vendredi 8 janvier 2016

Selon un article de la Gazette :"Le FN fait un (le) malheur dans (de) la fonction publique territoriale (ndlrcdftampm)

Publié le • Par • dans : A la une, France, Toute l'actu RH
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Selon une étude du politologue Luc Rouban, 23,5 % des agents publics locaux votent pour le Front National au premier tour des régionales. Un taux qui culmine à 26,7 % parmi les catégories C. Au total, 50 % des fonctionnaires considèrent que l’Islam constitue une menace pour l’Occident.
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Est-ce l’effet du discours pro-service public de Marine Le Pen ? D’un rejet massif de la politique de rigueur gouvernementale ? Toujours est-il que le FN atteint des pics inégalés dans la fonction publique. Longtemps rétif, le secteur vote à hauteur de 24,6 % pour le parti de Marine Le Pen. Soit un pourcentage juste en-dessous de sa moyenne nationale (27,3 %) au premier tour des dernières élections régionales.
C’est ce qui ressort d’une vaste enquête menée par le politologue du CEVIPOF Luc Rouban à la veille du scrutin des 6 et 13 décembre.
Dans le détail, certains chiffres sont vertigineux. Entre 2012 et 2015, le vote des policiers nationaux et des militaires explose, passant de 30 à 51,5 % des suffrages. Parmi les agents de catégorie C des hôpitaux, le Front National obtient 44,7 % des suffrages.

Un vote de classe

La territoriale n’échappe pas au phénomène. A hauteur déjà de 17 % en 2012, le Front National rassemble maintenant 23,5 % des voix des agents publics locaux. Parmi les fonctionnaires de catégorie C des collectivités territoriales, il culmine à 26,7 %. Cela vient confirmer le « vote de classe » constaté lors des derniers scrutins.
Chez les ouvriers et les employés, le Front National dépasse désormais allègrement les 40 %. A contrario, le FN n’obtient pas plus de 15,9 % parmi les catégories A de la fonction publique territoriale.
Luc Rouban, dans son analyse, propose des clés de lecture. « La contestation sociale s’investit désormais moins dans l’action syndicale, comme en témoigne le faible taux de participation aux élections professionnelles de décembre 2014, que dans le choix électoral », explique-t-il.
Les appels de la CGT, la CFDT, la FSU et de l’UNSA à faire « barrage à l’extrême droite » restent lettre morte. Leur discours classiquement dirigés contre un parti qui joue, selon eux, « sur la peur de l’autre » et recherche « sans cesse les affrontements et des boucs émissaires », ne semblent avoir guère d’impact.
« Une grande partie des fonctionnaires souffrent du décalage entre les discours sur la République et la laïcité et les pratiques du terrain où les demandes communautaires se multiplient », ajoute Luc Rouban.
Et le politologue de pointer, enfin « l’absence d’une philosophie claire de l’État et des services publics se fait sentir ». Selon son enquête, 50% des fonctionnaires considèrent que la société se détériore en France. 50 % considèrent que l’Islam constitue une menace pour l’Occident. Un pourcentage qui culmine à 61 % chez les agents de catégorie C.

Le désarroi de Marylise Lebranchu

Autant de chiffres qui ne laissent pas d’inquiéter la ministre de la Décentralisation et de la Fonction publique. En juillet 2014, Marylise Lebranchu avait convié le spécialiste du FN Joël Gombin et Luc Rouban pour plancher sur le sujet. Interrogé par La Gazette quelques semaines plus tard, le premier explique : « Plus on est en contact direct avec les bénéficiaires des services publics, plus la probabilité de voter FN est élevée. » Et le second d’évoquer les personnels « derrière les guichets de la sécurité sociale à l’hôpital ou dans les services sociaux ».
Lui-même ancien agent territorial, le maire FN d’Hayange (Moselle) Fabien Engelmann parle d’une « prise de conscience : lorsque votre pays dépense des milliards pour l’immigration, mais que le prolétaire balayant les rues n’a pas droit aux bons alimentaires du CCAS, il y a un problème quelque part. »
Un discours qui inquiète la ministre de la Fonction publique. « Je ne sais pas à quel point le mal est profond et si on va réussir à avancer. Ma question, c’est : comment donner une forme d’espoir ? », avait-elle dit lors de sa rencontre avec Joël Gombin et Luc Rouban. « Avec 50 milliards en plus, le vote FN au sein de la catégorie C va se dégonfler d’un seul coup », avait jugé le second, provocateur.

