lundi 16 mai 2016

Après plusieurs semaines de chantage, le Medef a finalement décidé de poursuivre la négociation assurance chômage. Pourtant sur le fond, les discussions n’avancent pas, le patronat refusant toujours d’entendre parler de nouvelles pistes de recettes.

Assurance-chômage : la négociation se poursuit tant bien que mal

PUBLIÉ LE 12/05/2016 À 22H17par Anne-Sophie Balle
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Après plusieurs semaines de chantage, le Medef a finalement décidé de poursuivre la négociation assurance chômage. Pourtant sur le fond, les discussions n’avancent pas, le patronat refusant toujours d’entendre parler de nouvelles pistes de recettes.
      
Si la décision du gouvernement d’exclure l’obligation de moduler les cotisations sur les contrats courts du projet de loi El Khomri a largement contribué à ramener le patronat autour de la table, la négociation elle, fait du sur place. Après six séances de négociation (dont trois consacrées aux intermittents), les partenaires sociaux ont choisi de se laisser du temps. Et de fixer deux nouvelles dates à l’agenda (30 mai et 14 juin), admettant à demi-mots que l’actuelle convention devrait être prolongée. « Compte tenu du nombre de sujets politiques encore à trancher, il paraît difficile d’imaginer sérieusement que la séance du 14 juin pourrait être conclusive », exprimait pour sa part la cheffe de file CFDT Véronique Descacq.
Au premier rang de ces sujets politiques, figure justement…la surtaxation des CDD. Le sujet, écarté des débats à l’Assemblée nationale, reste le dossier qui fâche. Les syndicats veulent responsabiliser les entreprises qui recourent abusivement aux contrats courts, que ce soit par une dégressivité des cotisations selon l’ancienneté dans l’emploi (CFDT, CFTC), un système de bonus-malus (FO, CGC) ou encore une sur-cotisation globale (CGT). Mais le patronat reste inflexible. « Comme la loi Travail n’aura aucun effet positif sur l’emploi, nous ne sommes pas enclins à envisager de charges supplémentaires sur le travail, quelle qu’en soit la forme », se défendait le chef de file de la délégation patronale Jean Cerutti.
En séance, les partenaires sociaux ont examiné les chiffrages transmis par l’Unedic sur différentes pistes de refonte des modalités de calcul des allocations. Selon les options, les économies pour le régime varient du simple au triple (entre 450 M€ par an pour le scenario d’une partie des organisations syndicales et 1,5 Md€ pour le scenario patronal). « Notre modèle, estime Véronique Descacq au vu des chiffrages présentés par l’Unedic, demeure incitatif et protège ceux que l’on veut protéger. Or l’un des objectifs de cette négociation consiste bien, pour la CFDT, à améliorer  l'équité entre demandeurs d'emploi ».
La question des seniors était également à l’ordre du jour, et notamment le devenir du dispositif actuel – permettant aux demandeurs d’emploi de plus de 50 ans de pouvoir être indemnisés jusqu’à 36 mois (contre 24 pour les demandeurs d’emplois de moins de 50 ans). « Sur ce point, la proposition de la CFDT s’inscrit dans la même logique que celle sur la cotisation dégressive des cotisations, à savoir la responsabilisation des entreprises », résume Véronique Descacq. Alors que le patronat voudrait repousser par palier l’âge d’entrée dans la filière senior en le faisant passer de 50 à 59 ans (moyennant un effort sur la formation professionnelle), la CFDT propose une autre approche : faire compenser aux entreprises l’ensemble des coûts induits par sa volonté de se séparer d’un sénior. « A chaque fois que les entreprises se débarrassent des seniors pour les renvoyer à la solidarité nationale, il faut qu’elles prennent à leur charge l’ensemble des coûts qui incombent aujourd’hui à l’assurance chômage. Et ce, jusqu’à l’âge effectif de la retraite », précise Véronique Descacq. Sur la base de nouveaux chiffrages, les partenaires sociaux poursuivront leurs discussions sur la filière seniors lors de la prochaine rencontre fixée au 30 mai. La séance promet d’être dense.

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