L'article de la Gazette des communes
ci-dessous pose le problème dans le cadre du
Club RH qui s'est réuni à Lille le 17 décembre 2013
Devant la montée du stress et de la souffrance au travail,
les collectivités territoriales tentent de trouver des solutions.
Le club RH a réuni le 17 décembre à Lille, DRH de collectivités
et experts pour faire le point sur la complexe problématique
de la prévention des risques psychosociaux (RPS).
Aspects juridiques et médicaux et présentations des outils
mis en place par certaines collectivités ont permis de mieux
appréhender la problématique. Compte-rendu.
Stress, harcèlement moral, burn-out, dépression,…La problématique des risques psychosociaux (RPS), est très subjective et très complexe à traiter. Avec une causalité entre travail et RPS parfois difficile à étayer.
Signé le 22 octobre 2013 par les employeurs publics, la ministre de la fonction publique et par huit organisations syndicales sur dix, leprotocole d’accord sur la prévention des RPS au sein de la fonction publique marque une étape supplémentaire dans la prise en compte de cette problématique.
Mutualiser les efforts - « Pour faire face aux RPS, nous devons mutualiser les efforts. Les collectivités doivent s’appuyer sur des spécialistes. Au centre de gestion du Nord (CDG 59) nous avons mis en place des outils innovants pour aider les collectivités sur ces sujets qui vont devenir des préoccupations majeures dans les prochaines années », note en guise d’introduction Jean-Louis Baju, directeur du CDG 59.
Troubles anxieux, irritabilité, dépression - « Au travail les individus sont sans cesse soumis à des contraintes. Ils y font face et s’adaptent. C’est quand la personne est dépassé et qu’elle n’arrive plus à faire face aux contraintes que survient un syndrome de désadaptation au travail. Cela peut provoquer des troubles anxieux, une irritabilité, des problèmes de sommeil, ou des attaques de panique. Des syndromes dépressifs peuvent aussi survenir : tristesse, dévalorisation, pas d’envies, idées suicidaires… Ces syndromes peuvent conduire à des conduites addictives : alcool, tabac, substances illicites », explique le Docteur Alexandra Trichard-Salembier, praticien hospitalier au CHRU de Lille et spécialisée en santé mentale.
Ces syndromes peuvent aboutir à des inaptitudes. Dans la fonction publique, les solutions sont ensuite difficiles à trouver. Certains profils sont plus sensibles à l’épuisement professionnel, ou burn-out.
« Les personne les plus investies dans leur travail sont plus à risque que les autres : ceux qui veulent tout faire pour bien faire ; ceux qui prennent les contraintes des autres, qui veulent tout porter », constate Alexandra Trichard-Salembier.
« Les personne les plus investies dans leur travail sont plus à risque que les autres : ceux qui veulent tout faire pour bien faire ; ceux qui prennent les contraintes des autres, qui veulent tout porter », constate Alexandra Trichard-Salembier.
D’autres personnalités à risque sont celles qui ont un sentiment de justice important. Pour éviter que les dégâts n’arrivent, il faut donner les moyens à ces personnalités « gentils » de prendre du recul.
La bonne durée du congé maladie - Alexandra Trichard-Salembier souligne aussi l’importance de fixer la bonne durée au congé maladie. Assez long pour que la personne puisse se soigner, mais pas trop long pour ne pas rendre le retour à l’emploi trop difficile.
Imputabilité de l’affection au service - Pour le docteur Marc Rollet, expert sur ces questions pour le CDG 59, une des grandes difficultés du médecin du travail est de donner un avis ou non d’imputabilité de l’affection au service : « A l’examen de l’agent il existe des signes cliniques qui sont mal décrits dans les classifications des maladies. Une constante c’est la plainte, le sentiment d’injustice, les conduites d’évitement, l’irritabilité et les troubles du caractère qui souvent retentissent sur la vie personnelle. Il ne faut pas hésiter à demander l’avis d’un médecin psychiatre ».
Sur les attitudes à tenir ensuite en matière de congés longue durée et d’imputabilité, sur la consolidation-évaluation des séquelles ou sur les modalités de retour au travail, Marc Rollet constate qu’il n’existe pas de position consensuelle.
Trois situations font consensus - Seules trois situations spécifiques font selon lui consensus :
- le burn-out lié à un défaut d’organisation du travail,
- la névrose d’angoisse post-traumatique,
- la souffrance professionnelle par abus de pouvoir.
« 11 % des dossiers qui passent en commission de réforme sont des demandes de reconnaissance en imputabilité au service sur RPS. 1% concerne des tentatives de suicide », souligne Marc Rollet.
Afin que la commission de réforme puisse travailler de façon optimale, il est important de lui fournir un maximum d’informations. Un profil détaillé est indispensable. Le médecin de prévention peut faire le lien », conseille Guy Decloquement, directeur de la prévention au CDG 59.
Halluin fait son bilan - A Halluin (59) (environ 350 agents), un travail intéressant de prévention des RPS a été initié et réalisé par le CDG 59. Magali Ruchon, psychologue du travail au CDG 59 et qui œuvre sur ces questions de RPS depuis 3 ans explique : « Nous avons mis en place une méthodologie basée sur la constitution d’un comité de pilotage et la réalisation d’un diagnostic.
« Nous avons débuté en juillet le travail commandé par le maire et le DGS. Pour lancer la démarche nous l’avons présenté à tout le monde en formant 36 groupes différents visités successivement. Cette première démarche a permis de rassurer et de faire que tout le monde entende les même définitions », explique Thierry Lacroix, conseiller prévention à la mairie d’Halluin.
« Nous avons débuté en juillet le travail commandé par le maire et le DGS. Pour lancer la démarche nous l’avons présenté à tout le monde en formant 36 groupes différents visités successivement. Cette première démarche a permis de rassurer et de faire que tout le monde entende les même définitions », explique Thierry Lacroix, conseiller prévention à la mairie d’Halluin.
Des groupes de travail ont ensuite été mis en place pour pouvoir obtenir une photographie générale des RPS dans la collectivité au début de la démarche. Ensuite, pour affiner cette connaissance des RPS, des entretiens individuels ont débutés avec les agents qui le souhaitent.
Thierry Lacroix conclu : « En avril, le futur maire (l’actuel ne se représente pas) aura à sa disposition un état des lieux et des préconisations à mettre en oeuvre ». Un bon point de départ.
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