vendredi 22 octobre 2010

Le gouvernement veut rallier les centristes et de diviser le mouvement syndical sans franc succès !

Le gouvernement veut rallier les centristes
Le Point.fr

Jean Arthuis, le président de la commission des Finances, a obtenu gain de cause sur l'organisation, "à compter du premier semestre 2013", d'une réflexion nationale sur une réforme "systémique" des régimes de retraite français © Sipa

Le gouvernement est pressé d'en finir avec l'examen de la réforme des retraites au Sénat. Pour ce faire, Éric Woerth manie la carotte et le bâton. Il a demandé un "vote unique" afin d'accélérer les débats et procéder au vote vendredi. Mais la majorité UMP au Sénat n'est que relative si bien que le ministre du Travail a dû faire un geste envers les centristes de la Haute Assemblée. Dans la nuit de mercredi à jeudi, il a donné son feu vert au vote d'un amendement ouvrant la porte à un nouveau débat sur le système de retraite après l'élection présidentielle de 2012.
Ce texte, présenté par le rapporteur UMP de la commission des Affaires sociales du Sénat Dominique Leclerc, le groupe de l'Union centriste (UC) et le patron du groupe UMP, Gérard Longuet, prévoit l'organisation, "à compter du premier semestre 2013", d'une réflexion nationale sur une réforme "systémique" des régimes de retraite français comme le réclame notamment Jean Arthuis, le président de la commission des Finances, qui qualifie le texte du gouvernement de simple "colmatage".
"Inespéré"
Il propose que cette réflexion porte sur les conditions de la mise en place d'un "régime universel par points ou en comptes notionnels" et sur les moyens de "faciliter le libre choix des assurés" sur les modalités de leur cessation d'activité. "Ce qui a été voté était inespéré il y a trois semaines", s'est réjoui Jean Arthuis car "fin septembre, le gouvernement ne voulait pas entendre parler de l'évocation d'une réforme systémique parce que c'était reconnaître les faiblesses de sa propre réforme".
Pour le porte-parole de l'UMP Dominique Paillé, le vote de l'amendement sénatorial "est la confirmation que le sujet des retraites ne sera pas clos avec le vote de la réforme" - une tonalité qui tranche avec le ton définitif des déclarations de l'Élysée, du gouvernement et de l'UMP ces dernières semaines.
Tentative de division du front syndical
La réforme systémique évoquée s'inspire de ce qui existe dans d'autres pays européens, comme la Suède, et rejoint les propositions de syndicats comme la CFDT. À quelques heures d'une nouvelle réunion de l'intersyndicale sur la suite du mouvement de protestation, le geste a cependant été jugé insuffisant par le négociateur de la CGT. "Le gouvernement propose de rouvrir le débat en 2013 une fois votées les mesures d'âge. Ce n'est pas sérieux", a déclaré Éric Aubin, membre de la direction de la CGT. "Ce n'est pas de nature à modifier quoi que ce soit à notre appréciation de la réforme, à notre mobilisation et à notre état d'esprit."
Éric Aubin, dont le syndicat est opposé à une réforme systémique et à un régime des retraites à points, voit dans l'amendement sénatorial une tentative "évidente" de diviser le front syndical. "Mais cette tentative va échouer", assure-t-il. Son homologue de la CFDT, Jean-Louis Malys, assure lui aussi que le vote de l'amendement ne "change absolument rien". "On est depuis le début dans la contestation de cette réforme et on le reste", a-t-il confirmé. La CFDT a cependant lancé jeudi matin, dans un communiqué, une mise en garde contre le risque de tomber dans le piège de la radicalisation, selon la formule de Jean-Louis Malys. "Nous avons jusqu'ici gagné la bataille de l'opinion", estime le syndicat. "Cet élan de sympathie, pour être conservé, exige une prise de distance avec toutes formes de radicalité."

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