dévitalisée 3 – en novlangue « rénovée » – fait pénétrer jusqu’au cœur du centre-ville.
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4 De Gaston Defferre, maire de Marseille de 1953 à 1986. [ndlr]
1Paradoxalement, Marseille n’a cessé de s’agrandir tandis que la désindustrialisation continuait et que le chômage grimpait. Les chiffres du recensement de 1954 donnaient 661 000 habitants, ceux de 1968, 890 000, pour culminer à 961 000 en 1975 – un document de la mairie prévoyait alors deux millions d’habitants pour l’an 2000 ! Et les grands travaux publics, impliquant un investissement majeur des finances municipales, avaient fait de la Ville une entreprise à part entière. À la gestion passive des municipalités d’antan, le defferrisme 4 avait substitué l’esprit d’entreprise, à leur laxisme financier le culte de l’excédent budgétaire. De fait, dès 1957, les dettes de la Ville étaient résorbées grâce à une gestion rigoureuse du personnel communal, de la passation des marchés et des services concédés. L’équilibre financier atteint, le PUD (Plan d’urbanisme directeur) avait été établi. Le système defferriste reposait sur une combinaison simple : à la bourgeoisie libérale étaient laissées les questions d’urbanisme, tandis que les socialistes conservaient la mainmise sur la gestion des services municipaux. De 1953 à 1976, le poste d’adjoint à l’urbanisme fut constamment occupé par un élu de la droite libérale, Alexandre Chazeaux, Théo Lombard et enfin Jean-Claude Gaudin.
2La bourgeoisie marseillaise soutint activement les projets d’urbanisation du terroir, d’abord parce que celle-ci valorisait ces domaines fonciers dans la constitution desquels elle avait toujours placé une partie de ses capitaux : si en d’autres temps ces terrains avaient assuré un revenu grâce au vin, ils l’assureraient désormais grâce au béton. La plupart des bastides furent vendues, et l’on y bâtit des ensembles résidentiels ou des HLM. On fit de même avec des terrains détenus par des sociétés industrielles. Ainsi les Tuileries de Marseille et de la Méditerranée ne se constituèrent pas seulement, en 1968, afin de poursuivre l’activité industrielle mais aussi pour valoriser les friches foncières dont elles disposaient. À cet effet, elles se divisèrent en deux sociétés distinctes, vouées l’une à la fabrication de tuiles et briques et l’autre à la spéculation immobilière. Cette dernière réalisa de belles affaires à l’occasion de certains lotissements dans les quartiers nord et profita, à l’est, de la ZAC (Zone d’aménagement concerté) de la Valentine, réalisée sur des terrains lui appartenant.
3Le déchaînement de la spéculation finit par rendre les terrains inabordables pour l’industrie, contrainte de s’exiler hors du territoire communal : en 1978, le mètre carré de terrain équipé se vendait 250 francs à Marseille, contre 130 francs autour de la mer de Berre et 120 francs à Fos. Nombre de sociétés installées à Marseille cédèrent à la tentation de déménager les usines pour réaliser de belles plus-values en revendant les terrains : ainsi l’usine Fournier-Ferrier, sise rue Félix-Pyat dans le quartier de Saint-Mauront jusqu’en 1955, et sur l’emplacement de laquelle on édifia le Parc Bellevue, un ensemble de huit immeubles de cinq à quinze étages destinés à recevoir des Pieds-Noirs de Tunisie. En 1965, le vieil établissement des Forges et chantiers de la Méditerranée, sis au chemin de Toulon dans le quartier de Menpenti, non loin de la place Castellane, secteur d’habitation bourgeois, fut transféré au Canet, et l’on édifia à son emplacement un vaste complexe de tours d’habitation pour une clientèle de classe moyenne aisée.
5 Danielle Bleitrach, Ivan Lojkine, Édouard Oary, Roger Delacroix et Claude Mahieu, Classe ouvrière e (...)
4Pendant une vingtaine d’années, le secteur du BTP (bâtiment et travaux publics) allait constituer l’élément moteur du capitalisme local, tandis que s’accélérait la décadence des industries traditionnelles. Le BTP présentait un double avantage : celui de nécessiter un investissement bien plus faible en capital que le secteur industriel ; et celui de pouvoir employer une main-d’œuvre non qualifiée grâce aux techniques nouvelles liées à l’usage du béton – ce qui répondait parfaitement aux vieilles habitudes d’une bourgeoisie négociante. Dès le début des années 1960, tandis qu’une famille de savonniers ouvrait une agence immobilière dans le centre-ville, apparaissaient plusieurs sociétés d’investissement ayant pour but de regrouper les capitaux des vieilles familles industrielles et de les orienter vers des opérations immobilières. Mais dès 1962 les grandes sociétés nationales pénétraient le marché de la construction à Marseille, assurant bientôt la moitié des investissements 5. Les deux plus grosses entreprises de construction marseillaises furent absorbées, La Savoisienne par le groupe Empain-Schneider et Honnorat par Bouygues. Les entreprises locales qui participèrent aux grands travaux d’équipement de la région (canal de Provence, travaux portuaires et aéroportuaires, autoroutes, complexe de Fos) connurent le même sort.
5Ces vingt années d’urbanisation firent de la municipalité la première institution économique de Marseille, avant même le Port. L’équipe Defferre gagna une telle crédibilité qu’en 1970 la Ville put contracter un emprunt de dix milliards de francs auprès de banques allemandes sans même avoir besoin de la garantie de l’État. Au milieu des années 1970, il fallut quand même trouver un second souffle pour alimenter la machine : à cette époque en effet, les projets définis par le PUD de 1959 étaient réalisés, et l’office HLM de la Ville arrêta quasiment de construire en 1975. Mais les projets ne manquaient pas : en 1977, 47 % du budget municipal fut consacré à l’urbanisme et à diverses initiatives de la Ville en matière de « reconversion industrielle ». Autant dire que les décisions du conseil municipal concernant l’attribution de ces fonds pesaient lourd dans le destin des entreprises de BTP opérant sur Marseille… En outre, la Caisse d’épargne des Bouches-du-Rhône, principal mandataire financier de la Ville avec la Caisse des dépôts, se trouva longtemps dirigée par un élu defferriste, Jean-Victor Cordonnier. À cela s’ajoutait que Marseille se trouvait être la ville la plus subventionnée de France, dans la mesure où ses investissements correspondaient aux orientations définies par l’État en matière de politique urbaine, et aussi celle où la Caisse des dépôts et consignations intervenait le plus.
6Le système defferriste trouva son expression juridique adéquate dans la société d’économie mixte. Une entreprise d’acconage créée en 1953 par Émile Loo, la Socoma, anticipait des pratiques d’avenir : elle permit de financer la SFIO (Section française de l’internationale ouvrière) puis le parti socialiste (PS) tout en faisant contrepoids au syndicat des dockers, fournissant régulièrement des jaunes en cas de conflit sur les quais. En 1966, l’État autorisait les municipalités à recourir à ce type de société. Le Syndicat mixte d’équipement de Marseille (SMEM), qui eut en charge l’équipement et la vente des terrains à bâtir et des lotissements industriels, servit de société mère : il associait la Chambre de commerce et la Ville, celle-ci détenant 55 % du capital, la Caisse des dépôts et la Caisse d’épargne intervenant comme partenaires financiers. Pour chaque opération d’aménagement, cet organisme créait une société d’économie mixte, présidée par Defferre ou d’autres élus ou affiliés du parti socialiste.
