Roms à Marseille : "il faut cesser cette chasse à l'homme"
Publié le 11-08-11 à 14:37 Modifié à 16:30 par Henri Rouillier 1 réaction
La centaine de Roms qui campaient depuis trois semaines à la Porte d'Aix a été expulsée ce jeudi matin par des CRS. Les associations sur place se mobilisent.
Fin juillet, Médecins du Monde avait appelé à un moratoire des expulsions à Marseille, et dénoncé le "harcèlement policier" dont était victime les Roms à leurs yeux. (c) AFP/Vincent Beaume
Le 11 août à 6h15, les Roms qui campaient depuis plus de trois semaines sur l’esplanade de la Porte d’Aix à Marseille ont été expulsés par une centaine de policiers et de CRS. Cette expulsion coïncide avec la validation par le tribunal administratif d’un arrêté municipal d’expulsion pris par la mairie de Marseille lundi dernier, prétextant un risque "de trouble grave à l’ordre public".
A 10h45, une cinquantaine de Roms expulsés de la porte d’Aix se sont dirigés vers l’esplanade de la cathédrale de la Major, au sud-est de leur ancien campement. Selon une bénévole de la Cimade de Marseille, jointe par "le Nouvel Observateur" vers 11h15, ils étaient en train d’être expulsés une nouvelle fois et se dirigeaient vers un troisième lieu.
Déplacer le problème ?
Bernard Eynaud, responsable de la fédération marseillaise de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) dénonce la mise en place d’"une chasse à l’homme" et invoque "un problème de responsabilité et de compétence du pouvoir politique".
Les solutions de relogement proposées par l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration après l’opération ont été acceptées par un petit nombre de familles, mais elles ont été immédiatement critiquées par le représentant de la LDH : "Ces lieux sont prévus pour des personnes désocialisées, ou qui ont des problèmes addictifs, ce qui n’est pas du tout le cas de ces familles. Il n’y a pas non plus de mixité dans des hébergements".
De la même manière, le responsable marseillais de la LDH tient à faire la lumière sur un certain nombre de préjugés propres aux populations roms, indiquant que "ce sont des populations originellement sédentaires, qui vivent ici en groupe parce qu’elles n’ont pas d’autres choix".
D’autre part, Bernard Eynaud insiste sur le fait qu’il faut "un engagement républicain de la part de la part de la mairie". En guise de solution, il propose "que la ville réquisitionne des espaces publics pour que les familles puissent s’installer, et que les associations puissent mettre en place une véritable aide sanitaire". Même point de vue pour la Cimade qui réclame « des places en centre d’accueil » adaptés comme il en existe "à Nantes, Argenteuil et Lille" pour que Médecins du Monde puisse poursuivre son action.
Dégradation de la situation sanitaire
Médecins du Monde, représenté par sa coordinatrice sur place Sandrine Labaume, mène une action d’ampleur auprès des roms de Marseille depuis plusieurs années. Elle s’inquiète de "l’augmentation des pathologies de la précarité » auprès de ces populations « qui sont de plus en plus vulnérables du fait des expulsions".
L’organisme international, qui est missionné pour le soin de ces pathologies dites "de précarité" que sont les maladies dermatologiques ou infectieuses, avait aussi lancé une première opération de vaccination au sein de la population expulsée – une opération qui ne peut être poursuivie du fait de la dispersion des familles dans toute la ville.
Un rassemblement prévu devant la mairie
Les associations s’accordent donc pour réclamer la mise à disposition d’endroits fixes pour ces Roms, indispensables pour rétablir à la fois une situation sanitaire convenable, "et pour que les enfants qui sont scolarisés le soient dans de bonnes conditions", ajoute Marie-Thérèse, bénévole de l’antenne marseillaise de la Cimade.
Un rassemblement est organisé par les associations jeudi 11 août devant la mairie à 18h, dans le but d’obtenir une entrevue avec le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin (UMP) – une entrevue qui doit permettre de discuter d’éventuelles solutions de relogement.
Le président PS de la région, Michel Vauzelle, a de son côté déclaré qu’il était "honteux et inacceptable d’expulser ces Roms sans accompagnement".
Henri Rouillier - Le Nouvel Observateur
A 10h45, une cinquantaine de Roms expulsés de la porte d’Aix se sont dirigés vers l’esplanade de la cathédrale de la Major, au sud-est de leur ancien campement. Selon une bénévole de la Cimade de Marseille, jointe par "le Nouvel Observateur" vers 11h15, ils étaient en train d’être expulsés une nouvelle fois et se dirigeaient vers un troisième lieu.
Déplacer le problème ?
Bernard Eynaud, responsable de la fédération marseillaise de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) dénonce la mise en place d’"une chasse à l’homme" et invoque "un problème de responsabilité et de compétence du pouvoir politique".
Les solutions de relogement proposées par l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration après l’opération ont été acceptées par un petit nombre de familles, mais elles ont été immédiatement critiquées par le représentant de la LDH : "Ces lieux sont prévus pour des personnes désocialisées, ou qui ont des problèmes addictifs, ce qui n’est pas du tout le cas de ces familles. Il n’y a pas non plus de mixité dans des hébergements".
De la même manière, le responsable marseillais de la LDH tient à faire la lumière sur un certain nombre de préjugés propres aux populations roms, indiquant que "ce sont des populations originellement sédentaires, qui vivent ici en groupe parce qu’elles n’ont pas d’autres choix".
D’autre part, Bernard Eynaud insiste sur le fait qu’il faut "un engagement républicain de la part de la part de la mairie". En guise de solution, il propose "que la ville réquisitionne des espaces publics pour que les familles puissent s’installer, et que les associations puissent mettre en place une véritable aide sanitaire". Même point de vue pour la Cimade qui réclame « des places en centre d’accueil » adaptés comme il en existe "à Nantes, Argenteuil et Lille" pour que Médecins du Monde puisse poursuivre son action.
Dégradation de la situation sanitaire
Médecins du Monde, représenté par sa coordinatrice sur place Sandrine Labaume, mène une action d’ampleur auprès des roms de Marseille depuis plusieurs années. Elle s’inquiète de "l’augmentation des pathologies de la précarité » auprès de ces populations « qui sont de plus en plus vulnérables du fait des expulsions".
L’organisme international, qui est missionné pour le soin de ces pathologies dites "de précarité" que sont les maladies dermatologiques ou infectieuses, avait aussi lancé une première opération de vaccination au sein de la population expulsée – une opération qui ne peut être poursuivie du fait de la dispersion des familles dans toute la ville.
Un rassemblement prévu devant la mairie
Les associations s’accordent donc pour réclamer la mise à disposition d’endroits fixes pour ces Roms, indispensables pour rétablir à la fois une situation sanitaire convenable, "et pour que les enfants qui sont scolarisés le soient dans de bonnes conditions", ajoute Marie-Thérèse, bénévole de l’antenne marseillaise de la Cimade.
Un rassemblement est organisé par les associations jeudi 11 août devant la mairie à 18h, dans le but d’obtenir une entrevue avec le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin (UMP) – une entrevue qui doit permettre de discuter d’éventuelles solutions de relogement.
Le président PS de la région, Michel Vauzelle, a de son côté déclaré qu’il était "honteux et inacceptable d’expulser ces Roms sans accompagnement".
Henri Rouillier - Le Nouvel Observateur
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