Nord : les agents, opposés à la restructuration des services, occupent les locaux du président
Publié le • Par Emmanuelle Lesquel • dans : Régions, Toute l'actu RH
Entre 500 et 800 agents du département du Nord ont
envahi l'hôtel du département mardi 1er mars 2016. Certains ont écrit leur
désaccord au rouge à lèvres dans le bureau du président.
Entre 500 et 1000 agents s’étaient réunis, en début d’après-midi, devant le
parvis de l’hôtel du Département à l’appel de l’intersyndicale, le 1er mars, à
Lille. Une majorité – 500 à 800 – a ensuite envahi les locaux. Objectif :
manifester leur mécontentement face aux mesures programmées, notamment en terme
d’allongement du temps de travail. Une grande partie des protestataires est
ensuite rentrée dans les locaux et a passé l’après-midi au 6e et
7e étages ; ceux du Président et de son cabinet. Les derniers agents
ont été évacués par la police vers 18h30.
Pour protester face aux projets de restructuration des services, d’augmentation du temps de travail et de rémunération au mérite, plusieurs agents du Département sont aussi allés occuper le bureau vide du président Jean-René Lecerf (LR). Ce dernier était au salon de l’agriculture avec son vice-président en charge des ressources humaines.
Le communiqué de presse réalisé par le cabinet du président (lien vers le communiqué) déplore que des documents confidentiels aient été éparpillés dans le bureau. Les syndicats nient eux totalement ce fait. « Si nous avions vraiment vu le fameux pré-rapport de la cour des comptes évoqué dans le communiqué nous l’aurions étudié et publié et non pas éparpillé », conteste Olivier Treneul, porte-parole du syndicat Sud et de l’intersyndicale du département. Il conteste aussi les séquestrations de personnel évoquées par la direction : « Il n’y avait plus personne ».
Le président a réquisitionné l’intervention des forces de l’ordre pour faire évacuer les fauteurs de troubles. « Alors que tout était calme et poli, on nous a évacué comme des malpropres. Un des responsable de la préfecture a même dit : « Foutez moi tout ça dehors », regrette Véronique Dhalluin porte-parole du syndicat CFTC et de l’intersyndicale(1). « J’ai été bousculée. Les policiers ont même cassé mes lunettes alors que notre mouvement a été extrêmement calme et bon enfant. Nous refusons simplement d’accepter la casse du service public qui se prépare », s’attriste Isabelle Druelle, secrétaire du syndicat FO.
Le conflit couvait déjà depuis plusieurs mois. « Notre DGS a programmé 100 millions d’euros d’économie de fonctionnement pour 2016, mais il n’y a aucun dialogue avec les organisations syndicales pour en parler, regrette Olivier Treneul. Aujourd’hui le Président est très énervé. Il ne pensait pas qu’il y aurait autant de contestation. »
« Nous ne contestons pas la situation financière difficile de la collectivité mais nous ne voulons pas que ce soit les agents qui paient les pots cassés », résume Véronique Dhalluin. Elle ajoute que depuis le début aucun dialogue n’a pu être possible avec le nouvel exécutif : « L’exécutif nie aux syndicats leur représentativité. Le président veut passer en force. La méthode employée n’est pas la bonne. »
« Avec 9 000 agents répartis sur 600 sites, nous sommes la plus grosse collectivité de France et pourtant on nous a présenté seulement au dernier moment 13 rapports sur ces restructurations profondes. Ces 13 rapports ne contiennent de surcroit aucun élément nous permettant de statuer sur l’organisation du travail comme, par exemple, une évaluation du nombre de salariés. Et aucun espace n’a été laissé au dialogue », estime Olivier Treneul.
« La situation financière nous oblige à mettre en place des solutions. La chambre régionale des comptes (CRC) a pointé dans un pré-rapport le problème du temps de travail au département qui est inférieure à 1607 heures/an sans sujétions particulières. Ce qui n’est pas légal. Passer à 1607 heures permettrait un gain de 17 millions d’euros a estimé la CRC », explique le vice-président.
« Le président n’arrête pas de dire que notre temps de travail est illégal. C’est totalement faux. Les 9,5 jours de congés supplémentaires dont nous bénéficions sont le seul conquis social des agents du département dont 70 % sont de catégorie C », souligne Olivier Treneul.
« La direction dit qu’il n’y aura pas de perte de rémunération avec ce système mais c’est faux, notamment face aux changement de périmètres de fonctions en cours. De plus ce type de prime va générer des climats délétères », note le syndicaliste qui conclut : « Les agents sont très inquiets. Il va falloir travailler plus pour gagner moins ».
Pour protester face aux projets de restructuration des services, d’augmentation du temps de travail et de rémunération au mérite, plusieurs agents du Département sont aussi allés occuper le bureau vide du président Jean-René Lecerf (LR). Ce dernier était au salon de l’agriculture avec son vice-président en charge des ressources humaines.