6 Nom d’un ancien quartier, détruit à partir 1912, qui correspondait à « l’ancienne Blanquerie, délim (...)
7Ainsi, dès 1971 les élus et les techniciens proches du PS, en liaison étroite avec le maire, contrôlaient par sociétés d’économie mixte interposées les grandes opérations d’aménagement. L’une des premières réalisations de la SMEM fut l’aménagement du Marché d’intérêt national (MIN), géré par la Somimar et dont Defferre assura la présidence. Puis la SIMEB aménagea enfin l’espace « derrière-la-Bourse 6 » ; la SAVIF construisit un milliers de logements et un port de plaisance sur les îles du Frioul, rachetées à l’État en 1971 ; la SEMPPR s’occupa de la construction d’un port de plaisance à la Pointe-Rouge, l’OCOTRAM de la construction du métro et la MPA des parkings ; etc. À cela s’ajoutaient les régies d’exploitation, comme la Régie des transports de la ville de Marseille (RTVM). Puis, en février 1982, Defferre, alors ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, fit adopter une loi selon laquelle « les municipalités sont autorisées à venir en aide à une industrie située sur leur territoire mais sans y investir de fonds publics, uniquement en qualité de propriétaire foncier ». La Ville intervint ainsi au travers d’organismes comme la Société métallurgique de Saint-Marcel (ex-Coder) ou, plus tard, aux côtés de l’industriel Maurice Genoyer pour la reprise des établissements Griffet.
7 Siméon Flaissières fut maire Marseille de 1892 à 1902 puis de 1919 à 1931 ; sa municipalité « inaug (...)
8L’économie mixte faisait de la municipalité un partenaire à part entière de la bourgeoisie marseillaise. Avant guerre, cette dernière n’avait avec la municipalité qu’une relation d’ordre fiscal. Le defferrisme changea la donne dans la mesure où les uns comme les autres se retrouvaient solidaires pour faire « main basse sur la ville » : à elle seule, la passation des marchés à l’occasion de grands chantiers d’urbanisme créait des liens étroits entre les milieux d’affaires marseillais et l’appareil socialiste local. Ce dernier tira longtemps une partie de son assise financière de ce type de contacts, dont la responsabilité incombait spécialement à Émile Loo, trésorier départemental du PS, adjoint au maire puis député. Ce système devait recevoir un éclairage inattendu en 1982, avec le scandale des fausses factures impliquant des élus defferristes comme Jean Masse et Antoine Andrieux, des truands reconvertis dans le BTP comme Dominique Venturi et des responsables des services techniques de la Ville. Du « collectivisme municipal » du temps de Flaissières, les socialistes avaient fini par basculer dans la cogestion ouverte du capitalisme local 7.
9Le pacte de coexistence harmonieuse entre la Ville et le négoce s’étendit à une partie de la population laborieuse par le moyen d’un quadrillage clientéliste serré. Celui-ci était d’autant plus efficace que l’urbanisation entreprise dans le cadre du PUD avait renforcé le pouvoir des élus socialistes en augmentant le nombre des emplois dépendants de la municipalité : RATVM (Régie autonome des transports de la Ville de Marseille), compagnies de taxis, organismes sociaux, offices HLM (celui de la Ville étant géré dans les années 1980 par le banquier Pierre Rastoin, élu defferriste). La mairie distribuait des aides sociales, attribuait des emplois municipaux, octroyait des logements sociaux et disposait d’un réseau associatif solidement intégré à la vie des quartiers. Héritage du temps de Flaissières, les Amis de l’instruction laïque et les Comités d’intérêt de quartier (CIQ) garantissaient cet apolitisme laïc et jacobin constituant la base idéologique du defferrisme.
10Loin de constituer un contre-pouvoir des quartiers face à la municipalité, ces Comités d’intérêt de quartier n’étaient que la courroie de transmission de celle-ci dans la vie locale. Pendant que les CIQ dévidaient leur écheveau de petites doléances auprès d’un élu local compatissant, nul ne remettait en cause les grandes opérations d’urbanisme qui devaient aboutir à la désintégration de la ville. À cela s’ajoutaient un bon millier d’associations sportives, de bienfaisance, « communautaires », assistés financièrement par la municipalité : groupes folkloriques provençaux, amicales de Corses, d’Italiens, d’Arméniens, de Pieds-Noirs, de Juifs, etc. Quand l’une d’elles organisait une kermesse, l’élu du secteur ne manquait jamais de s’y faire voir prenant l’apéritif et donnant l’accolade à ses affiliés : instant privilégié pour demander un service, plus tard remboursé par des votes. Ces notables defferristes, Jean Masse, Émile Loo, Irma Rapuzzi, Bastien Leccia et autres maîtrisaient parfaitement l’art de cultiver une familiarité bon enfant avec les électeurs. Pendant ce temps, les Marseillais se faisaient déposséder de leur ville.
8 Emmanuel Loi, Defferre et Marseille, Barrault, 1992, p. 33.
11Un milieu associatif asservi allait de pair avec une presse muselée. À la Libération, Defferre et ses hommes s’emparèrent manu militari des presses du Provençal, situation légalisée ensuite. Le futur maire de Marseille, alors nommé secrétaire d’État à l’Information, se singularisa par sa vision restrictive de la liberté de la presse : il fit délivrer douze autorisations de paraître sur les cent quatre-vingt-six demandes 8. À partir de 1958, Le Provençal fut dirigé par un triumvirat Defferre-Leenhardt-Cordesse, reflétant la nature des alliances qui gouvernaient la Ville. Par la suite, il réussit à ce que la même société de presse finance Le Provençal et Le Méridional, journal de la droite extrême dont les rodomontades quotidiennes se trouvaient ainsi contrôlées financièrement. À l’exception du quotidien du PCF, La Marseillaise, le groupe de presse defferriste se trouvait en situation de monopole. Defferre assistait aux conférences de rédaction du Provençal, décidant de ce qui pouvait y paraître et surveillant des journalistes aux ordres. Comme au sein du personnel communal, la carte du syndicat Force ouvrière s’imposait comme le sésame indispensable qui ouvrait les portes d’un emploi aux presses du Provençal et du Méridional.
