mercredi 2 mars 2016

Philippe Richert (LR), président de l’Association des régions de France (ARF): " Le gouvernement a tenu ses engagements en laissant aux régions la possibilité de gérer ce nouveau dispositif, et en compensant tout effort supplémentaire des régions". Jusque-là, Pôle Emploi était l’unique interlocuteur et bénéficiaire des financements de l’État et des partenaires sociaux pour les formations individualisées des chômeurs. Les régions assuraient, elles, l’achat de formations collectives au titre de leur compétence en formation professionnelle depuis 1983 mais elles n’assuraient pas le remplissage des sessions de formation

Plan de formation des chômeurs : les régions aux commandes

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Les régions piloteront les 500 000 formations supplémentaires. L’Etat et les partenaires sociaux compenseront financièrement les commandes supplémentaires de formations d’ici la fin de l’année.
La bataille des 500.000 formations pour les demandeurs d’emploi est enclenchée, et une majorité des régions sont attendues sur le front pour gérer ce dispositif. Annoncée par François Hollande lors de ses vœux du 31 décembre, la mise en œuvre de ce troisième plan de formation – le plus important du quinquennat, dont le coût est estimé à plus d’1,1 milliard – a fait l’objet d’une réunion le 29 février entre l’État, les régions et les partenaires sociaux. D’ici la fin de l’année, le gouvernement table sur un million de formations dispensées aux chômeurs contre 515.000 entrées en formation en 2015 pour multiplier leurs chances de retourner sur le marché du travail.

Chasse aux doublons

Fait nouveau : les régions seront en première ligne pour assurer le pilotage du plan. Dans un communiqué, l’Association des régions de France (ARF) s’est félicité de ce nouveau partage des rôles décidé par l’Elysée et la rue de Grenelle. Son président, Philippe Richert (LR), mise sur la participation d’une majorité de régions, dont sept se situent à droite et cinq à gauche :
Nous sommes heureux de voir que le gouvernement a tenu ses engagements en laissant aux régions la possibilité de gérer ce nouveau dispositif, et en compensant tout effort supplémentaire des régions.
Jusque-là, Pôle Emploi était l’unique interlocuteur et bénéficiaire des financements de l’État et des partenaires sociaux pour les formations individualisées des chômeurs. Les régions assuraient, elles, l’achat de formations collectives au titre de leur compétence en formation professionnelle depuis 1983 mais elles n’assuraient pas le remplissage des sessions de formation. “Ce sera un partenariat plus transparent et efficace entre les régions et Pôle Emploi. Cela évitera les doublons de formation”, avance un interlocuteur de l’État.

La France compte aussi rattraper son retard par rapport notamment à son voisin allemand où un chômeur sur cinq est formé contre moins d’un sur dix en France. L’ambition du ministère du Travail se veut moins sibylline que ne l’avait été François Hollande: ce ne sont pas 500.000 chômeurs supplémentaires qui seront formés d’ici la fin de l’année, mais 500.000 formations qui seront prodiguées, puisque qu’un demandeur d’emploi peut en suivre plusieurs en fonction de son parcours professionnel.
Si une région signataire de ce plan commande davantage de formations, sa dépense sera compensée par l’État et les partenaires sociaux du Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels – et non si elle reste au même niveau de formation que précédemment. Dans les régions non volontaires, ce seront les caisses de Pôle Emploi qui en bénéficieront.

Risque d’embouteillage

Dans le viseur des régions, la possibilité de diagnostiquer les besoins actuels et les filières d’avenir au niveau régional et d’ajuster les flux des formations. Mais l’État a déjà déterminé certaines priorités, soit les filières dites d’avenir tels les métiers du numérique, de la transition énergétique ou des secteurs en recherche continue de main d’oeuvre comme la construction et l’industrie. Parmi ces 500.000 formations supplémentaires, 300.000 seront destinées aux demandeurs d’emploi peu ou pas qualifiés, a fortiori lorsqu’ils sont jeunes ou chômeurs de longue durée.
“A l’échelle de leur territoire, les régions sont celles qui connaissent le mieux les besoins d’emploi”, souligne Fanny Anor, chargée d’études de la fondation Montaigne qui plaide pour la création “d’un bloc de compétences des régions autour de l’emploi, de l’apprentissage et de la formation professionnelle”.

Reste le problème du nombre de formations qui doivent être ainsi doublées en un an et la gestion d’un tel flux par les organismes référents et les exécutifs régionaux. Le coût de la formation à l’unité dans ce plan – entre 2.200 et 2.250 euros – ne peut être éludé : plus on monte en qualification, plus les formations sont longues et reviennent cher aux régions. “Est-ce qu’avec cette somme en moyenne, cela permettra vraiment de faire de la formation qualifiante? On est conscient qu’il y aura une sorte de mix”, tempère une source proche du dossier.
Le calendrier est déjà fixé : les régions volontaires signeront une convention avec l’État d’ici la fin mars en fonction du nombre de leurs demandeurs d’emploi et leurs chômeurs formés puis chaque région avec Pôle Emploi et les partenaires sociaux. Et le gros des formations devrait commencer dès la rentrée prochaine en septembre.

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