Déchets : la fin du blocus à Marseille
12 contributions Publié le mercredi 10 mars 2010 à 07H15
La collecte reprend. Les grévistes ont obtenu une rencontre avec le préfet. Mais un nouveaublocage est possible
Renaud Muselier a rencontré les grévistes hier. Selon eux, c'est l'élu qui aurait permis d'apaiser le climat.
Les grévistes ont levé le blocage, les centres de transfert des déchets sont libérés, la collecte va reprendre dans toute la ville où les poubelles commençaient à prendre dangereusement du volume. Le verrou a donc sauté hier. Mais il avait déjà commencé à se fissurer le matin au centre de transfert des Aygalades où la journée avait démarré par un entretien.
D'un côté, les leaders syndicaux d'ISS Environnement. De l'autre, Renaud Muselier, accompagné notamment de Martine Vassal, adjointe au maire. Le vice-président de la communauté urbaine était venu écouter les grévistes. "C'est vrai qu'Eugène Caselli a fait un cahier des charges qui ne convient pas à Marseille, expliquait ce dernier. Mais la ville ne doit pas être dans cet état de saleté. Il faut qu'on en discute. Passez me voir cet après-midi en mairie."
Après avoir exposé leurs revendications et exprimé leurs inquiétudes, Jean-Jacques Gastaldi (CFDT), Roland Aubain (CFTC) et Bernard Pizzo (FO) acceptaient l'invitation de l'ancien secrétaire d'État. Rendez-vous à 16h. En fin d'après-midi, l'information tombait. "On est d'accord pour lever le blocage, assurait Gastaldi, mais on doit d'abord en parler à la base, ce soir, en assemblée générale."
A 19h, la décision qu'on pressentait était annoncée. "On lève le blocage, confirmait Bernard Pizzo, parce qu'on a obtenu un rendez-vous en préfecture, demain (NDLR : cet après-midi) avec le préfet, les responsables de la communauté urbaine et ceux de la Ville. Mais ça ne signifie pas que la grève est terminée. On lève les blocages mais on ne collecte toujours pas les ordures dans notre arrondissement. On veut d'abord savoir ce qui va nous être proposé. A tout moment, on peut décider de bloquer à nouveau."
N'empêche que le dialogue a repris et que le malaise commence à se dissiper. Grâce à qui? Après son entrevue, Renaud Muselier triomphai t: "J'ai obtenu une réunion avec le préfet. Le blocage est donc levé. Et je propose d'ores et déjà que l'on organise un Grenelle de la propreté pour mettre en place un cahier des charges qui corresponde aux besoins de la ville."
Muselier le sauveur ? Dans la soirée, Eugène Caselli affirmait qu'il n'était en fait "qu'un coucou qui vient dans le nid des autres" ajoutant, catégorique : "J'ai rencontré le maire en fin de matinée. Nous avons été d'accord pour saisir le préfet à la seule condition que le blocage soit levé, ce que les grévistes ont accepté dans l'après-midi. Mais c'est moi qui ai contacté le secrétaire général de la préfecture."
Interrogés, les trois syndicalistes assuraient : "On n'aurait jamais levé le blocage si Renaud Muselier n'était pas venu nous voir. C'est lui qui nous a soutenus." On rappellera que la grève avait démarré samedi, après la décision de la communauté urbaine d'octroyer 20% du 2e arr., fief d'ISS Environnement, au service public qui gère déjà le premier arr.
But de la manoeuvre : créer un "commandement unique du nettoiement" dans le cadre de la semi-piétonnisation du Vieux-Port, prévu en 2014. Les agents d'ISS y voyaient une coupe sombre dans les effectifs de la société. Le préfet devra définitivement trancher aujourd'hui.
Jean-Jacques FIORITO (jjfiorito@laprovence-presse.fr)
Et que dit Libe ?
Grève des ordures: la droite propose ses services, le blocus est levé...provisoirement
AGIT' PROP'. Renaud Muselier (UMP) est allé mardi midi à la rencontre des grévistes. Pour proposer une « médiation ». Ou faire un peu de récup' politique? Une réunion de conciliation aura lieu en préfecture mercredi après-midi. Dans l'intervalle, les grévistes ont voté, mardi soir, la levée provisoire des blocus des centres de tri. Lire la suite
Les employés d'ISS Environnement, dans le 2e arrondissement de Marseille, sont en grève depuis samedi. Ils bloquent le transfert des déchets sur toute la ville pour protester contre le cahier des charges défini par la communauté urbaine MPM dans le prochain appel d'offres.
« Le cahier des charges est suspect », affirme Renaud Muselier.
