lundi 20 février 2017

François Fillon confond l’ensemble de la dépense publique française et l’ensemble de la masse salariale des fonctionnaires.



Fil(l)on: « Est-ce que la France peut continuer à emprunter sur les marchés internationaux pour payer les salaires des fonctionnaires? Ça ne peut pas durer. On consacre 57% de la richesse nationale à la dépense publique » : une approximation assez éloignée des faits......


François Fillon a confondu l’ensemble de la dépense publique française et l’ensemble de la masse salariale des fonctionnaires. Pourtant, la différence est de taille, puisque les dépenses en personnels de l’ensemble des administrations représentaient 13% du PIB, loin de la totalité de la dépense publique qui se monte, elle, à 57%. Par ailleurs, si on y regarde de plus près, les dépenses ne sont pas les mêmes d’une fonction publique à l’autre.
Ainsi, la fonction publique d’Etat mobilise 41% de son budget pour payer le traitement de ses agents. Cela correspond à 6,4% du PIB français pour les 2,38 millions agents de l’Etat d’après le projet de loi de finances 2017.
Côté effectifs des collectivités locales, avec 1,87 millions d’agents, ils représentent 33% de la fonction publique et une dépense de 60 milliards d’euros soit 25% des budgets locaux selon le rapport sur le temps de travail dans la fonction publique .
Enfin, à l’hôpital, la fonction publique hospitalière représente 1,13 millions d’agents soit 21% des effectifs publics et 43,7 milliards d’euros.
En tout, la masse salariale de toutes les fonctions publiques représente 278 milliards d’euros (hors militaires), soit près du quart de la dépense publique et 13% de la richesse nationale.
Nous sommes donc loin des chiffres de François Fillon. Il est par contre exact de dire, comme François Fillon l’a fait à plusieurs reprises, que le poids de la masse salariale publique dans le PIB est plus important en France que dans la plupart des pays européens, exception faite des pays scandinaves.
« La référence sera le secteur privé » : un objectif de convergence qui manque de sens
Dans la même interview, François Fillon a rappelé que secteurs public et privé devraient converger vers les mêmes pratiques s’il est élu président de la République en mai 2017.
Grandes sources d’inspiration dans l’élaboration des programmes des primaires de droite, les pratiques du secteur privé sont souvent louées pour leur sérieux, loin de la gabegie qu’on prête souvent à la fonction publique.
Pourtant, au cours des dix dernières années, la masse salariale publique a augmenté en moyenne de 2,4% par an, soit un rythme comparable à celui du secteur privé. Mais il est exact de dire que la croissance des effectifs a été plus soutenue du côté du secteur public que dans celui du privé : 0,6% contre 0,3%.
Enfin, loin de l’image du fonctionnaire nanti forcément mieux payé qu’un salarié du privé, le traitement moyen dans la fonction publique a moins vite augmenté que le salaire de ce dernier. Les traitements progressent en effet de 0,2% par an en moyenne dans la fonction publique d’Etat en euros constants contre 0,5% pour le secteur privé.
Contactée par la rédaction pour préciser certains points de son programme, l’équipe de campagne de François Fillon n’a pas fait suite à nos demandes.

Aucun commentaire: