mardi 27 septembre 2011

Un article de la Gazette des Communes :Les collectivités passives pour réduire les discriminations dont sont victimes les musulmans Marseillais

Un rapport du Cnrs rendu public mardi 20 septembre pointe les inégalités, notamment d’accès à l’emploi et le manque de volonté politique de la ville et de la communauté urbaine pour lutter contre.
Marseille est-elle à l’image des clubs de supporters de l’OM un modèle de cohabitation intercommunautaire réussi ? Ce n’est pas l’avis de deux chercheurs du CNRS (1) dont le rapport sur les Marseillais musulmans, rendu public mardi 20 septembre, casse le mythe.
30 % de la population phocéenne est musulmane. Pour la première fois, ce rapport dresse un état des lieux de leur intégration dans la ville : quelles sont leurs difficultés pour se loger, pour trouver un travail…
Cette étude appartient au projet « 
At Home in Europe« , mené par la Fondation Open Society. Le but de ce projet est d’analyser les politiques publiques mises en oeuvre pour éviter la discrimination des musulmans dans 11 grandes villes européennes comme Londres, Amsterdam, Anvers, Hambourg, Londres, le 18-ème arrondissement de Paris, etc… Sachant qu’aujourd’hui, être musulman relève plus d’une étiquette que d’une catégorie religieuse.
Déontologie de l’enquête – Le rapport sur la capitale phocéenne repose notamment sur de nombreux entretiens avec des représentants des institutions, de la ville, de la communauté urbaine, des services de l’Etat, des associations… Mais surtout sur un questionnaire de type sondage soumis à 200 personnes, autant se déclarant musulmanes que de non musulmanes. « Nous avons respecté une déontologie très stricte et notamment garanti l’anonymat aux personnes interrogées, précise Françoise Lorcerie, coateur du rapport. C’est ce qui nous a permis de mener ce travail ».
Plus de 40 % des sondés, autant les musulmans que ceux qui ne le sont pas, estiment que les préjugés raciaux sont fréquents et répandus. « Dans certains secteurs, la ségrégation demeure encore féroce, constate Françoise Lorcerie. Marseille est coupée en deux par une barrière raciale qui passe par le centre-ville. La très large majorité des musulmans vivent au nord de cette frontière, dans des logements sociaux souvent vétustes ».
Manque d’efforts des collectivités – Ce rapport pointe aussi les discriminations à l’emploi et le manque d’efforts déployés notamment par les collectivités territoriales pour lutter contre. « Les populations musulmanes, ne sont pas représentées comme elles devraient l’être, dans les emplois territoriaux peu qualifiés, dénonce Françoise Lorcerie. Contrairement à Hambourg par exemple, Marseille n’a pas adopté d’outils pour recruter sans discriminer et n’affiche pas cette volonté».
Ce à quoi la ville rétorque que « le recrutement sur concours garantit l’égalité des chances ». Pourtant, différents travaux menés par feu la Halde, contredisent cette affirmation.
Sans compter que les postes peu qualifiés, de catégorie C, sont accessibles directement sans concours.
« Avec le taux chômage élevé, ces postes sont très convoités, conclut Christine Abbinanti secrétaire de la section ville de Marseille de la Cfdt interco 13. Toutefois, la diversité progresse depuis plusieurs années. Malheureusement, les postes sont encore trop souvent attribués par cooptation. Ce système clientéliste politico-syndical de recrutement pénalise les populations des quartiers sensibles ».
Note 01:
Institut de recherche sur le monde arabe et musulman, Cnrs, Aix-en-Provence. - Retourner au texte

Références
Les Marseillais musulmans, Open Society foundations, septembre 2011, par Françoise Lorcerie directrice de recherche et Vincent Geisser chargé de recherche, IREMAM-CNRS, Aix-en-Provence

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