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CAMPAGNE SAISONNIERS 2017 : UN ÉTÉ AU PLUS PRÈS DES SALARIÉS
D’ouest en est, du nord au sud, les militants CFDT sont une nouvelle fois allés à la rencontre des travailleurs saisonniers pour les informer sur leurs droits.
Au bout du quai des Indes, deux oriflammes orange émergent de la vague de Gwenn ha Du (le noir et blanc breton) et des drapeaux écossais qui submerge le port de Lorient. Depuis plus de quinze ans, la CFDT plante sa tente au cœur du Festival interceltique, en plein mois d’août. Quinze ans que Patrick Nestour, militant à l’Union territoriale des retraités du Morbihan, tee-shirt aux couleurs de la campagne saisonniers jeté sur les épaules, distille des informations aux salariés occasionnels d’un rassemblement qui accueille plus de 700 000 festivaliers en dix jours. « Le but, c’est de se montrer, de les aguicher un peu et qu’ils viennent nous voir ensuite. » L’amorce, ce sont les guides pratiques sur les droits des travailleurs distribués de la main à la main ou laissés sur les stands ou au comptoir des bars et restaurants en cas de forte affluence.
Abus d’heures de travail
« La plupart ne nous connaissent pas, constate l’ancien cheminot. Mais quand ils ont un problème, ils savent où nous trouver. » C’est le cas de Benjamin, 20 ans. Ce vendredi 11 août, c’est jour de repos dans un emploi du temps surchargé alors il en profite pour se détendre au son de la bombarde. Embauché dans un centre de loisirs municipal, il ne compte pas ses heures. À huit reprises, il a dû se présenter à son poste à 7 heures, « pour préparer la journée et accueillir les premiers enfants », et rendre son tablier à 23 heures, « après la réunion de bilan ».
Des exemples d’abus sur les heures de travail, les militants CFDT qui suivent les campagnes saisonniers en ont plein leur besace. De Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) à Saint-Florent (Haute-Corse), les témoignages abondent. Comme en Aquitaine. « Les employeurs ont obligation de tenir le planning à jour, rappelle Michel Larralde, secrétaire général de la CFDT du Pays basque. Mais, parfois, ils le remplissent à blanc, surtout dans la restauration, et les salariés sont mis devant le fait accompli. »
Une stratégie affinée
« Le problème du respect des horaires et du décompte des heures supplémentaires est un sujet récurrent », confirme Marcel Aucoin, secrétaire de l’Union territoriale interprofessionnelle de Calais, qui s’appuie sur les retours d’enquêtes distribuées lors des actions CFDT. Entre les campings, les villages vacances et les centres communaux, 300 questionnaires ont été remplis cette année. Record battu. « C’est plus que les 130 de l’an passé, se félicite Marcel. Nous ne les avons pas encore tous dépouillés mais j’ai été surpris par la proportion de travailleurs saisonniers de plus de 30 ans. Ils sont soit en recherche d’emploi soit retraités et cherchent à compléter leurs ressources pendant la période estivale. » Si la moisson a été si fructueuse, c’est parce que la stratégie de la CFDT pour aller au contact des salariés a changé. « Nous avons mis l’accent sur les parcs d’attractions », explique Marcel Aucoin. Exemple au Dennlys Parc (Pas-de-Calais). « Les animateurs arrivent en bus avec les enfants. À raison de 45 bus par jour, ça fait du monde ! » Même méthode dans les Pays de la Loire. « Nous nous sommes installés sur le parking d’où partent les salariés d’un parc nautique vendéen pour rejoindre leur boulot, explique la secrétaire régionale Anne-Flore Marot. Ils étaient surpris que l’on s’intéresse à eux. » Surpris, les militants CFDT le sont parfois tout autant. Pour sa première participation à une action saisonniers, Thierry Hennebicq ne s’attendait pas à un tel accueil. « Je suis intervenu à Biscarrosse, détaille ce militant Interco.Je n’ai pas ressenti de rejet. Au contraire. Les salariés sont contents qu’on vienne vers eux. Mais de là à faire la démarche de se syndiquer, c’est autre chose. »
Renouveler la mobilisation des militants
« Malheureusement, on constate que ce sont souvent les mêmes militants qui participent aux actions, regrette la secrétaire nationale Inès Minin, sur le terrain à trois reprises cet été. Nous avons besoin de partager les enjeux de cette campagne nationale, de renouveler la manière de mobiliser les adhérents. » Pour lui donner une seconde jeunesse à l’heure de souffler ses vingt bougies, l’an prochain ?
Logement : la CFDT à la manœuvre sur la Côte d’Opale
« Pour accepter un contrat saisonnier, il faut un logement. Sans logement, pas de contrat. » L’équation formulée par Alain Reymbault, de l’Union régionale CFDT du Nord-Pas-de-Calais, est simple. Permettre aux travailleurs saisonniers de répondre aux offres d’emploi proposées l’été dans les Hauts-de-France, et notamment sur la Côte d’Opale, suppose de développer des solutions d’hébergement. « Aujourd’hui, soit les salariés sont logés par les employeurs, souvent de façon très spartiate, soit ils vivent sous des tentes dans les campings de la région ou chez des parents ou amis, constate Alain Reymbault. Et on ne connaît pas précisément le nombre d’entre eux qui refusent un boulot faute de logement. » D’où l’idée de la CFDT de s’appuyer sur les structures existantes comme les foyers de jeunes travailleurs, les centres Afpa (Association pour la formation professionnelle des adultes) ou les résidences étudiantes, sous-utilisées pendant les vacances. « Nous avons recensé des hébergements possibles à Calais, Boulogne, Berck et Dunkerque, énumère Alain. Le tout représente près de 500 places, et beaucoup sont libres en juillet et août. Toutes les structures que nous avons rencontrées ces derniers mois se sont montrées intéressées à l’idée d’accueillir des travailleurs saisonniers. » Reste à organiser cette offre afin de répondre aux besoins. « Les partenaires sociaux ont pour cela un outil à leur disposition, Action Logement », souligne le militant CFDT qui a rencontré son responsable régional courant juillet. Pour Joël Le Ny, le directeur d’Action Logement Hauts-de-France, « avec 50 000 emplois sur la région qui dépendent directement du tourisme, le sujet ne peut être ignoré. Nous allons rapidement lancer une étude pour bien cerner les besoins des saisonniers ». L’idéal étant que la CFDT puisse diffuser une information sur les possibilités d’hébergement au moment des embauches, c’est-à-dire en mars prochain.
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