Pourquoi Jean-Noël Guérini veut faire parler la poudre
« A Marseille on a déjà tourné la page Guérini, on est passé à l’après 8 septembre, et c’est Christophe Masse qui sera son successeur« . C’est ce que déclarait hier soir d’un air entendu le journaliste marseillais José D’Arrigo, sur le plateau de C dans l’air sur France 5 qui titrait son émission « Politique : ça défouraille à Marseille« .On le sait, D’Arrigo est un bon client de C Dans l’Air. Il balance, souvent à tort et à travers, toujours plein de lourds sous-entendus. Avec D’Arrigo Palerme n’est jamais loin. Mais il sait faire le show. C’est bon pour l’audience, et Calvi adore ça. Morceaux tweetés de l’émission d’hier soir. Sur la sécurité : » à Marseille, il faudrait un cow boy tous les 5 mètres, là où on a une majorette tous les 800 mètres » ; « Si j’ai un conseil à donner au nouveau Préfet de Police, c’est de virer tout le monde et de prendre des policiers, des vrais« .
Sur Gaudin : » il est du bois dont on fait les flûtes« . Même si la plus cruelle a été la journaliste politique du Monde Raphaëlle Bacqué : « la classe politique marseillaise est à bout de souffle, car soit on a des élus très âgés, soit ils sont impliqués dans des affaires… » Sous le regard consterné d’Yves Thréard du Figaro, présent lui aussi sur le plateau de France 5, et qui connait bien le maire de Marseille et le président du conseil général, qu’il a d’ailleurs plutôt ménagés : « il n’y a pas qu’à Marseille qu’il y a des affaires« , « je ne suis pas d’accord avec Raphaëlle, Marseille a beaucoup changé, regardez les Docks« .
Vu des fenêtres fumées d’un taxi entre Marignane au Vieux-Port sans doute, vu de la porte d’Aix c’est moins sûr. En tout cas si d’Arrigo nous a bien fait rire, en revanche pour Guérini, pas certain qu’il soit dans le vrai. Car JNG pourrait ne pas lâcher l’affaire au soir du 8 septembre, même si il est mis en examen, bien au contraire. Décryptage.
Jeudi noir…
« Il ne faut pas signer avant de voir le diable« , comme on dit en Corse. Guérini et ses avocats espèrent toujours pouvoir échapper au pire le jeudi 8 septembre prochain. Notamment sur la-si-terrible-mise en examen pour association de malfaiteurs. Ils vont tout faire pour essayer que le juge Duchaîne accorde à leur client un simple statut de témoin assisté sur ce volet de l’affaire. Dans cas, même si JNG était mis en examen pour le reste, c’est à dire la prise illégale d’intérêt et le trafic d’influence, il sortirait surement du bureau du juge en sifflotant « Oh la belle vie » du regretté Sacha Distel « oh la belle vie, on est seul, on est libre et l’on traine« . Un scénario néanmoins hautement improbable, car cela ne semble pas être le genre de la maison Duchaîne. Qui afin d’éviter tout coup fourré, et il en a déjà essuyé quelques uns, a fait en sorte de vérifier qu’il était pleinement soutenu par le Parquet.
Les spin-doctors de Guérini travaillent donc de leur côté sur le scénario d’un jeudi noir. Une mise en examen avec association de malfaiteurs, et derrière un lâchage en règle solférinien. Après LCI, Harlem Désir en remet d’ailleurs une couche ce matin dans la Provence. Même pas peur. Et Martine Aubry commence à fléchir. Malgré son Mazarin François Lamy qui la pousse à tenir bon, elle a pris depuis quelques jours des cours accélérés de rétropédalage et de lancer de patate bouillante. « Jean-Noël Guérini ne m’a jamais soutenu, mais il a soutenu fortement Ségolène » a-t-elle osé déclarer sans rire dimanche au Grand Rendez-vous. Puis « moi, j’ai fait le ménage dans la fédération des Bouches-du-Rhône, mais on aurait du le faire avant« , renvoyant vers l’ancien patron du PS François Hollande soupçonné d’avoir longtemps fermé les yeux et de ne pas avoir non plus de très bonnes fréquentations. « Moi j’ai porté plainte contre un camarade socialiste » a aussi déclaré Martine récemment sur plusieurs plateaux télé. Le camarade en question s’appelle Robert Navarro, ancien boss de la fédé de l’Hérault, et contre qui Martine a effectivement porté plainte au nom du PS quand elle était première secrétaire pour « abus de confiance« . Un Robert Navarro qui est aujourd’hui dans le staff de campagne de …. François Hollande.
