mardi 31 décembre 2013

La CFDT de MPM et de la Ville de Marseille vous souhaite une excellente année 2014

     La CFDT vous souhaite                           une excellente année 2014
PUBLIÉ LE 30/12/2013 À 12H47par CFDT
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En 2014, la CFDT continuera de s'engager pour chacun et d'agir pour tous, comme elle l'a toujours fait !





synapsone

lundi 30 décembre 2013

Lisez Marsactu ...

"Une forme d'appropriation de MP2013 a eu lieu, même à travers la contestation"

Sylvia Girel, chercheuse en sociologie et maître de conférences à l'Université d'Aix-Marseille et au Laboratoire méditerranéen de sociologie) coordonne et dirige un programme de recherche collectif et des enquêtes de terrain sur les publics et les pratiques culturelles à Marseille au cours de l’année 2013. Le collectif est composé d’une vingtaine de jeunes chercheur-se-s et médiateurs-trices. Elle nous répond par écrit, dans une interview que nous vous livrons.
Sylvia Girel, chercheuse associée au Laboratoire méditerranéen de Sociologie (LAMES)
Sylvia Girel, chercheuse associée au Laboratoire méditerranéen de Sociologie (LAMES)
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Marsactu : Peut-on considérer que les citoyens du territoire de la capitale culturelle se sont globalement approprié la programmation ?
Sylvia Girel : C’est dès le dossier de candidature que la participation des citoyens figure parmi les objectifs de MP 2013 et cela aura été un leitmotiv tout au long de la préparation et de l’année capitale. A l’issue de l’année oui, on peut dire globalement que nombreux sont les citoyens du territoire qui ont participé, et ont adhéré à la programmation. Les chiffres de fréquentation parlent d’eux-mêmes, notamment pour certains événements dans l’espace public et en extérieur (week-end d’ouverture, Champ harmonique, Entre Flamme et flots,Transhumance), pour certaines formes de création (le cirque, les arts de la rue), ou certains lieux (Mucem, J1) pour ne prendre que quelques exemples. Mais il y a aussi eu des bémols, avec des fréquentations moindres que celles attendues. Et je dirai surtout que les publics n’ont pas toujours été là où on les attendait, qu’ils n’ont pas toujours été publics comme on l’entendait. Il y a une disparité selon les moments et territoires, selon les événements. Sur le terrain, nos premiers résultats d’enquêtes montrent des points de vue très contrastés, avec des expositions et des lieux plus marquants que d’autres, que l’on aime parfois pour les mêmes raisons qu’on va les critiquer. Dans les entretiens que nous avons réalisés, c’est le cas par exemple de la Villa Méditerranée, du Bazar du Genre au Mucem, de certains rendez-vous de La Folle histoire des arts de la rue… Il faut aussi dire que des publics sont restés assez peu concernés, pour lesquels l’année capitale a été quelque chose de flou, est resté éloignée de leur quotidien (dans les quartiers Nord notamment, sur les territoires ruraux, dans certaines villes). Les citoyens ont montré des attitudes très différentes qui se déclinent de l’adhésion spontanée et enthousiaste jusqu’à des résistances ou des rejets très marqués selon la programmation et les projets. Ces attitudes signalent toutes une forme d’appropriation quand bien même celle-ci passe par la contestation.
Quels ont été les publics de Marseille-Provence 2013 ?
Je précise que dans notre collectif de recherche, c’est dans le sens large que nous nous intéressons à la question du(des) public(s), il ne s’agit pas seulement d’observer les "des spectateurs, des visiteurs" mais de considérer les citadins, les artistes, les acteurs culturels, les politiques, les détracteurs, etc., aussi comme des publics. Si l’on prend l’ensemble des lieux et des événements de l’année 2013, on retrouve toutes les catégories de publics analysées par les sociologues : les publics des habitués, ceux qui fréquentent habituellement les lieux de diffusion des arts et de la culture et qui ont trouvé grâce à l’année capitale une offre démultipliée ; des publics que l’on qualifie d’"univores1", ils sont amateurs d’une forme de création en particulier par exemple les Feux d’artifice et ont suivi tous les épisodes des Révélations du Groupe F. On retrouve également des publics spécifiques, scolaires, touristes, comités d’entreprise, etc. qui viennent chacun avec des motifs et attentes différentes ; des publics inattendus, qui ont découvert et se sont convertis à certaines formes de création, on pourra citer des bénévoles de MP 2013 pour les arts de la rue ou l’art contemporain, des familles découvrant la diversité du cirque actuel. Il y aussi eu des publics résistants ou réfractaires ; des indifférents, etc. Il serait difficile de tous les citer car