9 Danielle Bleitrach et al., Classe ouvrière et social-démocratie…, op. cit., p. 217.
12L’hégémonie politique de la petite et moyenne bourgeoisie qui caractérisa le defferrisme se traduisit par un discours axé sur le mono-développement du secteur tertiaire et par la volonté de constituer une image de la ville qui lui soit adaptée. Il n’est pas fortuit que le defferrisme ait été contemporain d’un changement dans la composition sociale de la population marseillaise : il y a activement contribué. En 1954, un salarié sur quatre était employé de l’État ou d’un service public ; en 1975, cette proportion approchait les un sur trois. À ce moment-là, Marseille captait 75 % du tertiaire public des Bouches-du-Rhône, qui mobilisait la moitié des cadres supérieurs et moyens ainsi que des employés recensés. Comme le remarque Danielle Bleitrach, « cette orientation peut s’avérer fructueuse pour le personnel politique qui contrôle des réseaux de clientèle de plus en plus étendus au sein d’administrations telles que les caisses de sécurité sociale, les organismes de HLM, les hôpitaux, etc. 9 » Entre-temps, 50 000 emplois étaient créés dans les services de l’État, le paramunicipal, la Sécurité sociale, les télécommunications, les banques, les assurances et autres services privés.
10 Issu de la pensée des aménageurs de la Ve République – qui voulait répondre au « défi américain » d (...)
13Dans ce contexte, la classe moyenne aisée, proche de la municipalité, résidant dans les quartiers sud, se prit à rêver d’une ville consacrée au tertiaire. Mais la progression de l’emploi public s’arrêta au milieu des années 1970, stagnant par la suite, tandis que le tertiaire lié au secteur privé, dont on avait espéré un essor rapide en relation avec Fos 10, se limitait aux services en expansion partout ailleurs. Après avoir encouragé la fuite des industries, la municipalité se trouva contrainte d’opérer une marche arrière. Un arrêté vint interdire les spéculations comme celle qui avait livré les terrains des Forges de Menpenti aux sociétés immobilières ; des terrains industriels rendus vacants par la faillite de grosses entreprises locales (Coder, Griffet) furent rachetés par des sociétés d’économie mixte chargées de trouver des repreneurs. Elle furent finalement transformées en « village artisanal » accueillant des entreprises de taille modeste. Il était un peu tard pour réagir à une désindustrialisation que vingt ans de politique urbaine avaient encouragée : en 1995, la commune de Marseille ne disposait plus que d’un millier d’hectares de zones d’activités, contre sept ou huit fois plus dans les communes environnantes.
11 Pierre-Paul Zalio, Grandes familles de Marseille au XXe siècle, enquête sur l’identité économique d (...)
14Aux débuts du chantier de Fos, le livre blanc de l’aire métropolitaine présenté par l’OREAM (Organisation d’études d’aménagement des aires métropolitaines) avait planifié le zonage de la région : le tertiaire supérieur à Marseille et le développement industriel autour de la mer de Berre avec urbanisation de son littoral. Comme le note Pierre-Paul Zalio, « le principal effet pervers de ce schéma fut d’initier et d’encourager, au-delà de Fos, le développement de zones économiques secondaires, autour de Vitrolles et d’Aix-en-Provence, et donc d’accentuer la désindustrialisation du terroir marseillais 11 ». De façon emblématique, la Société phocéenne de métallurgie quittait en 1973 son usine du Canet pour s’installer sur la zone industrielle de Vitrolles. Le site avait été prévu pour attirer des sociétés établies à Marseille, alléchées par le bas prix des terrains et les exonérations fiscales offertes par la commune de Vitrolles : au milieu des années 1970, près de trois cents PME y employaient environ 10 000 personnes. La plupart devaient disparaître dans les années suivantes ou passer sous le contrôle de groupes étrangers, grands bénéficiaires de l’aménagement de la ZI (zone industrielle). Bien plus que d’un transfert d’activité de la ville à la banlieue, il s’agit d’un transfert de pouvoir, le déplacement géographique soulignant le déplacement du rôle dirigeant en matière industrielle : celui-ci passait des sociétés locales autofinancées aux sociétés délocalisées à forte concentration capitaliste.
15Durant deux décennies, tout le devenir de ce qui était encore une ville portuaire se trouva suspendu à l’hypothèse que les activités de gestion, d’administration et de recherche et développement, induites par le complexe de Fos, viendraient s’y installer. En 1973, le président de la Chambre de commerce commentait le projet de centre directionnel alors en gestation en déclarant : « Marseille doit attirer en son centre les services nés à Fos. » L’année d’après commençait l’inexorable désillusion au bout de laquelle il s’avéra que pas une seule des sociétés ayant implanté un établissement sur la zone de Fos n’avait établi de bureaux à Marseille. Des sociétés opérant à l’échelle mondiale n’avaient aucune raison d’installer des bureaux dans une ville devenue périphérique ; la gestion des usines de Fos se fait à partir de métropoles, à Paris, Londres ou New York, pas au bord de la Méditerranée. Bien au contraire, de 1976 à 1979, trente-cinq sièges sociaux de grandes entreprises établies à Marseille furent transférés à l’extérieur, et seulement cinq vinrent s’y installer.
16Le déclin industriel et portuaire de Marseille eut des effets d’autant plus dévastateurs qu’il coïncida avec l’éclatement de la ville. Toutes les communes périphériques virent leur population croître dans d’énormes proportions pendant les années du chantier de Fos ; entre 1968 et 1975, Vitrolles augmenta de 165,5 %, Septèmes de 85 %, Cabriès de 58 %, au détriment de la commune de Marseille, dont la population n’augmenta que de 2,2 %. Puis celle-ci, qui n’avait cessé de croître jusqu’à frôler le million d’habitants, commença de décliner : 961 000 recensés en 1975, 870 000 en 1982 et 800 000 en 1990. Déjà entre 1975 et 1982, 144 000 personnes avaient quitté Marseille tandis que 53 000 y étaient arrivées : ce roulement révélait qu’une partie croissante de la population n’était plus attachée à la ville, les Marseillais de souche étant de plus en plus tentés par la fuite tandis que les nouveaux arrivaient dans une ville en pleine déréliction. Un nombre important de Marseillais avaient semble-t-il cessé d’aimer leur ville.
17Le modèle de développement exprimé à la fois dans le gigantisme industriel de Fos et dans l’urbanisme fonctionnaliste entra en crise à son apogée, mais il avait réussi à accomplir une rupture irréversible dans l’espace, désormais organisé à une échelle insaisissable par ceux qui y vivaient. Le rêve d’une planification parfaite pouvait-il engendrer autre chose que des réalisations monstrueuses ? Après plusieurs mois de contre-enquête dans la région de Fos, le Théâtre de la Carriera mit en scène la Tarasque, le monstre de la mythologie provençale, dans une pastorale créée en 1972 à Martigues. La Tarasque était revenue sous les traits du complexe de Fos, machine implacable terrorisant les habitants désarmés. Mais qui irait les en délivrer cette fois ?