Ca y est c’est parti. A 40 jours des primaires, les candidats socialistes vont commencer à s’envoyer des horreurs à la figure. A sortir les vieux dossiers. Et des cadavres dans les placards au 10 rue de Solférino, il y en a beaucoup. Martine a les clefs, mais François a gardé un double.
L’ouverture de cette boite de pandore socialiste en plein milieu des primaires fait bien les affaires de JNG. L’UMP va compter les morts. C’est la stratégie mise au point avec ses spin-doctors. La terre brûlée. La meilleure défense c’est l’attaque. La stratégie du faible au fort. Même si je suis moins armé que toi, si tu m’attaques je peux aussi faire très mal. Et j’ai la bombe atomique. Ils vont rendre coup pour coup, en utilisant les médias. D’abord le web, comme lundi soir :
Et liste noire
Une utilisation des réseaux sociaux tout de même à la « Moubarak », où ne sont validés que les messages à la gloire du raïs des BdR, comme nous l’ont signalé plusieurs de nos commentateurs. Et un argumentaire repris mot pour mot dans une tribune d’un illustre inconnu publiée par le si indépendant site d’Alexandre Guérini News of Marseille. On y vient… A côté de l’Internet, JNG et ses conseillers prépareraient une autre intervention médiatique, au lendemain du 8 septembre. Peut-être sur une télé. Les media trainers seraient déjà au boulot. Et les éléments de langage sont prêts : « pourquoi exiger de moi une démission qui n’a jamais été réclamée à d’autres élus, socialistes ou non ?« .
JNG est en train d’en faire la liste, et elle est longue. Jean-Paul Huchon par exemple, le Président de la Région île de France, condamné à 6 mois de prison avec sursis pour prise illégale d’intérêts et qui n’a pas pourtant démissionné pour autant… Et puis il y a encore plus proche, et même si ce sont des camarades, à la guerre il y a toujours des dégâts collatéraux. Comme Sylvie Andrieux, qui vient de rejoindre le comité de soutien de Martine Aubry et qui a été mise en examen l’an dernier pour « complicité de tentative d’escroquerie et de détournement de fonds public », mais qui a toujours fortement clamé son innocence, ou bien pire Bernard Granié le patron socialiste du San Ouest-Provence, condamné en première instance pour favoritisme et corruption à 1 an de prison ferme, et qui pourrait prendre encore plus lourd en appel, la cour d’Aix ayant requis 3 ans. Une décision qui sera rendue le 7 septembre prochain, la veille de la convocation de Guérini chez le juge. Bien entendu le PS n’a jamais bougé sur Granié. Ce que ne va pas manquer de rappeler JNG. Et il a encore d’autres noms dans sa poche.
Car même si ça fanfaronne à Paris « Guérini on ne va plus le lâcher, on va le découper en rondelles » selon le Parisien de ce matin qui cite un responsable du PS, beaucoup tremblent à Marseille, car ils savent que pour sauver sa peau Jean-Noël va sortir les dossiers. Et sous sa faconde méridionale Guérini est un vrai dur, un vrai méchant. La menace est réelle. C’est d’ailleurs localement silence radio depuis la sortie d’Harlem Désir. Et même dans la tempête, il garde des soutiens importants au sein du PS, où l’on annonce même la venue de Laurent Fabius pour la fameuse fête de la Rose à Berre le 10 septembre.
Tout ça pourrait permettre à JNG de sauver son fauteuil au CG, au moins pour quelque temps encore. En espérant que le PS national essaie de calmer le jeu à quelques mois des présidentielles, et comptant sur le proverbial courage politique de ses camarades locaux. Il pourrait passer l’automne, voir l’hiver, en attendant un éventuel procès. Au grand bénéfice de Sarkozy. Et du coup le piège risque de se refermer sur les socialistes. Quand on mange avec le diable il faut avoir une grande cuillère.
Pour voir ou revoir C dans l’Air « Politique ça défouraille à Marseille » c’est ici
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