Le redémarrage de Fessenheim 2 est repoussé au printemps. Gravelines 5, Bugey 5 et Paluel 2 subissent des arrêts de durée exceptionnelle.
Les « irrégularités » des dossiers de fabrication de l'usine Areva du Creusot pèsent lourd sur les arrêts de réacteurs. A Fessenheim, EDF vient de reculer la date espérée de redémarrage du réacteur numéro 2 de la centrale alsacienne de plusieurs mois, à la fin mars 2017. Le réacteur a été arrêté mi-juin par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), dans la foulée de la découverte des falsifications de documents à l'usine Areva du Creusot - une pièce de l'un des générateurs de vapeur du réacteur n'a pas été forgée dans les règles. EDF estime qu'il faudra encore plusieurs mois pour démontrer que la pièce reste recevable. « Nos premiers tests sont très bons, et la date de fin mars nous paraît raisonnable », explique Philippe Sasseigne, directeur du parc en exploitation d'EDF.
Investigations d'EDF
A Gravelines (Nord), le réacteur numéro 5, à l'arrêt depuis avril pour sa visite décennale, ne devrait pas redémarrer avant la fin mars 2017. A l'occasion de la livraison des nouveaux générateurs de vapeur fabriqués par Areva, des « écarts » ont été trouvés dans les dossiers. Pour que l'ASN délivre son autorisation de les installer, « nous devons démontrer que cela n'affecte pas la robustesse des équipements », explique Philippe Sasseigne. A cela s'ajoutent les investigations qu'EDF doit mener sur 18 réacteurs après la suspicion de défauts sur l'acier. « A date, 8 tranches ont été contrôlées et ont eu le feu vert de l'ASN. Cinq autres sont à l'arrêt et poursuivent les contrôles et il en restera cinq à faire entre la fin 2016 et le début 2017 », poursuit Philippe Sasseigne.
Au-delà des suites du dossier du Creusot, EDF doit aussi gérer la remise en état du réacteur numéro deux de la centrale de Paluel (Seine-Maritime), mis à l'arrêt en mai 2015 pour sa troisième visite décennale,. Les problèmes se sont enchaînés, jusqu'à la chute d'un générateur de vapeur de près de 500 tonnes dans le bâtiment du réacteur. Six mois après l'accident, EDF vient de confier le chantier de sortie du générateur de vapeur à l'américain Westinghouse et au néerlandais Mammoet.
Problème administratif
Ce très long arrêt pose au passage un problème administratif inédit : la loi de transition énergétique prévoit désormais que, « si une installation nucléaire de base cesse de fonctionner pendant une durée continue supérieure à deux ans, son arrêt est réputé définitif ». Le gouvernement peut toutefois proroger cette durée de trois ans, par « arrêté motivé pris après avis de l'Autorité de sûreté nucléaire ». EDF prépare déjà sa demande. A la centrale du Bugey (Ain), c'est un défaut d'étanchéité de l'enceinte de confinement du réacteur numéro 5 qui empêche son redémarrage. A l'arrêt depuis août 2015, le réacteur est jugé indisponible jusqu'à la fin février 2017. Une date « sans doute » optimiste, juge l'ASN.
Tout cela va peser sur la performance du parc tricolore, qui s'était redressée après un dérapage en 2012 et 2013. Au premier semestre, la production nucléaire d'EDF en France a baissé de 2,5 % par rapport au premier semestre 2015, avec un impact négatif de 161 millions d'euros sur l'Ebitda du groupe. Pour l'ensemble de l'année, le groupe a révisé en baisse son objectif de production nucléaire de 3 %, entre 395 et 400 térawattheures.
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