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[Edito Présence n°217] Après les élections régionales : ET MAINTENANT ...

publié le 14/12/2015 à 10H32 par a.gatti@lorraine.cfdt.fr
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En avant-première, découvrez l'édito d'Alain Gatti dans le magazine Présence-CFDT de novembre-décembre 2015.
C’est bien sûr un immense sentiment de soulagement : le Front national ne dirigera pas la nouvelle région ACAL… Au nom de ses valeurs, la CFDT a pris clairement position pour appeler à voter dès le premier tour et faire barrage au Front national. Au second tour, nous avons pris acte du choix des partis politiques et nous en avons appelé à la responsabilité de chacune et de chacun pour faire le choix le plus efficace pour empêcher l’arrivée de l’extrême-droite. En cela, nous sommes restés fidèles à notre ligne de conduite « Ni neutres, ni partisans, sauf face au FN. ». Nous nous félicitons du sursaut républicain. On retiendra aussi que cet appel a été le premier acte politique majeur de la CFDT Alsace, Champagne-Ardenne, Lorraine, un acte fort puisqu’il s’est agi ni plus ni moins que de défendre la démocratie et nos valeurs…
Il nous faut passer maintenant aux enseignements de ce qui vient de se passer : un vote massif pour un parti qui prône l’exclusion et le rejet de l’autre, un parti socialement dangereux et irresponsable économiquement. Beaucoup a été dit sur le sentiment (et un ressenti c’est bien plus compliqué à combattre qu’une réalité…) de peur et de déclassement. Il ne nous reste même pas deux ans pour agir et faire que nous ne retrouvions pas dans la même situation en 2017.
Tous les acteurs doivent en tirer les leçons :
-          Le nième avertissement au monde politique d’abord… Combien de fois avons-nous déploré la perte de sens et l’incapacité à donner des perspectives à nos concitoyens, les stratégies à courte vue où – et le second tour en aura fourni une illustration en ACAL – les intérêts particuliers ou les « coups politiques » priment sur l’intérêt général. Nous avons pris acte cependant de la volonté d’ouverture du nouveau président de Région, de sa volonté de tenir compte du vote venu de divers horizons, qui, a-t-il dit, « oblige ». Espérons également que les promesses de faire de la politique autrement soient rapidement suivies d’effet. De ce point de vue, la qualité des débats sur les plateaux télé régionaux au soir du 13 décembre est plutôt un bon signe. Pour la CFDT, faire de la politique autrement, c’est aussi donner sa place à la démocratie sociale, revendication que nous rappellerons dès que possible au président Richert.
-          Pour nous ensuite… Au premier rang des raisons qui ont conduit au vote FN, c’est le chômage qui arrive en tête… Cela valide la priorité que nous donnons à l'emploi. C’est bien sûr la responsabilité du politique que d’apporter des réponses mais le syndicalisme réformiste a aussi des leviers. C’est le cas dans les entreprises et les services, mais aussi au plan régional avec les instances de la formation professionnelle dont le rôle est renforcé, l’assurance-chômage ou un outil tel que le Pacte Lorraine. Notre autre responsabilité est de continuer à engranger par la négociation, comme nous l’avons fait ces derniers mois, des progrès sociaux et surtout de les rendre visibles.
-          Et puis il y a les enseignements internes… Et là des clignotants sont au rouge : 26% des électeurs se disant « proches de la CFDT » ont voté FN, soit dix points de plus qu’en mai 2012. Autres signaux, l’incompréhension par rapport à notre positionnement et la grande difficulté – pour ne pas dire l’impossibilité - pour les militants à se confronter aux salariés sur cette question, voire le refus de certains de porter le débat. C’est une question que nous devons travailler en profondeur, au-delà des constats et surtout sans jugement de valeur parce les syndicalistes que nous sommes sont dans la société, donc aussi traversés par ses angoisses et ses égarements… Même si nous sommes mieux armés que d’autres, plus que jamais il y a besoin de se réapproprier et d’approfondir notre culture commune.
La CFDT s’est engagée dans cette campagne, en toute autonomie mais en toute légitimité parce que nous sommes un acteur du territoire qui compte. Très rapidement nous rencontrerons le président de Région pour lui dire notre vision du nouvel espace, sur la base de l’adresse aux candidats que nous leur avions fait parvenir [http://bit.ly/1P33kGj] et dans laquelle nous développions notre vision des solidarités et du dialogue social.
Plus que jamais donc, nous continuerons à faire notre boulot de syndicalistes : être force de proposition, critiques et autonomes, exigeants pour construire ensemble un destin commun où la personne humaine doit avoir toute sa place… Tout le contraire de la haine et du rejet de l’autre…

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