Une information I TELE
Hier, une vingtaine de syndicalistes de la branche
commerce d’Ile-de-France de la CFDT se sont
vus empêcher l’accès à leurs locaux.
Ils sont désormais suspendus.
Pour son secrétaire, c’est leur action
contre le travail dominical et de nuit
qu’ils paient aujourd’hui.
« Faux », répond la fédération qui argue
du non-respect du règlement.
Une enquête d'une journaliste économique et sociale de
I TELE , Nassira El Moaddem.
Comme tous les matins, ce mardi 6 mai, Alexandre Togormian,
secrétaire général du syndicat commerce Ile-de-France
de la CFDT, se rend au local de son organisation. Un comité
d’accueil l’attend dans le hall. A lui et aux 19 autres militants
qui occupent le bureau, on refuse l’accès. « Des personnes
des instances de la confédération et de l’union régionale nous
ont fait barrage. On ne pouvait pas accéder à nos propres bureaux !
Même les serrures de notre local ont été changées ! ».
Un huissier leur signifie leur expulsion et la police intervient.
La Fédération CFDT des services, à laquelle le syndicat
commerce d’Ile-de-France est rattaché, décide de suspendre
le syndicat. Concrètement, ils n’ont plus ni accès aux bureaux,
ni les moyens de travailler, ni la possibilité d’agir au nom de
la CFDT jusqu’à nouvel ordre. En cause : le non-respect par
le syndicat des règles de fonctionnement interne à la CFDT,
comme indiqué par la délibération prise le 5 mai par la
Fédération des services, et qu’i>TELE s’est procurée.
secrétaire général du syndicat commerce Ile-de-France
de la CFDT, se rend au local de son organisation. Un comité
d’accueil l’attend dans le hall. A lui et aux 19 autres militants
qui occupent le bureau, on refuse l’accès. « Des personnes
des instances de la confédération et de l’union régionale nous
ont fait barrage. On ne pouvait pas accéder à nos propres bureaux !
Même les serrures de notre local ont été changées ! ».
Un huissier leur signifie leur expulsion et la police intervient.
La Fédération CFDT des services, à laquelle le syndicat
commerce d’Ile-de-France est rattaché, décide de suspendre
le syndicat. Concrètement, ils n’ont plus ni accès aux bureaux,
ni les moyens de travailler, ni la possibilité d’agir au nom de
la CFDT jusqu’à nouvel ordre. En cause : le non-respect par
le syndicat des règles de fonctionnement interne à la CFDT,
comme indiqué par la délibération prise le 5 mai par la
Fédération des services, et qu’i>TELE s’est procurée.
Mais pour Alexandre Torgomian, comme pour les autres militants
du syndicat, il y a l’officiel et l’officieux. Et l’officieux, c'est peut-être
la bataille qu’ils mènent contre l’ouverture dominicale et nocturne.
Ils en ont fait un de leur combat principal ces derniers mois alors
que dans les instances dirigeantes, le message délivré à ce sujet
est plus conciliant. « Notre position sur le sujet n'est pas la même
vision que celle de la CFDT. Nous considérons qu’en faisant travailler
la nuit et le dimanche, on nous enlève des droits », affirme
Alexandre Torgomian. Un combat que le syndicat commerce
d’Ile-de-France de la CFDT mène d’ailleurs au sein de CLIC-P,
cette puissante intersyndicale régionale qui, réunit également
CGT, UNSA, CFE-CGC et SUD et qui, depuis plus de trois ans,
enchaîne les revendications médiatiques et les batailles juridiques
contre le non-respect, selon elle, des repos hebdomadaires et
de la législation sur le travail de nuit.
« On savait que ça allait mal se terminer »
Le positionnement politique et la participation à une intersyndicale :
deux ingrédients qui, d’après Alexandre Torgomian, déplaisent
fortement à la Fédération des Services et par conséquent,
à la CFDT de Laurent Berger. « A la confédération, ils ont
décidé de faire la guerre à la CGT, mais nous, militants,
ça ne nous regarde pas. On est là pour défendre les intérêts
des salariés qui se fichent bien de leurs conflits ».
Pour le secrétaire du syndicat, ils paient aujourd’hui clairement leur positionnement sur la question du travail dominical et de nuit.
« On savait que ça allait mal se terminer mais pas à ce point-là !
Ce qui est arrivé est inacceptable et choquant ! A plusieurs
reprises, on nous a fait remarquer que notre discours ne plaisait pas.
