mercredi 9 octobre 2013

À Salon-de-Provence, les jeunes de la mission locale ont monté à l’initiative du Synami-CFDT un studio vidéo qui s’avère être un accélérateur d’insertion. Action !

Jeunes, la vidéo, moteur de l'insertion

PUBLIÉ LE 03/10/2013 À 17H52par Marie-Nadine Eltchaninoff
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À Salon-de-Provence, les jeunes de la mission locale ont monté à l’initiative du Synami-CFDT un studio vidéo qui s’avère être un accélérateur d’insertion. Action !
Un après-midi de juillet à Salon-de-Provence. L’air vibre de chaleur et de stridulations incessantes des cigales. Dans la cour du bâtiment rose qui abrite la mission locale, quelques jeunes s’essayent à la caméra. Pas le caméscope des vacances, mais une vraie caméra de reporter professionnel. La prise de son est assurée par Lola, qui manie comme une technicienne avertie la perche prolongée par un micro. À l’intérieur, dans la fraîcheur climatisée du studio de ML Prod, Loïc, coiffé d’un casque, travaille au montage d’une interview sur le logiciel Première. C’est ainsi tous les mardis après-midi, l’atelier vidéo tourne à plein régime.
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"Les professionnels nous écoutent, nous font confiance"     
Annick Brunet, présidente de la mission locale, avait retenu d’une expérience professionnelle antérieure dans la production audiovisuelle, l’idée que dans une équipe de tournage, la motivation et la créativité naissent de l’autonomie, la responsabilité, le respect mutuel quel que soit le niveau de chacun. Elle imagine un atelier vidéo, où des reportages seraient réalisés par des jeunes de la mission locale sur les entreprises de la région, afin d’aider les premiers à apprivoiser les secondes, et vice-versa. Bertrand Schwartz, fondateur des missions locales et promoteur de l’innovation pédagogique, est intéressé. Il intègre le projet dans une RAC (Recherche action collective) menée par le Synami-CFDT. Martin Hirsch, alors haut commissaire à la jeunesse, apporte son soutien. Aujourd’hui, les jeunes conçoivent leurs propres sujets de reportage, à condition qu’ils présentent un intérêt citoyen. Une notoriété grandissante leur attire même des commandes.
Depuis 2009, une centaine de jeunes sont passés par ML Prod qui fonctionne selon un système d’entrées et de sorties permanentes. Car le dispositif n’est pas une fin en soi, mais un tremplin pour retrouver un emploi, une motivation perdue, une confiance en berne. Sur la base du volontariat, des jeunes avec ou sans emploi, diplômés ou non, se retrouvent pour s’initier ou se perfectionner au cadrage, au son, au montage, aux techniques de l’interview et à la réalisation d’un reportage. La télévision locale participative O2Zone TV, propose deux ou trois fois par an une formation aux jeunes animateurs, qui à leur tour formeront les stagiaires. La plupart sont de jeunes volontaires du service civique, d’autres de simples bénévoles.
Effet « booster » sur les jeunes
Après un BEP de comptabilité et une vaine recherche d’emploi, Nassuf a rejoint l’équipe de ML Prod il y a quelques années. « J’ai appris à m’exprimer. Je viens des quartiers et ML Prod m’a permis de m’ouvrir. Je me suis enrichi auprès des personnes que j’ai rencontrées, aussi bien des jeunes de milieux différents du mien que des adultes. J’avais des clichés sur les autres autant que les autres en avaient sur moi. J’ai vécu une expérience de solidarité, et je me suis constitué un réseau. » Nassuf a passé un CAP de dessinateur en exécution communication graphique, il a été recruté comme infographiste en CAE à la mission locale et prépare en alternance un bac pro graphisme. Il vise la conception de sites Web. ML Prod a eu le même effet « booster » sur Marine. Engagée dans un service civique, elle a monté un projet avec l’OFQJ (Office franco-québecois pour la jeunesse). Marine est partie une semaine à Montréal pour tourner un reportage sur l’expatriation des jeunes. Elle utilise aujourd’hui cette vidéo comme support d’information pour les jeunes intéressés par la mobilité internationale.
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     "La vidéo nous permet de reprendre confiance en nous"
Les conseillers professionnels de la mission voient d’un bon œil l’existence du studio. « Je propose cette activité aux jeunes dont le parcours est proche de l’audiovisuel,explique Clémence, conseillère professionnelle, mais aussi à ceux qui manquent de confiance en eux ou doivent recréer un lien social. » Clémence remarque les progrès accomplis. Les jeunes développent des qualités relationnelles, des compétences en organisation, en rédaction, en gestion de planning et de projet. Autant de qualités qui retiennent l’attention des recruteurs.
Pourquoi limiter cette expérimentation au seul pays salonais ? Une « franchise » ML Prod est à l’étude. Marine espère décrocher un emploi d’avenir d’animatrice jeunesse et retourner en Normandie, sa région d’origine, pour développer une activité similaire dans les missions locales du territoire normand. Sa compagne, Solène, dotée d’une expérience en pré-production et d’une confiance en elle acquises grâce à ML Prod, va tenter sa chance dans la communication. « Après mon expérience ici, ce n’est plus possible de ne pas me rendre utile. » À côté des techniques, les jeunes ont appris à être exigeants sur ce qu’ils attendent du travail.

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