la diversité des publics est à l’image de la diversité de la programmation, des lieux et des propositions.
Il faudra le détail des chiffres de fréquentation et des indicateurs sociodémographiques, analyser nos matériaux pour répondre précisément à cette question.
On peut toutefois relever que le public de proximité a été bien présent et notamment sur les premiers mois (le public lié au tourisme, extérieur est venu plus tard, résultat confirmé par les chiffres du tourisme). Il y a eu aussi les publics déjà constitués à Marseille : celui composé des artistes et acteurs culturels particulièrement important ici, ceux forts pratiquants de certains domaines de création, comme l’offre théâtrale ou musicale, ou encore l’art contemporain. Mais, pour une grande part les publics ont été disparates et dispersés, selon l’offre et les projets. Il me semble, qu’à part dans l’espace public et certains lieux comme le MuCEM, la Friche et le J1, où l’on a vu tous les type de publics se croiser, les publics se sont répartis d’une manière assez "classique" par rapport à l’offre et en fonction de leurs pratiques habituelles. Ce qui peut-être a été spécifique à Marseille c’est la présence et l’intensification des pratiques culturelles d’un public de curieux, qui a découvert la diversité de l’offre culturelle à Marseille avec MP 2013.
Plus précisément, quels ont été les publics résistants/ indifférents / attendus / méconnus ?
Tous les observateurs de l’année capitale le disent et nos enquêtes le confirment,
il y une transformation positive de l’image de la ville et des représentations qu’en ont les Marseillais eux-mêmes.
Ce qu’ils pensent, transmettent et diffusent de leur ville a changé. L’année capitale, les lieux qui ont été inaugurés, ce qui s’est dit, la médiatisation ont permis cette transformation, il y avait concrètement des "choses" sur lesquelles s’appuyer pour le faire. C’est ce que je veux dire quand je dis plus haut qu’ils n’ont pas toujours été publics comme on l’entendait. En effet, toute une part du public a été public de "l’événement capitale", public d’une ville en mutation dont on voulait participer à la transformation, plus que public d’une programmation artistique et culturelle. D’où la forte affluence dans l’espace public, un espace partagé et où les publics se sentent plus à l’aise que dans des lieux des mondes de l’art. Il y a eu des choses spectaculaires ou qui ont mobilisé des milliers de personnes, il y a aussi des publics plus ponctuels et fugaces, "intermittents" qui ont émergé et qui signalent des transformations plus profondes mais plus diffuses, plus difficile à mesurer.
Des publics méconnus ont émergé au fil d’actions plus modestes moins médiatiques et médiatisées mais qui sont significatives à Marseille. C'est le cas des jeunes notamment ou encore les bénévoles de MP 2013, un public-médiateur très composite sur lequel nous travaillons et qui regroupe toutes les catégories d’âges et de milieux sociaux, qui a joué un rôle de médiateurs et de relais auprès d’autres publics. Ce qui s’est passé autour de certains quartiers créatifs, à la Ciotat avec Martine Derain ou Arles avec les Pas perdus, avec le Merlan dans des projets de proximité, des projets qui ont créés des liens entre des habitants et des artistes, monde de la vie quotidienne et monde de l’art, mais dont les effets ne se mesurent pas quantitativement.
Il y aussi des vraies résistances qui pour certaines ont été médiatisées, pour d’autres sont restées confidentielles. On a évoqué les "Jardins possibles", un des projets de quartiers créatifs au Grand Saint-Barthélemy. Les raisons de l’échec sont multiples mais tiennent pour une part aux paradoxes de la participation citoyenne revendiquée aujourd’hui dans de nombreux projets artistiques et culturels. On vient interpeller et inciter des individus à participer à un projet, ce qui appelle une réponse, une réaction de leur part, et celles qu’ils donnent n’est pas celle que l’on aurait souhaité, celle que l’on attendait.
Du côté des publics (habitants et associations locales) il y a bien une forme d’appropriation et un intérêt mais qui se traduit par la mise en échec du projet.
D’autres exemples d’échecs sont passés inaperçus, c’est le cas du retrait de l’œuvre de Fernando Sanchez Castillo, Spitting Leaders, exposée au parc Borély dans le cadre de l’exposition du Mac, Le Pont. Ce qui est intéressant à voir tout au long de l’année, c’est la pluralité au sein même d’une catégorie de public.
