8 720 chômeurs sont obligés, sont obligés, dès cette année, de décaler leur départ à la retraite bien qu’ils aient cotisé suffisamment de trimestres. Ce nombre devrait augmenter fortement avec la mise en place progressive de la réforme.
On s’en doutait, et les premières estimations de l’Unédic viennent le confirmer : la réforme des retraites, et plus particulièrement le décalage de l’âge minimal pour pouvoir faire valoir ses droits, frappe de plein fouet les chômeurs âgés. Le décalage de quatre mois pour les salariés nés après le 30 juin 1951 empêcherait 8 720 chômeurs de partir à la retraite cette année – alors qu’ils ont cotisé un nombre suffisant de trimestres. Toujours selon l’Unédic, ils pourraient être 27 000 dans ce cas-là en 2012 si l’emploi des seniors ne s’améliore pas.
La situation est d’autant plus explosive que le gouvernement a supprimé – parallèlement à la réforme des retraites –, depuis le 1er janvier 2011, l’AER (allocation équivalent retraite), qui était versée jusqu’alors aux chômeurs ayant cotisé le nombre de trimestres permettant de bénéficier d’une retraite à taux plein mais qui n’avaient pas encore l’âge requis pour faire valoir leurs droits. Cette année, 30 000 personnes auraient pu bénéficier de ce dispositif… s’il n’avait été supprimé. « Depuis que nous avons appris la fin de l’AER, nous ne cessons d’interpeller le gouvernement afin qu’il revienne sur sa décision, explique le secrétaire national Laurent Berger. Il s’agit d’une mesure injuste et inacceptable pour la CFDT. »
Il est urgent de rétablir l'AER
« Il faut rétablir de toute urgence l’AER pour éviter que des chômeurs qui ont cotisé le nombre de trimestres requis doivent se contenter des minimas sociaux, poursuit le secrétaire national Jean-Louis Malys. Ce sont des personnes qui ont commencé à travailler jeunes et ont souvent eu des métiers pénibles. Il n’est pas normal de les laisser dans cette situation. » Selon l’Unédic, 1 480 personnes sont concernées en 2011, et elles pourraient être 4 500 en 2012 si l’AER n’est pas rétablie. « Nous voyons bien les limites de la réforme votée par le Parlement. Les dispositifs liés aux carrières longues ou à la pénibilité sont tellement restrictifs qu’ils ne concernent qu’un très petit nombre de salariés. »
Étrangement, la suppression de l’AER intervient donc au moment où ce dispositif pourrait atténuer les effets de la réforme s’agissant des chômeurs âgés. « Le gouvernement a durci notre système sans prévoir de mesures d’accompagnement pour les populations fragiles, conclut Jean-Louis. Nous en percevons aujourd’hui les premiers effets, et la situation risque d’empirer si des décisions ne sont pas prises à court, moyen et long termes dans l’optique de construire un système réellement plus juste et plus adapté à la réalité du monde du travail. »
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