12 Bernard Paillard, La Damnation de Fos, Seuil, 1981, p. 115.
18Si les communes provençales avaient réussi à empêcher que l’on édifie des villes nouvelles comme on en implanta autour de Paris, elles ne purent s’opposer à la désintégration de la société locale. Tout ce qui constituait le tissu social, urbain et culturel des communes de la mer de Berre avait fini par se déchirer. Marquant une discontinuité radicale, les grands ensembles HLM et les zones pavillonnaires s’étaient constitués comme autant d’entités closes où l’on vivait à l’écart des noyaux urbains ou villageois préexistant. À la rudesse de la vie traditionnelle s’était substitué le confort domestique d’une existence solitaire, loin des autres et de son environnement. « C’est donc aussi la fin d’une civilisation dans ses rapports avec le passé, la culture, la langue, les coutumes et traditions, la terre et la mer, le ciel, le soleil ou le mistral, le marécage et la plaine ainsi que dans les rapports interpersonnels et économiques qui la régissaient », conclura Bernard Paillard 12. Le chanteur Jan-Mari Carlotti, originaire de Fos, exprimera le même sentiment d’une perte irréparable :
13 « Là on ne les appelle pas gens, les gens, mais “prolétaires”. / Là on ne l’appelle pas temps, le t (...)
Aqui non li dien gens ai gens mai « proletaris » ;Aqui non li dien temps au temps mai « oraris » ;Aqui non li dien vents ai vents mai « tubeias » ;E ai paurei se li dien « arabes »,Ai fruchas « bénéfices »,A l’amor se li dis « plaser »,A la mar se li dis « bordilha ».Aqui quora li vau, auvi degunQue ièu coneigue, qu’una mamèta vielhaDei sens de gipsa, de l’alen de pòussaQue si carga de ièu, e mi fai lo sant-sòm.La coneissi, aquela cambia jamai son nom. 13
19Autoroutes et supermarchés avaient dessiné le nouvel espace dans lequel il faudrait s’habituer à vivre. Le rapport des hommes à l’environnement était désormais médiatisé par l’automobile, rendue obligatoire comme moyen de transport en semaine et comme moyen d’évasion dominicale. À la relative étroitesse des relations villageoises s’était substituée une liberté abstraite de circuler entre différents espaces également anonymes : ainsi l’inauguration du tronçon autoroutier reliant Marseille à Fos fut-elle suivie par celle du premier hypermarché de la région, installé à Port-de-Bouc. « En l’espace de deux ans, Fos a mis la région à l’heure de la France », notera Bernard Paillard au terme de sa contre-enquête. Dans la région marseillaise, l’uniformisation des modes de vie, identiquement réduits à cet enfermement domestique qui devenait le lot commun de tous les Français, date précisément de cette époque. L’extinction des usages qu’on avait conservés dans les villages perchés de Fos ou Vitrolles comme dans les quartiers populaires de Marseille était consommée dans cette vaste agglomération de zones, ZI, ZAC et ZUP (zone à urbaniser en priorité), entre l’Ouest sauvage du delta rhodanien et le site de l’antique Massalia.
14 Danielle Bleitrach et Alain Chenu, L’Usine et la vie. Luttes régionales à Marseille et Fos, Maspero (...)
20L’éclatement de la ville et du village en tant que lieux de vie et d’activité alla de pair avec la perte des traditions ouvrières. À cet égard, l’exemple de Vitrolles illustre ce que l’urbanisme pouvait produire de pire. Sur tout le territoire de cette commune, comme sur celui de Marignane qui lui est contigu, un habitat atomisé se répandit en quelques années autour de la zone industrielle, combinant les ensembles HLM ou résidentiels avec les zones pavillonnaires. L’enquête menée par Danielle Bleitrach et Alain Chenu à la fin des années 1970 auprès des ouvriers transférés de Marseille à la ZI de Vitrolles sera édifiante. Les témoignages recueillis convergent sur un point : pour ces ouvriers, la rupture entre milieu urbain et milieu industriel signifiait une aggravation de leur exploitation. Sur la ZI comme sur la zone résidentielle, leur jugement était viscéralement négatif. Venant d’une ville où la diversité du tissu urbain unifiait les différents aspects de la condition ouvrière, ces Marseillais percevaient dans le modèle vitrollais, fondé sur le zonage, un système d’isolement et de séparation sociale. De fait, l’enquête révélera que la plupart d’entre eux ne purent se plier à ces nouvelles conditions de vie – qui impliquaient entre autre des déplacements plus longs, une certaine déqualification professionnelle, des contraintes de rendement individuel et l’obligation de prendre ses repas sur place. Situation qui ne posa pas ce type de problème à la plupart des autres travailleurs vitrollais, arrivés isolément dans un milieu où tout avait été conçu pour les maintenir isolés. Au contraire des Marseillais, ces délocalisés venus d’autres régions ou d’autres pays ignoraient les relations de voisinages communautaires qui avaient caractérisé tant de quartiers ouvriers de la cité phocéenne. Ce territoire suburbain n’offrait aucun des lieux de rencontre qui définissaient la ville mais des centres commerciaux et des rocades autoroutières… Aucun lien concret ne rattachait plus ces nouveaux prolétaires à leur environnement, aucune pratique commune qui puisse fonder une tradition urbaine. L’enquête conclura en remarquant qu’à ce stade isolement et dépolitisation semblaient se conjuguer naturellement 14. La vérité de Marseille éclatée se trouve là.
21La ville résultait d’une patiente accumulation, dans laquelle des formes et des fonctions multiples avaient réussi à se combiner. À plus forte raison les villes maritimes, caractérisées par l’attraction centripète du Port : pendant près de mille ans, des personnes aux origines et aux activités diverses s’étaient mélangées au cœur de ces villes qui ne connaissaient guère la ségrégation résidentielle, et cette mixité engendra une culture urbaine encore plus affirmée que dans les villes continentales. Inversement, depuis la Seconde Guerre mondiale, l’extension sans précédent du territoire urbanisé s’opère de manière centrifuge, la périphérie de la ville s’urbanisant par une juxtaposition de zones monofonctionnelles et imperméables l’une à l’autre, liées extérieurement par des rocades autoroutières. La rigidité d’un tel découpage contraste avec la faculté d’adaptation propre au tissu de la ville ancienne, où des rues avaient pu changer d’attribution d’une époque à l’autre au prix de simples arrangements : le tissu de la ville préindustrielle révélait ainsi sa capacité d’accepter l’histoire et la lente sédimentation qu’elle opère, là où l’urbanisme par sa politique de la table rase n’arriva qu’à produire un espace stérile, véritable chaos urbain.
