mercredi 13 octobre 2010

Des méfaits indirects de l'obligation de se déclarer au préalable grêviste dans les transports sur le droit constitutionnel qui meriterait une QPC






















RATP, pourquoi ça roule quand même
Métropolitain / mercredi 13 octobre par
Lucie Delaporte

Malgré une mobilisation très importante, mardi, des salariés du public comme du privé, le mouvement de grève est peu visible à la RATP où la plupart des lignes circulent normalement. Mais pourquoi ça roule ?
"Ça commence à décoller, doucement mais c’est vrai qu’on a du mal", concède un agent RATP affilié à Sud. Si mardi 12 octobre, les salariés de la RATP étaient plus nombreux dans les cortèges, il faut bien reconnaitre que les grèves à la RATP ne sont plus ce qu’elles étaient…
Pour un peu, on pourrait presque paraphraser notre président pour dire que, lorsqu’il y a une grève à la régie des transports parisiens, plus personne ne s’en aperçoit. Si le RER est encore perturbé, la plupart des lignes de métro circulent normalement.
"Les agents osent moins se déclarer"
Avec la nécessité pour les agents de se déclarer gréviste 48 heures en avance, la direction a les moyens de lisser le mouvement en répartissant ses troupes pour qu’aucune ligne ne soit totalement bloquée. De plus, la régie dispose d’un effectif de réserve, "la réserve générale", composée d’anciens conducteurs qui peuvent opportunément boucher les trous les jours de grève.
"En plus, nous ne sommes pas directement concernés puisque notre régime ne sera revu qu’en 2018", souligne un manifestant. Mais plus profondément tous admettent ne plus du tout être dans la même configuration qu’en 1995. "Aujourd’hui les agents osent de moins en moins se déclarer grévistes", estime Jean-Marie, conducteur sur la ligne 8. "Le climat de flicage généralisé, ça marche" confirme Philippe Touzet de Sud RATP.
Alors que près de 40% du personnel a été renouvelé à la RATP ces cinq dernières années, la nouvelle génération connait une précarité d’emploi nouvelle dans l’entreprise. Les nouveaux agents doivent attendre deux ou trois ans avant d’être titularisés, ce qui n’incite pas, dans ce laps de temps, à la contestation.
Les "mouches" volent
Par ailleurs, les syndicats de salariés se plaignent d’une inflation des sanctions, due à une surveillance accrue, contre les agents qui, là encore, mine le climat social.
Chez les conducteurs de bus, appellent ça les "mouches". Un nom un peu plus poétique pour désigner la très officielle "brigade de surveillance du personnel". Des agents chargés de contrôler les machinistes et de noter leur comportement.
"Ce qu’il fait, s’il actionne bien le bouton pour rappeler au voyageur de composter leur ticket, s’il respecte bien la signalisation, si sa tenue est correcte". En vigueur depuis de nombreuses années, le système se contentait de mises en garde et de rappels à l’ordre. Mais il se serait récemment renforcé, usant de sanctions jusqu’à la révocation.
"Il y a des formes de harcèlement, la direction cible par exemple un salarié qu’elle estime trop souvent malade et qu’elle a dans le collimateur. Celui-là peut avoir cinq, dix, voire quinze contrôles. Évidemment, à force de chercher on trouve toujours quelque chose à lui reprocher", souligne Philippe Touzet.
C’est donc tel agent à qui il est reproché par exemple de ne pas avoir bien accueilli un passager ou de ne pas lui avoir demandé son titre de transport, "alors qu’on sait que dans certains endroits chauds c’est très difficile" explique le représentant syndical.
Résultat, des agents dont les carrières se retrouvent bloquées, des mobilités soudainement refusées.
Pour Philippe Touzet le but est clair "il s’agit de remplir des dossiers administratifs pour avoir des moyens de pression".

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