A un mois et demi d'un congrès qui devrait le plébisciter, Laurent Berger réaffirme l'identité de la CFDT.
Le 1er mai 2014 ne sera pas un grand millésime : les trois premières centrales syndicales le célèbreront chacune de leur côté. Pour FO, c'est un classique. Pour la CFDT et la CGT, ça n'est pas systématique. Mais cette année se situera dans la continuité de l'an dernier où, pour la première fois depuis 2007, chacun avait fait bande à part.
Le numéro un cédétiste, Laurent Berger, s'en est expliqué vendredi, à l'occasion de la présentation à la presse du 48e congrès de son organisation qui se tiendra du 2 au 6 juin à Marseille. « Il ne faut pas se mentir, faire mine n'est pas notre genre : on peut être d'accord [...] sur le constat, notamment de l'état du monde du travail, sur les objectifs, parfois, mais sur la méthode de syndicalisme pour les atteindre, on diffère. » « Les syndicats sont souvent dans l'unité quand il faut s'opposer, quand il faut proposer, c'est beaucoup plus compliqué », a-t-il déploré.
Valls et Gattaz : méfiance
Sur la dernière période, « on a eu des opportunités offertes par le dialogue social pour faire progresser un certain nombre de questions, là on a vu deux types de syndicalisme et on a eu une rupture avec la CGT », a analysé Laurent Berger. Celui de la CFDT, c'est une « ligne » de dialogue social : le syndicat « entre sur le terrain quel que soit l'interlocuteur en face » et « ne demande pas aux autres de s'engager pour faire le boulot à sa place ». Interrogé sur sa place d'interlocuteur privilégié du gouvernement qui inquiète en interne comme le soutien appuyé au pacte de responsabilité (« Les Echos » du 11-12 avril 2014), Laurent Berger a affirmé que « cette question, présente comme d'autres dans les débats préparatoires, sera posée au congrès » et « confrontée aux faits ». Et les faits, pour lui, ce sont « les droits nouveaux, les opportunités nouvelles »créées pour les salariés par la CFDT.
Reste qu'il a reconnu que « vu la situation économique et sociale du pays, quand un syndicat accepte de discuter, voire de s'engager, il est dans le partage du risque » avec ses interlocuteurs. Mais tout en veillant à marquer sa différence tout de même. Vendredi, les oreilles de Manuel Valls et Pierre Gattaz ont dû siffler. Se défendant de tout changement de ton, Laurent Berger a pris ses distances tant avec le nouveau Premier ministre avec lequel il a pointé ses « désaccords » qu'avec le patronat. Il a contesté le plan d'économies annoncé par Manuel Valls, mercredi : « Attention à ne pas donner le sentiment de mesures injustes car elles ne font pas davantage contribuer les hauts revenus » alors que les efforts « touchent trop tous ceux qui ont du mal à boucler leurs fins de mois ». Le syndicaliste a aussi taclé Pierre Gattaz, le président du Medef, et sa proposition de SMIC jeune, se disant « profondément choqué dans la période d'entendre des gens expliquer qu'un certain nombre d'autres pourraient se serrer la ceinture quand eux-mêmes n'ont aucune conscience de ce que représente de vivre avec un SMIC ou un minimum social ». Et Laurent Berger a annoncé avoir écrit aux organisations patronales pour leur demander de démarrer « sans tarder » les négociations de branche promises dans le relevé de conclusion sur les contreparties au pacte de responsabilité que la CFDT a signé avec la CFTC. Il espère bien pouvoir inscrire à son bilan pour son congrès un mouvement sans précédent de dialogue social.
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