Bilal Berreni :le corps du street artist
français Zoo Project reposait à la morgue de Detroit depuis huit mois
Imanol Corcostegui | Journaliste
Le corps du street artist
français Zoo Project reposait à la morgue de Detroit depuis huit mois
Imanol Corcostegui |
Journaliste
Un dessin de Zoo Project dans
Paris (Franç ; ois Landre/Flickr/CC)
D’après le Detroit Free Press,
son corps n’a été identifié qu’en fin de semaine dernière, après être resté
huit mois à la morgue. Bilal Berreni, 23 ans, a été assassiné d’une balle dans
la tête, à Detroit, dans des conditions mystérieuses.
Ses proches ignoraient ce
qu’il faisait exactement aux Etats-Unis, supposaient une vie d’errance, de
rencontres et de projets artistiques.
Bilal Berreni était un
street-artist surnommé Zoo Project.
En Tunisie et près de la Libye
Son travail en Tunisie,
pendant la révolution de 2011, lui avait valu l’attention des médias, notamment
un beau portrait dans Le Monde.
Alors qu’il avait 20 ans et
600 euros en poche, le jeune artiste, qui se présente comme « Franco-algérien
résidant à Paris », était parti à Tunis, il « voulait voir une révolution ».
Peu de temps après, un homme lui demande de faire un portrait de son frère,
mort pendant les émeutes.
Zoo Project finit par habiller
les murs de Tunis de dizaines de dessins des victimes de la révolution. Parce
que « les oublier serait les tuer une deuxième fois. »
(¨)Un dessin de Zoo Project à
Tunis (Zoo Project)
Plus tard, il fera la même
chose dans un camp de réfugiés à la frontière libyenne, il y vivra comme les
réfugiés et plantera ses portraits sur des grands morceaux de toile attachés à
des mâts.
Sur son site, il expliquait
vouloir représenter « la détresse de ceux qui ne sont plus considérés et
traités comme des humains, parqués dans des non-lieux. »
Un autre projet l’avait
conduit dans l’est de l’Europe, autour de la Russie, pour rencontrer les
fantômes de l’ex-URSS dans un documentaire intitulé « C’est assez bien d’être
fou ». Il venait alors de rentrer d’un premier séjour aux Etats-Unis, où il
avait connu les squats et la prison.
Avant tout ça, il avait
commencé à travailler dans les rues de Paris, dans le XXebeaucoup. Des animaux
aux corps d’homme, toujours en noir et blanc, et des messages qui disaient
l’absurdité de la société moderne.
Bilal Berreni adorait Ernest
Pignon-Ernest. Au Monde, il parlait longuement de la solitude :
« Zoo Project est parti des
pigeons. Ils sont là, tout le monde les rejette. Un peu comme pour moi qui
peignais sur les murs. On me disait : “Va peindre ailleurs !”
C’est une dure leçon : quand
tu fais vraiment ce que tu veux, tu restes seul. A chaque fois que je reviens à
Paris, je sens ce vide. »
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Un dessin de Zoo Project dans Paris (Franç ;
ois Landre/Flickr/CC) Cliquez dans le cadre pour voir !
D’après le
Detroit Free Press, son corps n’a été identifié qu’en fin de semaine
dernière, après être resté huit mois à la morgue. Bilal Berreni, 23 ans, a
été assassiné d’une balle dans la tête, à Detroit, dans des conditions
mystérieuses.
Ses proches ignoraient ce qu’il faisait
exactement aux Etats-Unis, supposaient une vie d’errance, de rencontres et de
projets artistiques.
Bilal Berreni était un street-artist surnommé Zoo
Project.
En Tunisie et près
de la Libye
Son travail en Tunisie, pendant la
révolution de 2011, lui avait valu l’attention des médias, notamment un
beau portrait dans Le Monde.
Alors qu’il avait 20 ans et
600 euros en poche, le jeune artiste, qui se présente comme
« Franco-algérien résidant à Paris », était parti à Tunis, il
« voulait voir une révolution ». Peu de temps après, un homme lui
demande de faire un portrait de son frère, mort pendant les émeutes.
Zoo Project finit par habiller les murs de
Tunis de dizaines de dessins des victimes de la révolution. Parce que « les oublier
serait les tuer une deuxième fois. »
Un dessin de Zoo Project à Tunis (Zoo Project) :cliquez dans le cadre pour voir!
Plus tard, il fera la même chose dans un
camp de réfugiés à la frontière libyenne, il y vivra comme les réfugiés et
plantera ses portraits sur des grands morceaux de toile attachés à des mâts.
Sur
son site, il expliquait vouloir représenter « la détresse de
ceux qui ne sont plus considérés et traités comme des humains, parqués dans des
non-lieux. »
Un autre projet l’avait conduit dans l’est
de l’Europe, autour de la Russie, pour rencontrer les fantômes de l’ex-URSS
dans un documentaire intitulé « C’est assez bien d’être fou ». Il
venait alors de rentrer d’un
premier séjour aux Etats-Unis, où il avait connu les squats et
la prison.
Avant tout ça, il avait commencé à
travailler dans
les rues de Paris, dans le XXebeaucoup. Des animaux aux corps d’homme,
toujours en noir et blanc, et des messages qui disaient l’absurdité de la
société moderne.
« Zoo Project est parti des pigeons.
Ils sont là, tout le monde les rejette. Un peu comme pour moi qui peignais sur
les murs. On me disait : “Va peindre ailleurs !”
C’est une dure leçon : quand tu fais
vraiment ce que tu veux, tu restes seul. A chaque fois que je reviens à Paris,
je sens ce vide. »
(*)
Au menu également, une courte enquête sur « accident de personne », ces suicides qui perturbent la circulation des trains et métros, mais que le citadin pressé remarque à peine.*)
Rencontrez l’homme qui mit un jean à Rimbaud dans Rue89 Week-end
Son Rimbaud en jean, Ernest Pignon-Ernest l’a collé près de 80 fois, sur les routes de Charleville à Paris. Pionnier du street art, l’homme a investi les rues dès les années 70 a œuvré à Nice comme à Naples, contre l’apartheid ou pour l’avortement.
Ses dessins racontent la souffrance des hommes et la violence des puissants. Il a bien voulu revenir sur dix de ses œuvres dans Rue89 Week-end, notre revue pour tablettes, disponible sur iPad et sur Android.
Le bonus cette semaine, ce sont sept court métrages tournés dans la Syrie en guerre, sept instantanés poignants d’une société en plein effondrement après trois ans d’insurrection contre Bachar el-Assad. Ces films seront diffusés sur Arte le mardi 4 mars à 23h40, dans le cadre d’une soirée dédiée aux réalisateurs syriens, qui commencera avec « Homs, Chronique d’une révolte », documentaire de Talal Derki, à 20h50.
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