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Renault Flins : la CFDT fait la course en tête
publié le 23/04/2015 à 16H37
par
Jérôme Citron
Le
travail de la jeune et dynamique section de Flins-sur-Seine a payé.
Avec plus de 30 % des voix aux élections professionnelles de mars
dernier, elle est devenue la première organisation syndicale du site.
« Je m’attendais à un bon score, mais les résultats ont dépassé toutes mes espérances. »
Délégué syndical central de Renault, Franck Daoût ne cache pas sa
satisfaction. La CFDT de Flins – la plus vieille usine de Renault en
activité, qui compte plus de 2 500 salariés – est passée de 15,3 à
30,1 % aux dernières élections professionnelles, qui se sont déroulées
le 19 mars dernier. « Grâce à cette jeune équipe pleine de promesses, la représentativité de la CFDT dans le groupe a dépassé les 20 %, insiste le DSC. Je leur tire mon chapeau ! »
Après
une campagne électorale éprouvante et très tendue, ces résultats sont
une belle récompense aux yeux de tous ces militants qui sont allés au
charbon depuis plus de six mois pour diffuser, atelier par atelier, les
positions de l’organisation.
Le choix de s’engager pour la compétitivité
Un
travail de terrain indispensable dans cette période compliquée pour les
salariés de Renault. Car depuis 2008, le secteur automobile subit de
plein fouet la crise économique et ne cesse de se restructurer. À
l’instar de Peugeot, l’autre champion national, Renault commence à
sortir du rouge, mais ce redressement s’est fait surtout grâce aux
efforts consentis par les salariés, aussi bien en termes de salaires que
de temps de travail. Le choix de la CFDT de s’engager dans cette
bataille de la compétitivité est en train de payer, mais il a fallu
convaincre en interne pendant des mois que c’était la bonne stratégie
face à d’autres organisations syndicales particulièrement remontées.
« Notre force est d’avoir tenu un discours identique à tous les niveaux du groupe Renault, explique le secrétaire de la section, Brahim El Kartoum. Quand
la CFDT a signé l’accord compétitivité au niveau central, nous l’avons
porté à Flins sur les chaînes de montage en expliquant en quoi il allait
permettre de maintenir de l’activité dans l’usine. Et quand il a été
question de passer de deux à une seule équipe de jour, nous avons su
rappeler à la direction que l’accord compétitivité ne le permettait pas.
Les salariés ont manifestement compris et approuvé la cohérence de
notre stratégie. »
Le sens du syndicalisme CFDT
Sur
la défensive, les autres organisations n’ont pas interpellé la
direction afin d’obtenir la mise en place d’une équipe de nuit quand des
travaux dans l’usine risquaient de faire partir une partie de
l’activité vers un autre site du groupe. Seule la CFDT a proposé cette
solution et s’est battue bec et ongles pour qu’elle aboutisse. « Personne n’y croyait à part nous, se rappelle Brahim. Quand
l’annonce a été officielle, les salariés n’ont pu que constater le
sérieux de notre proposition et notre pugnacité. Ils ont compris le sens
de notre syndicalisme, qui ne se limite pas à un discours
contestataire. »
Les
plusieurs bonnes nouvelles pour l’usine ces derniers temps ont ainsi
validé la stratégie de la CFDT et expliquent certainement en partie le
résultat des élections, mais elles n’expliquent pas tout, tant s’en
faut. Ce succès est surtout le fruit du travail d’une section qui s’est
profondément remaniée ces dernières années.
Sous
la conduite de Brahim, secrétaire au charisme indéniable, une équipe
renouvelée et rajeunie monte progressivement en compétence. Les chiffres
sont éloquents : la section comptait 60 adhérents en 2012 contre 320
aujourd’hui. En moyenne, elle accueille 15 nouveaux adhérents par
trimestre. « Les gens viennent à nous assez naturellement, souligne Brahim. On
répond à leurs questions ou on les dépatouille d’un petit problème et,
pour nous remercier, ils prennent leur carte. Dans une usine,
l’efficacité des délégués est le nerf de la guerre. Les salariés
attendent d’eux qu’ils soient présents sur le terrain, disent ce qu’ils
font et fassent ce qu’ils disent. C’est un travail de proximité
permanent. Il faut gagner la confiance des salariés. »
La
bataille de l’information est également un élément essentiel. La
section publie au moins un tract par semaine, qui est distribué à tous
les portails lors des changements d’équipes, davantage pendant la
campagne électorale. « Il y a toujours quelque chose à dire dans une usine, car il y a toujours un problème quelque part, ajoute en riant un militant. On aurait de quoi faire un journal quotidien. » Des délégués sont par ailleurs chargés de diffuser l’information auprès des adhérents de leur secteur.
L’adhérent, un salarié pas tout à fait comme les autres
Encore
plus fort, chaque militant qui fait adhérer un salarié est, en quelque
sorte, responsable de lui. Il doit s’assurer qu’il a la bonne
information dans les plus brefs délais. « À la fin de chaque réunion avec la direction, j’envoie un texto groupé à tous les délégués, explique Brahim. Il leur revient de le diffuser à “leurs” adhérents. » La section pousse même cette logique en notant quel militant a convaincu chaque nouvel adhérent de rejoindre la CFDT. « Ça crée une petite émulation en matière de développement », glisse malicieusement Brahim.
Sur
la chaîne de production, cette organisation au cordeau n’est pas passée
inaperçue. Il n’est pas rare qu’un salarié demande aux militants CFDT
qu’ils enregistrent son numéro de portable pour avoir la primeur des
informations. « Nous acceptons sans problème même si la personne n’est pas adhérente, explique un délégué. On
ne peut refuser à un collègue de travail de le tenir au courant des
affaires de l’entreprise, tout comme nous le défendons auprès de la
hiérarchie même s’il n’a pas sa carte. En revanche, un adhérent CFDT
sait qu’il bénéficiera d’une attention particulière. Si un chef cherche
des noises à un adhérent, par exemple, il se rend compte très vite qu’il
aura affaire à toute l’organisation. Nos adhérents savent qu’ils ne
sont pas tout à fait des salariés comme les autres. »
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