mercredi 11 janvier 2012

Seafrance, mille sabords!

En refusant tout négociation avec un repreneur privé, les délégués de la CFDT ont au moins réussi à voir gonfler leurs primes de lienciement. Chapeau bas...


Judicieux choix jusqu’au bout ! Comme une semaine plus tôt, la très exotique CFDT Sea France avait choisi d’affréter 5 autocars estampillés Veolia Transport pour acheminer depuis Calais ses adeptes au tribunal de commerce de Paris. Une société qui n’existe virtuellement plus pour trimballer les salariés d’une boîte promise au naufrage : autant utiliser un corbillard pour conduire 300 à 400 personnes à l’échafaud… 

Car perclus de dettes après l’épisode Messier et la gestion Proglio, Veolia Environnement a annoncé fin 2011 lâcher le transport. Il va céder ses 50 % dans Veolia Transdev, géant qu’elle a eu un mal fou à faire accoucher avec la Caisse des dépôts. A Sea France, le miracle ne s’est évidemment pas produit. Lundi 9 janvier, le tribunal a prononcé la cessation d’activité de la boîte qui emploie 1010 salariés, aux 880 Français s’ajoutant en effet quelque 130 salariés de la filiale anglaise. 

Quand la stratégie du désastre s’avère payante 


Un magnifique couronnement de la stratégie du désastre des leaders de la CFDT locale : tout d’abord le retraité Didier Capelle qui aime jouer les Don Corleone du calaisis. A un journaliste qui lui demande ce qu’on risque si on écrit des choses qui lui  déplaisent, Capelle répond d’un mystérieux  « ça dépend». Ensuite son alter ego, le secrétaire du CE de la compagnie, Eric Vercoutre, «un  sanguin très bon quand il arrive à se contrôler mais qui est connu pour son usage de la force physique », détaille un confrère. 

Même pas Scop!

Contre toute raison, le duo a fait barrage ces derniers mois au dernier projet de reprise, – 500 à 600 personnes auraient pu être réemployées par l’armateur le Danois DFDS allié au Français Louis Dreyfus Armateur, cousin de Robert,   feu le patron de l’OM. Motif officiel : « ils reprenaient une partie du personnel aux conditions de travail Sea France mais au bout de 15 mois ils imposaient un autre mode de travail et pouvaient écrémer une partie du personnel », se plaint un marin.

Surtout pour garder la main sur la boîte et ses comptes, dont la presse soupçonne qu’une partie alimente le train de vie du syndicat maison, Capelle et Vercoutre ont soutenu mordicus le projet de reprise de Sea France par une société coopérative ouvrière. Laquelle désargentée n’a bien sûr pas séduit les juges consulaires parisiens. 


Autribunal de commerce le premier triomphait devant des militants encore sous hypnose. « On n’a jamais baissé pavillon ! ». Et d’entretenir la flamme en espérant l’aide inattendue de l’ennemi intime des compagnies de ferries de Calais, et auquel une partie de la population, de tradition portuaire, est hostile. «La coopérative va demander à Eurotunnel de s’intéresser aux actifs de Sea France » a-t-il annoncé. 
Un comble, les syndicalistes ont donc mordu à l’hameçon lancé dans le détroit par le rusé patron du tunnel sous la Manche, Jacques Gounon. Lequel a proposé qu’Eurotunnel rachète les bateaux de Sea France et les loue à prix d’amis à la coopérative. 

Le baise(u sic !)r du tueur Gogotunnel

«C’est le baiser du tueur, une façon de faire durer le plaisir », analyse un dirigeant de la SNCF, jusqu’alors actionnaire à 100% de Sea France. Evidemment, Gounon pratique le billard à trois bandes. Sous prétexte de sauver un pavillon français, l’intérêt d’Eurotunnel est de maintenir face à l’anglais P&O – le principal concurrent du tunnel -  un challenger maritime direct qui l’oblige à se bagarrer sur les prix. 
En tous cas, la stratégie désastreuse des capitaines CFDT de Sea France s’avère payante. 

Depuis des mois, l’Etat est au petit soin pour les quelque 800 salariés français de cette boîte folle. Le ministre des transports Mariani, sa supérieure NKM – qui se rend à Calais mardi 10 pour étudier les solutions Eurotunnel, Louis Dreyfus et société coopérative - et leur cabinet ont consacré des heures au dossier Sea France, y compris autour de Noël et du jour de l’an. Sans compter l’Elysée qui a tenu au moins deux sommets de crise et promet qu’aucun des quelques 800 ne restera sur le bord de la route.
Gaterie de l'Elysée

D’ailleurs, deux heures avant que la fin de Sea France soit prononcée, le conseil d’administration de la SNCF, entreprise d’Etat aux ordres de l’Elysée, a voté une belle gâterie : « le versement par SNCF, a annoncé celle-ci,  d’une somme d’un montant global estimé à 36 millions d’euros permettant de financer une indemnisation supra-légale exceptionnelle au bénéfice des salariés de SeaFrance qui seraient licenciés». 

Des as finalement ces troupes de Sea France ! L’armée des trois millions de chômeurs que compte la France rêve sans doute de mener ainsi en bâteau Sarkozy, ses ministres et les entreprises publiques.

1 commentaire:

KEVIN a dit…

des vrais militants sa vous choque les lèche bottes du patronat, pour info la scop fonctionne très bien.