Si l’on prend les publics résistants, réfractaires, il y a eu ceux réfractaires à l’art contemporain. Certains projets ont fait les frais de la contestation entre autre à Aix en Provence avec L’art à l’endroit, au centre de le Vieille Charité avec les Archipels réinventés (et particulièrement les œuvres dans la chapelle). Également ceux impertinents qui avec le Off ont pris le contrepied de la programmation officielle ; il y a eu des publics collectifs (association de quartier, Ciq) dont la contestation a mis en échec des projets. Il y a aussi des habitants du Panier qui voient leur quartier se transformer et restent en retrait. On pourrait encore citer Marseille en guerre, des artistes (Iam, Keny Arkana, les têtes de l’art, etc.), des militants pour la défense de différentes cause, etc.
L'association MP 2013 a-t-elle privilégié un certain type de public et des territoires en particulier au détriment d'autres territoires, ruraux par exemple ? En d'autres termes, y a-t-il eu des publics oubliés sur le territoire de MP 2013 ?
Oui forcément, il est difficile d’investir un territoire aussi vaste et il est difficile de concilier des enjeux politiques, sociaux et culturels divergents (la situation d’Arles, d’Aix en Provence, de Vitrolles et de Marseille sont bien différentes) et il a fallu aussi concilier l’existant et ce qui relève de l’événement à proprement parler. Il faudrait développer mais on voit bien toutes les difficultés à atteindre des publics sur des territoires si différents au travers des débats actuels sur la métropole. Parmi les publics "oubliés" il y a quand même ceux en situation de handicap. A part certains lieux qui ont fait un vrai travail, ces derniers n’ont pas été très présents. Il me semble aussi que le public "jeune" de formes de création comme rap, street art, a été assez absent, sauf quand des visites étaient "encadrées" dans le cadre scolaire par exemple.
Plus largement, peut-on considérer que l'année capitale de la culture a permis une démocratisation de la culture ?
Oui d’un certain coté, particulièrement avec des lieux comme le J1 et ce qui s’est passé dans l’espace public, il y a là une réelle démocratisation ; mais attention il ne faut pas confondre la présence nombreuse et partagée face à des événements culturels à un moment donné (où l’on vient pour la dimension événementielle, festive plus que pour les qualités artistiques) avec une démocratisation et une égalisation de l’accès dans les lieux de diffusion des mondes de l’art. Il y a aussi toute une démocratisation "informelle" très riche à Marseille et qui passe par différents réseaux (et notamment animateurs sociaux, projets de quartier avec des artistes…).
Les publics qui se sont constitués autour de MP 2013 ont contribué à construire et à relayer une représentation de "Marseille en capitale culturelle" de façon à la fois concrète (par leur fréquentation) et symbolique (par leur discours, représentations), avec une volonté de créer du "bien commun" autour d’une image valorisante et valorisée de la ville. Je dirai que MP 2013 a montré que c’est bien par la culture que la ville peut rayonner. Il y a une vraie attente des citoyens que l’on voit dans les entretiens avec les publics, la distribution de la fréquentation, les différentes formes de contestation… Mais avant 2013 nombre d’événements et manifestations existaient et avaient déjà leurs publics, l’effet capitale se joue ici en termes de médiatisation, de visibilité et de reconnaissance d’une scène artistique déjà bien constituée (notamment pour l’art contemporain, la musique, le théâtre, les festivals).
D’autres effets se conjuguent, par concordance de calendrier avec l’année capitale : la requalification urbaine et l’émergence du J4 comme "territoire à vocation culturelle"2(avec des équipements nouveaux comme le MuCEM, le FRAC), les rénovations d’un patrimoine local (Fort Saint-Jean, Borely), etc. Ce sont autant d’éléments qui jouent en faveur de la ville et ont amené les citoyens à "faire public" autour de l’événement MP 2013 parce que c’est une manière de prendre part à ce mouvement de transformation de la ville. Augustin Girard disait "La culture d’aujourd’hui est plurielle, et le problème de l’action culturelle publique est de transformer ce pluralisme en valeur collective"3 ce qui caractérise aujourd’hui Marseille.
Grâce à l’année capitale le contexte est pour la première fois aussi favorable.
Mais pour un effet durable il faut que tout cela se conjugue avec une politique culturelle ambitieuse, structurée à l’échelle de la ville, qui joue sur le rayonnement international bien sûr mais aussi sur un ancrage territorial marqué s’appuyant sur les ressources, artistes et acteurs impliqués localement et depuis longtemps. Le risque sinon est de voir se superposer des scènes artistiques (celle d’avant 2013 et celle qui a émergé) et de laisser à distance des publics de proximité.
2 En témoigne la mobilisation récente autour du J1 et de l’esplanade du J4 et en réaction à la proposition d’installer ici un Casino.
3 Source : L'invention de la prospective culturelle. Textes choisis d'Augustin Girard, 2010-1, janvier 2010
Par Elodie Crézé, le 30 décembre 2013

