Les « class actions » débarquent dans le droit des collectivités
Publié le 08/02/2017
• dans :
Actu juridique, France
La loi de modernisation de la justice du XXIe siècle a élargi les
actions de groupe, jusqu'alors réservées en droit français au droit de
la consommation, à plusieurs domaines, dont le droit des collectivités
territoriales. La création de ce recours collectif répond à l’absence
d’un dispositif adapté au traitement de dommages subis par un grand
nombre de victimes.
« Class action ». Un terme qui fait très série américaine. Très fait divers américain. Et pour cause, ce type de contentieux nous vient tout droit du pays de l’oncle Sam… Depuis 2014 et la loi du 17 mars relative à la consommation (dite loi « Hamon »), « l’action de groupe », comme on l’appelle chez nous, a été introduite dans le droit français. Seulement, à l’époque, cette procédure ne concernait que le droit de la consommation. Plusieurs actions en justice sur ce modèle ont d’ailleurs été lancées depuis.
Une procédure élargie
Un peu moins de deux ans plus tard, cette procédure a été une première fois élargie au droit de la santé, par la loi du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé et par un décret du 26 septembre 2016. En fin d’année, les articles 60 et suivants de la loi de modernisation de la justice du XXIe siècle sont une nouvelle fois venus élargir le champ d’action en rendant possible la procédure en matière de droit administratif, de discrimination et de droit de l’environnement.Ainsi, lorsque plusieurs administrés, placés dans une situation similaire, subissent un dommage causé par une personne morale de droit public (par exemple une collectivité) ayant pour cause commune un manquement de même nature, une action de groupe peut être exercée en justice. « Ce qui signifie que plusieurs individus peuvent s’allier pour former une action de groupe contre une collectivité », explique My-Kim Yang-Paya, avocate au cabinet Seban et associés. Et ce, dans le but d’obtenir la cessation du manquement, voire l’engagement de la responsabilité de la collectivité afin d’obtenir réparation des préjudices subis.
La finalité de cette action de groupe est louable. « Les citoyens qui s’estimeront en proie à une même injustice pourront se rassembler dans des cas où, pris séparément, aucun des préjudices dont ils sont victimes ne serait suffisamment important pour couvrir les frais d’une action en justice. Les petits ruisseaux font les grandes rivières », sourit-elle.
Des limites aux actions de groupe
Mais il y a des mais. Tout le monde ne pourra pas porter ces actions de groupe. Seules les associations agréées et les associations régulièrement déclarées depuis cinq ans au moins et dont l’objet statutaire comporte la défense d’intérêts auxquels il a été porté atteinte pourront le faire. Les avocats ne seront donc pas porteurs de ce dispositif. Ce qui peut poser problème. C’est d’ailleurs, toujours selon maître Yang-Paya, ce qui explique les succès limités de l’action de groupe en matière de consommation. « Souvent, il y a des erreurs de procédure. Le fait que seules des associations puissent porter ce contentieux pose problème. La culture juridique n’y est pas suffisamment développée. Il existe des règles de procédure et de délais très précises. » Une procédure dont le succès, de ce côté-ci de l’Atlantique, n’est pas franchement assuré.
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