15 Philippe Panerai, Jean-Charles Depaule, Marcelle Demorgon, « L’espace de la ville : tracés et hiéra (...)
22Les deux éléments solidaires qui organisaient l’espace de la ville, la rue et l’îlot de maisons ont été remplacés par la rocade et la zone. Dans le tissu néo-urbain qui s’étale autour des villes depuis cinquante ans, c’est la voie d’accès qui organise l’espace urbain, ensuite découpé en zones. Les plans de circulation et les classifications hiérarchiques de la voirie mis en place au début des années 1960, inspirés par les thèses fonctionnalistes, étaient précisément conçus pour générer un certain type d’urbanisation, celui des grands ensembles puis des lotissements pavillonnaires, des zones industrielles puis des centres commerciaux. La fragmentation de l’espace, érigée en système, nie le fait urbain dans ce qu’il a d’essentiel : la capacité d’un même lieu à accueillir des activités multiples et des gens différents. Sans doute, une forme de zonage a toujours existé dans l’histoire de la ville : certaines activités, polluantes ou dangereuses, se trouvaient rejetées au-delà des remparts, d’autres se concentraient dans certaines rues dont les noms rappellent l’occupation passée. Mais un réseau de tracés continus affirmait l’unité de la ville au-delà de la différence de ses parties 15. La rupture avec l’histoire, joyeusement revendiquée par l’urbanisme moderne, s’incarne dans l’espace par la rupture avec la continuité urbaine.
16 Lewis Mumford, « La “folie de Marseille” », in Le Piéton de New York [The New-Yorker, 1957], Le Lin (...)
23La construction en îlots avait tracé le cadre de la vie urbaine par les relations qu’elle permettait d’établir entre intérieur et extérieur ; les façades se trouvaient ainsi à la charnière de la demeure et du passage, constituant l’environnement de la ville. Cette relation entre le bâti et la voirie se trouva également désarticulée par le zonage. À la rocade autoroutière fit alors écho le bâtiment isolé, entouré de vide, sur le modèle des « unités d’habitation » dont la « Cité radieuse » du boulevard Michelet se voulait l’exemple-manifeste : il suffisait d’agencer plusieurs de ces volumes pour obtenir un grand ensemble. Le prétexte de l’hygiène (planter le bâtiment isolé au milieu d’un espace vert) dissimulait le refus de la ville et des formes de sociabilité qui lui sont propres. Comme le signale Lewis Mumford dans son analyse critique de la Cité radieuse, « l’espace ainsi dégagé par Le Corbusier n’est un espace libre que pour le regard ; il n’est pas l’espace fonctionnel dont les êtres humains ont besoin pour vivre 16 ».
24La forme même du grand ensemble, isolé selon la conception fonctionnaliste de la « zone résidentielle », ne laisse aucune place au passage : il génère des ghettos. Ainsi a-t-on créé ces « ghettos ouvriers à la manière de l’ancien ghetto des Juifs » que dénonçait voici un siècle Jules Guesde à propos des projets de cités ouvrières de certains patrons français. Ce que Marseille avait précisément réussi à éviter malgré cent ans d’immigration massive. De plus, une partie de la population ouvrière étant composée d’immigrés, il arrive alors que le ghetto ouvrier et le ghetto immigré ne fassent plus qu’un.
17 André Donzel, Politique urbaine et société locale, thèse de sociologie, 1982, p. 156.
25La déportation de la population ouvrière fut le résultat le plus évident de tout le réaménagement urbain d’après guerre : « Ici loin du monde », dira de façon éloquente le graffiti géant qui s’affichait à la fin des années 1970 sur un ensemble HLM des quartiers nord. Analysant les effets de la gestion defferriste, André Donzel conclut : « Si l’on aborde la politique municipale marseillaise non plus dans ses déterminations gestionnaires mais dans l’angle de ses réalisations concrètes, il est bien difficile de conclure à un “assainissement” ou à une “harmonisation” des conditions de vie urbaine. C’est au contraire l’exacerbation des contrastes sociaux, fonctionnels, spatiaux, qui en constitue la trame. Et l’émergence de nouveaux rapports de gestion sur le terrain communal a moins contrarié qu’amplifié une logique profondément inégalitaire dans l’organisation et la production de l’espace urbain marseillais. 17 » Érigée en système par les divers plans d’urbanisme qui s’étaient succédé à Marseille depuis les années 1930, la ségrégation urbaine se réalisa donc en combinant planification bureaucratique et spéculation immobilière. La gestion du logement social aggrava la ségrégation : ainsi les immeubles HLM construits dans le quartier des Catalans ou face à la plage du Prado ont-ils toujours été réservés à la clientèle ethniquement et socialement homogène des cadres et employés de la Ville ou apparentés.
26L’opposition entre quartiers nord et sud prit sa forme actuelle dans ces années 1970. Au sud de Marseille, la Vieille-Chapelle, la Pointe-Rouge ou le Mont-Redon constituaient de véritables quartiers populaires, où fonctionnaient savonneries, huileries, fabriques de soude et tuileries ; sans oublier des secteurs agricoles comme Bonneveine et Mazargues. La création de zones résidentielles bouleversa la physionomie de ces quartiers et la hausse du prix des terrains y rendit impossible l’activité industrielle, artisanale ou agricole ; et jusqu’à l’habitat des petites gens. De cette façon, les quartiers sud sont devenus presque exclusivement le lieu d’élection des Marseillais aisés – si l’on excepte l’incroyable enclave de la Cayolle, ghetto de pauvreté en plein secteur résidentiel. À la charnière du sud et de l’est, des quartiers comme Menpenti puis le Rouet ont commencé à se transformer en secteurs purement résidentiels, où les classes moyennes aisées remplacent les ouvriers au fur et à mesure que les anciens bâtiments industriels sont remplacés par des immeubles.
27Pendant ces vingt années d’aménagement urbain, de 1955 à 1975, les 9e et 10e arrondissements, à cheval sur l’est et le sud, perdirent la majeure partie de leur population ouvrière. À l’exception du quartier de Belsunce, dans le 1er arrondissement, les ouvriers allèrent se concentrer dans les 13e, 14 e, 15 e et 16 e arrondissements, au nord et à l’est, où furent construits 90 % des HLM, comme l’avait voulu le Plan de 1959. En 1977, la première ligne de métro était inaugurée, explicitement conçue en fonction du centre directionnel vers lequel devraient converger cadres et employés de bureau. De fait, elle dessert de façon privilégiée le sud et le nord-est de la ville, laissant à la population du nord le seul recours à l’automobile. Quand, bien plus tard, une seconde ligne fut mise en service sur l’axe nord-sud, ce fut pour s’arrêter à Arenc, au tout début des quartiers nord. La politique defferriste en matière de transports en commun privilégia la main-d’œuvre tertiaire, employés et cadres logés dans le sud et le centre de Marseille, au détriment des ouvriers rejetés vers le nord. À cet égard, on doit constater que les différentes rocades et autoroutes réalisées alors l’ont été quasiment toutes dans les quartiers ouvriers : un tiers de la ville, au nord et au nord-est, concentre la quasi-totalité de la voirie rapide réalisée au titre du PUD, le sud étant épargné.