2013 : un an de nouveaux droits pour les salariés grâce à la CFDT

 

PUBLIÉ LE 30/12/2013 À 11H02par Florian Meyer et Murielle Guillard
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2013 touche à sa fin... C'est le moment de faire le point sur un an de nouveaux droits acquis pour les salariés !
Retrouvez en infographie les principales avancées obtenues par la CFDT cette année: compté pénibilité pour la retraite, CDI intérimaires, encadrement des licenciements...
Cliquez sur les dates pour en savoir plus

jeudi 26 décembre 2013

LFoundry, l'usine aixoise de semi-conducteurs, placée en liquidation judiciaire.Le tribunal de commerce de Paris a prononcé jeudi 26 décembre la liquidation judiciaire de l'entreprise aixoise de semi-conducteurs LFoundry, avec cessation immédiate de l'activité, et n'a donc pas accédé à la demande d'un délai de trois mois supplémentaires du ministère du Redressement productif


Manifestation en soutien de LFoundry, près d'Aix-en-Provence, le 23 décembre. (archives)
Manifestation en soutien de LFoundry, près d'Aix-en-Provence, le 23 décembre. (archives)
Crédit : BERTRAND LANGLOIS / AFP

Le tribunal de commerce de Paris n'a pas accédé à la demande d'un

 délai de trois mois supplémentaires: LFoundry doit cesser immédiatement son activité.

Le tribunal de commerce de Paris a prononcé jeudi 26 décembre la liquidation

 judiciaire de l'entreprise aixoise de semi-conducteurs LFoundry, avec

 cessation immédiate de l'activité, et n'a donc pas accédé à la demande

 d'un délai de trois mois supplémentaires du ministère du Redressement productif.

LFoundry, qui emploie 613 personnes à Rousset, près d'Aix-en-Provence

avait été placé en redressement judiciaire à la fin juin pour une période de six mois.

 Jeudi après-midi, le tribunal a prononcé la liquidation judiciaire "sans maintien d'activité" 

et a indiqué que Me Stéphane Gorrias était nommé liquidateur judiciaire. "Il n'y aura 

donc pas de poursuite d'activité, qui doit être arrêtée ce jour. Cette situation

 rend difficile l'arrivée d'un repreneur car il n'y a de fait plus d'activité 

à reprendre. Les licenciements devraient être prononcés très vite, 

sous quinze jours ou trois semaines", a indiqué une source proche du dossier.

Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg avait indiqué lundi,

 après avoir reçu une délégation syndicale de l'entreprise, qu'il allait demander

 un délai de trois mois au liquidateur, pour que l'outil industriel soit maintenu 

dans l'attente d'un éventuel repreneur.  Dans un courrier adressé au procureur

 de la République, en date du 24 décembre, le commissaire au redressement

 productif de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Patrick Maddalone, 

demandait ainsi que soit accordée "une période temporaire, qui 

pourrait être fixée à trois mois" pour "permettre de réaliser

 la cession des actifs dans les meilleures conditions". 

"Cette situation rend difficile l'arrivée d'un repreneur"

Il se prononçait pour la mise en place d'une "cellule, sous la conduite 

du liquidateur judiciaire afin de préserver, de façon temporaire, 

le site et l'ensemble des capacités industrielles", et qui permettrait également "au candidat repreneur de formuler une offre de reprise". 

