Marseille : nouveau bras de fer autour de la propreté des rues
Publié le vendredi 05 mars 2010 à 08H24
ISS qui nettoie une partie du centre se lance, demain, dans une grève illimitée. Elle est inquiète pour son avenir
En novembre dernier, la société Bronzo avait paralysé la collecte des ordures à Marseille. Aujourd'hui, c'est une partie du centre-ville qui est menacée.
Photo Cyril Sollier
Et voilà que ressurgit l'épouvantail du blocage. Les conteneurs qui débordent, les sacs entassés qui dessinent de vastes arceaux pégueux et Marseille qui écorne son image et assoit sa réputation de capitale de la crasse: un nouveau conflit des poubelles est en train de naître au centre-ville. Demain, à partir de 17h, la société privée ISS Environnement, qui a en charge le 2e arrondissement, cessera sa collecte quotidienne pour une durée illimitée. Pourquoi ? Parce que la Communauté urbaine s'apprêterait à lui arracher un bout de territoire. Pour bien comprendre, il faut remonter au début de l'année. À l'heure où MPM lançait les appels d'offres pour l'attribution du marché de la collecte des ordures, Eugène Caselli, son président (PS), annonçait que le 2e arrondissement serait amputé de 20%. Autrement dit, le secteur situé entre la mairie et le J4 basculerait entre les mains du service public qui gère déjà le 1 er arrondissement. Quel intérêt ? Créer au coeur de la ville un commandement unique pour le nettoiement, dans l'optique de la semi-piétonnisation du Vieux-Port en 2014 et de l'opération "Marseille capitale européenne de la culture." Oui mais voilà. En perdant du terrain, ISS Environnement (si elle est retenue à l'heure de l'attribution des lots) se dit qu'elle perdra son volume de déchets. "On ramassera moins, redoute Bernard Pizzo, responsable FO de la société. On passera de 13400 tonnes par an à 10000 tonnes." Et s'ils ramassent moins, les agents se disent qu'il y aura forcément une compression du personnel et une réduction du matériel. Alors, ils réclament des garanties. "On veut être assurés que le personnel sera repris intégralement avec maintien des avantages acquis, individuels et collectifs, poste par poste. Si on perd une partie du 2e arrondissement, pourquoi ne nous donne-t-on pas une compensation? On veut avoir le même volume de travail ." Sinon, les bennes resteront à l'arrêt à partir de demain. Dans le 2e arrondissement et dans quelques rues du premier, autour du marché des Capucins, que ISS nettoie aussi, même si c'est le service public qui en a la charge. "C'est le quartier qu'on appelle le Bronx, difficile d'accès où on va parce que les autres ne peuvent pas y aller." Le conflit peut-il être rapidement désamorcé ? Mardi, alors qu'ils effectuaient une visitait du canton des Grands-Carmes, Jean-Noël Guérini et Eugène Caselli ont été "coincés" par les agents d'ISS Environnement qui leur ont exposé ensuite, entre quatre murs, leurs revendications. Et l'entrevue a tourné court. Une tuile pour MPM, trois mois à peine après le conflit provoqué par la société Bronzo (14e ) qui avait été écartée du précédent appel d'offres et qui avait bloqué pendant une semaine l'accès aux déchetteries. À cette époque, après une empoignade avec Renaud Muselier (UMP), chef de l'opposition à MPM, Eugène Caselli avait envisagé de faire passer la collecte des déchets au "tout public". Ce qui l'obligeait à absorber les agents du privé. Impossible pour des raisons juridiques et parce que les délais étaient trop courts. L'épouvantail du blocage ressurgit donc à Marseille où Bronzo a montré qu'on pouvait faire vaciller MPM. Alors, pourquoi pas d'autres...
Lire aussi dans La Provence d'aujourd'hui (édition Marseille), la mise au point du directeur de Marseille Provence métropole (MPM). J'achète le journal en ligne !
Jean-Jacques FIORITO
Les éboueurs prévoient une grève le 12 mars
Créé le 04.03.10 à 20h19
SOCIAL - Ils réclament une hausse des salaires et la prise en compte de la pénibilité...
Six organisations syndicales des entreprises chargées de la collecte, du traitement et du tri des déchets, ont appelé jeudi tous les salariés du secteur à un mouvement de grève reconductible le 12 mars pour des hausses de salaires et la prise en compte de la pénibilité.
La CGT-transport, la CFE-CGC, la CFDT-route, la CFTC-transports, FO-transports et la Fédération nationale des Chauffeurs routiers (FNCR), appellent tous les salariés des entreprises privées du déchets, comme Véolia-propreté, Suez-environnement, Coved, Groupe Nicolas, à la grève et à «la mobilisation générale», ont-ils annoncé dans un communiqué commun.
«Nous avons déposé un préavis de grève illimité», a expliqué Bruno Denhez (CGT-transport).
Départ anticipé à la retraite
Les syndicats exigent notamment l'ouverture de négociations pour la reconnaissance de la pénibilité de leur métier, et le droit à un départ anticipé à la retraite pour les métiers les plus pénibles.
«Nos métiers sont très pénibles, voire insalubres» et «les charges de travail sont en constante augmentation», dénoncent-ils, en déplorant également l’âge du départ à la retraite qui «se fait de plus en plus tard» et une évolution de carrière «trop lente quand elle n’est pas inexistante».
De plus, «les donneurs d’ordre font sans cesse appel au "moins-disant"», et «le management par le stress devient la règle à tous les échelons de la hiérarchie», ajoutent-ils.
Négociations sur les salaires
«Notre revendication d'une meilleure prise en compte de la pénibilité est ancienne, mais les employeurs refusent l'idée de départ anticipé», a assuré pour sa part Bruno Denhez.
«La goutte d'eau qui a fait débordé le vase», c'est la position des employeurs regroupés au sein du Syndicat national des Activités de Déchets (SNAD) dans les négociations sur les salaires actuellement en cours, a-t-il ajouté.
Ils «sont restés sur leur position d'augmenter la valeur du point de un pour cent au 1er février», a-t-il expliqué.
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