Le communiqué de presse réalisé par le cabinet du président (lien vers le communiqué) déplore que des documents confidentiels aient été éparpillés dans le bureau. Les syndicats nient eux totalement ce fait. « Si nous avions vraiment vu le fameux pré-rapport de la cour des comptes évoqué dans le communiqué nous l’aurions étudié et publié et non pas éparpillé », conteste Olivier Treneul, porte-parole du syndicat Sud et de l’intersyndicale du département. Il conteste aussi les séquestrations de personnel évoquées par la direction : « Il n’y avait plus personne ».
« Aucun dialogue »
« Lecerf brame, nous on rame » : Olivier Treneul confesse que les protestataires ont écrit de petits mots de protestation au rouge à lèvre sur des miroirs du bureau. Et aussi bu deux bouteilles de champagne « haut de gamme », présentes dans le bar du bureau du Président.Le président a réquisitionné l’intervention des forces de l’ordre pour faire évacuer les fauteurs de troubles. « Alors que tout était calme et poli, on nous a évacué comme des malpropres. Un des responsable de la préfecture a même dit : « Foutez moi tout ça dehors », regrette Véronique Dhalluin porte-parole du syndicat CFTC et de l’intersyndicale(1). « J’ai été bousculée. Les policiers ont même cassé mes lunettes alors que notre mouvement a été extrêmement calme et bon enfant. Nous refusons simplement d’accepter la casse du service public qui se prépare », s’attriste Isabelle Druelle, secrétaire du syndicat FO.
Le conflit couvait déjà depuis plusieurs mois. « Notre DGS a programmé 100 millions d’euros d’économie de fonctionnement pour 2016, mais il n’y a aucun dialogue avec les organisations syndicales pour en parler, regrette Olivier Treneul. Aujourd’hui le Président est très énervé. Il ne pensait pas qu’il y aurait autant de contestation. »
« Nous ne contestons pas la situation financière difficile de la collectivité mais nous ne voulons pas que ce soit les agents qui paient les pots cassés », résume Véronique Dhalluin. Elle ajoute que depuis le début aucun dialogue n’a pu être possible avec le nouvel exécutif : « L’exécutif nie aux syndicats leur représentativité. Le président veut passer en force. La méthode employée n’est pas la bonne. »
Comité technique ajourné
La grève du 1er mars a été déclenchée par l’organisation d’un comité technique -finalement ajourné- prévu le lendemain après-midi et dont l’ordre du jour contenait les trois points contestés par l’intersyndicale. Le premier concerne la réorganisation des services.« Avec 9 000 agents répartis sur 600 sites, nous sommes la plus grosse collectivité de France et pourtant on nous a présenté seulement au dernier moment 13 rapports sur ces restructurations profondes. Ces 13 rapports ne contiennent de surcroit aucun élément nous permettant de statuer sur l’organisation du travail comme, par exemple, une évaluation du nombre de salariés. Et aucun espace n’a été laissé au dialogue », estime Olivier Treneul.
Alléger l’organigramme
« Comme le dit le Président nous ne sommes pas dans la cogestion de cet organigramme. Il n’a pas à être co-construit avec les syndicats. Pour les situations où il y aura besoin de réorientations -moins de 5 % des cas- nous ferons alors de la concertation pour trouver le meilleur accompagnement », explique Jean-Luc Detavernier, vice-président en charge des ressources humaines de la collectivité. En plus des réorganisations liées aux transferts de compétences, le département souhaite alléger l’organigramme pour plus d’efficience et passer de 50 à 40 directions.Augmenter le temps de travail
Le second point touche au temps de travail des agents que l’exécutif veut faire passer à 1607 heures par an (35h/sem) contre les 1525 heures (33h/sem) actuelles.« La situation financière nous oblige à mettre en place des solutions. La chambre régionale des comptes (CRC) a pointé dans un pré-rapport le problème du temps de travail au département qui est inférieure à 1607 heures/an sans sujétions particulières. Ce qui n’est pas légal. Passer à 1607 heures permettrait un gain de 17 millions d’euros a estimé la CRC », explique le vice-président.
« Le président n’arrête pas de dire que notre temps de travail est illégal. C’est totalement faux. Les 9,5 jours de congés supplémentaires dont nous bénéficions sont le seul conquis social des agents du département dont 70 % sont de catégorie C », souligne Olivier Treneul.
Prime au « mérite »
Enfin le dernier point d’achoppement concerne la rémunération « au mérite ». « Nous souhaitons pouvoir distribuer des primes pas uniquement en fonction de l’ancienneté mais aussi au regard de critères comme l’absentéisme. Il était de 12,5% en 2014 nous devons trouver des solutions », explique Jean-Luc Detavernier.« La direction dit qu’il n’y aura pas de perte de rémunération avec ce système mais c’est faux, notamment face aux changement de périmètres de fonctions en cours. De plus ce type de prime va générer des climats délétères », note le syndicaliste qui conclut : « Les agents sont très inquiets. Il va falloir travailler plus pour gagner moins ».
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