QUE SONT-ILS DEVENUS?
Après avoir quitté la direction de la CFDT, la femme à poigne
du syndicalisme porte désormais le costume de PDG de Vigéo,
une société qui contrôle les performances sociales des entreprises.
du syndicalisme porte désormais le costume de PDG de Vigéo,
une société qui contrôle les performances sociales des entreprises.
Elle a gardé sa rigueur et sa fermeté. A 64 ans, celle qui fut élue première femme présidente d’une confédération syndicale n’a pas complètement rendu son tablier. Certes Nicole Notat est sortie de la vie publique en 2002, en quittant son poste de secrétaire génénale de la CFDT. Mais elle n’a pas pour autant pris sa retraite. Son combat actuel ? Vigéo, sa société lancée en 2002, qui évalue les performances sociales et environnementales des entreprises. Chaque matin, Nicole Notat est aux commandes de son bureau parisien, où elle endosse la casquette de PDG. Elle ausculte les entreprises en scrutant leur respect des droits de l’homme ou de l’environnement. Non, Nicole Notat n’a pas arrêté son combat social. Née dans une famille d’agriculteurs de la Marne, elle se destine très vite à une carrière dans l’enseignement. En pleine formation, elle vit son Mai 68 à Bar-le-Duc, dans la Meuse. Dans une interview réalisée pour la revue semestrielle Clio, elle se souvient avoir eu « des échos, comme tout le monde, par la radio, il a fallu un certain temps pour que les choses se mettent en mouvement. J’étais en dernière année d’Ecole normale et on a fait notre Mai 68 très tranquillement, en allant aux manifestations ». Un an après, à 22 ans, elle adhère à la Confédération française démocratique du travail (CFDT). Alors qu’elle enseigne à des adolescents en difficulté, elle devient également secrétaire départementale du Syndicat général de l’éducation nationale (SGEN-CFDT). Peu à peu, mois après mois, Nicole Notat prend du galon. D’une fonction syndicale locale, elle obtient, en 1978, un poste régional en Lorraine.
Propulsée dans le saint des saints
En 1982, c’est le coup d’accélérateur. A tout juste 35 ans, elle est propulsée dans le saint des saints de la CFDT. Elle entre au « gouvernement » du syndicat : la commission exécutive, comme secrétaire nationale chargée de l’Education. A l’époque, le leader du syndicat, Edmond Maire, cherche à recruter des femmes. On lui parle de Nicole Notat, il la rencontre et est immédiatement séduit. « Il fallait repérer des femmes », glisse-t-elle dans une interview où elle retrace son parcours. « Or, à l’époque, dans le vivier traditionnel, il n’y avait que des hommes. C’est pour cela que l’on est venu me chercher en locale. » Et si la jeune femme traîne les pieds, au départ, pour venir à Paris, elle finit par se laisser convaincre. Dix ans plus tard, le 20 octobre 1992, Nicole Notat devient secrétaire générale de la CFDT. Elle tient les rênes du syndicat et de ses 617.000 adhérents. Elle se confronte aux critiques, aux « renvois d’image étonnants » et au sexisme. Pendant les manifestations de l’hiver 1995, des slogans martèlent par exemple : « Juppé au placard - Notat au plumard. » Un soir, à l’ouverture du journal télévisé, elle apprend que Marc Blondel, son homologue de Force ouvrière, aurait dit : « Moi, au moins, je ne couche pas avec le Premier ministre… » Elle encaisse le coup. Mais entre les deux leaders syndicalistes, la guerre est ouverte. Ce qu’il lui reproche ? D’adhérer au plan Juppé, qui prévoit une réforme de la Sécurité sociale. Voilà plusieurs années que Nicole Notat est convaincue que c’est pourtant le seul moyen pour résorber le fameux « trou de la Sécu ».
De la CFDT au privé
Dans les rangs de la CFDT, sa vision est vivement critiquée : certaines fédérations, comme celle des cheminots, refusent de verser leur cotisation jusqu’à nouvel ordre. Quant aux mineurs, ils demandent vivement sa démission. En visite dans une usine, chez MCA – une filiale de Renault – à Maubeuge, elle est interpellée par un militant : « Nicole, qu’est-ce que tu veux que je dise aux salariés qui viennent me voir en disant que la CFDT est devenue un syndicat de droite ? » Le malaise est palpable. Mais Nicole Notat ne fléchit pas. Elle poursuit sa route jusqu’au congrès de Nantes, en 2002, où elle passe le relais à François Chérèque. Voilà déjà quelques mois qu’elle nourrit des projets à l’échelle européenne. Il est temps pour elle de passer à autre chose. Avec Vigéo, elle lance la principale agence de notation sociale française. Aujourd’hui présente dans quatre pays, celle-ci emploie près de 100 salariés. « C’est une réussite dont nous sommes fiers, confie-t-elle dans une interview pour un site Internet. Cela me tient à cœur de conduire cette entreprise jusqu’au moment où l’on pourra se passer de moi. » Ce moment-là n’est pas encore arrivé. Si Nicole Notat s’est accordé début août plusieurs jours de vacances, elle n’a pas mis un terme à sa carrière. Car si elle est aujourd’hui encore PDG de Vigéo, elle multiplie les casquettes : elle siège occasionnellement à la Haute autorité pour la lutte contre la discrimination et l’exclusion (Halde) et participe au Groupe de réflexion sur l’avenir de l’Europe, lancé par le Conseil européen. Mais ce n’est pas tout. En janvier dernier, Nicole Notat a succédé à Denis Kessler (le PDG du réassureur Scor) à la tête de l’association « Le Siècle ». Le principe de cette association un brin particulière ? Réunir régulièrement, à Paris, tout le gratin politique, économique, médiatique ou social autour d’un dîner-débat. C’est un peu l’endroit où il faut être dans le Paris mondain. Dans l’anonymat du grand public, Nicole Notat assure la présidence de ce groupe atypique. Toujours au sommet.
Repères
26 juillet 1947 Naissance de Nicole Notat dans la Marne.
1969 A 22 ans, elle adhère à la CFDT.
1972 Elle devient membre de la commission exécutive régionale SGEN Lorraine (Education nationale).
1982 Membre de la commission exécutive, secrétaire nationale chargée de l’Education
1988 à novembre 1992 Elle est secrétaire générale adjointe de la CFDT.
Novembre 1992 Elle est élue secrétaire générale. C’est la première femme en France à diriger une confédération syndicale.
Septembre 1992 à septembre 1994 Présidente du conseil de l’Unedic.
Juin 2002 Elle quitte ses fonctions de secrétaire générale de la CFDT et crée Vigéo.
2011 Elle devient la présidente du club « Le Siècle ».
1969 A 22 ans, elle adhère à la CFDT.
1972 Elle devient membre de la commission exécutive régionale SGEN Lorraine (Education nationale).
1982 Membre de la commission exécutive, secrétaire nationale chargée de l’Education
1988 à novembre 1992 Elle est secrétaire générale adjointe de la CFDT.
Novembre 1992 Elle est élue secrétaire générale. C’est la première femme en France à diriger une confédération syndicale.
Septembre 1992 à septembre 1994 Présidente du conseil de l’Unedic.
Juin 2002 Elle quitte ses fonctions de secrétaire générale de la CFDT et crée Vigéo.
2011 Elle devient la présidente du club « Le Siècle ».
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