Maddalone rappelait en effet qu'une "manifestation d'intérêt crédible"

 avait été portée à la connaissance du tribunal de commerce de Paris, et

 qu'elle pourrait "être suivie d'effets à très court terme". Selon les syndicats,

 cette marque d'intérêt provient d'une entreprise californienne de

 micro-électronique et elle est assortie d'une demande de poursuite

 de l'activité de trois mois. Les syndicats demandaient notamment à

 l'ancien propriétaire, Atmel, de passer des commandes supplémentaires

 pour faire la jonction avec les nouveaux produits, prévus courant 2014, 

car l'unité de fabrication a toujours des clients et possède de précieuses

 licences. La société avait été rachetée en 2010 au groupe américain

 Atmel par l'entreprise allemande LFoundry pour un euro symbolique.

Publié le   - 7
Salariés en colère de l'usine LFoundry
Des salariés de l'usine LFoundry manifestent au Rousset.Franck Muller


Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif a reçu les délégués syndicaux de LFoundry, cet après-midi à Bercy. Si la liquidation semble inévitable, la piste d'un repreneur est envisagée.
La tension était palpable, paraît-il, lundi en fin d’après-midi dans le bureau d’Arnaud Montebourg, à Bercy. Le ministre du Redressement productif recevait les délégués syndicaux de l’entreprise LFoundry, implantée à Rousset (13).
Une société spécialisée dans la production de semi-conducteurs et dont la liquidation judiciaire doit être prononcée le 26 décembre prochain. Un véritable drame pour les 613 salariés, sans oublier les six cents autres emplois induits, victimes collatérales.
A la sortie de l’entrevue, Jean-Yves Guerini, le délégué CFDT reconnaissait : «Après avoir écouté notre vision de l’entreprise, le ministre est convenu que la démolition d’un tel outil industriel était inconcevable.»
Toutefois, le ministre aurait jugé le dossier judiciaire très avancé. «Au point de ne pouvoir éviter la liquidation et les licenciements.»
Arnaud Montebourg souhaiterait que le liquidateur gèle la situation. «Et ce durant trois mois afin de chercher un repreneur.» On évoque deux sociétés, une américaine et une canadienne.
Arnaud Montebourg aurait alors promis que les licenciés de décembre soient prioritaires en cas de reprise.

mardi 24 décembre 2013

Les Pussy Riot (ces jeunes femmes aux cagoules colorées qui ont chanté une prière anti-Poutine dans une église orthodoxe de Moscou) sont enfin toutes libérées

