mercredi 11 mars 2015

L’égalité professionnelle, un combat quotidien

publié le 09/03/2015 à 08H25 par Nadège Figarol
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Le 5 mars, les militantes et militantsde la CFDT ont démontré que leurs stratégies permettent de dessiner le chemin vers l’égalité.
« La CFDT ne peut pas transiger sur les inégalités entre femmes et hommes ! » Le message de Laurent Berger a été parfaitement reçu par les quelque 800 militants et adhérents présents le 5 mars à la Cité des sciences de la Villette (Paris), pour le grand rassemblement sur l’égalité entre femmes et hommes. Même si des progrès considérables ont eu lieu au cours des dernières décennies, les statistiques et les témoignages qui se sont succédé lors de cette journée ont rappelé qu’il y a toujours de nombreux motifs à poursuivre la lutte. Emplois à temps partiel imposés, contrats précaires, écarts de rémunération qui se creusent tout au long de la vie professionnelle, et donc au moment de la retraite, inégalités dans le partage des tâches domestiques, violences sexuelles et sexistes sur le lieu de travail : l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes est loin de se limiter à la question salariale.

Le travail de terrain, un long cheminement qui paye
Retrouvez les témoignages vidéos et les reportages diffusés le 5 mars sur la chaîne Dailymotion de la CFDT.
La secrétaire nationale responsable de la politique en direction des femmes, Marie-Andrée Seguin, a salué les cinq équipes syndicales venues faire part de leurs actions sans omettre les difficultés qu’elles avaient rencontrées. « Votre travail sur le terrain est un cheminement long, a-t-elle lancé à la salle. L’égalité entre les femmes et les hommes est un sujet transversal, qui doit être intégré dans toutes les négociations, qu’il s’agisse de la formation professionnelle, de l’emploi, de la qualité de vie au travail, etc. Ensemble, femmes et hommes doivent en tirer des bénéfices. »
Depuis la signature d’un l’accord sur l’égalité professionnelle en décembre 2014, l’entreprise Le Nouy ne déplore aucun accident du travail. Il y a un an encore, huit accidents avaient été déclarés sur une période identique, pour la plupart liés à des troubles musculo-squelettiques. Selon Pascal Noizet, délégué syndical, c’est bien la preuve que l’accord a amélioré les conditions de travail de tous les salariés dans cette PME qui fabrique des fenêtres : « Nous avons constaté que les femmes étaient bloquées dans leur évolution professionnelle car les postes de coefficients intermédiaires nécessitaient de soulever manuellement des charges lourdes. Désormais, les postes sont conçus en collaboration avec le CHSCT et doivent respecter des critères d’accessibilité et d’égalité. La direction a investi afin d’aménager les postes dits intermédiaires, qui sont maintenant aussi occupés par des femmes. »
Cependant, pour obtenir ces changements, il a fallu faire preuve de ténacité. La direction a d’abord mis en doute leur analyse. Grâce à une étude de l’Agence régionale pour l’amélioration des conditions de travail (Aract Bretagne), qui aboutissait aux mêmes conclusions que la CFDT, la direction a fini par choisir la voie de la négociation. En partageant les expériences d’une dizaine d’autres entreprises de la région accompagnées par l’Aract, la PME a pu réaliser l’intérêt de la démarche. Aujourd’hui, la démonstration est faite : ce que Le Nouy a investi dans l’aménagement des postes est inférieur au coût généré par les accidents du travail.
Égalité professionnelle rime avec qualité de vie
Toutes les équipes qui ont témoigné lors de cette journée du 5 mars ont reconnu l’importance de l’intervention d’un tiers dans la construction du rapport de force avec l’employeur. Qu’il s’agisse d’un expert, d’une action organisée à l’échelle nationale ou plus généralement de l’appui du syndicat, de la fédération et de l’interprofessionnel, l’égalité professionnelle devient une réalité lorsque la négociation est menée avec méthode et en lien avec les salariés. Parce que l’égalité entre femmes et hommes, « ce n’est pas une option. C’est un combat de tous les jours qui pose de manière cruciale la question du vivre-ensemble », a conclu Marie-Andrée Seguin.
Le cerveau a-t-il un sexe ? Ce que dit la science
C’est bien connu : les femmes sont multitâches et organisées. Il est donc logique qu’on leur demande de réserver les salles de réunion et de prendre des notes pendant les discussions. En revanche, elles ne sont pas douées pour s’orienter dans l’espace. Ce n’est pas parce qu’ils sont répandus que ces stéréotypes sont fondés. Invitée au rassemblement du 5 mars, la neurobiologiste Catherine Vidal a brillamment démontré que nous avons tous et toutes des cerveaux différents, indépendamment de notre sexe, et que l’environnement physique, affectif, familial et éducatif contribue à la construction de l’identité sexuée. Décaper les clichés, c’était bien l’objectif de cette journée. Lutter contre les stéréotypes est en effet l’une des mesures du plan d’action mixité, adopté par le Conseil national confédéral en février 2013. Un outil réalisé par la commission confédérale Femmes (CCF) et Iris, l’outil de formation syndicale, est à la disposition des équipes. En lien avec l’Union départementale de Paris, qui mène depuis plusieurs années un programme de prévention des violences sexuelles et sexistes au travail, la CCF va également faire des propositions pour former les militant(e)s à cette problématique.

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