Lorsque nous nous exprimions dans la presse, on nous demandait
parfois de faire des démentis ! ». Pour Alexandre Torgomian,
certes, la suspension est une décision de la fédération des services
mais à priori elle n’a pas pu être prise sans l’aval de la CFDT.
deux ingrédients qui, d’après Alexandre Torgomian, déplaisent
fortement à la Fédération des Services et par conséquent,
à la CFDT de Laurent Berger. « A la confédération, ils ont
décidé de faire la guerre à la CGT, mais nous, militants,
ça ne nous regarde pas. On est là pour défendre les intérêts
des salariés qui se fichent bien de leurs conflits ».
Pour le secrétaire du syndicat, ils paient aujourd’hui clairement leur positionnement sur la question du travail dominical et de nuit.
« On savait que ça allait mal se terminer mais pas à ce point-là !
Ce qui est arrivé est inacceptable et choquant ! A plusieurs
reprises, on nous a fait remarquer que notre discours ne plaisait pas.
Lorsque nous nous exprimions dans la presse, on nous demandait
parfois de faire des démentis ! ». Pour Alexandre Torgomian,
certes, la suspension est une décision de la fédération des services
mais à priori elle n’a pas pu être prise sans l’aval de la CFDT.
Non-respect des statuts
Gilles Desbordes, secrétaire général de la Fédération des
services de la CFDT, reconnaît la suspension du syndicat et*
l’impossibilité d’accéder aux locaux mais réfute en bloc
les explications d’Alexandre Torgomian. « La décision est d’ordre
administrative et statutaire. Les dirigeants du syndicat ont
déclaré 3600 adhérents démissionnaires, quasiment la totalité
de ce syndicat, sans même que les intéressés n’aient demandé
quoique ce soit ! Dès l’instant où l’on remet en cause la responsabilité
de certains c’est plus commode d’invoquer des questions politiques ».
« Faux », répond Alexandre Torgomian qui voit en cet argument un faux prétexte. « C’est de la désinformation. Nous apporterons les éléments complémentaires devant les instances compétentes ».
Gilles Desbordes reconnaît que la « CFDT n’est pas favorable
aux intersyndicales structurées » mais ajoute : « Cela ne
suffit pas à constituer un motif déterminant ». Le secrétaire
général qui indique que la sanction est également dûe à
des écarts de comportement dans la prise de parole :
elle doit se faire conformément aux règles de la
confédération au niveau national ». Et de conclure :
« On peut habillet cela par des discours politiques
mais il y a des règles à respecter ».
Cette situation, Karl Ghazi, co-fondateur du Clic-P et ancien militant
CFDT de la Fédération des services, dit l’avoir vécue.
« Nous étions au courant des vives tensions entre
le syndicat commerce d’Ile-de-France de la CFDT et
les instances dirigeantes. On sentait que cela prenait
une tournure grave et qu’ils finiraient pas exclure le syndicat ».
Karl Ghazi a fait ses armes syndicales à la CFDT au début
des années 1990. En 2000, la CFDT décide de signer
une convention nationale collective consacrant des nocturnes
dans les grands magasins. Il s’y oppose et quitte la confédération.
Il rejoint la CGT Commerce et participe à la création du Clic-P.
« Par nos revendications, nos actions sur le travail de nuit et
dominical, nous attirons l’attention médiatique et cela déplait
à l’ensemble des fédérations ». Il partage l’analyse
d’Alexandre Torgomian ; pour lui, c’est à la fois l’unité syndicale
de Clic-P qui gêne la CFDT mais également la ligne défendue
au sein de l’intersyndicale sur le travail dominical et de nuit qui
leur pose problème. « Dans le secteur du commerce en Ile-de-France,
les réalités du terrain sont très éloignées des fantasmes sur le
dialogue social, affirme Karl Ghazi. Le salariat est prolétarisé,
les temps partiels banalisés, difficile d’avancer dans le dialogue
comme le voudrait la CFDT car les patrons ne se sentent pas
dans l’obligation de discuter. Notre démarche avec Clic-P ne
correspond pas ni à la ligne politique de la CFDT ni à celle de
la fédération des services ».
L’enjeu est important pour la CFDT : la fédération des services
est une de leurs plus grosses branches et le syndicat commerce
d’Ile-de-France représente près de 3 700 adhérents. A moins
d’un mois du congrès de la CFDT à Marseille, cet épisode
risque de laisser des traces. « On comptait faire un discours sur le fonctionnement interne de la CFDT, sur le fait de dire que la
parole est libre alors qu’on nous punit dès lors que celle-ci ne plait pas »,
affirme Alexandre Torgomian. Il a décidé d’intenter un référé
contre la fédération pour s’opposer à leur suspension. Reçu par
un bras-droit de Laurent Berger ce mercredi, le dossier sera
sur le bureau lundi du secrétaire général de la Confédération.
Nassira EL Moaddem
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