Les Pussy Riot enfin libérées

PUBLIÉ LE 23/12/2013 À 15H06par Marie-Nadine Eltchaninoff
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Alors que Vladimir Poutine a fait libérer fin décembre les deux Pussy Riot emprisonnées, retrouvez l’interview qu’avait accordée Ekaterina Samoutsevitch àCFDT Magazine en avril 2013.
La condamnation des Pussy Riot, ces jeunes femmes aux cagoules colorées qui ont chanté une prière anti-Poutine dans une église orthodoxe de Moscou, a suscité l’indignation partout dans le monde. Entretien avec Ekaterina Samoutsevitch, la seule à ce jour (ndlr : en avril 2013) à avoir retrouvé la liberté.
Ekaterina Samoutsevitch, 30 ans, est l’une des trois jeunes femmes du groupe Pussy Riot arrêtées après avoir chanté : « Sainte Mère de Dieu, chasse Poutine ! » à l’intérieur de la cathédrale du Christ Sauveur à Moscou en février 2011. Nadiejda Tolokonnikova, 23 ans et Maria Alekhina, 24 ans, toutes deux mères de jeunes enfants de 4 et 5 ans, ont été condamnées en août 2012 à deux ans de camp. L’une purge sa peine à Perm dans l’Oural à 1400 km à l’est de Moscou, l’autre en Mordovie, à 500 km de la capitale. Ces deux lieux de sinistre mémoire comptent parmi les colonies pénitentiaires les plus dures de Russie.
L’avocate d’Ekaterina a réussi in extremis à obtenir la libération de la jeune femme à l’issue de cinq mois de  détention préventive, sa participation au chant n’ayant pas été prouvée. Ekaterina nous explique le sens de l’action des Pussy Riot  et nous livre son regard sur la société russe d’aujourd’hui.
Quel a été votre parcours avant la formation du groupe Pussy Riot ?Je suis scientifique de formation.  Après des études de physique et d’informatique, j’ai travaillé pendant deux ans dans une entreprise de construction de sous-marins où je programmais des logiciels. Mais l’art m’intéressait : j’ai décidé d’entrer à l’école Rodtchenko de photographie et de multimédia à Moscou. Je me suis alors engagée dans l’activisme artistique et politique, et je compte bien poursuivre dans cette voie.
Vous avez été arrêtées et condamnées pour avoir interprété une prière punk contre Poutine, pouvez-vous nous expliquer le sens de votre action ?C’est une performance artistique en même temps qu’une action politique et féministe. Nous avons filmé notre action et nous avons diffusé le clip sur Internet. Utiliser les réseaux sociaux et les médias pour obtenir la plus large résonnance possible faisait partie de notre projet. En Russie, le féminisme a toujours été un mouvement politique, qui a œuvré à la transformation de la société dès le début du 20e siècle, avant même la révolution, et a contribué à la chute du tsarisme.
Pourquoi avoir choisi une église ?Ce n’est pas un hasard. Le choix de la cathédrale du Christ-Sauveur était intentionnel. Cette église incarne la nouvelle stratégie du pouvoir, de faire de l’Eglise orthodoxe russe du patriarcat de Moscou un emblème de la Russie et la détentrice de valeurs universelles que tous les habitants de ce pays devraient adopter. C’est assez étrange. Il y a une collusion croissante entre l’institution religieuse et le pouvoir politique. Les effets de ce processus à l’œuvre commencent à se manifester. La loi contre l’avortement, qui limite le droit des femmes à l’IVG, a été défendue par l’Eglise orthodoxe russe, de même que la récente loi contre la propagande homosexuelle qui, sous prétexte de protéger les enfants, est une loi ouvertement homophobe promue par l’Eglise (1).
La situation des femmes en Russie s’est donc dégradée ?Enormément. C’est en grande partie dû à la politique très conservatrice menée par l’Etat en lien avec le patriarcat de Moscou. L’Eglise est à l’origine de toute une propagande sur ce que doivent être les principes de vie pour les femmes russes, basés sur des stéréotypes de genre. Des règles strictes sont élaborées, pour encadrer leur comportement social mais aussi leur vie privée. Le porte-parole de l’Eglise orthodoxe, Tchaplin, travaille en liaison avec le parti Russie Unie (parti pro-Poutine). Des députés de son entourage ont émis des propositions sur un code vestimentaire destiné aux femmes, sur un système d’amendes ou une obligation de service militaire pour pénaliser les femmes qui n’ont pas encore eu d’enfant avant 23 ans. Aujourd’hui, les femmes n’entrent plus dans une église sans s’être coiffée d’un foulard. Les tenants de la tradition religieuse voudraient que toute la société y soit soumise. Le pouvoir veut contrôler la vie sociale des citoyens, mais aussi régenter la sphère intime de leurs relations, voire leur vie sexuelle.
Le verdict très sévère du tribunal vous-a-t-il surprises ? Que pensez-vous de ces accusations de « hooliganisme » et « d’incitation à la haine religieuse » ?Nous avons été surprises, mais jusqu’à un certain point seulement. Quand nous avons vu toute la série de lois répressives votées l’été dernier, nous avons compris que les mesures prises contre nous n’étaient qu’un élément de l’arsenal répressif dirigé contre toute personne ayant une velléité d’opposition en Russie. Et plus nous nous sommes rapprochées du jugement, plus tout cela semblait logique. Du coup, quand le verdict a été prononcé, nous y étions préparées. Mais bien sûr, ce jugement reste révoltant. Il n’y a pas la moindre trace de haine religieuse ni dans le clip ni dans notre action dans l’église. C’est au contraire le gouvernement qui n’a cessé de mettre de l’huile sur le feu pour attiser un climat de haine autour de nous.  
Comment l’opinion publique russe a-t-elle réagi à cette affaire ?Nous vivons une époque particulière en Russie, les gens n’osent plus exprimer leurs opinions à voix haute.  Le conformisme et la crainte règnent. Les médias n’ont pas voulu prendre le risque de nous soutenir. On assiste à une  évolution des médias, au retour de la censure et surtout de l’autocensure. Nous avons subi une campagne de dénigrement, on a raconté dans certaines émissions de télévision que nous étions des blasphématrices et que nous nous livrions à des orgies dans les églises. En fait, même si beaucoup n’approuvent pas notre performance dans l’église, ils pensent qu’une condamnation à deux ans de camp est bien trop lourde et cruelle. La plupart sont d’accord avec nous sur le fond. Même mes amis croyants orthodoxes n’aiment pas ce que devient l’Eglise aujourd’hui et sont très critiques au sujet de cette alliance avec le pouvoir.
Assiste-t-on dans la société russe à l’émergence d’une classe moyenne aspirant au changement et à plus de démocratie ?Je ne suis pas une spécialiste des questions sociales et économiques, mais ce que je vois à Moscou, c’est d’un côté une population qui survit à peine, et de l’autre ceux qui mènent grand train, et entre les deux le fossé est énorme. Les mécanismes de promotion sociale sont ici très différents, moins transparents et accessibles que ceux des pays occidentaux.
Quelle est la place de l’opposition, de la société civile, aujourd’hui ?Le temps des manifestations et des meetings est passé, une accalmie lui a succédé, mais cela peut très bien être le calme avant la tempête. La société civile existe, mais elle est écrasée par le pouvoir. Les personnalités qui ont pris la tête des mouvements d’opposition sont sans cesse en butte à des attaques des médias officiels. En ce moment, la situation en Russie est imprévisible. Le pouvoir agit de façon incompréhensible. Des rumeurs circulent sur l’état de santé de Poutine. Des journalistes qui l’ont approché disent qu’il a du mal à marcher. Tout le monde en parle, personne ne sait au juste ce qu’il en est. Il est difficile de prédire l’avenir, cela peut aussi bien aller vers un dégel que vers un durcissement du régime.
Regrettez-vous ce qui s’est passé ? Quel bilan retirez-vous de votre histoire ?Tout ce que nous avons fait ne l’a pas été en vain. Nous avons touché un point sensible de la société russe, l’absence de critique du pouvoir. Nous avons rendu visible le problème des droits des femmes et de l’inégalité entre les hommes et les femmes, qui d’après nous est le fondement de la répression sociale. L’Etat a montré qu’il perçoit notre action féministe comme un danger, et cela confirme ce que nous pensions.
Envisageriez-vous de quitter la Russie ?Je n’ai pas le désir de partir. Je suis née ici, les difficultés de mon pays me concernent et j’ai un rôle à jouer par le biais de ma pratique artistique. Je ne vois pas pour l’instant de menaces telles qu’elles m’obligeraient à quitter mon pays. 
(1) adoptée en première lecture à la Douma le 25 janvier.

