Retraites complémentaires : “Nous devons assurer l’avenir des régimes”
publié le 10/02/2015 à 13H54
par
Jérôme Citron
Jean-Louis
Malys, le secrétaire national chef de file de la délégation CFDT,
explique les enjeux de la négociation qui s’ouvre le 17 février.
Pourquoi
avoir décidé d’avancer au 17 février les discussions sur les retraites
complémentaires Arrco et Agirc, qui devaient initialement n’avoir lieu
qu’en 2018 ?
En
2011, les partenaires sociaux ont signé un accord qui devait courir
jusqu’en 2018. À l’époque, la majorité des observateurs économiques
estimait que la crise économique était derrière nous. Malheureusement,
la situation a continué de se dégrader, rendant caduques les projections
financières sur lesquelles nous avions travaillé. En 2013, nous avons pris une série de mesures
(hausse des cotisations, limitation de l’évolution de la valeur du
point) pour corriger le tir, mais force est de constater qu’elles ne
produisent pas assez d’effets vu la stagnation de notre économie. Les
partenaires sociaux ont donc décidé, en mars 2014, d’une nouvelle
négociation. Celle-ci débute le 17 février et doit s’achever en juin.
Retraites complémentaires, de quoi parle-t-on ?
30 millions de personnes concernées
Les retraites complémentaires Arrco et Agirc sont pilotées par les partenaires sociaux. L’Arrco gère le régime de retraite complémentaire de la quasi-totalité des salariés du secteur privé, soit 18 millions de cotisants et 12 millions de retraités. L’Agirc gère le régime de retraites complémentaire des cadres et assimilés (qui cotisent tous aussi à l’Arrco), soit 4 millions de cotisants et 2,7 millions de retraités.
Des régimes par répartition obligatoires
Ces deux régimes de retraite complémentaire sont obligatoires. Les actifs accumulent au cours de leur carrière des points qui donnent droit à un certain niveau de pension. C’est un système dit par répartition, c’est-à-dire que les cotisations salariales et patronales des actifs financent directement les pensions, d’où la nécessité de trouver un équilibre entre le niveau des cotisations et le montant des retraites versées.
Le nécessaire équilibre des régimes
Contrairement au régime général de retraite géré par l’État, les régimes complémentaires ne peuvent pas être en déficit sur le long terme, d’où l’absolue nécessité de disposer de réserves financières afin de faire face aux déséquilibres temporaires. |
Faut-il s’attendre à de nouvelles mesures d’économie ?
Par
le passé, les partenaires sociaux ont su anticiper les difficultés
financières des régimes Arrco et Agirc. De 1998 à 2008, ils ont
constitué des réserves afin de faire face au déséquilibre démographique,
qui était prévisible. Or les hypothèses économiques sur lesquelles nous
travaillons aujourd’hui montrent que, sans nouvelles mesures, ces
réserves seront épuisées en 2027 pour l’Arrco et – c’est beaucoup plus
inquiétant – en 2018 pour l’Agirc, alors que le déséquilibre
démographique est toujours là. Nous n’avons pas d’autres choix que
d’agir si nous voulons assurer l’avenir des régimes. Trouver de
nouvelles économies est donc inévitable.
Quels sont les différents scénarios sur la table ?
Il
est trop tôt pour se prononcer. Les différentes séances de négociation
doivent permettre de clarifier la position de chacun en vue de
construire ensemble un scénario non pas idéal mais équilibré. Pour la
CFDT, il est fondamental que les efforts qui seront demandés soient
équitablement partagés entre les salariés, les entreprises et les
retraités, et qu’une attention particulière soit portée aux retraités
les plus modestes. Nous pensons également qu’il est nécessaire de
parvenir à un accord de long terme afin de rassurer les salariés sur
l’avenir de leur système de retraite complémentaire.
Le rapprochement de l’Arrco et de l’Agirc est-il envisagé ?
Le
rapprochement de ces régimes paraît incontournable. Depuis plusieurs
années, les partenaires sociaux le préparent en faisant converger les
règles des deux régimes. Aujourd’hui, l’impasse financière dans laquelle
se retrouve l’Agirc à court terme plaide pour aller plus vite et plus
loin. Encore faut-il se mettre d’accord sur les modalités pratiques
d’une telle opération. Pour la CFDT, c’est l’un des enjeux de cette
négociation.
La CFDT pense-t-elle trouver un accord dans la période ?
Les
partenaires sociaux ont toujours pris leur responsabilité en matière de
retraites complémentaires et n’ont pas hésité à prendre des mesures
difficiles pour éviter de pénaliser les générations futures. Dans son
dernier rapport, la Cour des comptes l’a souligné. Il n’y a pas de
raison que cette négociation fasse exception. Aux partenaires sociaux de
prouver, dans la période, qu’ils sont capables de dépasser certaines
postures pour trouver un terrain d’entente.
Propos recueillis par jcitron@cfdt.fr
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