Ajoutant ce mardi midi aux grévistes: « Mais ce n'est pas le débat d'aujourd'hui. Votre combat est légitime, mais on ne peut pas vous soutenir. Pour quarante emplois en jeu, vous bloquez la ville? »
Le discours de Muselier est simple: MPM, dirigée par la gauche, a mal rédigé les futurs appels d'offre, comme elle a mal géré tout le dossier des ordures depuis des mois, « un échec total », selon lui.
« On va essayer une médiation pour sortir par le haut », affirme-t-il, lors ce de déplacement au centre de tri des déchets du 15e arrondissement, bloqué par les grévistes.
Muselier a proposé aux délégués syndicaux un rendez-vous à la mairie à 16h ce mardi.
« On ne valide pas votre grève, mais on ne veut pas que des salariés qui défendent leurs emplois se prennent des coups de matraque sur la tête », affirme le député.
La police est intervenue samedi pour dégager un centre de tri, mais le blocage a repris dimanche.
Les grévistes estiment que, en amputant leur secteur dans le 2e de 20%, le nouvel appel d'offres met des emplois en péril.
Eugène Caselli, président PS de MPM, assure que tous les personnels seront repris.
Et il ne veut pas céder au « chantage », comme il l'a fait en novembre lors de la grève Bronzo, créant un fâcheux précédent dont ISS s'inspire aujourd'hui.
« Comme il a lâché la dernière fois, il veut montrer maintenant qu'il a de l'autorité, assure Muselier. Mais il a multiplié les erreurs stratégiques. La gauche a promis que la ville serait propre en six mois. Puis elle a retiré les appels d'offre. Puis nous a promis de passer au tout public. Impossible! Alors, ils ont refait dans l'urgence des appels d'offre avec des techniques bancales et des critères qui ne correspondent pas au souhait de la ville de la Marseille. Résultat, on a un conflit social. Cela fait deux grèves en trois mois, et je crois que ce n'est pas fini, malheureusement. »
Comme le reconnaît Muselier, il y a « beaucoup d'enjeux politiques » et une « arrière-pensée politique permanente » sur le dossier des ordures.
Dont son intervention fait partie, en pleine campagne pour les régionales. Même s'il s'en défend: « Je ne suis pas candidat à ces élections. » Mais il a besoin d'exister politiquement, et ce conflit lui en donne l'occasion.
M.H.
LEVEE PROVISOIRE DU BLOCUS
Les salariés grévistes de la société ISS ont décidé mardi soir d'interrompre provisoirement leur action lors d'une assemblée générale.
Réunis au siège de la société, les salariés ont voté le déblocage des deux centres de traitement des déchets dont ils empêchaient l'accès.
« On a décidé la réouverture des centres de transfert en attendant le résultat de la réunion de demain » (mercredi), a déclaré Jean-Jacques Gastaldi, délégué CFDT d'ISS, à l'issue de l'assemblée générale.
« On n'empêchera pas les camions de vider les ordures », a-t-il précisé.
Mercredi après-midi, une réunion sous l'égide du préfet de région doit se tenir avec des représentants de la communauté urbaine de Marseille, de la ville ainsi que les représentants syndicaux et patronaux d'ISS.
« Si le résultat de la réunion est positif, on débloque, si c'est négatif, on rebloque dans la foulée », a précisé M. Gastaldi, ajoutant: « On espère pas mal d'avancées, on veut plus de garanties sur la pérennité de nos emplois. » (AFP)
Enfin que dit MARSINFO :Oursinade , oursinade , je te tiens.....
Conflit des poubelles à Marseille » Muselier fait tout, Caselli fait le reste »
Par Pierre BOUCAUD le 10 mars 2010
Copie d'écran du JT de LCM, du 9/03 sur la visite de Muselier aux grèvistes de ISS
jt Lcm 9/03 conf de presse de Caselli
L’image est belle. Renaud Muselier s’avance, la main tendue. Autour de lui, sa garde rapprochée. Le Sénateur Maire du 4,5 Bruno Gilles, celui qui en battant Jean-Noêl Guérini dans ce secteur a permis à la droite de conserver il y a deux ans la Mairie de Marseille. Il aurait pu en profiter, mais il n’a pas bougé. Gaudin lui a offert un siège de Sénateur pour services rendus.Gilles est resté fidèle et loyal à « Renaud », Il l’a laissé à l’époque fanfaronner devant les micros et caméras de télé, le soir de la fameuse victoire aux municipales, quand toutes les autres grandes villes de droite basculaient à gauche…. Il y a aussi Martine Vassal, en charge du dossier propreté à MPM et élue à la Ville. La négo compliquée, elle connait. Un mélange de charme et d’agressivité. Redoutable. Il y a deux semaines, les forains qui menaçaient de bloquer la ville se sont vite couchés devant Martine, comme les salariés d’ISS l’ont fait hier midi. En face de Muselier, de ses bras droits et de quelques porte-flingues, les salariés en grève de ISS, mal rasés, fatigués, les yeux vides, en bleus de travail et gilets fluo. Un de leur représentant syndical s’avance, lui aussi la main tendue. Les deux hommes se serrent la main devant les caméras de télévision et les micros des journalistes locaux convoqués toute affaire cessante pour témoigner de ce moment historique. En fond, le ciel bleu, et un tas de poubelles. Le spot publicitaire est parfait. La mise en scène impeccable. Le message est limpide. La guerre est finie. Muselier signe l’armistice avec les syndicats. Bien joué.
