mercredi 22 juin 2016

Marseille n’a plus peur des orages La Métropole a fait de gros efforts sur l’assainissement et la gestion des eaux pluviales (lire notre article sur son dernier contrat de DSP qui a intégré d’importants investissements). Un contrat déclinant 25 actions (dont la construction de bassins d’orage) sur 5 ans a été signé en 2014 avec l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée et Corse (RMC, subvention de 50 millions d’euros) pour un budget global de 185 millions d’euros.

Ces collectivités qui se battent pour améliorer leurs eaux de baignade

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© Flickr CC by Jean-Louis Zimmerman
Selon un rapport publié récemment par l’Agence européenne de l’environnement (AEE), 96,1 % des eaux de baignade de l’Union européenne sont de qualité au moins suffisante. En France, les collectivités qui ont des eaux de baignade de mauvaise qualité se battent pour inverser la tendance. Un combat souvent de longue haleine
Les Européens ont de la chance : ils disposent de 21 500 plages, qui sont contrôlées et passées au crible de  l’Agence européenne pour l’environnement dans son classement 2015. Et sur ce total, pas moins de 3 300 se situent en France, eaux douces et marines confondues.
Avant de voir ce que dit ce classement, rappelons que depuis 2013 (conformément à la réglementation en vigueur depuis 2013  (1) ), ce classement s’appuie sur 4 années de données (2012 à 2015).
Au niveau européen, les résultats s’améliorent entre 2014 et 2015 : 125 sites de baignade ont en  effet vu leur qualité de l’eau  passer d’insuffisante à suffisante ou plus (+ 0,9 % par rapport à 2014). Cependant, l’objectif fixé de 100 % des plages de l’UE de qualité au moins « suffisante » (2) en 2015 n’est pas atteint.


La France compte 76% de ses eaux classées en excellente qualité, 15,1% en bonne qualité, 4,2% en qualité suffisante, 2,8 % en qualité insuffisante (95 sites) et 1,9 % de classification impossible. Elle est en tête des pays présentant le plus grand nombre de plages dont la qualité s’améliore (32), suivie par l’Italie (24) et l’Espagne (20). Cependant, avec 29 sites (sur 76 pour l’ensemble de l’UE) dont la qualité s’est dégradée, c’est aussi celui qui a connu le plus de détériorations.


Sur les 29 sites qui se sont dégradés, 12 se situent sur la seule région Bretagne, et en particulier dans le Finistère. Ce département compte 270 plages (sur 564 en Bretagne) et présente 16 plages de qualité insuffisante (sur 20 en Bretagne) en 2015. Les explications de ce déclassement seraient liées à la forte pluviométrie (3). « Les prélèvements de la mi-août ont été effectués juste après des orages. Les problèmes de gestion des eaux pluviales et de débordement des stations d’épuration expliquent ces résultats », explique Thomas Kerbebel, ingénieur d’étude sanitaire à l’agence régionale de la santé (ARS) du Finistère.

Deux ans pour redresser la barre

Pourtant, l’objectif de la nouvelle réglementation est justement de moyenner les résultats sur 4 ans afin d’éviter de donner trop d’importance aux pics de pollution ponctuelle dus à la météo. En outre, il est permis d’enlever le plus mauvais résultat de l’année (1 sur 4 ou 15 % sur les 4 ans), lorsque la baignade était fermée au moment du contrôle de l’ARS) et que l’origine de la pollution est connue.
Attention cependant : si les résultats ne s’améliorent pas avant la fin de la saison 2017 (5 années consécutives en « insuffisant »), la baignade pourra être interdite sur ces sites de manière permanente. Pour l’instant, trois plages du Finistère risquent ce déclassement selon l’ARS Bretagne, deux à Guisseny et une à Kerlouan.
Que faire pour améliorer ces résultats ? « Les collectivités doivent d’une part travailler sur les réseaux (autosurveillance, branchements, etc.), d’autre part mener un politique de gestion active pour anticiper les événements pluvieux » explique Régis Le Quillec, responsable eaux de baignade à l’agence de l’eau Loire-Bretagne.

