dimanche 18 septembre 2016

Débat Martinez (CGT), Berger (CFDT) et Sanubot (Medef):"Tous ont.... regretté que la campage présidentielle, entamée récemment avec les primaires de la droite, ne mette pas les questions d’emploi et de social au premier plan. « On doit sortir de ce débat nauséabond où on divise les gens en fonction de leur couleur de peau et de leur religion. Ce début de campagne sent mauvais », a ainsi tonné M. Martinez. « On n’entend pas assez parler de la transition écologique, de la transformation numérique, il faut donner une vision du progrès », a ajouté Laurent Berger avant de rappeler que les élections n’étaient que dans sept mois. « Entre-temps, les gens en bavent. Il y a un grand danger à ne rien faire. La vie des gens ne s’arrête pas en attendant 2017 »


LE MONDE | • Mis à jour le

Ces deux-là se sont rarement retrouvés côte à côte ces derniers mois. Dimanche 19 septembre, Le Monde a réuni, dans le cadre du Monde festival, Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, ainsi que Laurent Berger, patron de la CFDT pour un débat autour de la possibilité, ou non, de mener à bien des réformes en France. A leurs côtés, Alexandre Saubot, président de l’IUMM et du pôle social du Medef, était, lui, invité à donner le point de vue du patronat sur ce thème, devenu central après plusieurs mois de contestation contre la loi travail, promulguée le 9 août.

« Nous sommes favorables à ce qu’il y ait des réformes, a commencé M. Martinez assis à la gauche des intervenants, il y en a toujours eu. La question, c’est plutôt : “permettent-elles une amélioration de la situation des travailleurs ou à l’inverse une dégradation ?” » Or, selon le syndicaliste, les réformes « se traduisent depuis quelque temps par une dégradation des conditions de travail et elles n’ont pas su régler les grandes questions qui nous préoccupent, comme celle du chômage. »
En réponse, M. Saubot a préféré s’interroger sur ce qu’est une réforme. Citant le dictionnaire Larousse, il a indiqué qu’il s’agissait d’un « changement profond et radical » qu’il faudrait conduire pour en finir avec le chômage : « Nous ne pouvons pas nous contenter du statu quo, la priorité, c’est l’emploi. Nous devrions juger toutes les réformes à l’aune des créations d’emplois qu’elles permettent. »

« Une réforme se fait à deux partenaires »

Laurent Berger a, quant à lui, insisté sur la nécessité d’avoir « une meilleure vision du progrès » pour conduire les réformes nécessaires. Connu pour son soutien à l’article 8 de la loi travail (ex-article 2) qui consacre la primauté des accords d’entreprise sur les accords de branche en matière de temps de travail, M. Berger pense que, pour mener une réforme, il faut laisser « plus de place à la négociation collective, mais au plus près de là où ça se passe ». Comprendre : dans l’entreprise. « Evidemment que les rapports sont rudes et que les divergences sont fortes, mais il faut discuter », a-t-il affirmé.
Pour les mener à bien, M. Saubot estime qu’il faut donner du sens aux réformes, les expliquer. « Les partenaires sociaux ont une part de responsabilité dans l’incompréhension des réformes, nous sommes trop souvent dans la posture. » Fidèle à sa position et à sa lutte contre la loi travail, le secrétaire général de la CGT a, lui, prévenu : « Une réforme se fait à deux partenaires, on tente de plus en plus d’imposer aux salariés et aux syndicats des accords qui ne sont que dans l’intérêt économique des patrons. »

« Le gouvernement a été mauvais »

Tous ont critiqué la manière dont le gouvernement a agi pour faire passer la loi travail. « Le gouvernement a été mauvais et s’est tout de suite pris les pieds dans le tapis », a lancé Laurent Berger. Une analyse partagée par Alexandre Saubot : « La manière dont les choses ont été mises sur la table a été trop rapide. Sans beaucoup de concertation… »
Pour le reste chacun est resté sur ses positions, maintes fois répétées ces derniers mois. Ainsi M. Martinez a, à nouveau, regretté l’inversion de la hiérarchie des normes qui risque de provoquer, selon lui, du dumping social. Face à lui, M. Berger a rappelé que, selon lui, c’était « au plus près de l’entreprise qu’on progresse ».
« Les salariés sont d’accord pour donner leur avis, mais il y a des questions qu’on ne leur pose pas, qui sont interdites, comme celles entourant la stratégie d’une entreprise. Tous les salariés, même les précaires sont attachés à leur entreprise (…), je ne diabolise pas l’entreprise », a affirmé M. Martinez avant de poursuivre, toujours à propos de la loi travail : « Quand un projet de loi est mauvais, il faut le contester. »

« La vie des gens ne s’arrête pas en attendant 2017 »

Invité, comme les autres intervenants, à réagir sur le bilan du quinquennat de François Hollande, le secrétaire général de la CGT a estimé qu’il n’y avait eu aucune bonne réforme. M. Berger a, pour sa part, répondu que la pire était, pour lui, « la tentative d’instaurer la déchéance de nationalité ». Alexandre Saubot a, en revanche, tenu à saluer le pacte de responsabilité, créateur d’emplois, selon lui.
Tous ont, cependant, regretté que la campagne présidentielle, entamée récemment avec les primaires de la droite, ne mette pas les questions d’emploi et de social au premier plan. « On doit sortir de ce débat nauséabond où on divise les gens en fonction de leur couleur de peau et de leur religion. Ce début de campagne sent mauvais », a ainsi tonné M. Martinez. « On n’entend pas assez parler de la transition écologique, de la transformation numérique, il faut donner une vision du progrès », a ajouté Laurent Berger avant de rappeler que les élections n’étaient que dans sept mois. « Entre-temps, les gens en bavent. Il y a un grand danger à ne rien faire. La vie des gens ne s’arrête pas en attendant 2017 ». A bon entendeur.

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