Grève de la collecte des déchets à Marseille : Caselli dénonce un chantage
Publié le dimanche 07 mars 2010 à 13H25
1300 tonnes de déchets de tout Marseille n'auraient pas été déchargées depuis hier soir.
Photo Guillaume Ruoppolo
Le président de la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole, Eugène Caselli, dénonce un "chantage aux marchés publics" de la part des salariés de la société ISS Environnement, en charge du ramassage des déchets ménagers dans le 2e arr., qui ont bloqué hier soir le centre de transfert Nord aux Aygalades (15e) avant d'être délogés par les CRS.
Il confirme avoir demandé au préfet de faire intervenir les forces de l'ordre pour débloquer le centre de transfert des ordures ménagères. "Bien sûr. On ne peut pas accepter qu'une centaine d'employés bloque toute la chaine du ramassage pour que Marseille croule sous les ordures comme en novembre dernier, insiste M. Caselli. Le droit de grève oui, mais une grève dans le seul 2e arrondissement concerné, et pas en bloquant illégalement les deux centres de transfert de Marseille".
Le président PS de MPM dénonce "l'ingérence" des grévistes dans la procédure en cours de renouvellement d'attribution des marchés publics du ramassage des déchets ménagers : "Ils ont des exigences sur le périmètre de collecte ainsi que sur les critères d'attribution et de durée des marchés, ce n'est pas acceptable". Pour lui, les garanties demandées par les grévistes sur la pérennité de leurs emplois, "c'est de la responsablité de la direction d'ISS Environnement. Que leur employeur se bouge, car pour l'instant il n'a rien dit ni rien fait. La Communauté urbaine peut seulement servir d'intermédiaire pour instaurer un dialogue social entre employés et direction, pas plus".
Pour autant, Eugène Caselli ne devrait pas faire appel à nouveau aux CRS ce soir, si les grévistes bloquent encore les centre de transfert : "Nous verrons ça demain, mais si cela persiste, nous prendrons les mesures qui s'imposent". Hier, une quarantaine d'agents de ISS Environnement avait tenté de bloquer l'un des deux centres de transferts de déchets marseillais, avenue des Aygalades (15e arr.) avant que les CRS n'interviennent.
"150 CRS sont venus et nous ont chargés violemment vers 23h, déclare Bernard Pizzo, délégué FO de la société ISS Environnement. Six d'entre nous avons été légèrement blessés, et on est 4 à avoir été soignés aux urgences de l'hôpital Nord, dont moi qui porte une minerve".
Selon la préfecture des Bouches-du-Rhône, "les forces de l'ordre sont intervenues à la demande de la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole, pour permettre l'accès des camions bennes au centre Nord. Il y a eu l'usage de gaz lacrymogènes et une seule personne a été incommodée et conduite à l'hôpital. Il y a eu aussi des échauffourées entre grévistes et non-grévistes". Néanmoins "aucune benne n'a vidée son chargement cette nuit", selon Bernard Pizzo.
Ce matin, cinq agents de ISS Environnement ont bloqué à nouveau le centre de transfert Nord et celui du Sud de la ville. Ce qui fait que 1300 tonnes de déchets de tout Marseille n'auraient pas été déchargées depuis hier soir. Les grévistes ont levé leur piquet de grève, aucune rotation de bennes n'étant prévue le dimanche après-midi. "Mais nous allons revenir dans la soirée pour bloquer à nouveau", insiste Bernard Pizzo.