18 Ibid., p. 403.
28Rétrospectivement, le Plan de 1959 apparaît comme l’axe central d’une stratégie visant à combattre l’hégémonie ouvrière dans Marseille après sa vitalité des années 1944-1947. Ce qu’illustra le démantèlement concomitant du réseau des tramways ; il est significatif que ce fût précisément la question des transports en commun qui provoqua la révolte des ouvriers marseillais en 1947. Analysant le processus de repli des ouvriers sur le domicile privé dans les années 1960, Donzel conclut que « le développement de la sphère domestique pourrait bien être la contrepartie d’une carence en matière de consommations collectives dont, entre autres, la possibilité d’accéder à un système public de transports en commun pour les déplacements de travail 18 » – et de loisirs, faudrait-il ajouter. Aux banlieues-tramways des années 1930 succédèrent les banlieues-automobiles, réunissant tous les inconvénients de la densité sans les avantages de l’urbanité. […]
29Au cours des années 1970, les ensembles HLM des quartiers est et surtout nord commencèrent à poser aux autorités de sérieux problèmes. Une partie des premiers résidents avait commencé à déménager, généralement pour aller s’installer dans des ensembles conçus sur le même modèle, mais réservés à une clientèle un peu plus aisée. Beaucoup de familles pieds-noirs abandonnaient ainsi les HLM initialement édifiées à leur intention tandis que le nombre des immigrés, principalement nord-africains, ne cessait d’y augmenter. Si la première vague d’occupants de ces cités avait connu l’euphorie du confort moderne accessible à prix modique, ceux qui avaient eu la disgrâce d’y naître allaient se révolter à l’idée de devoir y passer leur vie : ce fut sous l’aspect sauvage de la délinquance juvénile que s’exprima la remise en cause de l’urbanisme fonctionnaliste. Mais cette petite délinquance explosa parfois en révolte ouverte. En décembre 1976, un supermarché sur la rue Félix-Pyat, à côté du Parc Bellevue, devait fermer ses portes à cause des pillages répétés commis par les bandes du quartier. En octobre 1980, un jeune Marseillais d’origine algérienne, habitant la cité HLM des Flamants, près de Sainte-Marthe, était abattu par un CRS à la suite d’un contrôle. Deux jours après, en plein centre-ville, les jeunes des quartiers nord affrontaient violemment la police et saccageaient les magasins des rues de Rome et Saint-Ferréol.
19 Raymond Loew, « Les dockers de Marseille », Économie et humanisme, février 1944, n° 11.
30Defferre et ses alliés de la bourgeoisie libérale avaient repris le programme lancé par Eugène Rostand à la fin du xixe siècle, suivant la même croyance que le logement à bon marché résoudrait la question sociale. Au début des années 1950, à la suite des occupations de bastides, les mouvements chrétiens ouvriers avaient lancé des initiatives comme celle des Castors : des lotissements autoconstruits dans les quartiers nord ; mais seule une élite ouvrière avait les moyens de s’engager dans ce type de projets. De son côté, l’État providentiel issu de la Libération autorisait des réalisations ambitieuses et rapides, permettant de loger d’un seul coup des milliers de personnes. Ces grands ensembles où un bonheur sans fin semblait attendre les heureux élus de la modernité allaient toutefois devenir obsolètes en une génération : le temps que des enfants y naissent, grandissent… et se révoltent. Certains immeubles seraient détruits à l’explosif à la fin des années 1980 : à Frais-Vallon, Saint-Just, Font-Vert, la Savine et au Plan d’Aou. Édifiés au nom de l’hygiène, ces grands ensembles étaient devenus en quelques années des endroits où l’on mourait jeune, d’overdose, du sida, de suicide ou même, parfois, abattu par un voisin irascible. Ainsi s’est réalisée la prédiction de Raymond Loew à la fin de son enquête de 1944 : « Construire près du port de grandes HBM pour loger la majeure partie des dockers, c’est remplacer le taudis actuel étalé en surface par du taudis concentré en hauteur : le remède est pire que le mal. 19 »
31Les spécialistes n’ont cessé depuis de se répandre sur le « malaise des banlieues », mais certaines évidences ont continué de leur échapper : à commencer par le fait que l’urbanisme rendait impossible l’appropriation de l’espace par ses habitants. À la manière tayloriste de l’« organisation scientifique du travail », qui supprimait les temps morts dans l’usine, l’urbanisme prévoyait une utilisation performante de l’espace sans pitié pour ceux qui ne trouvaient pas de place dans la machine infernale du salariat. Les cités-dortoirs avaient été conçues pour des habitants ayant une occupation professionnelle et une voiture. Il se trouve qu’à Marseille l’achèvement des grands programmes de construction HLM coïncida avec la crise industrialo-portuaire et la montée consécutive du chômage au sein de la population ouvrière, en particulier des jeunes. Ceux-ci eurent tout le temps de réaliser l’extrême hostilité du nouvel environnement. Les travailleurs, entraînés par la force d’inertie du quotidien, pouvaient supporter plus ou moins bien cette relégation urbaine – et, à la limite, ne même pas s’en rendre compte –, mais les jeunes chômeurs-à-vie, non.
32Élus et urbanistes expliquèrent la révolte des jeunes relégués par le fait que l’on avait négligé « le social ». Ils alléguaient l’excuse de l’urgence : pour répondre à la question du logement, il avait fallu faire l’économie d’équipements sociaux dont la construction avait été repoussée à un futur hypothétique. Tout avait été en fait prévu par les réglementations d’urbanisme, qui définissaient soigneusement la surface des espaces verts, la nature et le nombre des équipements scolaires, commerciaux, socio-culturels, administratifs, sanitaires, sportifs, etc., nécessaires aux diverses tailles de grands ensembles. Quand le PUD s’acheva, la municipalité Defferre put se vanter d’avoir réalisé quatre-vingt-neuf gymnases, cinquante-neuf stades et vingt piscines en quinze ans. Il suffirait de réaliser davantage d’équipements sportifs et de centres sociaux pour donner un peu d’âme aux grands ensembles.
33Ramener le « malaise des banlieues » à un simple manque d’équipements sociaux permettait de ne pas mettre en cause l’inhumanité de l’urbanisme. La gauche, qui mettait en avant ce discours, partageait avec la bourgeoisie libérale une vision utilitariste de la ville, réduite à de simples fonctions dont on pourrait quantifier la satisfaction. La conception dirigiste et jacobine qui caractérisait les partis de gauche se retrouvait à sa place dans cet urbanisme planifié qu’ils voulaient simplement corriger d’un peu de « social ». L’usage systématique de ce terme montre à quel point l’espace urbain ainsi constitué était fondamentalement antisocial. Alors que la ville est avant tout un mode de communication ou, si l’on préfère, un rapport social.
20 « L’originalité de Marseille ne réside pas dans l’existence des bidonvilles, affirmaient en 1991 le (...)
