jeudi 5 mars 2015

"Babel 8.3, la mosaïque des cultures à Lyon " 8ième et 3ième arrondissement ou à la Duchère (9ième arr.) « Les Traversants » ,l'« âme de la 230"; à Vaulx-en-Velin, « La Chose Publique », projet du théâtre lyonnais des Célestins.Le pari de la culture dans les Zones de Sécurité Prioritaires (Z.S.P.) par des artistes.........

Dans les ZSP lyonnaises, des artistes font le pari de la culture

Publié le • Par • dans : Actu prévention sécurité, Régions
Un spectacle de danse joué par 300 habitants. Des collégiens qui décortiquent une fable sur "la chose publique". La mémoire d'un immeuble mise en scène par ceux qui y vivaient. Dans les Zones de Sécurité Prioritaires (ZSP) de Lyon et sa banlieue, des artistes misent sur la culture.
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La Duchère, dans le 9e arrondissement, fait partie des 15 premières Zones de sécurité prioritaires (ZSP) créées à l’été 2012 pour « apporter des réponses durables et concrètes aux territoires souffrant d’une insécurité quotidienne et d’une délinquance enracinée ».
Dans un quartier en pleine rénovation depuis 2003, où l’accès à la culture est inversement proportionnel aux difficultés socio-économiques, la compagnie de théâtre Le Fanal apporte sa propre réponse, artistique, dans des caravanes, sous un chapiteau, chez les gens.
Au rez-de-chaussée d’une barre vouée à la destruction en juillet, sa résidence « Logés à la même enseigne » a permis d’accompagner le relogement des habitants en leur faisant partager leurs émotions, leurs histoires: un spectacle, « Les Traversants » (comme leurs appartements), est né de ces témoignages. Il sera joué fin juin avant que ne tombe « la 230″, surnom de la barre. Avec une seconde pièce, où un personnage « âme de la 230″ incarne toutes les vies passées entre ses murs.
Pour l’heure, on répète à la MJC. « Faire rentrer l’art dans son quotidien, ça modifie le vécu », confie Antonella, membre de la troupe et ancienne de la barre. D’autres disent que le spectacle « rapproche les gens », « redonne sa dignité » à un quartier qui a mauvaise réputation: « moi je suis une vieille habitante de la Duchère, je suis restée car j’avais envie de vivre là », souligne Jacqueline.
L’activité du Fanal ne va pas sans heurts, mais la greffe prend: en quatre ans, plus de 4.000 personnes ont assisté aux spectacles créés ou accueillis par la compagnie. D’où le souhait de son directeur, Pierre Desmaret, d’implanter à la Duchère une salle de théâtre pérenne, qui manque depuis un demi-siècle.

Grande exigence artistique

A Vaulx-en-Velin, neuf classes de quatrième participent à « La Chose Publique », projet du théâtre lyonnais des Célestins. Tiré du livre éponyme d’un chercheur à la retraite, Philippe Dujardin, écrit pour expliquer à ses petites-filles comment les hommes ont inventé la politique.
Depuis l’automne, dans trois collèges, il échange avec les élèves tandis qu’une comédienne les exerce à la parole. Pas simple: récemment, il a fallu renoncer avec une classe qui rechignait ne serait-ce qu’à s’asseoir. Mais ailleurs, on dissèque l’étymologie de certains mots pour découvrir que l’école « c’est un loisir, celui d’étudier » et que « police » vient du grec « cité »: « hein ? »
Dans quelques mois, des collégiens volontaires rejoindront d’autres Vaudais dans une troupe « mixte et intergénérationnelle ». Elle jouera fin 2016 sur la scène des Célestins, au terme d’une formation menée par des professionnels, un texte portant sur la question civique. « Dont il est essentiel de parler à cet âge-là », justifie Claudia Stavisky, directrice du théâtre.
La même exigence artistique est au coeur de « Babel 8.3, la mosaïque des cultures », spectacle joué fin mai à la Maison de la Danse par des habitants des 8e et 3e arrondissements de Lyon. Où des jeunes du quartier feront du hip hop au son de Mozart et porteront dans leurs bras des pensionnaires d’une maison de retraite. Des chorégraphes les préparent depuis des mois.
« Au début, c’était une basse-cour, j’ai dû leur expliquer que je n’étais pas un animateur. Je me rends compte qu’ils aiment être cadrés, tout en recevant un peu d’estime », relève l’un d’eux, Abou Lagraa. « Ce qui change, ce sont les heures de répétition, comment on s’entraîne… On est plus concentré, c’est pas la même rigueur, et on a un mérite à la fin, on ne fait pas tout ça pour rien », apprécie Hakim, 14 ans, entre deux figures au sol.
Fin janvier, la secrétaire d’État à la Ville, Myriam El-Khomri, a rencontré ces acteurs, et d’autres, à l’oeuvre dans les ZSP lyonnaises. Venue en amont du comité interministériel sur les banlieues organisé vendredi à Matignon, elle était repartie avec un menu dédicacé par le préfet du Rhône et ses invités: « la culture, c’est ce qui rassemble notre communauté de destin ».

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