mardi 2 août 2011


2011 LA POUBELLE
DE L'ESPACE
Ou encore l’espace
(pas le modèle Renault, mais notre ciel)
 est une poubelle. ndlr

Ne pas mettre le nez à la fenêtre.
E pericoloso sporgersi.
Ami lecteur, quand tu seras en route pour Saturne,
fais bien attention à toi, car, avec tous les déchets
 qui traînent dans l’espace, un accident est vite arrivé.


il y a deux semaines, les six occupants de

la Station spatiale internationale (ISS] ont

du se carapater dans .les capsules Soyouz
voisines ---.:plus sûres..
Car des débris spatiaux menaçaient de
tout faire exploser. A la vitesse estimée de
16 km a la seconde, la babiole qui a failli
heurter l'ISS - elle l'a frôlée de peu, passant
à 250 m, ­aurait fait son lot de veuves et
d'orphelins.
C'est marrant comme le haut peut res­sembler au bas, a y
bien réfléchir. Le tsunami japonais du 11 mars 2011 a
emporté en mer autour de 25 millions de tonnes de
déchets, parties pour une balade de plusieurs années
dans le Pacifique. Avec un peu de chance, ils
rencontreront sans doute The Great Pacific Garbage
Patch, ou « Grande nappe de déchets du Pacifique », qui
s’accumule en plein milieu de l'océan jusqu'a trois
millions, de morceaux de plastique au kilomètre carré, sur
une surface qui approche celle des Etats-Unis d'Amérique,
Au-dessus, dans ces cieux étoilés que le vieil Hugo appelait

 « l'océan d'en haut », la même joliesse, la même
harmonie: en un peu plus de cin­quante années de
prouesses spatiales, les joyeux techniciens associes ont
dispersé dans l'azur des milliers de déchets de toutes
sortes. Qui sont devenus des milliards.
UN SATELLITE EST AUSSI CON
Q'UNE BAGNOLE

Comme le rappelle dans un document hallucinant
l'association Robin des Bois" un satellite est aussi
con qu'une bagnole. Au bout de dix ans;le truc est
 foutu et devient une épave. A terre, c'est déjà le foutoir,
mais au ciel, c'est pire, car le ferrailleur y est rare. Dans
les années 1970, quand' on a com­mence a repérer sur
des satellites des tra­ces de titane et d'aluminium venues
d'ail­leurs, on a cru avec une belle naïveté qu'elles
provenaient d'éjections solaires ou de la chi­mie des
astéroïdes. Mais c'était juste la plomberie et la peinture
des vieilles carnes qui commençaient a jouer les filles de
l'air.
«Nous sommes confrontes à une
pollu­tion industrielle foudroyante, raconte a
"Charlie" Jacky Bonnemains, président de Robin
des Bois. Et elle est facilitée par le fait que,
dans l'espace, il n 'y a ni riverains ni protestations.
On est passé sans transition de satellites militaires a
des satellites essentiellement commerciaux, mais en·
gardant la même logique: chacun pour soi. L'espace
est devenu une décharge  ingérable, ou les déchets se
multiplient a l'infini au rythme des collisions. Or un
déchet de cinq cm, compte tenu de sa vitesse, c'est un
boulet de canon! »
Mais avant de devenir de minuscules bombes a
fragmentation, les déchets spa­tiaux ont souvent été
de considérables cathédrales industrielles. Voyons
ensemble le pédagogique exemple de notre chère
 fusée Ariane, joyau de la technologie euro­péenne.
Entre 1979 et 2009, environ trois cents satellites ont
été envoyés dans l'es­pace depuis Kourou, en
Guyane. Des civils, des militaires. Des pour faire
joujou avec son portable, des pour se repérer sur
l'au­toroute avec son GPS.
Seulement, on n'obtient pas un triomphe pareil en
soufflant sur le satellite. Il faut un lanceur, un gros
lanceur. Pour ne prendre qu'un exemple, le 28
octobre 2010, Ariane 5, après avoir lance deux
satellites, a laisse en dépôt a 645,9 km d'altitude son
étage supérieur cryotechnique de type A (ESCA).
Ni vu ni connu, j’embrouille. Les inévitables débris
 de demain ou d'après-demain seront a la charge
complète de l'humanité, et pour l' éternité.
Dans la famille épluchures et raclures, ne pas
oublier les scories. La grande majorité des
merdouilles répandues pour le bien, public
proviennent de la combustion des moteurs
de lanceurs. Cette dernière entraîne des
nuages de particules, dont certaines dépassent
plusieurs centimètres.
En 1996, deux hublots de la navette Columbia,
reve­nue sur terre après sa noble mission,
ont du être changés, car ils étaient criblés
d'impacts de particules. Ne parlons pas des
innombrables anecdotes. Le Britannique
 Piers Sellers perdant une spatule en plein travail cosmique.
Ou le vaillant cosmonaute russe Mikhail Tyurin
projetant une balle de golf dans l'espace dans le
cadre d'une cam­pagne de pub.
L’espoir? Quel espoir? « Les industriels de l'espace,
reprend Bonnemains, savent que leur travail est
menacé par la prolifération des déchets. lis évoquent
la création d'une charte. Ajoutons ce lumignon
dans les ténèbres: on parle d'aller capturer les plus
gros débris avec des engins spatiaux. Mais au mieux,
on le fera dans trente au quarante ans. » L’océan d'en
haut est plein de vomis­sures. Il faut aussi se pincer
le nez.
  Fabrice Nicolino
 
1. www.robindesbois.org, puis « dechets dans ['esp'ace ».
Et dans notre belle région provençale, lorsqu’on entend « poubelle » on ne peut s’empêcher de penser aux entreprises émérites qui sont connues de la France entière.
Mais il n’est pas certain, qu’un industriel, bien collègue avec ARIANE ESPACE, décide, avec les appuis nécessaires, de créer une décharge, à ciel ouvert, sur….la lune



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