34De la même manière, la municipalité defferriste se faisait une gloire d’avoir résorbé la plupart des bidonvilles couvrant le territoire de Marseille. Lorsque fut publié le PUD, ces enclos abritaient environ 10 000 personnes 20. Leur existence semblait justifier la politique des grands ensembles, dont plusieurs furent d’ailleurs édifiés sur leur emplacement : au Racati, à Font-Vert, la Busserine, Fonscolombe, au Cap Janet, etc. À une occupation spontanée de l’espace, fondée sur la misère des moyens, venait s’opposer de façon spectaculaire la planification techniquement équipée. L’objectif était de loger les gens, non de permettre la naissance d’un environnement urbain à leur mesure. On voulait ignorer comment certains quartiers populaires de Marseille étaient nés, au départ simples agglomérats de cabanons devenant habitations permanentes d’où peu à peu émergeait une trame urbaine. Les bicoques s’agrandissaient avec les moyens du bord et devenaient des maisons, desservies par des voies rudimentaires, tracées et entretenues par les habitants eux-mêmes. L’équipement urbain (tout-à-l’égout, eau, électricité, voirie goudronnée) suivit, avec beaucoup de retard, l’urbanisation organique du quartier. Les zones cabanonnières ne se distinguaient guère, de prime abord, des enclos et bidonvilles. Ces derniers reposaient sur un système d’entraide et de solidarité à partir duquel une vie locale était possible. En de nombreux pays méditerranéens, en Grèce, en Tunisie, en Espagne, les bidonvilles ont évolué, et parfois très vite, vers des constructions en dur : un quartier prenait alors corps. Ce qui supposait un certain laxisme des autorités, qui souvent n’avaient pas les moyens de faire autrement. En tout cas, cela montre que la différence entre zone cabanonnières et bidonvilles était avant tout d’ordre juridique.
21 Les enquêtes menées à l’époque ont fait ressortir l’hostilité des habitants de bidonvilles à l’habi (...)
35En France, les autorités n’ont jamais toléré que l’appropriation des terrains occupés puisse devenir durable, même s’il s’agissait de terrains vagues. La rigidité des conceptions juridiques françaises faisait de ces enclos des zones de non-droit. On laissait les gens s’y installer faute de mieux, mais on les empêchait d’améliorer leurs conditions d’habitat en les maintenant en état de précarité par la menace latente de l’expulsion. D’où cette perpétuation du taudis, qui renforçait encore le caractère d’opprobre attaché aux enclos et autres bidonvilles multipliés dans l’entre-deux-guerres. L’urbanisation d’après guerre vit là un défi à relever : un office particulier, la Logirem, fut chargé à Marseille de faire édifier et de gérer des HLM pour les habitants de bidonvilles. Plutôt que de favoriser une évolution positive de l’habitat en équipant les enclos, l’administration préféra en disperser les habitants. Ce faisant, toute une histoire commune faite de misères et de solidarités se trouva effacée du jour au lendemain. Le grand ensemble les propulsa dans un univers préfabriqué, conçu par des gens qui n’y vivraient jamais. Déjà déracinés par l’émigration, les habitants des bidonvilles ne pouvaient se reconnaître dans un tel univers 21.
36L’urbanisation fonctionnaliste se fondait sur une forte concentration de capitaux, privés, publics ou mixtes, appuyés de moyens techniques sophistiqués. L’investissement lourd exigé par le grand ensemble ne pouvait évidemment être géré que par des spécialistes, les futurs habitants étant de toutes façons jugés incompétents. La rapidité d’exécution à laquelle atteignaient les grosses entreprises du BTP et l’importance des moyens mis en œuvre dans ces grands chantiers semblaient renvoyer à un passé révolu les techniques auxquelles avaient recours les artisans maçons. Mais aux investissements lourds de la construction succédèrent des frais d’entretien prohibitifs (ascenseurs, aération, chauffage, nettoyage des parties communes, etc.) qui eurent tôt fait d’excéder les capacités de gestion des offices HLM, de sorte que ces immeubles se dégradèrent rapidement, accélérant la fuite des moins démunis.
22 Telle Sicilienne de Tunis, qui avait toujours vécu en bonne intelligence avec les Arabes « là-bas » (...)
37Dans les années 1980, l’échec se révéla au rythme des troubles agitant les banlieues dans la France entière. Des centaines de grands ensembles se trouvaient à la dérive, la revalorisation de ce capital immobilier dégradé et dégradant s’avérant une fuite sans fin : ainsi l’ensemble HLM des Flamants, achevé en 1972, qui a fait l’objet de rénovations lourdes en 1979, 1987 et 1999, devait subir d’importants travaux en 2005. Le comble est que les grands ensembles sous-utilisent l’espace tout en donnant à leurs habitants une sensation d’entassement ! Les mêmes personnes qui avaient pu cohabiter ailleurs ne pouvaient plus se supporter ici : les problèmes que l’on classe sous la rubrique du racisme se ramènent souvent à une question de voisinage, devenu impossible dans un tel cadre 22.
38La vie sociale la plus élémentaire se révélait impossible dans ces grands ensembles. En particulier parce que les habitants se voyaient privés de toute possibilité d’y travailler : les petits métiers, dont beaucoup subsistaient dans les bidonvilles, n’avaient pas place au pied de tours conçues pour remplir une fonction unique. Nombre de ces locataires sociaux devinrent des assistés à vie, soumis à la surveillance tracassière des offices d’HLM. Ayant renoncé à s’approprier l’espace extérieur, les habitants accédaient à un intérieur plus confortable, équipé en salle de bains, vide-ordures et chauffage central, où ils pouvaient vivre en vase clos indépendamment de tout voisinage. De fait, dans les années 1960 où se généralisa ce type d’habitat, aller vivre dans un ensemble résidentiel, HLM ou bien privé, revenait à entrer de plain-pied dans la société du spectacle : ces grands ensemble avaient été conçus expressément pour des automobilistes et des clients de supermarchés.
39La politique du logement, encourageant la construction des grands ensembles, et plus tard l’accès au pavillon individuel, modifia les conditions de vie des foules urbanisées dans la mesure où ces logements établis selon les normes fonctionnalistes entraînaient la création d’une cellule domestique, jusque-là propre aux classes bourgeoises, conçue comme un lieu privilégié de la consommation solitaire. De son côté, l’automobile rendait possible la séparation du lieu d’habitat et du lieu de travail et faisait de l’espace lui-même quelque chose de consommable. Ainsi la façon de vivre de la plèbe marseillaise allait radicalement changer pendant ces décennies que les économistes ont baptisé les « Trente Glorieuses ».
Extrait des chapitres XVII & XIX de Histoire universelle de Marseille (2007)
Notes
1 Alèssi Dell’Umbria, Histoire universelle de Marseille. De l’an mil à l’an deux mille, Agone, 2006 – désormais indiqué HUM.
2 HUM, p. 269 – également p. 287, 302, 743.
3 Signalons que cette artère a perdu l’essentiel de ses commerces de bouche, pour offrir une succession de grandes marques de vêtement, chaussures, etc. ; et la bagatelle de onze banques. (Voir, dans le DVD joint à ce numéro, le film de Patrick Taliercio, Les Indésirables.) [ndlr]
4 De Gaston Defferre, maire de Marseille de 1953 à 1986. [ndlr]
5 Danielle Bleitrach, Ivan Lojkine, Édouard Oary, Roger Delacroix et Claude Mahieu, Classe ouvrière et social-démocratie : Lille et Marseille, Éditions sociales, 1981, p. 137.
