Après avoir frôlé le krach, les Bourses mondiales semblaient retrouver un peu de sérénité mardi sur fond d'espoirs d'une intervention publique américaine pour soutenir la première puissance économique.
De Séoul à Paris en passant par Londres, les places financières soufflaient le froid et le chaud, affolées par des craintes d'une nouvelle récession aux Etats-Unis et d'une contagion de la crise de la dette en zone euro.
Au plus fort de la chute mardi, les marchés européens ont dévissé d'entre -4% et -6%, se rapprochant d'un krach boursier, considéré comme une chute brutale des Bourses d'au moins 20% en quelques jours ou de 10% sur une journée. Sur une semaine, Paris avait perdu plus de 13%, Londres un peu plus de 15% et Francfort près de 19%.
"Les gens agissent dans l'émotion au lieu de regarder la situation de manière rationnelle. C'est une panique générale", confiait Chris Weston, de chez IG Markets à Melbourne.
Mais à la mi-séance en Europe, les investisseurs ont subitement arrêté de liquider leurs titres, convaincus que la banque centrale américaine, qui se réunissait vers 14H00 GMT/16h00 HEC, devrait annoncer des mesures pour relancer la machine économique quelque peu grippée.
"C'est aux dirigeants politiques d'apporter les réponses adéquates pour apaiser les marchés. Jusqu'ici c'est insuffisant", convenait François Duhen, en référence aux assurances des G20 et G7 la veille d'agir de concert pour ramener le calme.
Le Premier ministre russe Vladimir Poutine a néanmoins réaffirmé mardi que la Russie était prête à intervenir sur les marchés en injectant des liquidités si nécessaire.
La tâche est délicate pour la Fed, qui va devoir jouer les équilibristes.
Comment en effet injecter des liquidités dans le système financier pour soutenir la croissance et éviter que les banques ne ferment le robinet du crédit, alors que les agences de notation fustigent le niveau trop élevé des déficits américains'
Les Etats-Unis ne disposent plus de "munitions politiques" pour relancer la croissance parce qu'ils sont engagés dans une austérité fiscale, lance, pessimiste, l'économiste Nouriel Roubini.
Reste que vers 14H10 GMT, la Bourse de New York avait rebondi après sa pire journée depuis décembre 2010. L'indice vedette, le Dow Jones, gagnait 1,66%.
Nombre de Bourses du Vieux Continent limitaient aussi la casse: Paris gagnait 0,18%, tandis que Londres perdait 0,39% et Francfort 1,21%. Milan (-1,31%) et Madrid (-1,61%), dont les gouvernements sont sous pression des investisseurs et des agences de notation, étaient en baisse, malgré la décision de la Banque centrale européenne (BCE) de racheter, sur le marché de gré à gré, leur dette publique. Les taux auxquels les deux pays empruntent ont beaucoup baissé.
"Dans des phases de tension extrême il est courant de voir de tels mouvements de montagnes russes", a commenté Renaud Murail, gérant d'actions chez Barclays Bourse.
En Asie on a également frôlé la catastrophe. La Bourse de Séoul a plongé de 10% en séance avant de finalement clôturer sur une note moins dramatique à -3,64%, son plus bas niveau depuis septembre 2010.
Hong Kong a fini à -5,66% et Tokyo a cédé 1,68%. Seule Bourse à surnager, Sydney, qui a gagné 1,2%, soutenue par "une chasse aux bonnes affaires".
Signe de la nervosité, les investisseurs se ruaient vers les placements financiers considérés comme sûrs. L'or a ainsi atteint un plus haut à 1772,09 dollars américains l'once.
Le prix du pétrole était stable, tandis que la monnaie unique européenne résistait, s'échangeant autour de 1,42 euro pour un dollar.
Depuis la crise financière de 2008, le comportement des investisseurs, particuliers comme professionnels (fonds d'investissements...), a sensiblement changé, selon les analystes. Ils n'hésitent plus à liquider leurs titres à la moindre alerte afin de protéger leur mise de départ.
Les investisseurs sont ainsi allergiques aux signes d'essoufflement de la croissance américaine, surtout après la dégradation historique de la note de crédit de la première puissance économique mondiale.
La zone euro ne parvient pas non plus de son côté à convaincre les investisseurs de sa volonté d'éviter une contagion de la crise de la dette publique qui menace d'emporter l'Italie et l'Espagne.
Face à cette méfiance, les responsables européens se sont de nouveau voulu rassurants.
Une réunion se tiendra "sans doute dans les premiers jours de septembre", a indiqué la ministre espagnole de l'Economie, Elena Salgado, sans pour autant en préciser l'ordre du jour.
L'Allemagne a proposé de son côté la création d'un "conseil de stabilité" pour accompagner les pays de la zone euro dans leurs réformes. Cette instance distribuerait aussi les bons et les mauvais points aux Etats membres.
Le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, a en outre appelé une nouvelle fois les gouvernements européens à "faire leur travail" concernant la réduction de leurs déficits, notamment Rome et Madrid.
Des difficultés financières de l'Italie et de l'Espagne, troisième et quatrième économies de la zone euro, précipiteraient l'implosion de l'euro, estiment les économistes.
Seule fausse note, l'Allemagne et la France, les deux piliers politiques de l'Union monétaire européenne, s'opposent sur une augmentation de la taille du Fonds d'aide européen (FESF) en cas d'appel au secours de Rome ou de Madrid.
Créé en 2010 pour venir en aide à la Grèce, à l'Irlande puis au Portugal, le FESF est actuellement doté de 750 milliards d'euros, mais avec une capacité effective de prêts de seulement 440 milliards d'euros, qui s'avéreraient insuffisants pour sauver l'Italie.
rp
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