Au même moment, Eugène Caselli, le Président de MPM, Marseille Provence Métropole, boit du jus de pomme dans le bureau du Maire de Marseille. Avec Gaudin, ils cherchent à sortir de cette énième grève des poubelles, c’est bon pour personne. Il vont proposer une table ronde sous l’égide du Préfet pour essayer de sortir du conflit. C’est trop tard, Muselier les a doublés. Caselli est totalement sorti du jeu. Il enregistre un peu plus tard une intervention pour la chaîne locale LCM, quand les journalistes lui apprennent la visite de Muselier aux syndicats d’ISS, quelques heures plus tôt. Il n’est même pas au courant ! C’est aujourd’hui un homme isolé. Le soir même, LCM repassera en boucle les images terribles de Caselli, seul , avec à côté de lui des tables et des chaises vides devant un parterre de journalistes, qui l’écoutent poliment expliquer que « cette fois il ne cédera pas ». Les journalistes aiment bien Eugène, il a toujours été sympa avec eux, pas comme les autres…. Mais ils ne le croient plus . Ils savent bien que ce n ‘est plus lui qui décide. La dernière fois c’est Jean-Noël Guérini, le si puissant Président du Conseil Général, celui qui « a fait Caselli », et qui lui avait demandé de se coucher devant la société Bronzo, au bout d’une semaine de grève. Cette fois c’est Muselier qui est allé négocier dans son dos la paix avec ISS. Plus dure sera la chute. Car Muselier n’a jamais supporté que Caselli lui vole son siège à MPM. Il fera tout pour lui reprendre. Et ce dossier des poubelles est l’occasion rêvée. Et comme par hasard, ça arrive au bon moment. Certains vont même jusqu’à soupçonner Muselier d’avoir tout monté avec ISS. On ne prête qu’aux riches…
La prochaine étape, c’est évidemment le prochain conseil de MPM, le 25 mars prochain, avec le vote du budget. La revanche pour Muselier, il ne laissera pas passer. C’est le seul moment ou Caselli peut tomber. Si il est mis en minorité, MPM n’a pas de budget, l’institution ne peut pas fonctionner et Caselli devra démissionner. Et cette fois, Muselier pourrait faire le plein des voix à droite pour passer, contrairement à la première élection, il y a deux ans, ou quelques uns ont trahi dans son camp. Gaudin aura du mal cette fois à ne pas le soutenir totalement. Muselier s’est rapproché de Sarkozy, les messages de Nicolas à Jean-Claude ont du être passé, « tu ne nous refais pas une galéjade comme la dernière fois, on compte sur toi Jean-Claude, tu dégages les socialos et tu refiles le job à Muso ».( C’est peut-être pas tout à fait ça, mais on doit pas être loin…) Et Guy Teissier, soupçonné lui aussi par Muselier de l’avoir enfoncé ce jour là, et d’avoir passé un accord avec la gauche pour être élu à la Présidence d’Euroméditerannée, ne pourra rien faire contre Muselier. En effet, Guy Teissier va être atteint cette année par la limite d’age ( 65 ans), et pour conserver cette prestigieuse et confortable Présidence, il va falloir que le Gouvernement publie très prochainement un décret le lui permettant . Pas le moment pour lui de faire des vagues, et de s’attirer des ennuis avec Muselier. Nicolas Sarkozy se méfie de « Renaud », trop chiraco-villepiniste à son goût, mais il lui conserve néanmoins une certaine estime , et fera tout pour qu’il récupère son siège à MPM. Cela serait un très beau coup politique et un très bon coup de com, à quelques jours d’une déroute annoncée aux régionales, que de reprendre au PS la Présidence de la Communauté urbaine de la deuxième ville de France…. Sarko l’a bien compris, ça va donc être très, très, compliqué pour Eugène, et tous les coups vont être permis… On lui souhaite bon courage.
>> » le conflit des poubelles prend une tournure politique » le reportage de Marina Depetris de LCM, sur laprovence.fr
>> Agit’prop par Michel Henry sur libémarseille.fr
>> Conflit des poubelles, une ville grossièrement nettoyée par Rémy Leroux sur son blog fini-parti
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