Robert Vigouroux revient et dézingue Jean-Claude Gaudin
Clémentine Vaysse
Robert Vigouroux est au centre de la tribune, juste à côté de celui dont il soutient la candidature à la primaire, Patrick Mennucci. Il est aussi au centre de l'attention : l'ancien sénateur-maire est âgé de 90 ans. Il se déplace difficilement, avec une canne. Tout le monde attend sa parole comme on guette un verdict. Il le sait. On fait mine de lui tendre un micro, il s'en empare et se lève. Il ne se rassiéra plus.
D'un verbe clair, d'une voix posée, il explique sa présence ce lundi matin au côté du député et maire du 1er secteur. "Pour être maire. Il faut travailler. Beaucoup. Être très présent. Seul Patrick en est capable. Je l'ai connu à 17 ans. Depuis, il a appris. Et, aujourd'hui il est de nous tous celui qui connaît le mieux la ville". Le compliment est appuyé même si l'ancien maire modère aussitôt en précisant qu'il n'a "rien contre les autres candidats". Mais s'il est là, ce lundi matin, dans la salle du club Pernod, ce n'est pas simplement pour un coup de main sympa. C'est aussi pour dresser un bilan sans concession du bilan de son successeur. Ces mots très durs, volontiers moqueurs, il va les reprendre quelques instants plus tard, une fois retombée l'agitation médiatique, le temps d'une conversation au calme dans les locaux de Marsactu.
Il balaie à mots pesés les 9 années qu'il a passé à la tête de la ville et les 19 ans qui ont suivi avec Jean-Claude Gaudin à sa place. Son premier constat naît d'une comparaison. "En 1995, je ne me suis pas représenté parce que je ne voulais pas continuer. À 65 ans, j'ai mené ma dernière opération. Quand on arrête, il faut savoir le décider". C'est le conseil qu'il délivre à son successeur. Avec de l'ironie et même un brin de cruauté, "il salue le personnage, de Marseillais de Mazargues qui aurait du faire du théâtre" mais à qui il conseille de raccrocher les gants.
La cruauté n'est jamais loin pour qualifier le bilan de son successeur. Pour lui, "c'est tout de même la seule ville où on a doublé le réseau de métro par une ligne de tramway. On dira que ça se visite... Si la ville a changé c'est en pire, parce qu'il y a de plus en plus de pauvreté. Or, quand on est maire d'une grande ville, il faut savoir s'adapter aux gens". Il cite en exemple la résorption des derniers bidonvilles de Marseille, "Il y avait à l'Estaque, un camp de Gitans sédentarisés. Il était question d'y faire un immeuble. J'ai dit « surtout pas ». On leur a construit de petites maisons. Certes, il n'y avait pas de roues mais c'était tout à fait adapté et cela a fonctionné". Il cite également la construction de l'Alcazar comme un des exemples des réalisations de ses mandats dont Jean-Claude Gaudin s'est arrogé la paternité. C'est également le cas de l'opération Euroméditerranée ou encore de l'association oecuménique Marseille espérance qu'il juge délaissée.
À propos d'Euroméditerranée, il place loin sa paternité. Racontant qu'il a même esquissé au crayon les premiers tunnels : "j'aime dessiner même si je ne suis pas très doué". Il dessine donc des parkings avec, au-dessus, des tunnels pour alléger ces quartiers de la circulation automobile. Plus tard, d'autres que lui les ont inauguré. Il regrette également que l'opération d'intérêt national ait surtout servi "à construire des immeubles de standing" alors qu'il aurait fallu développer "le négoce".
Sur le dossier de la métropole, il avoue d'abord "ne pas être assez économiste pour maîtriser ce dossier". Mais, très vite, lui reviennent les souvenirs des participants aux premiers congrès internationaux qu'il amenait visiter Marseille et l'arrière-pays "au-delà de ces petites collines que l'on passe si facilement, on avait vraiment l'impression de traverser une frontière", dit-il en rappel du corset montagneux si souvent cité par Jean-Claude Gaudin. "J'ai été sénateur pendant 9 ans et régulièrement il me fallait faire la tournée des petits maires. Il n'en sortait pas forcément grand chose, nous n'étions pas le gouvernement mais on sentait au-delà de ces collines une peur de Marseille. Il faut changer cet état d'esprit. S'il y a un flux économique qui parcourt ce territoire, alors quelque chose peut se passer". C'est avec gourmandise que l'ancien maire évoque une vie politique qu'il a quittée voici bientôt 20 ans. Non par appétence pour le pouvoir mais par respect pour la fonction qui l'a occupé pendant neuf ans.
Actualisation : Compte tenu des nombreuses remarques sur la qualité du son, nous avons fait notre possible pour l'améliorer. Nous avons également supprimer la dernière vidéo, difficile à "réparer".
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