6 Nom d’un ancien quartier, détruit à partir 1912, qui correspondait à « l’ancienne Blanquerie, délimitée au sud par la Canebière, à l’est par le Cours [Belzunce], au nord par la rue Colbert et à l’ouest par la rue de la République. Contrairement à la rive nord du Vieux-Port, héritage de l’antique Massalia, la Blanquerie était un legs de l’époque médiévale. Isolée du port par le percement de la rue Impériale, puis des Carmes et de la porte d’Aix par la rue Colbert, elle constituait un ensemble opaque qu’il fallait traverser en cheminant dans un dédale de rues au tracé déconcertant » [ndlr ; lire HUM, p. 467-582].
7 Siméon Flaissières fut maire Marseille de 1892 à 1902 puis de 1919 à 1931 ; sa municipalité « inaugura des pratiques qui allaient devenir une constante de la vie locale : une “structure clientéliste patrimoniale” reposant sur l’émergence de notables de la petite et moyenne bourgeoisie qui influençaient, en s’appuyant sur leur notoriété, le vote des milieux ouvriers ». [ndlr ; lire HUM, p. 413-420]
8 Emmanuel Loi, Defferre et Marseille, Barrault, 1992, p. 33.
9 Danielle Bleitrach et al., Classe ouvrière et social-démocratie…, op. cit., p. 217.
10 Issu de la pensée des aménageurs de la Ve République – qui voulait répondre au « défi américain » dans le cadre d’une Europe naissante –, est né dans les années 1960 un complexe industrialo-portuaire en combinaison avec des usines pétrochimiques et sidérurgiques. Le « territoire vierge » choisi, à quelques dizaines de kilomètres de Marseille, fut le golfe de Fos, un village qui s’adossait à des marais, voué aux salins, à la pêche et à l’élevage des taureaux.
11 Pierre-Paul Zalio, Grandes familles de Marseille au XXe siècle, enquête sur l’identité économique d’un territoire portuaire, Belin, 1999, p. 263.
12 Bernard Paillard, La Damnation de Fos, Seuil, 1981, p. 115.
13 « Là on ne les appelle pas gens, les gens, mais “prolétaires”. / Là on ne l’appelle pas temps, le temps, mais “horaire”. / Là on ne l’appelle pas vent, le vent, mais “fumée”. / Et les pauvres on les appelle “Arabes”, / Les fruits “bénéfices”, / L’amour s’appelle “plaisir” / La mer s’appelle “poubelle”. / Là quand j’y vais, je n’entends personne / Que moi je connaisse, sinon une vieille grand-mère / Aux seins de plâtre, à l’haleine de poussière / Qui s’occupe de moi, et me chante la berceuse. / Je la connais, celle-là ne change jamais de nom. » (Cette mamèta vielha, c’est la Mort…) Jan-Mari Carlotti, extrait de « Autura », Mont-Jòia, Salabrun, 1980 – traduction de l’auteur.
14 Danielle Bleitrach et Alain Chenu, L’Usine et la vie. Luttes régionales à Marseille et Fos, Maspero, 1979, p. 176.
15 Philippe Panerai, Jean-Charles Depaule, Marcelle Demorgon, « L’espace de la ville : tracés et hiérarchies », in L’Analyse urbaine, Parenthèses, 1999.
16 Lewis Mumford, « La “folie de Marseille” », in Le Piéton de New York [The New-Yorker, 1957], Le Linteau, 2001, p. 167.
17 André Donzel, Politique urbaine et société locale, thèse de sociologie, 1982, p. 156.
18 Ibid., p. 403.
19 Raymond Loew, « Les dockers de Marseille », Économie et humanisme, février 1944, n° 11.
20 « L’originalité de Marseille ne réside pas dans l’existence des bidonvilles, affirmaient en 1991 les auteurs de Migrance. Elle est dans la précocité et dans la durée de cet habitat sordide, et surtout dans le fait qu’aucun quartier n’ignore, au début des années 1950, ces immeubles ou ces “zones” abandonnées à la misère. » (Abdelmalek Sayad, Jean-Jacques Jordi et Émile Temime, Migrance, tome IV, Édisud, 1991, p. 128.)
21 Les enquêtes menées à l’époque ont fait ressortir l’hostilité des habitants de bidonvilles à l’habitat concentrationnaire des grands ensembles – à tout prendre, la cité de transit (comme Bassens, la Paternelle ou la Cayolle) leur semblait plus agréable… (Lire Jean Naturski, Les Formes d’habitat précaire dans l’agglomération marseillaise, thèse de géographie, Aix-en-Provence, 1968).
22 Telle Sicilienne de Tunis, qui avait toujours vécu en bonne intelligence avec les Arabes « là-bas », peut déclarer après quelques années passées au Parc Bellevue, rue Félix-Pyat : « C’est en France que je suis devenue raciste. » On pourrait multiplier ce type de témoignage à l’infini…
Pour citer cet article
Référence électronique
Alèssi Dell’Umbria, « Le paysage contemporain de la ville de Marseille », revue Agone, 38-39 2008, [En ligne], mis en ligne le 03 mai 2010. URL : http://revueagone.revues.org/197. Consulté le 07 mai 2010.
Auteur
Alèssi Dell’Umbria
Droits d'auteur
© Editions Agone
Marseille : une métropole en mutation
AuteurSimon Ronai du même auteur
Résumé
Marseille fut une ville en déclin jusqu’àces dernières années. Il est vrai que la municipalité et la communauté urbaine ne maîtrisent plus qu’une part réduite de leur devenir mais leurs profondes difficultés tiennent aussi à la combinaison de phénomènes que pourtant la plupart des autres grandes villes françaises et de nombreux ports ont su affronter et parfois surmonter. Ainsi, l’indispensable transformation économique et territoriale du port fut ralentie par une situation conflictuelle entretenue par la CGT ; la chute des emplois industriels n’a pas été suffisamment compensée par la création d’emplois tertiaires de haut niveau ; la rénovation urbaine, inachevée, reste conflictuelle. Les rivalités anciennes, y compris au sein d’une même famille politique, ont fortement aggravé la situation. Seule l’intervention de l’État a permis de relancer Marseille et d’amorcer l’inévitable mutation économique et sociale qui efface peu à peu les anciens clivages politiques et entraîne la mise en place d’un nouveau dispositif de gestion territoriale politique et économique.
Up to recently, Marseilles used to be a declining city. It is true that both the city and the metropolitan government have very little control of their own fate but many French other cities and harbors had been confronted to same type of challenges and for some, had managed to overcome difficulties. But in Marseilles, the confrontational style of the dockers union, CGT, slowed down the necessary economic and territorial transformation of the port : job creation in the service industry were not sufficient to make up for the loss of industrial jobs : unfinished urban renovation remains conflictual. The situation is made worse by old rivalries and internal divisions within parties. The necessary economic and social mutations and the new economic boost benefiting the city have only been made possible thanks to the direct intervention of the state, which lowered tensions and lead to a new territorial and economic management of the city.
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