vendredi 23 septembre 2011

Retraite :rappel de notre article cfdt mpm du 5 juillet 2011. les français ont le régime le plus pénalisant ..!

 

Un départ en retraite très différent selon les pays

France

·                            Age minimum: 62  ans (*)
·                            Durée de cotisation: 40,5 ans pour un taux plein (*)
·                            Taux plein (a): à 67 ans
·                            Sortie du marché du travail: à 59,3 ans en moyenne (2008)
·                            Liquidation des droits (b): à 60,2 ans en moyenne en 2004; à 61,5 ans en 2009
·                            (*): l'âge minimum passe à 62 ans d'ici à 2018, l'âge du taux plein à 67 ans et la durée de cotisation sera portée à 41,5 ans en 2020

Allemagne

·                            Age minimum: 63 ans
·                            Durée de cotisation: 35 ans
·                            Taux plein (a): à 65 ans
·                            Sortie du marché du travail: à 61,7 ans en moyenne (2008)
·                            Liquidation des droits (b): à 63,2 ans en moyenne en 2006 (60,7 ans avec les dispositifs d'invalidité)
·                            Réforme en cours: l'âge du taux plein passera de 65 à 67 ans d'ici à 2029. L'âge minimum reste inchangé et il sera toujours possible de partir à 65 ans sans décote avec 45 ans de cotisation

Espagne

·                            Age minimum: 65 ans
·                            Durée de cotisation: 15 ans minimum et 35 ans pour une retraite à taux plein
·                            Taux plein (a): à 65 ans
·                            Sortie du marché du travail: à 62,9 ans en moyenne (2008)
·                            Liquidation des droits (b): à 62,9 ans en moyenne (2006)
·                            Réforme en cours: l'âge minimum va être porté à 67 ans avec 25 ans de cotisation minimum d'ici à 2025

Pays-Bas

·                            Age minimum: 65 ans, ou 63 ans si 40 ans de cotisation à un fonds de pension
·                            Durée de cotisation: 50 ans de résidence
·                            Taux plein (a): à 65 ans
·                            Sortie du marché du travail: 63,2 ans en moyenne (2008)
·                            Liquidation des droits (b): à 65 ans en moyenne
·                            Réforme en projet: l'âge minimum va être porté à 67 ans d'ici à 2025

Royaume-Uni

·                            Age minimum: 65 ans pour les hommes, 60 ans pour les femmes.
·                            Durée de cotisation: 44 ans pour les hommes et 39 ans pour les femmes
·                            Taux plein (a): à 65 ans pour les hommes, 60 pour les femmes
·                            Sortie du marché du travail: à 63,1 ans en moyenne (2008)
·                            Liquidation des droits (b): à 62,3 ans en moyenne (2006)
·                            Réforme en cours: l'âge minimum va être porté à 68 ans d'ici à 2046, mais la durée de cotisation passe à 30 ans

