Dépouillés, dans la loi NOTRe, de l’essentiel de leurs
prérogatives économiques et des transports scolaires, les conseils
départementaux sont en passe de retomber sur leurs pieds. Les conseils régionaux
ne peuvent, en effet, guère boucler de tours de table sans eux.
Le président de l’Assemblée des départements de France (ADF) boit du petit
lait. « Nous allons conserver 90 à 95 % de nos compétences. Si tant est que nous
soyons assez malins pour rentrer par la fenêtre quand nous avons été sortis par
la porte… », glisse Dominique Bussereau (LR), lors d’une visite, ce 19 mai 2016,
au conseil départemental des Ardennes.
Autant de petits arrangements avec la loi NOTRe qui touchent particulièrement la matière économique. Alors, qu’en ce domaine, le texte du 8 août 2015 accorde la part belle aux régions, leur octroyant le monopole des aides directes aux entreprises, les départements gardent de solides arguments à faire valoir.
Président de la Charente-Maritime, Dominique Bussereau met volontiers en avant l’exemple de sa nouvelle région. Née de la de la fusion Aquitaine/Limousin/Poitou-Charentes et présidée par Alain Rousset (PS), cette entité ne peut guère agir seule. « Si nous nous désengageons totalement en 2017 dans le domaine économique, notre retrait représentera l’équivalent de toutes les interventions de la région », rappelle Dominique Bussereau.
« Il existe des possibilités de coopération entre nous en matière agricole, de pêche, de tourisme ou d’immobilier des entreprises », détaille Dominique Bussereau.
De même les départements gardent leurs prérogatives dans le domaine culturel. Ils pourront aussi, dans une certaine mesure, continuer à soutenir l’activité au nom de la solidarité territoriale. « Les préfets, eux-mêmes, nous sollicitent pour aider telle ou telle entreprise », dévoile Dominique Bussereau.
Un propos que vient confirmer son collègue des Ardennes, Benoît Huré (LR), président du groupe de la Droite du Centre et des indépendants à l’ADF. Sur ces terres industrielles, placées aux marges de la nouvelle super-région Alsace/Lorraine/Champagne-Ardennes, le conseil départemental entend continuer de voler au secours de l’économie locale. L’agence Ardennes Développement, qui rassemble les collectivités, les intercommunalités et les chambres consulaires du cru, vivra.
« Pendant deux ans, nous allons, en matière économique, continuer à fonctionner comme nous le faisions, indique à La Gazette, le 18 mai, Philippe Richert (LR), président de l’Alsace/Lorraine/Champagne-Ardennes. Surtout, pas de rupture ! Le pire serait d’avoir une entreprise qui ne pourrait plus continuer à investir parce que la collectivité ne serait plus capable de le faire. »
Certains départements confieront ensuite, à nouveau, une partie du ramassage scolaire à des syndicats intercommunaux. Ce qui ne manque pas de poser des difficultés pratiques.
Selon la loi NOTRe, ces syndicats devront, alors, en référer à la région, et non à leur interlocuteur naturel, le département. Aussi, le sénateur-président de la Haute-Marne Bruno Sido (LR) prépare une proposition de loi afin d’instaurer un circuit plus court de décision.
Pour Dominique Bussereau, ce texte doit aussi être l’occasion d’harmoniser les dates des transferts des départements au profit des régions des transports interurbains d’une part, des transports scolaires d’autre part.
Si la première opération est programmée au 1er janvier 2017, la seconde est prévue au 1er septembre 2017. Un décalage dans le temps qui, selon l’ADF, ne manquera pas d’engendrer son lot de bugs, ces deux domaines étant étroitement imbriqués.
En jeu : l’année de référence et le panier de recettes pour le transfert financier ainsi que le contrôle étatique des actions d’insertion des conseils départementaux.
La prochaine réunion technique du 8 juin devrait voir l’Etat formuler de nouvelles propositions. A son terme, l’Assemblée des départements de France demandera audience au Premier ministre. Si elle n’obtient pas gain de cause sur ce dossier, l’ADF, réunie en assemblée générale le 22 juin, stoppera les négociations.
Dominique Bussereau se montre « modérément optimiste » sur cette issue. « On devra alors attendre un nouveau gouvernement et une nouvelle majorité à l’Assemblée pour discuter », indique-t-il.
Autant de petits arrangements avec la loi NOTRe qui touchent particulièrement la matière économique. Alors, qu’en ce domaine, le texte du 8 août 2015 accorde la part belle aux régions, leur octroyant le monopole des aides directes aux entreprises, les départements gardent de solides arguments à faire valoir.
Président de la Charente-Maritime, Dominique Bussereau met volontiers en avant l’exemple de sa nouvelle région. Née de la de la fusion Aquitaine/Limousin/Poitou-Charentes et présidée par Alain Rousset (PS), cette entité ne peut guère agir seule. « Si nous nous désengageons totalement en 2017 dans le domaine économique, notre retrait représentera l’équivalent de toutes les interventions de la région », rappelle Dominique Bussereau.
Des préfets accommodants
Dans ces conditions, chacun rivalise de pragmatisme. En attendant d’ébaucher son schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation, l’Aquitaine/Limousin/Poitou-Charentes prépare un document de cadrage avec ses 12 partenaires départementaux.« Il existe des possibilités de coopération entre nous en matière agricole, de pêche, de tourisme ou d’immobilier des entreprises », détaille Dominique Bussereau.
De même les départements gardent leurs prérogatives dans le domaine culturel. Ils pourront aussi, dans une certaine mesure, continuer à soutenir l’activité au nom de la solidarité territoriale. « Les préfets, eux-mêmes, nous sollicitent pour aider telle ou telle entreprise », dévoile Dominique Bussereau.
Un propos que vient confirmer son collègue des Ardennes, Benoît Huré (LR), président du groupe de la Droite du Centre et des indépendants à l’ADF. Sur ces terres industrielles, placées aux marges de la nouvelle super-région Alsace/Lorraine/Champagne-Ardennes, le conseil départemental entend continuer de voler au secours de l’économie locale. L’agence Ardennes Développement, qui rassemble les collectivités, les intercommunalités et les chambres consulaires du cru, vivra.
« Pendant deux ans, nous allons, en matière économique, continuer à fonctionner comme nous le faisions, indique à La Gazette, le 18 mai, Philippe Richert (LR), président de l’Alsace/Lorraine/Champagne-Ardennes. Surtout, pas de rupture ! Le pire serait d’avoir une entreprise qui ne pourrait plus continuer à investir parce que la collectivité ne serait plus capable de le faire. »
Des bugs législatifs ?
Un empirisme qui pourrait aussi valoir pour les transports scolaires. Alors que cette compétence est, dans la loi NOTRe, transférée au profit des régions par les départements, ces derniers devraient souvent conserver leurs prérogatives via un système de délégation. Un « yoyo » qui ne s’arrêtera pas là.Certains départements confieront ensuite, à nouveau, une partie du ramassage scolaire à des syndicats intercommunaux. Ce qui ne manque pas de poser des difficultés pratiques.
Selon la loi NOTRe, ces syndicats devront, alors, en référer à la région, et non à leur interlocuteur naturel, le département. Aussi, le sénateur-président de la Haute-Marne Bruno Sido (LR) prépare une proposition de loi afin d’instaurer un circuit plus court de décision.
Pour Dominique Bussereau, ce texte doit aussi être l’occasion d’harmoniser les dates des transferts des départements au profit des régions des transports interurbains d’une part, des transports scolaires d’autre part.
Si la première opération est programmée au 1er janvier 2017, la seconde est prévue au 1er septembre 2017. Un décalage dans le temps qui, selon l’ADF, ne manquera pas d’engendrer son lot de bugs, ces deux domaines étant étroitement imbriqués.
Focus
RSA : l’ultimatum de l’ADF
Des réunions techniques départements-Etat ont beau se tenir régulièrement, la recentralisation du RSA reste au point mort, selon l’ADF. Avancé par Manuel Valls, le 25 février 2016, elle se heurte, d’après Dominique Bussereau « au mur de parpaings » qu’a, depuis, érigé « la technostructure de Bercy ».En jeu : l’année de référence et le panier de recettes pour le transfert financier ainsi que le contrôle étatique des actions d’insertion des conseils départementaux.
La prochaine réunion technique du 8 juin devrait voir l’Etat formuler de nouvelles propositions. A son terme, l’Assemblée des départements de France demandera audience au Premier ministre. Si elle n’obtient pas gain de cause sur ce dossier, l’ADF, réunie en assemblée générale le 22 juin, stoppera les négociations.
Dominique Bussereau se montre « modérément optimiste » sur cette issue. « On devra alors attendre un nouveau gouvernement et une nouvelle majorité à l’Assemblée pour discuter », indique-t-il.