vendredi 21 juin 2013

Conférence sociale: Laurent Berger : “Nous attendons un plan ambitieux pour l'emploi”

Retraite, emploi : le discours de François Hollande 

à la conférence sociale et les réactions des syndicats

Par A. l'AFP, M. Doriac
Publié le 20/06/2013
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Le président de la République a estimé jeudi 20 juin 2012 que
 l'allongement de la durée de cotisation était
 "la mesure la plus juste à condition qu'elle soit appliquée à tous",
 dans le cadre de la réforme des retraites.
“Prolonger la durée de cotisation est la mesure la plus juste à condition qu’elle soit appliquée à tous et à tous les régimes”, a-t-il déclaré lors de son discours ouvrant la conférence sociale. Pour combler le déficit des régimes de retraite qui doit s’élever à 20 milliards d’euros en 2020, “les efforts devront être équitablement répartis”, a-t-il rappelé.
Mais l’allongement de la durée de cotisation, actuellement de 41,5 ans pour une retraite à taux plein, doit aussi “tenir compte de la pénibilité des tâches”, selon lui.
Un autre élément “doit être dans la discussion”, c’est “l’allongement de la période des études qui appellera nécessairement un effort contributif calculé d’une manière différente d’aujourd’hui”, a poursuivi le chef de l’Etat.
“Etre responsable”, c’est “tirer toutes les conséquences de cette chance formidable qu’est l’allongement de l’espérance de la vie”, a-t-il affirmé. Dans ce cadre, l’autre option évoquée est d’”augmenter l’âge légal de départ à la retraite” mais “j’ai considéré que cela revenait à pénaliser ceux qui ont commencé tôt à travailler”, a-t-il estimé. 
Pendant sa campagne, François Hollande s’était engagé à ne pas reculer davantage l’âge légal de départ à la retraite, fixé depuis la réforme de 2010 à 62 ans.
“L’enjeu” c’est aussi “le travail des seniors” : “Si nous ne parvenons pas à retenir les seniors dans l’emploi alors nous n’aurons fait qu’augmenter la durée du chômage pour les plus de 60 ans sans faire d’économies pour le régime général”, a ajouté François Hollande.
Au-delà du principe de “responsabilité”, le “second principe, c’est la justice” car “les inégalités sont encore nombreuses dans notre système et notamment au détriment des femmes mais aussi des travailleurs qui ont connu des métiers pénibles”, a-t-il souligné.
Taux de remplacement équivalents - Par ailleurs, “les modalités de liquidation de la retraite sont différentes” entre le public et le privé, a reconnu le chef de l’Etat. Mais “la durée comme le taux de cotisation sont les mêmes et surtout – c’est ce que le rapport (Moreau) fait apparaître – le taux de remplacement (différence entre le salaire et la pension) servi aux fonctionnaires est équivalent à celui d’un salarié du secteur privé”, a-t-il précisé.
Ainsi, “il ne s’agit pas de faire silence sur le sujet mais de regarder objectivement la réalité et de voir les conclusions qu’il convient d’en tirer”.
Selon lui, “parler des retraites c’est envoyer un message de confiance et non pas de peur”.
La concertation avec les partenaires sociaux officiellement lancée lors de cette conférence sociale “pourra durer tout le mois de juillet et si c’est nécessaire une partie du mois d’août” puis “le gouvernement fera connaître ses choix à la rentrée”, a-t-il précisé.
Décisions à la rentrée - La réforme des retraites “ne nous est imposée par personne” et “s’il y a une réforme des retraites, ce n’est pas parce qu’elle nous aurait été exigée dans le cadre d’un programme de stabilité”, a martelé le président. Pour lui, “il s’agit tout simplement de la solidarité entre les générations et du message que nous devons adresser à la jeunesse par rapport à son avenir”.

Laurent Berger : “Nous attendons un plan ambitieux pour l'emploi”

PUBLIÉ LE 20/06/2013 À 19H57par Aurélie Seigne
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À l'issue de la première journée de la conférence sociale, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a souhaité des réponses à la hauteur de la situation économique et sociale.
La première partie de la table ronde consacrée à l'emploi et la formation professionnelle a permis de balayer un certain nombre de sujets. Comment permettre à des demandeurs d'emploi d'occuper les 200 000 à 300 000 offres d'emploi non pourvues ? « Il faut regarder l'adéquation de la formation, mais aussi l'attractivité des emplois et les freins à la mobilité », estime Laurent Berger, pilote de la table ronde Comment booster les emplois d'avenir ? Comment inciter les entreprises de plus de 50 salariés à négocier des contrats de génération, « y compris par des contraintes plus fortes sur les employeurs » ? Comment accompagner plus sûrement les jeunes vers l'emploi ?
Mille nouveaux chômeurs chaque jour
« Demain, il faudra que nous aboutissions à des propositions précises. On ne peut pas avoir un discours ambitieux sur l'emploi un jour et des mesures qui font pschitt le lendemain », a prévenu le secrétaire général de la CFDT, en attente d'un « plan d'urgence pour l'emploi » et d'une « mobilisation de tous les acteurs » à la hauteur de la situation économique et sociale actuelle. « Faut-il rappeler qu'il y a aujourd'hui plus de mille nouveaux chômeurs par jour ? »
Alors que côté Élysée ont été annoncées trois réunions – en juillet sur les offres vacantes, en septembre sur les emplois d'avenir et en octobre sur les contrats de génération – Laurent Berger n'a pas caché son agacement : « Je ne fais pas quatre heures de réunion pour qu'on m'annonce à mi-chemin la tenue de trois réunions ! »
© Chambre noire






Les syndicats quelque peu rassurés

Interrogé par la Gazette, Éric Aubin, membre de la direction confédérale de la CGT chargé du dossier des retraites, estime que François Hollande fait preuve de prudence :
Peu de nouveautés ni d’éléments éclairants selon Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, qui salue notamment la prise en compte des années d’études :
Carole Couvert, présidente confédérale de la CFE-CGC, plaide notamment pour l’instauration d’une véritable fonction publique de métiers et pour une politique salariale dynamique :

La retraite des fonctionnaires en Europe : des conditions durcies

Les conditions pour la retraite des fonctionnaires se sont durcies dans plusieurs pays européens, dans le cadre de mesures de rigueur pour faire face à la crise économique. Voici quelques exemples.

