Les 600 jours de Guy Teissier président de la communauté urbaine
Monique Cordier, nouvelle élue du conseil communautaire, a dégainé son smartphone pour immortaliser le visage du vainqueur. Guy Teissier vient d'être élu président de Marseille Provence métropole. Il se lève, embrasse Jean-Claude Gaudin puis se retourne pour donner l'accolade au maire de Sausset-les-Pins Eric Diard, qui est allé voir un à un ses homologues pour les rassurer sur les intentions de celui qui n'était alors que le candidat de l'UMP.
Avec 90 voix contre 31 à son opposant divers gauche, le maire d'Ensuès-la Redonne Michel Illac, Guy Teissier a fait le plein des voix de droite. Personne n'a manqué : ni Danielle Millon, la maire de Cassis, avec qui un de ses très proches, Didier Réault, s'était écharpé pour la présidence du parc des calanques, ni les 16 indépendants de la précédente mandature venus de Plan-de-Cuques et Marignane. En 2008, ce même vote avait séché Renaud Muselier. Cette fois, pas de surprise ou de coups dans le dos, Guy Teissier peut à 69 ans accéder à la plus importante fonction exécutive qu'il lui ait été donnée d'exercer.
Toutefois, il qualifie lui-même ce mandat de "présidence éphémère". Dès 2016, la communauté urbaine devra se fondre dans une métropole bien plus large. Durant ces six cents jours, Guy Teissier n'entend pas chômer. Ses premiers actes sont des passages obligés de toute nouvelle gouvernance. Il rencontrera le directeur général des services comme l'inspecteur général et demandera un audit financier de l'institution. Mais, dès son intronisation, il a posé les jalons symboliques de l'alternance.
Transports et propreté
Teissier entend lancer avant l'été plusieurs chantiers et réformes hautement symboliques. La priorité reste sans conteste donnée aux transports dont les quartiers Nord semblent encore une fois peu profiter. Le tramway de La Viste à la Rouvière promis dans le programme de Jean-Claude Gaudin - et donc de Guy Teissier - devient un tramway d'Arenc, où il arrive déjà, aux hôpitaux Sud. "La meilleure desserte de la place du 4 septembre" fait partie des priorités comme"le désenclavement des quartiers Nord et Est par le métro", sans plus de précisions.
Mais c'est pourtant sur deux routes que se porteront des investissements depuis longtemps réclamés par la droite. Cher au maire des 4e et 5e arrondissements Bruno Gilles, le Jarret bénéficiera d'un "plan de réfection pour les années à venir" et "des études nécessaires à [sa]requalification". Priorité des priorités, le boulevard urbain sud (BUS) que Teissier, jusqu'à vendredi maire des 9e et 10e arrondissements a réclamé pendant les six ans de la mandature Caselli. Il entend lancer l'enquête publique "dès juillet" mais devra se frotter à la clause Gaudin du Tunnel Prado Sud. Celle-ci stipule en effet que le BUS ne pourra pas se faire avant 2026."Vous imaginez le côté ubuesque si la L2 est ouverte en 2017 et qu'elle arrive à Saint-Loup sur un auto-pont à une voie ? C'est une impérieuse nécessité. On va négocier", commente aujourd'hui Teissier. Mis bout à bout, ces chantiers devraient à eux seuls largement remplir le budget d'investissement de MPM.
La négociation sera aussi le mot d'ordre avec "les syndicats, oui oui, j'ai bien dit les syndicats, ce n'est pas une faute de frappe". Force ouvrière territoriaux, particulièrement bien traité sous Caselli comme sous Gaudin, devra donc peut-être composer avec d'autres organisations comme la FSU. Sous les yeux de Patrick Rué et Patrice Ayache, respectivement secrétaire général et secrétaire général adjoint du syndicat majoritaire, le nouveau président a déjà appelé à la naissance d'un "contrat local de propreté" dès juillet. "Il devra être conforme aux règles de droits et englobera l'ensemble des enjeux de la propreté et pas seulement les plus médiatiques", pose Guy Teissier. Il en restera à cette formule et, appelé à commenter l'actualité judiciaire du fini-parti (1), se contentera d'attendre le verdict du tribunal administratif.
Face aux dossiers qui l'attendent comme face aux maires, Guy Teissier conserve donc une certaine prudence. Il ne dira par exemple pas un mot du plan local d'urbanisme intercommunal, pierre d'achoppement avec les édiles, qui devra être lancée en octobre prochain même s'il ne sera pas conclu avant 2016. Conséquence directe ou non, les oppositions diverses et multiples, de Samia Ghali pour le PS à Bernard Marandat pour le Front national, ont rappelé qu'elles souhaitaient incarner des minorités constructives quoique vigilantes. La première journée de Guy Teissier s'est passée sans accro, il lui reste exactement 633 jours pour imprimer sa marque avant peut-être de basculer lui aussi vers la métropole.
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