CRISE. "Oui, les contribuables paieront"
Publié le 10-09-11 à 14:06 Modifié à 14:26 par Donald Hebert Réagir
La démission du chef économiste de la Banque centrale européenne fait trembler l'institution et menace l'euro sur les marchés. Eclairage de Bruno Cavalier, chef économiste chez Oddo Securities.
Jürgen Stark, ex-chef économiste de la Banque centrale européenne (AFP/Ferec Isza)
Le chef économiste de la Banque centrale européenne (BCE) vient de démissionner. Que se passe-t-il à la BCE ?
Un certains nombre d'actions de la BCE ont fait l'objet de critiques de la part des Allemands les plus "orthodoxes". Déjà en février, Axel Weber, l'ancien patron de la Bundesbank, avait fait part de son désaccord sur le rachat d'obligations grecques, irlandaises et portugaises. Il avait également démissionné de la BCE. Le départ de Jürgen Stark montre que ce débat continue.
Pourquoi sa démission intervient-elle maintenant ?
On est passé cet été dans une autre dimension de la crise de la dette européenne, et pour stopper la contagion, la BCE a dû racheter des titres espagnols et surtout italiens (des dettes bien plus importantes que la Grèce). Dans le contexte actuel de marché, Jürgen Stark se dit peut-être que la BCE est tombée dans un engrenage.
Cela présage-t-il de mauvaises nouvelles pour la BCE ?
Avec ou sans Jürgen Stark, la BCE reste à la manœuvre dans les périodes de fortes tensions. N'oublions pas que les personnes très orthodoxes, c'est-à-dire qui sont opposées au rachat de dettes souveraines, sont ultra-minoritaires au sein de l'institution. Jürgen Stark va certainement être remplacé par un Allemand un peu plus ouvert aux solutions envisagées par les Européens pour sauver l'euro. Et ce n'est pas forcément plus mal.
La BCE peut-elle faire faillite ?
Non, il est important de comprendre que la banque centrale n'est pas une banque commerciale. Elle jouit d'un droit spécial : celui de créer de la monnaie. Elle pourrait ne pas avoir de capitaux propres. Cela étant, elle peut enregistrer des pertes puisque, dans cette crise, elle a entrepris de racheter des titres dont la valeur baisse. Si tel est le cas, elle devra faire appel à ses actionnaires, les banques centrales des Etats de la zone euro, qui devront la renflouer.
Ce sont donc l’ensemble des contribuables qui vont payer les pertes de certains pays ?
Si l'on considère que l'argent de l'Etat, à travers l'impôt, est celui des contribuables, alors oui, s'il y a besoin d'une recapitalisation, les contribuables paieront. Mais il ne faut pas oublier que si la BCE n'était pas intervenue, certains Etats européens auraient eux déjà fait faillite. D'ailleurs, je n'ai entendu aucun responsable politique en poste se plaindre de l'action de la BCE depuis un an demi. La responsabilité des Etats est engagée dans le choix qu'ils ont fait pour venir en aide à la Grèce, et il paraît normal que leur budget en soit affecté si ce choix se révélait être le mauvais.
Pensez-vous que la BCE va devoir être recapitalisée ?
Difficile de savoir. On sait qu'elle a acheté pour 125 milliards d'euros de dette grecque, portugaise, irlandaise, espagnole et italienne. Mais on ne sait pas à quel prix elle a acheté chaque titre. Difficile donc de savoir s'il va y avoir des pertes.
Combien l'Etat français devrait débourser si la BCE devait se recapitaliser par exemple de 100 milliards d'euros ?
Ce chiffre est fantaisiste à mon avis. Le capital actuel de la BCE est de 5 milliards et la France en détient 20%, ce serait donc sa participation.
Donald Hébert - Le Nouvel Observateur
Un certains nombre d'actions de la BCE ont fait l'objet de critiques de la part des Allemands les plus "orthodoxes". Déjà en février, Axel Weber, l'ancien patron de la Bundesbank, avait fait part de son désaccord sur le rachat d'obligations grecques, irlandaises et portugaises. Il avait également démissionné de la BCE. Le départ de Jürgen Stark montre que ce débat continue.
Pourquoi sa démission intervient-elle maintenant ?
On est passé cet été dans une autre dimension de la crise de la dette européenne, et pour stopper la contagion, la BCE a dû racheter des titres espagnols et surtout italiens (des dettes bien plus importantes que la Grèce). Dans le contexte actuel de marché, Jürgen Stark se dit peut-être que la BCE est tombée dans un engrenage.
Cela présage-t-il de mauvaises nouvelles pour la BCE ?
Avec ou sans Jürgen Stark, la BCE reste à la manœuvre dans les périodes de fortes tensions. N'oublions pas que les personnes très orthodoxes, c'est-à-dire qui sont opposées au rachat de dettes souveraines, sont ultra-minoritaires au sein de l'institution. Jürgen Stark va certainement être remplacé par un Allemand un peu plus ouvert aux solutions envisagées par les Européens pour sauver l'euro. Et ce n'est pas forcément plus mal.
La BCE peut-elle faire faillite ?
Non, il est important de comprendre que la banque centrale n'est pas une banque commerciale. Elle jouit d'un droit spécial : celui de créer de la monnaie. Elle pourrait ne pas avoir de capitaux propres. Cela étant, elle peut enregistrer des pertes puisque, dans cette crise, elle a entrepris de racheter des titres dont la valeur baisse. Si tel est le cas, elle devra faire appel à ses actionnaires, les banques centrales des Etats de la zone euro, qui devront la renflouer.
Ce sont donc l’ensemble des contribuables qui vont payer les pertes de certains pays ?
Si l'on considère que l'argent de l'Etat, à travers l'impôt, est celui des contribuables, alors oui, s'il y a besoin d'une recapitalisation, les contribuables paieront. Mais il ne faut pas oublier que si la BCE n'était pas intervenue, certains Etats européens auraient eux déjà fait faillite. D'ailleurs, je n'ai entendu aucun responsable politique en poste se plaindre de l'action de la BCE depuis un an demi. La responsabilité des Etats est engagée dans le choix qu'ils ont fait pour venir en aide à la Grèce, et il paraît normal que leur budget en soit affecté si ce choix se révélait être le mauvais.
Pensez-vous que la BCE va devoir être recapitalisée ?
Difficile de savoir. On sait qu'elle a acheté pour 125 milliards d'euros de dette grecque, portugaise, irlandaise, espagnole et italienne. Mais on ne sait pas à quel prix elle a acheté chaque titre. Difficile donc de savoir s'il va y avoir des pertes.
Combien l'Etat français devrait débourser si la BCE devait se recapitaliser par exemple de 100 milliards d'euros ?
Ce chiffre est fantaisiste à mon avis. Le capital actuel de la BCE est de 5 milliards et la France en détient 20%, ce serait donc sa participation.
Donald Hébert - Le Nouvel Observateur
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