Des lois liberticides en série
Depuis le retour de Vladimir Poutine à la présidence en mai 2012 et le mouvement de manifestations qui l’a accompagné, les lois liberticides se succèdent en Russie et la répression s’accentue. « En 2012, le Kremlin s’est lancé dans des répressions de grande ampleur contre la société civile jamais atteintes dans l’histoire de la Russie post-soviétique », a indiqué le directeur pour l’Europe et l’Asie centrale de Human Rights Watch, Hugh Williamson, à l’occasion de la publication du rapport annuel de l’ONG. Une série de lois liberticides ont été adoptées ces derniers mois au Parlement russe, très largement dominé par le parti pro-Poutine Russie unie. L’une d’entre elles oblige les ONG russes à se déclarer « agents de l’étranger », pour peu qu’elles reçoivent des subventions étrangères. Une autre loi prévoit des amendes pouvant aller jusqu’à 25 000 € pour les organisateurs ou participants à des manifestations, et va jusqu’à envisager de mettre à la disposition des militants des « parcs à manifestation ». Côté liberté de la presse, la situation empire. Sous prétexte de protection des enfants, des amendements à la loi sur l’information instaurent une liste noire des sites Internet censés présenter des contenus nocifs pour les jeunes. Egalement votée en 2012, la repénalisation du délit de diffamation : les amendes pourraient s’élever jusqu’à 125 000 €.  De quoi réduire au silence les derniers médias indépendants du pouvoir.
Parcours1982 - Naissance à Moscou, Russie2005 - Diplômée de physique21 février 2011 - Prière à l’église Christ-Saint-Sauveur à Moscou17 août 2012 - Procès des trois jeunes femmes