Danemark

·                            Age minimum: 65 ans, ou 60 ans grâce au plan d'épargne retraite anticipée
·                            Durée de cotisation: 40 ans de résidence
·                            Taux plein (a): à 65 ans
·                            Sortie du marché du travail: à 61,3 ans en moyenne (2008)
·                            Liquidation des droits (b): 61,9 ans en moyenne (2006)
·                            Réforme en cours: l'âge minimum va être porté à 67 ans (62 ans avec le plan d'épargne retraite anticipée) d'ici à 2027
Compensations
Les Français ne sont donc pas aussi privilégiés qu'on le dit. Et si le gouvernement mène à bien sa réforme en rehaussant de deux ans à la fois l'âge d'ouverture des droits à la retraite et celui d'obtention d'une pension complète (soit respectivement à 62 et 67 ans), notre système deviendrait même l'un des plus durs d'Europe. Notamment en raison de la durée très élevée de cotisation requise: 40,5 ans aujourd'hui et 41,5 ans en 2020…
En effet, la plupart des pays qui ont décidé de relever les seuils d'âge compensent ce durcissement par des durées de cotisation inférieures. Le Royaume-Uni n'exige désormais que 30 ans de cotisations (contre précédemment 44 ans pour les hommes et 39 ans pour les femmes), l'Espagne se contente de 15 ans de cotisations minimums et de 35 ans pour une pension complète, et les Pays-Bas demandent 50 ans… de résidence dans le pays. Autrement dit, dans la plupart des autres pays, les personnes ayant eu des carrières incomplètes sont moins pénalisées qu'en France. Les Français, eux, s'apprêtent à combiner hausse des âges minimaux et durée élevée de cotisation: ils appuient sur les deux pédales en même temps! Seuls les Allemands envisagent d'ici à 2029 un dispositif plus dur, avec un âge de pension complète à 67 ans, ou à 65 ans pour ceux qui auront cotisé… 45 ans.
Les comparaisons européennes sont encore plus fragiles si l'on considère les nombreuses dérogations aux âges minimaux qui ont été aménagées dans les différents systèmes. En Espagne, par exemple, certaines professions peuvent ainsi profiter de départs anticipés: cheminots, marins, mineurs… Par ailleurs, des dispositifs d'invalidité abritent parfois une part significative des seniors à l'approche de la retraite, selon l'enquête Share: 9,6% des 50-65 ans au Royaume-Uni, 12,9% aux Pays-Bas, 15,8% au Danemark, contre seulement 3,9% en France en 2004. L'Espagne propose également des retraites anticipées aux salariés mutualistes ainsi qu'aux licenciés économiques et aux chômeurs de longue durée ayant 30 ans de cotisation. Résultat: en dépit de la volonté politique affichée, un quart des nouveaux retraités espagnols liquident leurs droits avant 60 ans.
Contournements
La plupart des pays d'Europe ont essayé de limiter au maximum ces possibilités de départ anticipé. Mais des stratégies de contournement se sont rapidement mises en place. Aux Pays-Bas, le gouvernement a ainsi créé en 2006 le levensloopregeling (régulation du cycle de vie). Ce compte épargne-temps permet aux salariés de mettre de côté une partie de leur salaire pour bénéficier d'un congé sabbatique le moment venu. Depuis, ce mécanisme est massivement utilisé comme une préretraite qui ne dit pas son nom. Les employés peuvent ainsi capitaliser l'équivalent d'un congé payé de 2,1 ans à plein salaire, ou encore d'un congé de trois ans si l'on se contente de 70% de son ancien salaire. De quoi faire la jointure entre la cessation d'activité et la retraite sans trop entamer sa pension.
Au Danemark, c'est l'Efterløn qui joue ce rôle. Ce plan d'épargne retraite permet de quitter la vie active jusqu'à cinq ans avant l'âge légal, soit à 60 ans au lieu de 65 ans. Ce dispositif optionnel est géré par les caisses d'assurance chômage et subventionné par des exonérations fiscales. Au titre de ce plan, une personne qui a cotisé pendant trente ans a versé de sa poche l'équivalent de 13 800 euros une fois retranchées les déductions fiscales. En échange, s'il part à 60 ans (soit cinq ans avant l'âge légal), il perçoit pendant ces cinq années un salaire annuel de 23 900 euros. Le dispositif est tellement intéressant qu'il a probablement entraîné la baisse de l'âge de sortie du marché du travail constatée au Danemark: de 64 ans en moyenne en 2000, il est en effet tombé à 61,3 ans en 2008. Une situation pour le moins paradoxale dans un pays qui en théorie veut repousser à 67 ans l'âge minimal de la retraite.
Surcoût des retraites pour les finances publiques, en points de PIB
Cet écart important entre âge de départ en retraite et âge de cessation d'activité n'est cependant pas une particularité danoise. Un peu partout en Europe, on cesse de travailler avant l'heure de la pension complète et même parfois avant l'âge de l'ouverture des droits: à 59,3 ans en France en moyenne, 61,7 ans en Allemagne, 62,9 ans en Espagne, 63 ans au Royaume-Uni en 2008, etc. Selon les chiffres de l'OCDE, en Allemagne, au Royaume-Uni ou en Espagne, il s'écoule ainsi en moyenne entre deux et trois ans entre le moment où les personnes quittent le marché du travail et le moment où elles peuvent officiellement faire valoir leurs droits à la retraite.
Les comparaisons internationales doivent donc être maniées avec prudence. D'autant qu'il faut également tenir compte des différences importantes en termes d'équilibre démographique. Des pays dont les taux de fécondité sont particulièrement bas, comme l'Allemagne, devront faire face à des déséquilibres préoccupants d'ici à quinze ans. En revanche, des pays dont la natalité est plus robuste auront de moindres besoins. C'est le cas de la France. Si l'on considère l'effort que vont devoir réaliser les différents Etats européens pour financer leur système de retraite dans les vingt ans qui viennent, les montants sont souvent plus limités en France qu'ailleurs.
Taux de remplacement net* en 2046 (en%) et écart 2006-2046 (en points de%)
Cela ne suffit pas, bien sûr, à évacuer la nécessité de réformer le système français. Mais plusieurs conditions s'imposent. En particulier une réelle prise en compte de la pénibilité des tâches et des carrières longues. Il faudrait aussi que la situation s'améliore sur le marché du travail. Non seulement nous en sommes loin, mais l'augmentation récente du chômage chez les seniors rend l'exercice particulièrement périlleux. Dans un tel contexte, la réforme risque de se traduire par un report de charge sur l'assurance chômage et, à terme, par une baisse des

Aucun commentaire: