dimanche 1 septembre 2013

Dans les premiers pas du hip-hop à Marseille


Oublié de la capitale européenne de la culture, le mouvement hip-hop a été  tout de même à l'honneur ce samedi au Mucem. À cette occasion, DJ Rebel, un des pionniers marseillais, revient sur les premiers lieux du rap marseillais dont il dresse la carte en musique.
DJ Rebel
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"A l'époque, le sol était juste parfait pour glisser. C'était comme si quelqu'un le cirait tous les jours. Aujourd'hui, il est poreux, c'est plus pareil". Sur le parvis de l'Opéra, Hassen, aka DJ Rebel se remémore les soirées passées à y danser dans les années 80. "On était vraiment pas nombreux", se rappelle cet acteur des tout début du mouvement hip-hop. Pour que celui-ci ne soit pas totalement écarté de l'actualité culturelle en cette année capitale, il a proposé trois débats retraçant l'histoire du hip-hop marseillais et présentés samedi au Mucem.
Si la ville compte encore quelques grands noms du rap hexagonal, les débuts ont été plutôt durs pour les pionniers. Au coeur des années 80, les coupes en forme de building et les breloques en toc entraînent des risées. En centre-ville, pas évident pour eux de trouver une petite place alors que "tout le monde demandait pourquoi on portait des fringues d'Américains". Pourquoi le centre ? "Pour des raisons pratiques, explique DJ Rebel, on s'est retrouvé au Vieux-Port parce qu'on habitait tous dans des quartiers différents. J'étais quasiment le seul des quartiers Nord".

Sous l'aile des punks

Le groupe de passionnés se retrouve régulièrement pour écouter des beats américains, danser et graffer. Ils écoutent alors Radio Star, pirate, puis Radio Sprint, hébergée dans les locaux de la Marseillaise sur le Cours Estienne d'Orves. Les deux stations diffusent des émissions spécialisées dans la musique black. Les premiers auditeurs finissent par constituer une vraie bande. "Parfois on se retrouvait au Flunch de la Rue Saint-Ferréol, où il y a Eurodif maintenant",explique t-il, évoquant également la station de métro Vieux-Port où a été pris un célèbre cliché d'IAM à ses débuts, coupes au carré de circonstance. "Pendant un temps on était aussi aux escaliers de Sadi-Carnot, ceux qui montent au Panier, se rappelle t-il, on utilisant les côtés et on y graffait". Très vite, Hassen abandonne le graff, préférant la danse. Tout est lié pourtant à l'époque : culture globale, le hip-hop englobe danse, musique, style vestimentaire et graff. C'est surtout dans la rue que le petit groupe de Marseillais évoluent, un peu au gré du vent. "Il y a une photo de moi datant de 84. Pour la sortie du film City Breakers, on dansait avec les Marseille City Breakers au kiosque en haut de la Canebière", raconte l'ancien danseur.
Les débuts n'ont pas toujours été évidents, notamment pour trouver des salles où se produire :"A la MJC de la Corderie, IAM - qui s'appelait encore Lively Crew - a fait la première partie de Massilia Sound System, raconte DJ Rebel, On était 20 ou 30 dans la salle, ça nous paraissait énorme". Plus  tard,  ce sera le label des Massilia qui produira la première K7 d'IAM, Concept. Autre fait marquant de ces débuts héroïques, un lieu assez inattendu a été le premier à leur ouvrir ses portes. " A la fin des années 80, les punks et les rockers nous ont accueilli à la Maison hantée. C'était la seule salle où tu pouvais jouer en live, explique t-il. Cela leur a coûté une interdiction à vie de faire des événéments musicaux". D'autres scènes les ont ensuite soutenus comme l'Espace Julien ou le Théâtre du Moulin. Entre 85 et 88, les Marseille City Breakers feront également des spectacles à l'Espace culturel la Busserine.

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