(* ndlr cfdt MPM)
Esther Griffe
Il avait dit son "désir d'être maire", mais après un accord avec l'occupant actuel du fauteuil, bien décidé à y rester, il a consacré sa "dernière campagne" à un autre poste : celui de président de Marseille Provence métropole (MPM), pour lequel le vote a lieu ce lundi. "Il s'est plus appliqué à ça qu'à sa mairie du 9/10", note un gaudiniste taquin. Il faut dire que son secteur était loin d'être menacé, il a d'ailleurs fini par l'emporter avec plus de 50% des voix au second tour.
Début mars, lors de la présentation des aspirants conseillers communautaires des listes Gaudin, Guy Teissier ne cachait pas cet agenda chargé : "J'irai voir les 17 maires de MPM [hors Marseille, ndlr]. J'étais hier à Marignane, je vais tout à l'heure à Plan-de-Cuques. Ce sont des gens qu'ils convient d'écouter, pas seulement d'entendre." Marignane et Plan-de-Cuques, dont les élus classés "divers droite" s'étaient affranchi en 2008 avec un groupe des indépendants, suite à l'élection surprise du socialiste Eugène Caselli.
Selon nos informations, ce groupe devrait se reformer lundi avec les 16 élus des listes d'Eric Le Dissès et Jean-Pierre Bertrand. Du côté de la gauche, les vingt-deux socialistes seront répartis à égalité entre Marseille et hors Marseille, les communistes compteront six élus, Europe Ecologie-Les Verts deux. Le Front national aura lui aussi son groupe avec seize élus et le temps de parole qui va avec.
"La jurisprudence Gaudin / Caselli"
Au final, avec une majorité théorique de 90 sièges en intégrant Plan-de-Cuques et Marignane - la barre de la majorité absolue étant fixée à 70 - Guy Teissier ne dépendra pas de l'approbation d'un maire en particulier. Alors que celui d'Ensuès-la-Redonne, Michel Illac (divers gauche) se porte candidat, l'oppositon à la métropole en bandoulière, Guy Teissier doit donner des gages. Et pas simplement en offrant ses services pour transmettre à Paris des doléances sur la révision de la carte fiscale. D'autant plus que ses bonnes relations avec le ministre du budget Bernard Cazeneuve - qu'il a côtoyé à la commission de la Défense - ne lui seront plus d'aucune utilité : celui-ci est passé à l'Intérieur.
Ce que les maires attendent, c'est avant tout des assurances sur un mode de gouvernance qui fait de la communauté urbaine de Marseille un "exemple archétypique de municipalisme" pour certains chercheurs. "Il y a des règles qui ont été édictées par M. Gaudin de dialogue avec les maires, je n'ai pas de raison de penser que cela change avec M. Teissier", commente Christian Amiraty, maire socialiste de Gignac-la-Nerthe. Parmi celles-ci, il y a celle de la maîtrise du sol par les communes, malgré une compétence théoriquement assurée par MPM. Eric Diard, maire de Sausset-les-Pins qui joue les "facilitateurs" auprès de ceux qui pourraient être tentés de rejoindre le groupe des indépendants, souligne ce point clé : "Sur le plan local d'urbanisme, il restera dans la jurisprudence Gaudin / Caselli."
Plus généralement, l'ancien député estime que Teissier "a fait ses preuves avec la gouvernance de la commission de la défense à l'Assemble, où l'on travaille avec l'opposition". "J'ai siégé six ans dans le conseil d'arrondissements du 9/10 et cela se passait déjà dans le cadre d'une opposition constructive", se rappelle pour sa part Christian Amiraty.
Équipe resserrée
Eric Diard reconnaît "un bémol : tous les maires ne pourront pas être vice-présidents", comme c'était le cas auparavant. La loi limite désormais leur nombre à 15. Une contrainte mais aussi une occasion pour le nouvel exécutif, au bail réduit à moins de 2 ans par la naissance en 2016 de la métropole Aix-Marseille-Provence : celle de mettre en place des vice-présidences"opérationnelles", selon le terme d'un proche.
La répartition de cette équipe resserrée, selon l'expression consacrée à Matignon, est encore en discussion entre les composantes de la droite et les maires. Guy Teissier lui-même se fait discret sur ses intentions, mais l'idée est là : "Ce sera plus politique, plus clivant", confirme Eric Diard. Aux manettes, on devrait retrouver des Marseillais(es), telles Martine Vassal et Laure-Agnès Caradec, qui se sont positionnées respectivement sur la propreté et les transports. Les maires d'opposition eux, pourront se consoler comme présidents de commissions. Reste à savoir comment la gouvernance s'organisera avec le dernier des maires, celui de Marseille, qui de 2000 à 2008 se chargeait lui-même de présider MPM...
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