Des autocontrôles quotidiens à Douarnenez

C’est déjà le cas dans les collectivités, pourtant touchées par les déclassements. Mais c’est un travail de fourmi qui demande du temps. A Douarnenez, Pors Cad, petite plage de centre-ville, est passée de bonne qualité à insuffisante entre 2014 et 2015. Les analyses ont révélé la présence d’entérocoques d’origines diverses (chiens, humains, oiseaux). La commune a décidé de fermer la plage pour la saison 2016 et lancé des études, avec l’aide d’un laboratoire, pour connaître l’origine précise de la pollution.
En outre, depuis 2014, elle a mis en place des autocontrôles quotidiens et s’est dotée de matériel d’analyse microbiologique qui lui permet d’avoir les résultats sous 12 à 18 h (contre 48 à 60 h pour l’ARS). « La ville peut ainsi prendre des arrêtés de fermeture en temps quasi réel. En outre, nous travaillons sur les réseaux pour trouver les branchements non conformes (eaux usées sur eaux pluviales). Dans ce bassin classé « algues vertes », l’image de nos plages est importante et nous mettons tous les moyens en œuvre pour l’améliorer », explique Thierry Chauvin, chef du service environnement.
Au total, la ville y consacre un budget de 860 000 euros (dont 302 000 euros d’aide de l’agence de l’eau), étalés sur une période allant de 2016 à 2018, et travaille en partenariat avec le parc marin d’Iroise et l’établissement public de gestion et d’aménagement de la baie de Douarnenez.

Pays Léonard : un système d’alerte pluviométrique en 2016

Dans la communauté de communes du Pays Léonard (CCPL), autre bassin classé « algues vertes », deux plages – Guillec et Théven – ont fait l’objet d’un déclassement en 2015. « Nous mettons en place un programme d’autosurveillance, mais force est de constater la vulnérabilité des sites à l’aléa pluviométrique », admet Jacques-Olivier Cadiou, adjoint à la direction du service développement durable. Afin d’anticiper ces événements, la CCPL met en œuvre cette année un nouveau système d’alerte pluviométrique. « Nous disposons de trois pluviomètres situés dans les stations d’épuration. Au-delà de 10 mm de pluie, la baignade pourra être fermée de manière préventive sur décision du maire. »
Bien que moins pointée par le rapport de l’AEE, la région PACA montre aussi quelques sites en recul. Ainsi, la plage du nouveau palais à Cannes est passée de bonne qualité (2013) à suffisante (2014) puis insuffisante (2015). « Il s’agit d’un problème sur le réseau d’assainissement collectif et les travaux ont été effectués pour y remédier », rassure Fabrice Dassonville, ingénieur du génie sanitaire à l’ARS PACA.

Marseille n’a plus peur des orages

A souligner, l’action de Marseille : toutes les plages sont en voie d’amélioration (classées bonnes ou excellentes). La ville a fait de gros efforts sur l’assainissement et la gestion des eaux pluviales (lire notre article sur son dernier contrat de DSP qui a intégré d’importants investissements). Un contrat déclinant 25 actions (dont la construction de bassins d’orage) sur 5 ans a été signé en 2014 avec l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée et Corse (RMC, subvention de 50 millions d’euros) pour un budget global de 185 millions d’euros.
« Nous avons signé d’autres contrats d’agglomération du même type avec Nice et Cagnes. C’est en cours avec Toulon. Depuis octobre, nous finançons les travaux liés aux eaux pluviales à hauteur de 50 % », précise Katy Pojer, experte réseaux et baignade à l’agence de l’eau RMC.
En Bretagne aussi, certaines collectivités ont considérablement amélioré la qualité de leurs eaux de baignade, en particulier dans le Morbihan. Comme la plage de Port Leen à Arzon, passée d’un classement insuffisant (2013), à suffisant (2014) et bon (2015), avec l’aide de l’agence de l’eau Loire-Bretagne. « La commune a mené une action dynamique d’identification des mauvais branchements d’eaux usées sur le réseau d’eau pluviale, avec l’objectif d’une mise en conformité auprès des particuliers, salue Régis Le Quillec. C’est évidemment un travail de longue haleine, mais qui semble commencer à porter ses fruits, sachant qu’en matière de classement des eaux de baignade, les sites fragiles ne sont pas à l’abri d’une rechute du classement en cas de forts épisodes pluvieux non anticipés », met-il toutefois en garde.

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