En cause dans ce mouvement : le redécoupage du ramassage des déchets ménagers, qui ferait perdre à ISS Environnement (si elle se voit attribuer à nouveau le marché) 20% de son terrain de collecte dans le 2e arrondissement. "On veut simplement que soit marquée noir sur blanc dans le cahier des charges la protection de l'emploi des 135 agents d'ISS Environnement", précise Bernard Pizzo, qui demande "un entretien avec le préfet" et des négociations avec le président Caselli
Grève des poubelles.Quand Bronzo se met en grève, on cède, quand c’est ISS, on envoie les CRS
Par Pierre BOUCAUD le 8 mars 2010
On se souvient tous de la dernière grève des poubelles à Marseille, en novembre dernier. Pendant une semaine, des salariés de la société Bronzo avaient pris en otage les marseillais en paralysant la collecte des poubelles à Marseille. Ils souhaitaient que MPM (La Communauté Urbaine Marseille Provence), qui avait organisé un appel d’offre pour le ramassage des ordures ménagères et avait choisi la société ISS car moins chère, revienne sur sa décision. On pouvait sans doute comprendre l’angoisse de ces salariés qui perdaient un marché. Mais, à l’époque, on n’avait pas trop insisté sur le fait que cette société Bronzo, malgré son nom très basique, n’était pas la petite PME du coin, mais une filiale (contrôlée à 100%) de la toute puissante Société des Eaux de Marseille, elle-même détenue par la multinationale Véolia. D’autre part, comme cela arrive tous les jours en France dans ce genre de cas, la société qui gagne ce genre de marché a l’obligation de reprendre (et aux mêmes conditions) les salariés de l’entreprise écartée. Et au cas où, quand bien même cela n’aurait pas été le cas, on n’ imagine pas une seconde que la Société des Eaux de Marseille ou le Groupe Véolia, n’auraient pas trouvé une solution pour ces salariés… Néanmoins, après quelques sorties bien viriles d’Eugène Caselli, le Président de MPM, du Maire de Marseille Jean-Claude Gaudin « on ne cède pas au chantage… » sur l’air bien connu de « vous allez voir ce que vous allez voir… ». Et bien on avait vu. Caselli avait fini par reculer en rase campagne, en cédant aux grévistes et en annulant l’appel d’offre.
Match retour cette semaine. Cette fois ce sont des salariés de la fameuse société ISS, qui avaient gagné (pourtant à la loyale), puis perdu la dernière fois, qui se mettent en grève à leur tour. Ils ont vite compris comment cela se passait à Marseille. Toujours pour contester un nouvel appel d’offre, qui, même si ils le remportaient, les priveraient, selon eux, de 20 % de travail en moins. On est dans le même cas de figure qu’en novembre dernier. ISS est une multinationale danoise de l’environnement, concurrent de Véolia au niveau mondial, qui fait 1,3 milliards d’Euros de Chiffre d’affaires et emploie 40 000 personnes, rien qu’en France. Là non plus, ce n’est pas la petite PME du coin. Mais ce n’est pas la Société des Eaux de Marseille non plus. Avec les danois, on ne prend pas de gants. Là où il y a 3 mois, on avait cédé aux grévistes de Bronzo, cette fois on leur envoie les CRS. Au bout de quelques heures de grève, Caselli a demandé au Préfet d’envoyer 150 CRS samedi soir, pour empêcher les grévistes d’ISS de bloquer les centres de tri. Quelques bourre-pifs échangés,ce rien de très grave apparemment, mais de quoi vraisemblablement impressionner ISS et ses dirigeants. On avait pas entendu Eugéne Caselli s’en prendre aux dirigeants de Bronzo ou à ceux de la Société des Eaux de Marseille la dernière fois, là, le ton est différent : « que leur employeur se bouge, pour l’instant, il n’a rien dit, ni rien fait » dénonçait Caselli dans La Provence dimanche matin. Et la dernière fois, on ne les avait pas beaucoup vu, ni beaucoup entendu non plus, les dirigeants de Bronzo. Deux poids , deux mesures ?
Si on veut bien comprendre qu’ Eugéne Caselli ne cède pas cette fois au chantage, et c’est tout à son honneur, il ne faudrait pas non plus qu’ à Marseille, il y ait les « bons » grévistes, à qui on donne tout, et les « mauvais » , à qui on envoie les CRS. Ce serait sans doute un très mauvais message envoyé aux entreprises du monde entier qui souhaitent investir à Marseille….
1 commentaire:
Qui gère le groupe des eaux de Marseille ? Qui paye les couts et surcouts de ce groupe ? Taxe d'assainissement, prix de l'eau, augmentation des impôts locaux... C'est nous qui supportons ces charges.... Existe t'il une transparence dans les appels d'offres ? On ferme les yeux on subit, les gens ne vont même plus voter alors que dans certains pays des électeurs sont prêts a mourir pour voter... On subit et on agit quand ?
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