publié le 09/03/2015 à 08H25
par
Nadège Figarol
Le
5 mars, les militantes et militantsde la CFDT ont démontré que leurs
stratégies permettent de dessiner le chemin vers l’égalité.
« La CFDT ne peut pas transiger sur les inégalités entre femmes et hommes ! »
Le message de Laurent Berger a été parfaitement reçu par les quelque
800 militants et adhérents présents le 5 mars à la Cité des sciences de
la Villette (Paris), pour le grand rassemblement sur l’égalité entre
femmes et hommes. Même si des progrès considérables ont eu lieu au cours
des dernières décennies, les statistiques et les témoignages qui se
sont succédé lors de cette journée ont rappelé qu’il y a toujours de
nombreux motifs à poursuivre la lutte. Emplois à temps partiel imposés,
contrats précaires, écarts de rémunération qui se creusent tout au long
de la vie professionnelle, et donc au moment de la retraite, inégalités
dans le partage des tâches domestiques, violences sexuelles et sexistes
sur le lieu de travail : l’égalité professionnelle entre les femmes et
les hommes est loin de se limiter à la question salariale.
Le travail de terrain, un long cheminement qui paye
Retrouvez les témoignages vidéos et les reportages diffusés le 5 mars sur la chaîne Dailymotion de la CFDT. |
La
secrétaire nationale responsable de la politique en direction des
femmes, Marie-Andrée Seguin, a salué les cinq équipes syndicales venues
faire part de leurs actions sans omettre les difficultés qu’elles
avaient rencontrées. « Votre travail sur le terrain est un cheminement long, a-t-elle lancé à la salle. L’égalité
entre les femmes et les hommes est un sujet transversal, qui doit être
intégré dans toutes les négociations, qu’il s’agisse de la formation
professionnelle, de l’emploi, de la qualité de vie au travail, etc.
Ensemble, femmes et hommes doivent en tirer des bénéfices. »
Depuis
la signature d’un l’accord sur l’égalité professionnelle en
décembre 2014, l’entreprise Le Nouy ne déplore aucun accident du
travail. Il y a un an encore, huit accidents avaient été déclarés sur
une période identique, pour la plupart liés à des troubles
musculo-squelettiques. Selon Pascal Noizet, délégué syndical, c’est bien
la preuve que l’accord a amélioré les conditions de travail de tous les
salariés dans cette PME qui fabrique des fenêtres : « Nous avons
constaté que les femmes étaient bloquées dans leur évolution
professionnelle car les postes de coefficients intermédiaires
nécessitaient de soulever manuellement des charges lourdes. Désormais,
les postes sont conçus en collaboration avec le CHSCT et doivent
respecter des critères d’accessibilité et d’égalité. La direction a
investi afin d’aménager les postes dits intermédiaires, qui sont
maintenant aussi occupés par des femmes. »
Cependant,
pour obtenir ces changements, il a fallu faire preuve de ténacité. La
direction a d’abord mis en doute leur analyse. Grâce à une étude de
l’Agence régionale pour l’amélioration des conditions de travail (Aract
Bretagne), qui aboutissait aux mêmes conclusions que la CFDT, la
direction a fini par choisir la voie de la négociation. En partageant
les expériences d’une dizaine d’autres entreprises de la région
accompagnées par l’Aract, la PME a pu réaliser l’intérêt de la démarche.
Aujourd’hui, la démonstration est faite : ce que Le Nouy a investi dans
l’aménagement des postes est inférieur au coût généré par les accidents
du travail.
Égalité professionnelle rime avec qualité de vie
Toutes
les équipes qui ont témoigné lors de cette journée du 5 mars ont
reconnu l’importance de l’intervention d’un tiers dans la construction
du rapport de force avec l’employeur. Qu’il s’agisse d’un expert, d’une
action organisée à l’échelle nationale ou plus généralement de l’appui
du syndicat, de la fédération et de l’interprofessionnel, l’égalité
professionnelle devient une réalité lorsque la négociation est menée
avec méthode et en lien avec les salariés. Parce que l’égalité entre
femmes et hommes, « ce n’est pas une option. C’est un combat de tous les jours qui pose de manière cruciale la question du vivre-ensemble », a conclu Marie-Andrée Seguin.
Le cerveau a-t-il un sexe ? Ce que dit la science
C’est
bien connu : les femmes sont multitâches et organisées. Il est donc
logique qu’on leur demande de réserver les salles de réunion et de
prendre des notes pendant les discussions. En revanche, elles ne sont
pas douées pour s’orienter dans l’espace. Ce n’est pas parce qu’ils sont
répandus que ces stéréotypes sont fondés. Invitée au rassemblement du
5 mars, la neurobiologiste Catherine Vidal a brillamment démontré que
nous avons tous et toutes des cerveaux différents, indépendamment de
notre sexe, et que l’environnement physique, affectif, familial et
éducatif contribue à la construction de l’identité sexuée. Décaper les
clichés, c’était bien l’objectif de cette journée. Lutter contre les
stéréotypes est en effet l’une des mesures du plan d’action mixité,
adopté par le Conseil national confédéral en février 2013. Un outil
réalisé par la commission confédérale Femmes (CCF) et Iris, l’outil de
formation syndicale, est à la disposition des équipes. En lien avec
l’Union départementale de Paris, qui mène depuis plusieurs années un
programme de prévention des violences sexuelles et sexistes au travail,
la CCF va également faire des propositions pour former les militant(e)s à
cette problématique.
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