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Fonctionnaires : paroles de manifestants
PUBLIÉ LE 15/05/2014 À 19H16par Emmanuelle Pirat
Le gel du point d’indice était au cœur du mécontentement. Mais bien d’autres raisons ont poussé les fonctionnaires dans la rue : les sous-effectifs, le manque de reconnaissance, les conditions de travail et l’épuisement des personnels.
Les manifestants parisiens demandent de la reconnaissance |
Quelque 20 000 manifestants ont battu le pavé parisien à l’appel de l’intersyndicale Fonctions publiques, le 15 mai. « Tout augmente, sauf nos salaires ! », lance le petit groupe d’auxiliaires de puériculture CFDT travaillant dans une crèche parisienne et venues pour leur « première manif ». « Faire des efforts pendant quatre ans, passe encore, mais jusqu’en 2017, c’est trop ! » Pour Christine, éducatrice de jeunes enfants depuis trente-trois ans et responsable d’une halte-garderie dans le 3e arrondissement de Paris, la pilule est amère. Elle est bien sûr venue afin de manifester son ras-le-bol face aux décisions gouvernementales de geler le point d’indice, base du calcul du salaire dans les fonctions publiques. Mais pour elle et ses collègues, les raisons du malaise sont bien plus nombreuses. Celles-ci touchent principalement aux conditions de travail, rendues intenables du fait du manque d’effectifs. Christine peut témoigner de nettes dégradations ces dernières années.
Les représentants CFDT interco 13 Ville de Marseille , Ouest Provence et MPM à Marseille dans la manifestation (sur le tronçon cours Lieutaud 13006)
« On manque tellement d’effectifs que les congés maternité ou les congés maladie ne sont pas remplacés. Cela pèse sur celles qui restent », ajoute une collègue. Du coup, « les arrêts maladie se multiplient. Les gens craquent ». Une collègue qui a vingt ans d’ancienneté, visiblement éprouvée, se dit « épuisée ». Le manque d’effectifs conduit aussi fréquemment à ne pas ouvrir toutes les places disponibles. Compte tenu du ratio d’encadrement à respecter pour accueillir les petits, certaines structures sont contraintes de limiter le nombre d’enfants gardés. Les conditions de travail s’en ressentent fortement. « En formation, on nous dit de belles choses sur le fait de passer des moments privilégiés avec les petits, par exemple au moment où on les change. Mais quand on a 24 bambins à changer en une demi-heure, ça veut dire quoi, “moment privilégié” ? », relève Isabel, 52 ans, éducatrice dans une halte-garderie à Montrouge, à qui il arrive régulièrement de douter, d’être découragée. « Il faut se battre pour tout »... et d’avoir envie de changer à nouveau de métier, elle qui a déjà plusieurs expériences de reconversion professionnelle.
Visiblement, le ras-le-bol est largement partagé par d’autres collègues dans d’autres secteurs. Les communaux de La Courneuve, qui viennent de créer une section CFDT (déjà 40 adhérents !), témoignent des mêmes griefs : au-delà des questions salariales, les problèmes d’effectifs, le manque de reconnaissance, l’épuisement semblent alimenter la majeure partie des revendications.
Photo © Pauline Bernard
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