LES FONCTIONNAIRES QUI ONT PERDU DES AVANTAGES

C’est notamment le cas au Portugal où, depuis 2006, les nouveaux fonctionnaires embauchés dépendent du régime général. Leur pension n’est plus calculée sur les derniers salaires mais sur l’ensemble de la carrière. L’âge de départ pour une retraite pleine a été repoussé de 65 à 66 ans, comme dans le privé. Mais les retraités fonctionnaires restent nettement plus favorisés avec une pension moyenne (en 2011) de 1 260 euros contre 480 euros dans le privé.
Conditions durcies également en Espagne où les fonctionnaires ont perdu leur régime spécifique de retraite en 2011 et ont été intégrés au régime général de la Sécurité sociale. Ils partiront donc comme les autres à 67 ans, en 2027, et devront avoir cotisé 37 ans. Leur pension sera aussi calculée sur les 25 meilleures années d’ici à 2022. Contrairement au Portugal les pensions des fonctionnaires ne sont pas plus élevées que celles du privé.
Période rose révolue aussi pour les employés du public enBelgique qui pouvaient très facilement, jusqu’en 2012, partir en pré-retraite. En 2016 ils devront avoir 62 ans et 42 ans de cotisation pour pouvoir faire valoir leurs droits. Ils gardent néanmoins des avantages sur le privé : leur pension est en moyenne plus forte, leur taux de remplacement supérieur (75 % contre 60 %), le mode de calcul de leur pension plus avantageux (5 dernières années contre ensemble de la carrière). La pension minimum garantie pour un fonctionnaire est de 1 109 euros, ce qui est à peu près l’estimation de la retraite moyenne, toutes catégories confondues.

LES FONCTIONNAIRES QUI NE PERDENT RIEN

En Allemagne, les 1,8 million de fonctionnaires touchent une pension nettement plus élevée que les salariés du privé : 2 520 euros brut, (69,4 % du dernier salaire en 2010) contre 745 euros dans le privé, même si ce dernier chiffre est une moyenne à prendre avec des pincettes. Au niveau de l’âge de départ, il n’y a pas en revanche de différence : ils partent à 61,5 ans, grosso modo comme dans le privé, et ils seront concernés comme eux, d’ici à 2029, par la retraite à 67 ans. La durée de cotisation pour une retraite pleine est aussi de 45 ans pour tout le monde. Par ailleurs, les Allemands, dans leur ensemble sont encouragés à souscrire une retraite complémentaire par capitalisation (dite mécanisme Riester), fortement subventionnée et donc coûteuse pour l’Etat (10 milliards depuis 2002).

LES FONCTIONNAIRES AUX CONDITIONS DU PRIVE

En Pologne, il n’y a pas de différence entre public et privé pour la retraite. L’âge de départ va être repoussé à 67 ans d’ici à 2020 pour les hommes, 2040 pour les femmes. Cependant, certains fonctionnaires comme les militaires et les policiers peuvent encore partir à 55 ans avec une retraite pleine, à condition d’avoir cotisé 25 ans comme tout le monde et non plus 15 ans. Les mineurs ont le statut le plus avantageux : s’ils ont travaillé 25 ans au fond de la mine, ils peuvent partir à n’importe quel âge.
Pas de différence non plus en Suède entre public et privé, tout dépend des conventions collectives. Les pompiers par exemple peuvent partir à 58 ans. Pour tout le monde, il existe une retraite par répartition avec cotisation sur salaire, une retraite par capitalisation financée par l’employeur et éventuellement une épargne retraite. Montant moyen de la retraite suédoise : 1 700 euros. On peut partir entre 61 et 67 ans. Le gouvernement conservateur a suggéré de 63 à 69 ans.
Aux Pays-Bas, tout le monde touche une pension d’Etat (AOW) la même pour toutes les catégories. Chacun doit aussi cotiser à un fonds de pension d’entreprise, abondé aux deux tiers par l’employeur et dépendant du salaire.

Un plan d’action pour pourvoir les emplois sans candidats

Le président François Hollande a également annoncé jeudi un plan d’action pour pourvoir les emplois sans candidats. “Il y a 200 000 à 300 000 recrutements n’ayant” pas de candidats, a souligné le président, évoquant notamment l’exemple du secteur aéronautique où les acteurs font part de ce problème “depuis plusieurs mois”. “Je vous propose une action conjointe, Etat, Pôle emploi, régions, partenaires sociaux, organismes de formation et entreprises”, pour former les demandeurs d’emploi “rapidement”, a indiqué M. Hollande, n’excluant pas des incitations financières et des facilités de logement pour régler les problèmes de mobilité et les problèmes d’écarts de salaires. “S’il s’agit d’un problème de mobilité, réglons-le par des incitations financières”, a notamment dit M. Hollande. “S’il s’agit d’un problème d’écart de salaires, alors comblons-le. Ce peut être la responsabilité de l’Etat”.

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